Les origines : Czestochowa et le centre Charlier (1983-1993)
Le Centre Henri-et-André-Charlier et ses premières universités d'été sont créés dans les années 1979-1980, à Fanjeaux, avec l'aide et sous la protection de mère Anne-Marie Simoulin, supérieure générale des Dominicaines enseignantes du Saint-Nom de Jésus[1]. Pour les membres du nouveau Centre Charlier, cette fondation est l'occasion, en 1980, d'un pèlerinage à Mesnil-Saint-Loup, sur la tombe du père Emmanuel[2]. C'est lors de ce pèlerinage que l'idée est lancée, par Max Champoiseau et Rémi Fontaine, d'organiser un pèlerinage à pied entre Paris et Chartres, sur le modèle du pèlerinage national de Czestochowa, en Pologne[1], s'appuyant sur plusieurs références historiques et catholiques qui les ont précédés sur ce chemin :
Puis surtout, Charles Péguy, le premier initiateur moderne du pèlerinage qui, outre le vœu pour son fils malade, pria la Sainte Vierge Marie, en 1912 afin qu'elle prenne, sous sa protection, les âmes des enfants morts et non baptisés ;
Enfin, le pèlerinage estudiantin amorcé en 1935, pris en main en 1936 par l'abbé Basset. Déporté, ce dernier mourut en camp de concentration. Le père dominicain Faidherbe prit donc sa suite, après la Libération, et relança l'entreprise en 1945. Au même moment, le père Maxime Charles, créateur du Centre Richelieu, pensait à une autre organisation du pèlerinage ; à savoir en chapitres homogènes au lieu d'un simple agrégat de fidèles. C'est cette organisation qui prima finalement avant l'éclipse de ce pèlerinage dans les années 60[Information douteuse] ; organisation reprise lors de la création du Pèlerinage de Chrétienté[3].
Activement soutenues par Gérard Calvet (dit dom Gérard), les personnalités du Centre Henri-et-André-Charlier mettent en place le projet, placé sous le patronage de Notre-Dame de la Sainte-Espérance. Le premier pèlerinage a lieu à la Pentecôte 1983[4],[1]. Les premières années, à l'exception de 1985, la messe de clôture est célébrée à l'extérieur de la cathédrale, l'évêque de Chartres, Michel Kuehn, refusant qu'une messe en rite traditionnel soit célébrée à l'intérieur[5].
En 1989, l'affaire des sacres provoque une scission au sein du pèlerinage : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X organise son propre pèlerinage le week-end précédant[6], qui se transformera en trajet inverse Chartres-Paris par la suite. La même année, à la suite du motu proprio Ecclesia Dei, la messe de clôture est autorisée à l'intérieur de la cathédrale[7].
Deux ans plus tard, en 1991, le pèlerinage prend une certaine autonomie vis-à-vis du centre Charlier avec la création de l'association « Pèlerinage de Chrétienté » présidée par François-Xavier Guillaume[8].
Notre-Dame de Chrétienté (depuis 1994)
Celle-ci est remplacée en décembre 1993, par l'association « Notre-Dame de Chrétienté », qui devient indépendante du centre Charlier pour permettre à chacune des associations de se consacrer à ses objectifs propres[9].
Il connaît un certain succès dès le début des années 1990, réunissant autour d'une dizaine de milliers de pèlerins chaque année. La moyenne d'âge était de 21 ans en 2010, avec environ 800 pèlerins étrangers[10].
À la Pentecôte 2007, pour les 25 ans du pèlerinage et à la suite des annonces successives d'un motu proprio sur la forme tridentine du rite romain[11], il y a eu près de dix mille pèlerins présents à Chartres le , malgré des conditions météorologiques difficiles[12]. En 2011, l'abbé Coiffet est nommé aumônier général de l’association. Grand admirateur de saint Jean Bosco, il est particulièrement proche des jeunes et des scouts, et fait ainsi passer le nombre d'enfants pèlerins de quelques dizaines à plus d’un millier[13]. À son décès, il est remplacé par l'abbé Alexis Garnier, de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.
Des « chapitres » différents sont proposés aux familles, aux enfants, aux adolescents (les « pastoureaux »), ou aux personnes en situation de handicap, afin de proposer un pèlerinage plus adapté[14].
L'organisation est assurée par 800 bénévoles[15]. Le retour à Paris se fait en train.
En 2020 et 2021, en raison de l'épidémie de Covid-19, le pèlerinage ne peut avoir lieu dans sa forme habituelle. Des pèlerinages locaux se mettent alors en place dans les régions[17].
En 2022, le pèlerinage est perturbé en raison des intempéries mais peut tout de même continuer[18].
Messe de clôture célébrée sous le portail nord de la cathédrale de Chartres, Michel Kuehn, évêque du lieu, ayant refusé sa célébration à l'intérieur[5].
Création du chapitre enfants. Messe de clôture célébrée pour la première fois dans la cathédrale de Chartres avec une homélie de Gérard Calvet, abbé de l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux[21].
4
1986
Avec Notre-Dame
Messe de clôture célébrée dans les jardins de l'évêché, au chevet de la cathédrale[22].
Scission causée par l'affaire des sacres : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X organise son propre pèlerinage le week-end précédant[6]. Messe de clôture célébrée dans la cathédrale de Chartres[7].
8
1990
Vers Notre-Dame de l'Europe de la Foi
Gérard Calvet (abbé de l'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux)
En raison du jubilé de l'an 2000, le pèlerinage n'a exceptionnellement pas lieu le week-end de la Pentecôte, mais durant le pont du 8 mai[32].
Création des premiers chapitres de pèlerins non-marcheurs.
Présence de Chucrallah Harb, évêque émérite de Jounieh (Liban), Eugenijus Bartulis(lt), évêque de Šiauliai (Lituanie) et Maixent Coly, évêque de Ziguinchor (Sénégal), à la messe de clôture.
Comme l'année précédente, les contraintes sanitaires empêchent la tenue du pèlerinage sous sa forme habituelle. Il est remplacé par plus de 300 pèlerinages locaux dans le monde entier qui mobilisent plus de 11 000 pèlerins[50].
40
2022
Sacré-Cœur, espoir et salut des nations
Andrzej Komorowski (supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre)
Les pèlerins sont répartis par groupes d'une quarantaine personnes appelés « chapitres »[62],[55]. Chaque chapitre porte le nom d'une personnalité catholique (saint ou bienheureux pour la plupart[62]) et est rattaché à une région en fonction du lieu de rattachement de celui-ci (paroisse, groupe scout, association, etc.)[63],[64].
Routes
Quatre routes sont proposées aux pèlerins en fonction de leur âge[65],[66],[63]. Les chapitres adultes marchent l'intégralité des cent kilomètres entre Paris et Chartres, tandis que les autres ont un itinéraire adapté avec des parties de trajet effectuées en autocar[67].
Route des adultes
Route des familles
Route des pastoureaux
Route des enfants
Public
Plus de 16 ans
Tous les âges en famille
De 13 à 16 ans
De 6 à 12 ans
Distance parcourue
30-35 kilomètres par jour
15-20 kilomètres par jour
20-25 kilomètres par jour
15-20 kilomètres par jour
Nombre de chapitres (2023)
210
58
11
34
Soutiens
L'organisation et l'encadrement du pèlerinage nécessitent une importante organisation assurée par une équipe de près de 1 000 bénévoles[68],[69] répartis en quatre pôles[63] :
Clergé-cérémonies : chargé de la préparation des cérémonies religieuses (montage, décoration et fleurissement de l'autel, chorale) et de l'accueil du clergé (restauration, transport, hébergement).
Santé : médecins et infirmiers intervenant en complément du dispositif de l'Ordre de Malte[70].
Service d'ordre : chargé de l'accompagnement et de la mise en sécurité des pèlerins entre les deux cathédrales (circulation, itinéraires, haltes, sûreté, transport des pèlerins, etc.)
Logistique : chargé de l'aménagement des bivouacs (électricité, tentes, toilettes et lavabos), du ravitaillement en nourriture et en eau, ainsi que du transport des sacs et du matériel.
Les pèlerins se rassemblent aux aurores sur le parvis de Notre-Dame de Paris (remplacé par la place Saint-Sulpice[72] le temps des travaux de restauration de la cathédrale). Ils déposent leurs sacs et rejoignent leur chapitre avant de pénétrer dans la cathédrale pour, suivant les années, la messe ou la prière de départ.
Ils marchent ensuite toute la journée, ne s'arrêtant que pour de courtes haltes (Parc Henri-Sellier[71], Centre équestre la Lisière, commune de Saint-Aubin), pause déjeuner (Amblainvilliers, commune d'Igny)[71], et une messe en plein air (si celle-ci n'a pas eu lieu dans la cathédrale).
En début de soirée, ils atteignent le bivouac situé dans la commune de Choisel (Yvelines)[65],[73], où, après avoir monté leur tente et s'être restaurés, ils peuvent participer à une veillée scoute avant d'aller se coucher[74].
Dimanche
De nouveau réveillés aux aurores, les pèlerins marchent une bonne partie de la matinée avant d'assister à la grand-messe de la Pentecôte célébrée en plein air dans la prairie des Courlis[69].
Après un déjeuner pris sur place, ils marchent tout l'après-midi avec deux courtes haltes (Batonceau, commune de Gazeran, Émancé)[71] afin de rejoindre le bivouac de Gas[55]. Là, après s'être installés, ils peuvent participer à une adoration du Saint-Sacrement qui se déroule une grande partie de la nuit[74].
Lundi
Après avoir levé le camp, les pèlerins marchent une partie de la journée pour atteindre en début d'après-midi, la cathédrale de Chartres, but de leur pèlerinage. Ils y assistent à la messe du lundi de Pentecôte, souvent célébrée par un prélat invité[72].
À l'issue, ils récupèrent leurs sacs et rentrent chez eux par leurs propres moyens ou par un des trains à destination de Paris affrétés par l'organisation du pèlerinage[75].
Rayonnement international
Le pèlerinage attire un nombre non négligeable de pèlerins venus de l'étranger (1 400 en 2023[52]) dont certains on reproduit le modèle dans leur pays[76],[69] :
Depuis 1994, l'organisation du pèlerinage est assurée par l'association Notre-Dame de Chrétienté[83] qui succède à celle Pèlerinage de Chrétienté[9].
Elle a pour objet principal de promouvoir « l'esprit de Chrétienté[84],[85] » et revendique trois piliers : Chrétienté, Tradition et Mission[86]. Dans ce but, en plus du pèlerinage, l'association organise des sessions de formation et participe à divers évènements « pour la défense de la vie et la promotion de la nouvelle évangélisation[40] ».
Notre-Dame de Chrétienté publie un bulletin mensuel intitulé « L'Appel de Chartres »[87], diffusé en version papier jusqu'en 2015[88], puis en version électronique uniquement.
La crise des sacres illicites par Marcel Lefebvre va entraîner une scission à partir de 1989 : la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, accompagnée de divers groupes traditionalistes, effectue le pèlerinage en même temps mais dans l'autre sens, de Chartres à Paris[60],[96]. N'ayant pas le droit de rentrer dans les cathédrales, ceux-ci finissent le pèlerinage dans ses parages[97]. Ce pèlerinage comptait près de 5 000 pèlerins en 2023[98]. Une association différente, « Pèlerinage de Tradition », est chargée de l'organisation[99].
Notes et références
↑ ab et c« Dom Gérard et le pèlerinage de Chrétienté », Reconquête, no 349, juin 2018, p. 22-24.
↑Gérard Cholvy, « Le Père Emmanuel. Pasteur et fondateur à Mesnil-Saint-Loup », Esprit et Vie, no 122, , p. 20-21.
↑Élisabeth Caillemer, « Il lance un chapitre pour les personnes handicapées mentales au pèlerinage de Chartres », Famille chrétienne, (lire en ligne, consulté le )
↑Pascal Simon, « Pentecôte. 12 000 pèlerins, dont 2 000 de l’Ouest, entre Paris et Chartres », Ouest France, (lire en ligne, consulté le )
↑Pascal Simon, « Pentecôte. Le 39e grand pèlerinage de Chartres fait des petits en régions », Ouest-France, (lire en ligne)
↑Elisabeth Gardet, « Nous avons pris la décision d’exfiltrer les enfants : après les orages, 7000 pèlerins accueillis à l’hippodrome de Rambouillet », Le Parisien, (lire en ligne).
↑« Près de 13.000 catholiques réunis à la cathédrale de Chartres pour le 37e pèlerinage de la Pentecôte », L'Écho républicain, (lire en ligne, consulté le )
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