Oleksandr Stanislavovytch Syrsky naît le dans le hameau de Novinki, dans l'oblast de Vladimir, en RSFS de Russie au sein d'une famille de militaires[3]. La famille Syrsky est ethniquement russe : les parents et le frère de Syrsky vivent en Russie en 2023[4].
Syrsky reste à ce poste jusqu'en 2007, année lors de laquelle il passe chef d'état-major et premier commandant adjoint du commandement opérationnel conjoint des forces armées ukrainiennes, un poste subordonné au chef d'état-major général(en)[5]. De 2011 à 2012, Oleksandr Syrsky est premier chef adjoint de la direction principale de la coopération militaire et des opérations de maintien de la paix de l'état-major général ukrainien[5]. En , Syrsky participe à des discussions au siège de l'OTAN au nom du ministère de la défense ukrainien pour transformer l'armée ukrainienne et la baser sur les normes de l'Alliance atlantique[5].
Après le déclenchement de la guerre du Donbass en , Oleksandr Syrsky est nommé chef d'état-major des « opérations anti-terroristes » (selon la terminaison officielle ukrainienne pour désigner la lutte contre les séparatistes prorusses de l'est du pays)[5]. Il est notamment l'un des principaux commandants loyalistes lors de la bataille de Debaltseve au début de l'année 2015, qui se solde par une défaite face aux séparatistes. Syrsky coordonne alors la difficile retraite des troupes loyalistes[9]. Pour ces actions à Debaltseve, Oleksandr Syrsky reçoit l'Ordre de Bohdan Khmelnitsky 3e classe et est promu lieutenant-général[9]. En 2016, il dirige le quartier général opérationnel conjoint des forces armées ukrainiennes, qui coordonne les actions opérationnelles des différentes forces de sécurité dans le Donbass. En 2017, il commande l'ensemble de la zone d'opération antiterroriste dans l'est de l'Ukraine, qui est renommée en Opération des Forces Conjointes (ukrainien : Операція об'єднаних сил) ou OFC (ukrainien : ООС)[10] au début de l'année suivante.
Du 6 mai au , Oleksandr Syrsky est brièvement commandant de l'état-major opérationnel conjoint des forces armées ukrainiennes[11] avant de devenir commandant de l'armée de terre[11]. Le , Syrsky est promu colonel général[12]
Oleksandr Syrsky organise la défense de Kiev durant les premières semaines de l'invasion russe, entre février et [13],[14]. Une telle offensive ne fait pourtant pas partie des possibilités qu'il avait envisagées : Syrsky imaginait plutôt une offensive limitée au Donbass[13]. Malgré cela, l'armée ukrainienne est sensible aux avertissements occidentaux et Oleksandr Syrsky organise deux lignes de défense autour de la capitale et divise la zone en secteurs à la tête desquels il place des généraux autonomes. Ces derniers peuvent prendre des décisions sans en référer à l'état-major, ce qui augmente la réactivité ukrainienne face à une armée russe perçue comme lente[13]. Syrsky serait également à l'origine de la vidange du réservoir de Kiev, pour ralentir l'avancée russe[13]. Pour ses actions dans la défense de Kiev, Oleksandr Syrsky est fait Héros de l'Ukraine en [15].
L'appréciation du général Syrsky au sein de l'armée ukrainienne est mitigée. Il est dans un premier temps loué pour sa défense victorieuse de Kiev et la contre-offensive de Kharkiv mais sa volonté à défendre Bakhmout coûte que coûte finit par lui valoir le surnom de « Boucher » auprès de ses troupes[7]. Cette appréciation au sein des troupes est nettement moins favorable que celle dont bénéficiait Valeri Zaloujny. Ce dernier était extrêmement populaire en Ukraine, notamment pour avoir cherché à limiter autant que possible le coût humain de la guerre[18],[19].
Avant la stabilisation du front, Oleksandr Syrsky privilégie des tactiques inspirées de l'OTAN et basées sur de petites unités très mobiles pour défaire une armée russe mieux équipée mais pesante[20]. Syrsky a en effet participé depuis 2013 aux travaux de transition de l'armée ukrainienne d'un modèle soviétique à un modèle occidental[5].
Cependant, la bataille de Bakhmout marque dans son commandement un retour vers le style soviétique et la guerre d'attrition tant que le « ratio des pertes » est favorable à l'Ukraine[7]. Si cette approche a pu trouver des soutiens, qui y voient la preuve que Syrsky est un commandant fort qui sait mettre ses sentiments de côté, elle a aussi suscité des critiques de la part de militaires ukrainiens et d'alliés internationaux (Américains notamment)[7]. Oleksandr Syrsky est vu par certains de ses subordonnés comme un général ancré dans le modèle soviétique, incapable de s'adapter aux nouvelles tactiques et technologies, et prêt à engager ses troupes dans des affrontements sanglants[7].
↑ abcdef et g(uk) Н. В. Попович-Кузнецова, ЕНЦИКЛОПЕДІЯ
СУЧАСНОЇ УКРАЇНИ, Інститут енциклопедичних досліджень НАН України (ISBN978-966-02-2074-4, lire en ligne), « Сирський Олександр Станіславович »
↑ abcdef et g(en) Andrew E. Kramer et Maria Varenikova, « A New General Takes Over as Ukraine Struggles on the Battlefield », New York Times, (lire en ligne)
↑ a et b(uk) Радіо Свобода, « Порошенко призначив новим командувачем Об’єднаних сил Олександра Сирського », Радіо Свобода, (lire en ligne, consulté le )
↑Rémy Ourdan, « « Notre commandant en chef a choisi la bonne stratégie » : de Balakliïa à Izioum, sur le chemin de la reconquête ukrainienne », Le Monde, (lire en ligne)
↑« Valeri Zaloujny, le réformateur de l’armée ukrainienne remercié par Zelensky », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑(en-GB) Joe Barnes, « Meet Oleksandr Syrsky, Ukraine’s new army chief who led the Bakhmut meatgrinder », The Telegraph, (ISSN0307-1235, lire en ligne, consulté le )