Devenue principalement piétonne, elle peut-être traversée en voiture en son centre par la rue Blatin à l'ouest et le boulevard Desaix à l'est et au sud par l'avenue Julien. L'unique ligne du tramway clermontois traverse la place du nord au sud et plusieurs lignes de bus la desservent.
La place s'ouvre au nord sur l'avenue des États-Unis, devenue piétonne avec une voie de tramway en son centre et à l'est sur la rue du Maréchal-Foch, piétonne dans sa partie contigüe à la place.
Une des allées piétonnes de la place de Jaude, le long des galeries de Jaude, en octobre 2017.
Son nom est d’origine très ancienne. Certains auteurs attribuent l’appellation Jaude à Jau mot signifiant « coq » en occitan (nord-occitan)[2] (oiseau emblème du dieu Mars ou volaille vendue sur la place ?) mais il s’agit là assurément d’une fausse étymologie, typique de l’érudition humaniste : en effet, deux missels du diocèse de Clermont de 1492 et 1527 nomment la place platea Galli (la place du Coq).
Il ne fait en revanche aucun doute, du point de vue de la phonétique historique, que le nom de Jaude est dérivé du nom porté par l’édifice gallo-romain voisin, le temple de Vasso Galate qui était situé dans le quartier nommé Galate. L’évolution phonétique[3] a été la suivante : Galate > Galde > Jalde > Jaude.
De cette même évolution dérive son nom en langue occitane : plaça de Jauda[4].
Géologie
La place est construite sur la partie orientale du maar de Jaude — à qui la place a donné son nom — un ancien volcan phréato-magmatique âgé de 156 000 ans (à plus ou moins 22 000 ans près) et d'environ 1,5 km de diamètre, s'étendant jusqu'à Chamalières[5]. Son cône s'est effondré lors d'une éruption explosive et l'actuelle butte de Clermont située juste à l'est de la place de Jaude a été formé par ses projections magmatiques[5]. Le cratère s'est rempli d'eau avant d'être progressivement comblé par des dépôts alluvionnaires.
Historique
Vue de la place à la fin du XIXe siècle.
Un faubourg commercial d'époque romaine
Comme l’ont prouvé les fouilles menées à l’occasion de l’aménagement du Fond de Jaude (1978), du Carré Jaude I (1995) et du Carré Jaude II (2009-2010), la plaine de Jaude, presque dépourvue de construction au Moyen Âge, est au contraire un secteur densément urbanisé à l’époque romaine. Les recherches archéologiques montrent actuellement que la place de Jaude était un quartier public, un lieu de passage et marchand[6]. Cette proto-place était parallèle à la butte de Clermont, qui accueille le forum sous les actuelles place de la Victoire et la cathédrale[7].
Au Moyen Âge
Au Moyen Âge, la place est une vaste zone non appropriée marécageuse (il s’agit en effet d’un ancien lac de cratère), bordée à l’ouest par le bras dérivé de la Tiretaine du Sud aménagé pour alimenter tanneries et moulins, au nord et à l’est par la limite du secteur urbanisé ; le seul édifice en élévation dans la dépression est alors la chapelle de Jaude, au sud-ouest de la place.
En 1750, la place est transformée en foirail afin d’y vendre chevaux et bois de chauffage.
L’urbanisation de la place aux XIXe et XXe siècles
La place de Jaude, photographiée peu après 1903, accueillait depuis 1890 les installations du premier tramway de Clermont-Ferrand.La place rénovée en 2003.
Au XIXe siècle, la place devient un lieu de promenade prisé des habitants.
Dans les années 1960 et 1970, la place est rénovée au sud : le quartier du Fond de Jaude est rasé pour laisser place, en 1980, à un grand centre commercial, le Centre Jaude.
La place durant les années 1980
Un parking est creusé sous la partie nord de la place. Au-dessus, une gare routière et une boutique de la T2C sont implantées. La presque totalité des bus de la ville passent sur la place. Deux bassins à jets sont créés, en 1985, au centre de la place qui est bordée d’espaces-verts et de magnoliers. Près du Centre Jaude, un square est agrémenté d’une fontaine dessinée par le sculpteur Jean Chauchard.
La place actuelle
La place illuminée la nuit et son reflet dans une des fontaines.Les bassins de la place de Jaude.La place de Jaude (côté sud).La place de Jaude (côté nord).
Le conseil municipal décide le de refaire entièrement la place et d’installer une première ligne de tramway. Le projet d’aménagement est réalisé par l’équipe lauréate du concours international d’architecture et de paysage d'Alain Marguerit (Atelier des paysages Alain Marguerit), Bernard Paris (Atelier d’Architecture Bernard Paris), Jean-Max Llorca (fontainier), LEA (Laurent Fachard, éclairagiste).
Le projet rappelle les aménagements qui existaient au XIXe siècle : Un espace essentiellement réservé aux piétons et des allées d’arbres (141 au total) entre lesquels passe, depuis le , le nouveau tramway de Clermont-Ferrand.
La place est presque entièrement réservée aux piétons. Les véhicules la traversent uniquement d’est en ouest entre le boulevard Desaix et la rue Blatin ou d’ouest en est à partir de l’avenue Julien. La partie nord est composée d’un parvis de basalte sombre éclairé la nuit de 250 diodes rouges et jaunes qui symbolisent le mouvement de la lave. Le reste de la place est pavé de pierres calcaires claires.
Les nombreuses petites fontaines alignées sont éclairées le soir de dégradés de rouge. Sept mâts de 22 mètres assurent une illumination polychrome de l’ensemble ainsi que l’éclairage des monuments. Les éclairages des façades, notamment ceux de l’Opéra-Théâtre et des Galeries Lafayette sont améliorés.
Au sud, le jet principal d’une grande fontaine atteint 22 mètres (son accès direct au public ayant causé des accidents, ce jet a été arrêté dans l’attente d’un compromis entre sécurité et agrément).
Les travaux commencèrent en janvier 2003 et se sont achevés à la fin de 2005 pour un coût de 15 millions d’euros. La place rouvre au public le en présence de 30 000 personnes et a été inaugurée le [8].
Depuis 2007, plus de 30 000 personnes se sont réunies devant l'écran géant installé place de Jaude chaque année pour les finales du Top 14 où le club de rugby de la ville, l'ASM Clermont était présent :
Le lendemain de la première victoire, le , environ 60 000 personnes sont réunies pour accueillir les joueurs de l’ASM et acclamer le premier bouclier de Brennus du club[9]. C’est le plus grand rassemblement enregistré jusqu'au lendemain du deuxième titre, le lundi où la place fut remplie de 60 000 supporters Auvergnats.
Lors des deux finales européennes disputées par l'ASM diffusées sur écran géant:
Un apéritif géant lancé par des jeunes sur le réseau social Facebook en avril 2010 a réuni quelque 6 000 personnes. Il s’agit du premier événement régional lancé sur Internet[12].
André-Georges Manry, Histoire de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, Bouhdiba, , 399 p. (ISBN2-903377-15-4)
François Descoeur et Christine Panthéon-Descoeur, Place de Jaude, Cournon, Canope, , 95 p. (ISBN978-2-906320-09-3)
Louis Passelaigue, Histoire des rues de Clermont et Montferrand, Clermont-Ferrand, De Borée, , 207 p. (ISBN978-2-908592-58-0)
Louis Saugues, Louis et Philippe Deteix, Histoires de rues : guide alphabétique des noms de rues de la ville de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, Ville de Clermont-Ferrand, 1995, 143 p.
Jacques Raflin, Clermont-Ferrand, Cournon, Canope, , 152 p. (ISBN2-906320-04-8)