Avant la création de Shawinigan (écouter), il y a un peu plus de cent ans, les autochtones de la région appelaient déjà ce coin de pays Chaouinigane, Oshaouinigane, Assaouinigane, Chawinigame, Shawenigane, Chaouénigane ou encore Achawénégan[2]. Selon l’historien Fabien LaRochelle [3], cette appellation fait surtout référence à un portage[4]. L’orthographe actuelle daterait de 1816 et son auteur serait Francis Hall, un officier britannique qui a séjourné dans la région. Il existe néanmoins plusieurs interprétations des quelques termes autochtones : « haut de la crête », « portage sur la crête », « colline aux deux passages », et d'autres encore. Pour d'autres, le mot « shawenegan » évoque le chas d'une aiguille, en référence aux gorges étroites au pied des chutes de Shawinigan[5]. En abénaqui, les lieux sont dénommés Azawanigan, ce qui signifie le « portage en pente »[2].
La rivière Saint-Maurice délimite le nord-est et l'est de la ville puis en traverse le sud et en délimite le sud-ouest.
La rivière Shawinigan en traverse le sud-ouest et coule vers le sud jusqu'à sa confluence avec la rivière Saint-Maurice à l'ouest du centre-ville.
La rivière Matawin délimite le nord de la ville jusqu'à sa confluence avec la rivière Saint-Maurice dans le nord-est de la ville.
La rivière Anticagamac coule vers le nord jusqu'à sa confluence avec la rivière Matawin dans le nord-ouest de la ville.
À partir du lac Édouard la rivière à la Pêche coule vers le sud-est jusqu'au lac à la Pêche(d) puis vers le nord-est jusqu'à sa confluence avec la rivière Saint-Maurice.
Transport
La ville est principalement desservie par l'autoroute 55, passant à l'ouest de la ville. Les sorties 211 (route 153), 216 (rue Burrill), 217 (route 351, rue Trudel), 220 (boulevard Hubert-Biermans) et 223 (vers 25e rue) relient l'autoroute de l'énergie (A-55) à Shawinigan. D'ailleurs, le secteur Grand-Mère, au nord de la ville, est le lieu du terminus nord de l'autoroute, longue de 227 kilomètres.
La route 153, le boulevard des Hêtres, est l'artère commerciale principale de la ville. Elle arrive par la rive ouest de la rivière Saint-Maurice, passant à l'ouest de la cité de l'énergie. Elle quitte la ville par le nord-est, en passant par le centre de Grand-Mère.
La route 157, arrivant de Shawinigan-sud, traverse la rivière, et possède son terminus nord sur la 153. Shawinigan est situé à exactement 42 kilomètres du centre de Trois-Rivières, 155 kilomètres de Montréal, 152 kilomètres du centre de Québec et à 110 kilomètres de Drummondville.
Avant l'existence même de la ville, d'intenses activités de coupe forestière se déroulaient en Mauricie, comptant pour 20 % de tout le bois d'œuvre du Québec. Les essences de pin et d'épinette étaient particulièrement recherchées.
Le transport des billes de bois se faisait par voie d'eau sur le Saint-Maurice. Par ailleurs, les chutes de Shawinigan ayant un fort dénivelé, le bois risquait d'être fortement endommagé lors de son passage. Ainsi, en 1853, le premier aménagement bâti à Shawinigan fut une glissoire à billes de bois de 185 mètres de longueur. Bien que facilité par la glissoire, le passage des billes nécessitait tout de même la supervision de draveurs. Le premier contremaître d'une équipe de draveurs, François Rousseau, est arrivé en 1854. Il a également été le premier résident sur le territoire de la future ville de Shawinigan.
La singularité des chutes de Shawinigan a également attiré de nombreux visiteurs, dont les membres d'équipage du vaisseau La Capricieuse, ancré à Trois-Rivières. Joseph-Édouard Turcotte, le maire de Trois-Rivières en 1857, a entamé la construction d'un immense hôtel en bordure des chutes, le Château Turcotte, qui allait compter plus de 100 chambres. Cet ambitieux projet n'a pas été terminé selon la conception originale et la construction a pris fin à 60 chambres. Le bâtiment lui-même a été détruit par un incendie causé par la foudre en 1878. Une autre construction, lancée par le juge Henri-Gédéon Malhiot et nommée « Hôtel Mailhot », a été érigée en 1888. L'établissement offrait une chambre pour un dollar par jour. Victime d'un sort analogue à celui du château Turcotte, il a été détruit par un incendie en 1906.
Première moitié du XXe siècle
À la fin du XIXe siècle, le Québec entrait dans la deuxième phase de son industrialisation. De nombreuses usines transformaient les ressources naturelles en matières premières ou en biens de consommation, ce qui exigeait des quantités colossales d'énergie électrique. Par son emplacement géographique, le site de Shawinigan proposait un potentiel hydroélectrique important (Shawinigan détient le record du plus grand nombre de centrales hydroélectiques sur une même chute, soit cinq. Il s'agit des centrales Shawinigan-1, Shawinigan-2, Shawinigan-3, Alcan-16 et Northern Aluminium Company (N.A.C.).). C'est en 1898, avec la Shawinigan Water and Power Company, que la construction d'une centrale a débuté[6].
La ville de Shawinigan a été incorporée en 1901 sous le nom de Shawinigan Falls. Dès 1902, la Shawinigan Water and Power Company installait d'immenses alternateurs - parmi les plus forts au monde - d'une puissance de plus de 3 700 kW. Cette installation alimentait directement la ville de Montréal, à l'époque la plus populeuse du Canada, grâce à une ligne de 50 kV. Cette ligne était également la plus longue de l'est de l'Amérique du Nord pour le temps, avec 135 km.
Les coûts de transport d'électricité étant élevés à cause des pertes par effet Joule dans les lignes, les grands consommateurs (Shawinigan Carbide, Belgo Canadian Pulp & Paper Company, Northern Aluminium Company) se sont établies en grand nombre dans la ville de Shawinigan Falls durant les années qui ont suivi la mise en service de la centrale. Même si le développement urbain entourant la centrale drainait une puissance toujours grandissante, l'essentiel de la production demeurait consacré aux grands clients industriels. La Shawinigan Water and Power Company a continué de bâtir des groupes turbo-alternateurs jusque dans les années 1940. En 1946, il existait neuf centrales sur la rivière Saint-Maurice.
L'importance économique de la Shawinigan Water and Power Company en faisait de facto le maître d'œuvre de son développement urbain. Appartenant à des intérêts américains, la compagnie a adopté un schéma d'urbanisme conçu par la firme montréalaise Pringle & Sons. Ce plan était composé de rues disposées à la manière d'une grille, laissant de vastes espaces pour de futurs développements industriels. Ces derniers étaient placés de part et d'autre du chemin de fer de façon à ne pas nuire au réseau routier. Les zones résidentielles ont été disposées de manière à accommoder une population future de 20 000 âmes. La conception du secteur Shawinigan de la ville respecte d'ailleurs toujours l'essentiel du plan Pringle.
La construction des routes, du chemin de fer, des centrales électriques, des usines, des commerces et des résidences a débuté en 1899. Elle était déjà terminée en 1901 grâce aux efforts de plus de 1 500 employés.
Dès cette époque, Shawinigan aurait eu un tramway électrique (1901). En fait, dans son numéro du , le journal Le Trifluvien de Trois-Rivières annonce, dans un entrefilet, que Shawinigan Falls est en liesse car son nouveau tramway électrique circule dans les rues.
Développement de l'industrie des pâtes et papiers
La première usine de pâtes et papiers a été bâtie en 1887 par la Laurentide Pulp Company, sur une initiative de John Forman, un homme d'affaires montréalais. Elle est la pionnière canadienne de la production de papier journal. L'expansion de l'usine, laquelle comptait environ 50 employés,a énormément contribué à la croissance de la ville de Grand-Mère. Elle n'est plus en activité depuis le .
Dès , la Banque d'Outremer, de Bruxelles, planifiait la construction de la première usine de pâtes et papiers de Shawinigan, la Belgo Canadian Pulp Company. À l'origine, la puissance électrique nécessaire allait être de 15 000 ch. La construction, toutefois, a duré plus longtemps que prévu et la banque, tentée de se retirer du projet, a dépêché l'ingénieur Hubert Biermans pour apprécier la situation. Celui-ci a rapidement évalué le potentiel de la région et jugé que l'investissement serait viable. Son témoignage a convaincu la Banque d'Outremer d'investir davantage. Dans un effort de diversification, la Belgo Canadian Pulp Company est devenue la Belgo Canadian Pulp & Paper Company, produisant également du papier journal dès 1904.
En 1907, les employés syndiqués de la Belgo, tous originaires des États-Unis, se sont mis en grève. Biermans, alors directeur de l'usine, les a tous renvoyés et les a remplacés par des Canadiens français, non syndiqués et très attirés par ces emplois bien rémunérés. La rentabilité était assurée et de nombreux investissements ont été faits à la Belgo. La propriété de l'usine a par la suite été transférée à des partenaires financiers canadiens. La Belgo a mis fin à ses activités en 2008.
Seconde moitié du XXe siècle
En 1944, le premier ministre québécois Adélard Godbout nationalisait la Montréal Light Heat & Power Company, appelée à devenir plus tard Hydro-Québec. Entrant en concurrence avec la nouvelle compagnie de la couronne, la Shawinigan Water and Power Company était dans une situation précaire. Elle fit activement campagne contre sa nationalisation, un projet lancé par le ministre des Ressources naturelles de l'époque, René Lévesque. La compagnie a tout de même été nationalisée en .
En 1958, la ville prend son nom actuel de Shawinigan.
En 1998, Baie-de-Shawinigan est annexée à Shawinigan.
Élection partielle en italique Depuis 2005, les élections sont simultanées dans toutes les municipalités québécoises
Depuis sa constitution en corporation municipale en 1901 et jusqu'à sa fusion en la nouvelle ville de Shawinigan en 2002, l'ancienne ville de Shawinigan a eu 19 maires.
En 2016, Shawinigan signe un premier accord de coopération avec Chambéry et sa communauté d'agglomération du Grand Chambéry, accord qui couvre les domaines « de l'entrepreneuriat, du numérique et de la culture ». Cet accord est d'abord renouvelé le . Puis une troisième entente est signée le , à la suite d'une visite de trois jours des représentants de Chambéry à Shawinigan, ajoutant les domaines du « développement touristique, de la transition énergétique, de l'éducation et de la jeunesse »[21],[22],[23].
Vie culturelle
À la suite de l'adoption de sa première politique culturelle, en 2004, la ville de Shawinigan crée la Corporation culturelle de Shawinigan. Par son mandat, l'organisme assure le soutien des arts, des lettres et de la culture et favorise la cohésion nécessaire à leur développement durable.
Géré par la Corporation culturelle, le Centre des arts de Shawinigan est un important complexe voué à la diffusion des arts de la scène et des arts visuels. La salle Philippe-Filion, d’une capacité de 958 places, est l’une des plus importantes entre Montréal et Québec. Le Centre d’exposition Léo-Ayotte présente quant à lui des expositions d’artistes professionnels en arts visuels ainsi que des expositions à caractère scientifique et éducatif.
La Cité de l'énergie de Shawinigan, un site muséographique présentant diverses expositions et activités sur la production d'électricité et l'héritage industriel de Shawinigan, permet d'explorer une centrale qui n'est plus en activité. On y présente en outre des expositions d'œuvres d'art et des spectacles à grand déploiement en plein air, tels Kosmogonia, Éclyps[24], Amos Daragon porteurs de masques et plus récemment, Nezha l’enfant-pirate.
La Cité de l'énergie joue également un rôle important dans la préservation du patrimoine local, en partenariat avec des sociétés telles qu'Hydro-Québec et Appartenance Mauricie. Parmi ses employés, on compte M. Renald Bordeleau, le conteur de l'histoire de la Mauricie. Bien que son français puisse souvent sembler approximatif, M. Bordeleau possède une vaste collection d'archives ayant appartenu à des personnalités notables de Shawinigan et de ses environs. On le surnomme « Croque-Mort » en raison de sa rapidité à récupérer les archives des personnes récemment décédées. Son objectif reste néanmoins de préserver le patrimoine entre ses propres mains et connaissances[25].
Shawinigan a été l'hôtesse du forum citoyen mauricien 2008. Cet événement permet une concertation sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux de la région.
Sports
Depuis 1934, Shawinigan accueille une étape importante de la Classique internationale de canots de la Mauricie, un des événements sportifs majeurs de la région. Plusieurs centaines de personnes se rassemblent chaque année sur les berges de la rivière Saint-Maurice pour observer la progression des canotiers en compétition. La Classique comporte aussi une catégorie compétitive de rabaska, embarcation ayant à bord neuf personnes à la fois. Cependant, cette classique a pris fin en 2024 en raison d'un manque de budget sévère chez les organisateurs, mettant fin à la tradition datant de 90 ans[26].
La ville compte un cégep francophone, le Cégep de Shawinigan. Aux niveaux primaire et secondaire, elle est desservie par deux commissions scolaires, la commission scolaire de l'Énergie (francophone) et la commission scolaire Central Québec (anglophone). La commission scolaire de l'Énergie gère quinze écoles primaires, trois écoles secondaires, un centre de formation professionnelle et un centre d'éducation des adultes. La commission scolaire Central Québec, possède une école qui offre à la fois l'éducation primaire et secondaire. Depuis le , Shawinigan ne possède plus qu'une école secondaire privée, le séminaire Sainte-Marie, à la suite de la fermeture définitive de l'institution secondaire Montfort, après 46 ans d'existence.
Des moniales dominicaines du monastère Notre-Dame-du-Rosaire de Berthierville se sont établies auprès des Sœurs dominicaines de la Trinité au Centre St-Dominique de Shawinigan[28]. La réalisatrice québécoise Louise Sigouin a filmé des témoignages rares des moniales dominicaines de Berthierville dans son documentaire Amoureuses (Québec, 2019, 75 min)[29].
Personnalités de Shawinigan et des environs
Maurice Billy Arcand, 1921-2013, hockeyeur, originaire de Shawinigan Falls, ayant évolué pour les Cataractes de Shawinigan 1944-1947, et fait carrière avec Le Reds de Providence (Rhode Island) de la Ligue Américaine de Hockey
Michel Chrétien, médecin, endocrinologue, professeur et scientifique réputé (récipiendaire de nombreux prix, le plus récent étant le prix Armand-Frappier en 2022, apparait dans le Petit Larousse illustré 2018)
Albert Grenier(en), pianiste de réputation internationale et administrateur, directeur du Conservatoire de Musique de Montréal de 1979 à 1998
Marcel Jobin, marcheur olympique québécois, 14 fois champion canadien sur 20 km, de 1969 à 1984. Il a été membre de l'équipe olympique canadienne aux jeux de Munich, Montréal, Moscou et Los Angeles
Pierre André Richard, 1942-2015, ingénieur, petit-fils de Joseph Adolphe Richard, originaire de Shawinigan, neveu de Maurice ''Billy'' Arcand, fils de Bruno Richard et Gabrielle Arcand, grand bâtisseur, il a fait partie de très grands projets au Québec et ailleurs dans le monde
André Pronovost, hockeyeur, originaire de Shawinigan Falls, ayant évolué de 1957-1967 dans la LNH pour le Canadien de Montréal, Bruins de Boston, Red Wings de Détroit, North Star du Minnesota, Grand-Père d'Anthony Mantha jouant pour les Foreurs de Val D'or et choix des Red Wings de Détroit au repêchage
Marcel Pronovost, hockeyeur, originaire de Lac-à-la-Tortue, ayant évolué dans la LNH pour le Maple Leafs de Toronto, Red Wings de Détroit, intronisé membre du temple de la renommée en 1978
Joseph-Adolphe Richard, 1887-1964, originaire de Saint-Grégoire-Le-Grand (Bécancour), entrepreneur en plomberie et chauffage, homme politique, échevin municipal de Shawinigan 1928-1934, élu député libéral fédéral en 1949, réélu en 1953,1957,1958
Yvon Saint-Arnaud, né à Shawinigan le et mort à Saint-Jean-sur-Richelieu le est un prêtre catholique et un universitaire canadien spécialiste de la psychosynthèse
Robert Trudel, homme d'affaires, gestionnaire général et principal porte-parole de la Cité de l'énergie de 1988[31] à 2018.
↑Auteur du livre: Shawinigan depuis 75 ans, 1900-1975, Shawinigan, Hôtel de ville, 1976. À lire aussi: Shawinigan et Grand'Mère par Benjamin Sulte in Mélanges historiques, vol. 20, Trois-Rivières d'autrefois, troisième série, publié par Gérard Malchelosse, Montréal, Garand, 1933, pp. 42-57.
↑Sur une carte de 1731, Carte du domaine du Roy en Canada, dédiée à Monseigneur le Dauphin par le père Laure Jésuite missionnaire de ces endroits, on peut y voir le nom chaouénigan. Sur autre carte de la même année, portant le titre Carte du domaine du Roy en Canada Dressée par le P. Laure Miss. Jésuite augmentée de nouveau, reveue et corrigée avec grand soin en attendant un exemplaire complet l'automne 1732, le même nom apparaît au même endroit de la rivière Saint-Maurice, avec la mention cette fois qu'il s'agit bien d'un portage. Les deux cartes sont accessibles en format numérique aux titres, via Gallica.
↑B. Leman a démissionné avant la fin de son mandat. Le conseil municipal a nommé Vivian Burill pour combler la vacance. V. Burill a ainsi été maire remplaçant du 15 juin 1908 au 2 janvier 1909.
↑G. Hardy a démissionné avant la fin de son mandat. J.-Armand Foucher a été élu maire le 11 février 1957.
↑J.-A. Foucher a démissionné avant la fin de son mandat. Le conseil municipal a nommé Henri Désaulniers pour combler la vacance. Désaulniers a ainsi été maire remplaçant du 3 septembre au 1er novembre 1963.
↑Gérard Dufresne, maire de Shawinigan, ne doit pas être confondu avec Gérard Dufresne, maire de la ville voisine de Trois-Rivières à la même époque, bien que ces deux personnes portent un nom identique.