La rivière Saint-Maurice, ou le Saint-Maurice, compte parmi les principaux affluents du fleuve Saint-Laurent après l'Outaouais et le Saguenay, ce grand cours d'eau, qui draine une superficie de 42 735 km², touche, au nord, au bassin hydrographique du lac Saint-Jean, au nord-ouest à celui de la rivière Nottaway – grand tributaire de la baie James – et au sud-ouest, aux affluents de l'Outaouais. Le Saint-Maurice se situe sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, au Québec, au Canada[2].
Toponymie
Le père jésuite Paul le Jeune écrit en 1635, que les Algonquins et Montatgnais (Innus) de la région, appellent cette rivière "Métabéroutin" [3] les Attikameks de la Haute-Mauricie l'appellent Tapiskwan Sipi, la rivière de l'enfilée d'aiguille. Les Hurons-Wendats quant à eux la nomment Oquintondili qui signifie rivière qui se jette dans une autre plus grosse. Les Abénaquis la nomment Madôbaladenitekw, soit la rivière qui finit[4](atikamekw : Tapiskwan sipi, abénaqui : Madôbalodenitekw, wendat : Oquintondili). Le nom Métabéroutin, mot algonquin, signifie décharge du vent. .
Aujourd'hui, les Attikameks réclament comme leur territoire ancestral (le Nitaskinan) tout le bassin hydrographique de la rivière Saint-Maurice qu'ils appellentTapiskwan Sipi. Cependant, on ne sait pas comment et quand ils ont pu substituer au nom montagnais Metabéroutin, nom connu de cette rivière dans les premiers temps de l'histoire de la Nouvelle-France, celui de Tapiskwan Sipi, qui n'apparaît nulle part dans les documents de l'époque[5]. Par ailleurs, sur une carte de 1755, le cartographe français Jean-Baptiste Bourguignon D'Anville nomme la rivière Saint-Maurice, Chabetsiouatagan[6]. Ce nom semble provenir d'une carte manuscrite supposée de 1731 du père jésuite Pierre-Michel Laure [7] qui cependant, sur autre carte datée de la même année la nomme Métabéroutinouchipiou[8].
Jacques Cartier la nomma rivière de Fouez (/fwe/) en l'honneur de la maison de Foix en 1535. En 1598, l'auteur britannique Richard Hakluyt publie une carte du monde sur laquelle la rivière Saint-Maurice est nommée Saint-Mallo[9]. Le cartographe Guillaume Levasseur en 1601, la nomme aussi rivière Saint-Malo[10]. Cependant ces noms furent abandonnés au début du XVIIe siècle pour le nom de rivière des Trois Rivières. Mais la rivière Saint-Maurice a bien failli s'appeler aussi rivière d'Enghien[11]. Son nom actuel fut donné au début du XVIIIe siècle en référence au fief Saint-Maurice, nom usuel de la seigneurie située sur sa rive ouest et concédée vers 1668 à Maurice Poulin de Lafontaine, procureur du gouvernement des Trois-Rivières. Le nom Saint-Maurice est attesté pour la première fois dans un jugement daté de 1723 et a définitivement supplanté les Trois Rivières entre 1730 et 1740[4].
La rivière a donné son nom à la région administrative de la Mauricie[12].
Géographie
Le Saint-Maurice naît de la confluence des eaux du réservoir Gouin et de la rivière Wabano, située aux mêmes latitudes que le lac Saint-Jean, il parcourt 560 kilomètres dans le sens nord-sud et présente une dénivellation totale d'environ 405 mètres, pour finalement rejoindre le fleuve à Trois-Rivières.
Les principaux tributaires de la rivière Saint-Maurice sont :
Première voie de communication dans cette région, la rivière était utilisée par les Amérindiens locaux bien avant l'arrivée des Européens sur place. Dès le début de la colonisation française, elle fut l'une des routes primordiales de rivières du Québec pour la traite des fourrures avec les amérindiens du haut Saint-Maurice.
Plusieurs municipalités ont été établies sur ses rives, profitant par là même de son énergie hydro-électrique là où les chutes étaient suffisamment hautes pour y installer un barrage. Entre autres villes, La Tuque, Shawinigan et Trois-Rivières sont les plus connues, étant elles-mêmes situées le long de la route 155 qui relie le fleuve Saint-Laurent au lac Saint-Jean.
Rivière Wabano, décharge du lac Feeder, décharge du lac Violetta, rivière du Petit Rocher (La Tuque), décharge du lac Marion, rivière Jolie (La Tuque), ruisseau Awasis, ruisseau Daillute, ruisseau Plat, ruisseau Standish, ruisseau de la Graisse, décharge du lac Neil, ruisseau Carrier, ruisseau Nottaway, ruisseau Fortuna, ruisseau Rhéaume
Rivière Flamand, rivière Flamand Ouest, décharge du lac Sawyer, décharge du lac Laudance, décharge du lac de l'Écorce et Andrew, décharge du réservoir Flamand, décharge du lac Mackenzie, décharge du lac Éric, décharge des lacs Lambert et Bernard, décharge du lac François-Xavier, ruisseau Mazurette, décharge du lac du Canard et du lac Alphonse, décharge du lac Paul, décharge du lac Auger, décharge du lac Lefebvre, ruisseau Cadieux
Petit ruisseau des Cinq, décharge du lac du Rapide, décharge du lac Longard, décharge du lac du Rocher, ruisseau du Fou, ruisseau Bouchard, rivière à la Pêche (Shawinigan), décharge du lac Vincent, ruisseau à Madeleine, décharge du lac Turner, rivière des Piles, rivière Grand-Mère
Décharge du lac Daine, décharge d'un lac sans nom, ruisseau Château, rivière Mékinac, ruisseau Racine, ruisseau des Aulnes, décharge du lac Méduse, crique Abraham, rivière Noire
En 1996, la rivière Saint-Maurice a été la dernière rivière du Québec à cesser le transport du bois par flottaison. Pendant près de 150 ans, les entreprises forestières ont utilisé le courant de la rivière et de ses tributaires pour le transport du bois. Avant d'être empilés sur la glace en Haute-Mauricie, les billes de bois étaient identifiées afin de les récupérer en aval par des baunes, notamment aux Piles, à Grand-Mère (Québec), Shawinigan ou Trois-Rivières.
À chaque printemps, une armée de draveurs nettoyaient les berges pour la remise à l'eau des billes qui s'étaient accrochées sur les rives, les baies, les roches ou dans les bois riverains. Les draveurs triaient les billes en flottaison pour les rediriger selon les marques sur les billes identifiant les entreprises forestières.
Entre La Tuque et Trois-Rivières, on retrouve sur les 174 derniers kilomètres 42 espèces fréquentant la rivière[17]. La densité de biomasse des poissons est généralement faible, ce qui est caractéristique des rivières du bouclier canadien[18].
↑Commission de Toponymie du Québec, « Rivière Saint-Maurice », sur Gouvernement du Québec, (consulté le ) : « À mi-chemin de La Tuque et Grand-Mère »
↑''Relations des Jésuites", p. 13, (éd. 1858, disponible en format numérique au catalogue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, BANQ);
↑ a et b« Fiche descriptive: Rivière Saint-Maurice », sur toponymie.gouv.qc.ca (consulté le ). Cependant, ce livre ne fait qu'indiquer l'usage de ces noms par les nations citées, sans autre référence. En effet, on ne sait pas depuis quand ces nations la nomment ainsi, puisqu'aucun document de l'époque de la Nouvelle-France ne mentionnent ces noms.
↑Relations des Jésuites, éd. 1858, disponibles en format numérique sur le site de Bibliothèque et Archives Nationales du Québec (BANQ). Relation de 1635, p. 13. Rel. 1640, p. 11. Rel. 1641, p. 32. Particulièrement: Rel. 1658, p. 20;
↑ Le titre de la carte est: Canada Louisiane et Terres Angloises par le Sr D'Anville 1755. Elle sera reprise par le cartographe britannique Thomas Jefferys sous le titre: NorthAmerica From the French of Mr d'Anville improved with the Back Settlements of Virginia and the Course of Ohio Illustrated with Geographical and Historical remarks. Dans le coin droit inférieur de la carte, il est écrit: May 1755 Printed for Robert Sayerand Thomas Jefferys. Plusieurs éditions de cette carte ont été produites au cours des années suivantes, reflétant les modifications de frontières des colonies britanniques après la Guerre de la conquête et la Révolution américaine.
↑Le titre de la carte est : Carte du domaine du Roy En Canada dédiée à Monseigneur le Dauphin Par le père Laure Jésuite Missionnaire de ces endroits.
↑Le titre de cette carte est: Carte du domaine du Roy en Canada Dressée par le P. Laure miss. Jés. 1731 augmentée de nouveau, reveue et corrigée avec grand soin en attendant un exemplaire complet l'automne 1732.
↑Mieux connue sous le nom de Wright-Molyneux Map, Map of the World ou Universal Map. Publiée pour la première fois dans Hackluyt, Richard, The principal Navigations, Voyages, Traffiques and Discoveries of the English Nation, London, 2e éd., 1598, vol. 1, à la fin.
↑ Voir note 3: Relation de 1635, p. 21 et Relation de 1636, p. 3, en l'honneur de Henri II de Bourbon-Condé,duc d'Enghien, qui fut vice-roi de la Nouvelle-France de 1612 à 1620. À ne pas confondre avec son fils dit le Grand Condé.