Issu d'une famille de notables francs-comtois (les notaires Prinet originaires de Luxeuil-les-Bains)[3], René-Xavier Prinet est le fils d'Henry Prinet (né en 1824)[4], procureur impérial à Vitry-le-François, et le frère de Gaston Prinet, diplomate. Nommé à Paris, Henry Prinet habite avec sa famille rue Bonaparte à deux pas de l'École des beaux-arts, à laquelle René-Xavier semblait destiné.
Son père, peintre amateur (une Vierge à l'Enfant est conservée dans l'église de Suaucourt, Haute-Saône), est disposé à ce que son fils acquière une formation artistique et il lui fait recevoir les conseils du peintre Louis Charles Timbal, fort employé pour les décors des églises de Paris. Par sa grand-mère maternelle, René-Xavier Prinet est apparenté aux peintres de la Cour Hubert Drouais (1699-1767) et François-Hubert Drouais (1727-1775).
Dès la fin des années 1890, Prinet et sa famille passent de nombreux séjours dans une petite maison nommée Double-Six qu'il a acheté sur le front de mer de Cabourg, station balnéaire normande en expansion. Il peint de nombreux tableaux de la plage de Cabourg[5]. Il se lie à cette époque avec un groupe de jeunes peintres appelé la Bande noire ou Les Nubiens : Lucien Simon, André Dauchez, René Ménard et Charles Cottet[6].
Il s'initie alors à l'enseignement avec ses amis Dauchez, Ménard, Cottet, Simon et Jacques Emile Blanche à l'académie de la Palette, mais n'est pas convaincu par le sérieux du cours. L'année 1904 voit la création, avec les mêmes amis et Antoine Bourdelle, qui assure des cours de sculpture, des ateliers de l'Académie de la Grande Chaumière. Très vite, Prinet y assure régulièrement des cours de peinture. Il y a pour élève l'artiste peintre d'origine australienne Bessie Davidson (1879-1965), qui réalise la majeure partie de son œuvre en France et est fortement influencée par son passage à la Grande Chaumière[8]. Il y enseigne probablement jusqu'en 1929, date à laquelle il devient professeur aux Beaux-Arts de Paris, où il crée et dirige l'atelier destiné aux artistes femmes[9]. Il a notamment Simone Desprez comme élève[10]. Il quitte les Beaux-Arts en 1931, ayant atteint la limite d'âge.
En parallèle de l'enseignement, il poursuit sa carrière artistique et obtient une certaine notoriété. En 1909, il illustre La Jeune Fille bien élevée de René Boylesve. En 1913, il est nommé secrétaire de la Société nationale des beaux-arts. Il se rend aux États-Unis, en tant que membre du jury de la 17e exposition de l'Institut Carnegie à Pittsburgh. Ses tableaux Les Cavaliers et Intérieur de salle à manger sont présentés à cette occasion.
Prinet est trop âgé en 1914 pour être mobilisable, mais la Première Guerre mondiale perturbe tout de même ses activités et il s’investit dans le conflit. En 1915 il participe aux 62 illustrations de l'Album national de la guerre, une revue en partie rétrospective des combats à laquelle contribuent également ses amis Simon, Besnard et Ménard, mais aussi des peintres comme Monet, Renoir et Vuillard. L'ouvrage était une initiative de la fraternité des artistes, une association organisant le soutien aux artistes mobilisés et différentes opérations de bienfaisance, très liée à l'administration des beaux-arts. Prinet devient membre de ce comité en 1914 et le reste jusqu'en 1927. En 1914-1919, il administre également la cantine pour artistes Puvis de Chavanes, tout en restant membre de plusieurs sociétés d'artistes.
En octobre 1916, l'implication de Prinet dans le conflit se fait plus directe et officielle. Le ministère de la guerre fait alors appel à des artistes non mobilisés comme observateurs dans le but de constituer un ensemble d’œuvres d'art sur le conflit. Prinet est sélectionné lors de deux de ces missions d'observation et sa participation y est avérée[11]. Sa première mission, du 7 mars au 1er avril 1917, à laquelle Lucien Simon participe également, est la seconde lancée par le ministère. Il est alors affecté à l'armée des Vosges. Lors de la seconde, du 1er au 30 juin 1917, il est affecté à l'armée de Noyon. Les missions sont effectuées à ses frais, mais pour chacune d'entre elles l'Etat achète des œuvres. Celles-ci sont présentées lors d'expositions rassemblant la production des artistes missionnés et intègrent le Musée de la guerre. En parallèle de ses activités artistiques, il est également veilleur de nuit dans un des hôpitaux de l'Union des femmes de France en 1915-1917[12].
Sa dernière toile sur le thème de la guerre, réalisée après ses missions, l'Absoute, se veut plus symbolique et moins descriptive. Elle est achevée en 1919 et exposée à la société nationale des beaux-arts[8].
Prinet exerce un talent spirituel, tenant une place distinguée dans la société parisienne.
Il est remarqué pour ses intérieurs bourgeois et ses portraits (familles Saglio et Desgranges par exemple). Sa région d'origine, la Franche-Comté, ainsi que la côte normande où est située sa résidence le « Double Six » à Cabourg, lui inspirent des paysages aux tons très doux. Il exécute quelques tableaux d'histoire remarqués comme l'Adoration des Mages à la basilique Saint-Ferjeux de Besançon.
Il est l'auteur d'Initiation à la peinture en 1935[14], et de Initiation au dessin en 1940. Il publie également des articles sur des questions d'art et d'histoire de l'art dans La Grande Revue, le Cahier des artistes et l'Amour de l'art.
Prinet est également illustrateur de livres[15], parmi lesquels :
↑L'essentiel des informations contenues dans cet article est tiré du catalogue : R.X. Prinet : Belfort, Musée d'art et d'histoire, 3 juillet-14 septembre 1986, Vesoul, Musée Georges Garret, 26 septembre-23 novembre 1986, Paris, Musée Bourdelle, 10 décembre 1986-1er février 1987, Belfort : Musée d'art et d'histoire, 1986.