Le Parti des travailleurs (en portugais : Partido dos Trabalhadores, PT) est un parti politique brésilien de centre gauche fondé en 1980. Le Parti des travailleurs est membre de la COPPPAL.
Le PT a été fondé le , lorsque se réunirent les représentants de 17 États du Brésil au Collège de Sion, dans la ville de São Paulo. Le Manifeste de Fondation du PT était lancé, signé par 101 délégués de tout le pays.
Depuis la fin de 1978, syndicalistes, intellectuels, dirigeants de mouvements populaires, étudiants, discutaient de la nécessité de créer au Brésil un nouveau parti, indépendant et socialiste. Seuls deux partis existaient à cette époque, créés par la dictature : l'Alliance rénovatrice nationale, parti conservateur soutenant le régime militaire, et le Mouvement démocratique brésilien unique parti d'opposition autorisé par le pouvoir militaire.
Le PT est né de la dure et sanglante résistance pour la fin de la dictature militaire, dans le processus de la campagne pour la libération des prisonniers politiques et dans l’ambiance des grèves dures de la région de São Paulo.
Luis Inácio Lula da Silva, dirigeant des métallurgistes en grève de la région de São Paulo, en 1978, président du pays de 2003 à 2011, et Olívio Dutra, responsable du syndicat des employés de banque à l’époque et ancien Gouverneur de l’État du Rio Grande do Sul, ont été les deux principaux initiateurs du mouvement.
L’arrivée au pouvoir de Lula, en 2003, s’inscrit dans un certain basculement à gauche qui s'opérait sur une partie du continent sud-américain, notamment en Argentine et au Venezuela. Le PT affichait sa volonté de rupture avec des décennies de difficultés sociales et de corruption.
La popularité du PT s'est émoussée surtout à partir des années 2010. Auprès du patronat d'abord : « la base syndicale du PT a dès le début inquiété les secteurs entrepreneuriaux habitués à la répression du régime militaire », estime Ricardo Musse, professeur de sociologie à l’université de São Paulo (USP). S’y ajoute un sentiment de « frustration relative » qui se diffuse dans les classes moyennes. « L’image du PT comme une possibilité de transformation de la société s’épuise. Le modèle conciliant du « lulisme » n’a pas modifié la concentration des rentes. Les plus pauvres sont un peu moins pauvres, mais les riches beaucoup plus riches », souligne Vladimir Safatle, professeur de philosophie à l’USP[9].
Plusieurs personnalités du PT sont mêlées à des affaires de corruption sous les mandats du président Lula (scandale des mensualités, qui aboutit à la condamnation, par exemple, de José Dirceu, le plus haut membre du gouvernement), et sous son successeur Dilma Rousseff, impliquant Lula lui-même.
La lutte contre la corruption a fait l'objet d'une instrumentalisation à des fins politiques par les médias et des magistrats. Des universitaires ont calculé que 95 % des articles traitant de la corruption à la veille des élections présidentielles de 2010 et de 2014 concernaient le Parti des travailleurs[10]. Le Comité des droits de l'homme de l'ONU conclut en 2022 que l'enquête ayant conduit Lula en prison en 2016, alors qu'il était en tête des sondages pour l'élection présidentielle de 2018, n’a pas respecté ses droits[11]. L’enquête Lava Jato est désormais considérée comme « le plus grand scandale judiciaire de l’histoire du Brésil »[12]. Des enquêtes ont démontré comment les procédures furent entachées de nombreuses irrégularités et de confusions, révélé des messages compromettants échangés entre les procureurs et le juge Moro en dehors de tout cadre légal, et souligné les motivations politiques de magistrats qui ont instrumentalisé l’enquête afin de neutraliser le Parti des travailleurs[12].
↑Stéphane Monclaire, « Brésil, la victoire de M. Cardoso », Lusotopie. Recherches politiques internationales sur les espaces issus de l’histoire et de la colonisation portugaises, Association des chercheurs de la revue Lusotopie, no II, , p. 17-46 (ISBN2-86537-618-4, ISSN1257-0273, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b« Le naufrage de l’opération anticorruption « Lava Jato » au Brésil », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
(pt) Carlos Henrique Metidieri Menegozzo, Dainis Karepovs, Aline Fernanda Maciel, Patrícia Rodrigues da Silva et Rodrigo Cesar, Partido dos Trabalhadores : bibliografia comentada (1978–2002), Sao Paulo, Editora Fundação Perseu Abramo, 413 p., pdf (lire en ligne)
Lincoln Secco (trad. du portugais par Paula Salnot et Isabelle Pivert), Histoire du Parti des travailleurs au Brésil, Paris, éditions du Sextant, , p. 240.