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Le monastère des Ursulines de Laval est un monastère d'Ursulines situé à Laval, créé au XVIIe siècle. Le couvent de Laval donna naissance à plusieurs autres monastères : Château-Gontier, Thouars, Dinan, Vitré.
A l'extrémité du cimetière de Saint-Vénérand, sur le bord de la rue Sainte-Anne[1], se trouvait une maison dite de l'Armurerie[2] donnée depuis peu pour servir de Petit Séminaire[3]. Cette maison appartenait alors à la confrérie du Saint-Sacrement, érigée dans l'église de Saint-Vénérand. La maison était dirigée par Guillaume Riviers[4].
Les habitants de la paroisse de Saint-Vénérand adressèrent une supplique à René du Bellay, seigneur d'Hauterives, chevalier de l'ordre du roi, lieutenant pour sa Majesté au gouvernement du Maine, en l'absence de Henri de Lavardin[5] pour qu'il voulût bien exempter cette maison des droits dont elle était chargée envers lui par son fief de Chanteloup[6]. René du Bellay, accordant aux habitants leur demande, exempta les maison, cour et jardin de tous droits à son égard[7].
Le 27 avril 1616, les membres de la confrérie du Saint-Sacrement, font à Françoise de la Croix[8], des lieux, maisons, cours et jardins appelés le Séminaire de la Confrérie, exploités par Guillaume Riviers pour leur servir de couvent et maison religieuse selon la règle de l'ordre.
Le même jour le sieur Beauvais, prêtre[9], accompagné de maître Croissant, notaire, se rendent aux lieux cédés et en prennent possession[10]. Jean Pellier, prêtre, prieur-curé de Saint-Vénérand et Saint-Melaine, Jehan Sergeul, sieur de la Brochardière, bâtonnier de la confrérie du Saint-Sacrement, Me Guillaume Riviers, l'un des fondateurs de la confrérie, Jean Saibouez, aussi fondateur et bâtonnier, Michel Paumard, bâtonnier, Jean Journée également fondateur et bâtonnier, adressèrent une requête à monseigneur François de Sourdis, archevêque de Bordeaux, en 1616, pour le prier de permettre à six religieuses Ursulines de cette ville de venir à Laval afin d'y fonder un monastère de leur ordre.
Le 28 juin 1616, arrivent à Laval 6 religieuses ursulines[11] envoyées par l'archevêque de Bordeaux François de Sourdis, le 16 du même mois. Elles ont l'intention de fonder une maison de leur congrégation, et en ont obtenu la permission de l'évêque du Mans. Elles sont conduites par René de Beauvais, prêtre délégué par l'archevêque de Bordeaux. Elles prennent possession de suite du nouveau monastère. Guillaume Riviers est leur premier chapelain[12].
La Chronique des Ursulines, imprimée en 1673[13] donne quelques détails sur la fondation du monastère de Laval[14].
Les Ursulines s'établissent à l'Armurerie et y restent pendant plusieurs années.
La maison était située non loin d'une chapelle de Saint-Jacques[15] qui leur sert d'église, et où le Saint-Sacrement est placé le 30 juillet un mois après leur arrivée. Elles habitent longtemps cette maison qui, après leur départ est enfin appliquée à la destination indiquée par les fondateurs[16].
Il est question un moment d'établir définitivement les Ursulines dans cette maison. Le 19 novembre 1617, Jean Pellier[17], rassemble un conseil de paroisse, pour proposer aux habitants de céder aux religieuses le bas du cimetière. Ce terrain leur ayant été accordé, sœur Marie de Jantillau, première supérieure, et Anne Beauvais, sœur préfète, firent de suite des marchés avec un architecte, Étienne Corbineau, pour la construction d'une église et des bâtiments nécessaires pour loger la communauté naissante, et d'autres marchés avec Jehan et Denis Crosnier[18], de Laval, pour la fourniture de tuffeaux de toutes dimensions et ardoises pour la construction de ces édifices, suivant qu'il leur en sera donné avis par l'architecte, de manière à n'en laisser jamais chômer pendant les constructions.
Le projet n'a pas de suite, sans doute parce que le local ne pouvait convenir à une communauté en règle[19]. Néanmoins, les Ursulines admirent de nombreuses novices et une d'elles, nommée Jeanne de la Porte[20] meurt[21] le 19 mars 1618, et est enterrée dans la chapelle Saint-Jacques.
Les Ursulines devaient s'occuper de l'enseignement des jeunes filles de la classe pauvre, qui est le but même de leur institut.
Les religieuses tournèrent leurs vues d'un autre côté de la ville, et y firent choix d'un terrain nommé L'Hôtellerie de La Croix-Blanche. En 1620, ces religieuses se déterminèrent à aller s'établir ailleurs. Elles achetèrent un terrain dépendant de la closerie de la Valette[22], encore existante à l'entrée de la route de Craon. Elles en prirent solennellement possession par la plantation de la croix, le 24 mai 1620[23]
Dans le terrain acheté par les Ursulines[24] se trouvait une auberge qui avait pour enseigne la Croix Blanche. De là pendant quelque temps on prit l'habitude d'appeler le nouveau couvent, la maison de la Croix Blanche. Les Ursulines achetèrent encore, en 1620[25] un jardin continu appartenant à Pierre Nyot, sieur des Rames, marchand. Tous ces terrains sont dits « situés près le pavé neuf de la ville de Laval et le chemin qui conduictde la porte de Beucheresse au Gué-d'Orgé. »[26]. En 1626, elles achètent encore, pour s'agrandir[27].
L'église fut dédiée à Sainte Hélène. On se mit tout de suite à l'œuvre. Des marchés avaient été passés dès l'année 1617 avec Étienne Corbineau, maitre architecte à Laval.
Il est chargé de la construction de l'église, des bâtiments, cloître, dortoir et réfectoire, ainsi que de la clôture des jardins[28]. Bernard Venloo, sculpteur, eut 9 livres pour la façon d'une figure placée au grand autel et 12 livres pour avoir sculpté une statue de Sainte-Hélène que l'on plaça au portail de l'église[29]. Pendant le cours des constructions, les Ursulines étendent leur enclos par l'acquisition de divers terrains contigus.
Le couvent des Ursulines fut construit par Étienne Corbineau entre 1620 et 1626. En 1627[30], Maître Lair, grand vicaire official du diocèse du Mans, revêtu d'un 1 aube, Les conduisit, portant le Saint-Sacrement[31].
La grande galerie du Palais Saint-Georges à Rennes qui donne sur le jardin vers la Vilaine est très similaire au cloître du Monastère des Ursulines de Laval.
En 1621, la mère Louise Guays[32], dite de Jésus, originaire de Laval, alla fonder le Monastère des Ursulines de Tréguier ; en 1635 elle y recevait comme novice une de ses compatriotes, Renée Martin[33].
Le monastère de Laval donnait naissance en 1630 au Monastère des Ursulines de Château-Gontier, et en 1632 à celui du Monastère des Ursulines de Thouars.
L'évêque du Mans, Philibert Emmanuel de Beaumanoir de Lavardin, convoque en 1661 la communauté pour en obtenir une soumission aux lettres du Saint-Siège, condamnant les cinq propositions de Jansénius[34].
Ce jourduy 24 de juillet 1661 capitulairement assemblées toutes les révérendes de cette communauté suivant l'ordre qu'en y donne monseigneur nostre reverendissime evesque et supérieur, nous indigne révérende supérieure des Ursulines de cette communauté de Laval nous soumettons sincèrement aux déterminations des souverains pontifes Innocent X et Alexandre VII, touchant les cinq propositions de Cornélius Jansenius condamnées par ces deux papes et nos seigneurs les evesques comme eretiques, mal expliquées, et contre le vray sens de nostre père Saint-Augustin. Faict ce jour et an que dessus.
En 1679, quatre religieuses de Laval allèrent fonder le Monastère des Ursulines de Vitré[35].
Suivant le but de leur institution, les dames Ursulines s'occupaient de l'instruction des jeunes filles. Elles tenaient un pensionnat. La grandeur de la maison et l'étendue de leur enclos y attiraient un grand nombre de pensionnaires. On recevait aussi des personnes âgées,peu aisées, qui trouvaient dans cette maison une retraite honnête et une vie peu dispendieuse. Le pensionnat était séparé de la maison conventuelle. Il est d'abord florissant, mais son audience baisse vers la fin du XVIIIe siècle, parce qu'on ne trouva plus que l'éducation fût assez florissante[36]. On voit qu'il y avait à l'époque où il a été rédigé 50 religieuses Ursulines, et qu'elles avaient environ 6000 livres de revenus, partie en fonds de terre, partie en rentes constituées[37].
En 1673 et 1699, la discorde régnait au monastère de Laval ; pour ramener la paix dans cette maison « divisée», l'évèque du Mans, du consentement des religieuses, jugea convenable de leur envoyer[38] une supérieure prise dans un autre monastère. L'archevêque de Paris, chargé de cette mission, fit choix d'Anne de Bragelongne[39] installée comme supérieure de Laval au mois d'août 1699.
Louis de la Vergne Montenard de Tressan par la grâce de Dieu et ordination apostolique evesque du Mans, conseiller du Roy on ses conseils d'estat et privé, aux religieuses Ursulines du monastère de Sainte Croix de Laval, salut et bénédiction. L'estat pressant de vostre communauté nous ayant fait juger qu'il estoit nécessaire d'appeler une supérieure d'un autre monastère pour rétablir la paix et le bon ordre dans le vostre, nous avions par nostre ordonnance du 11 janvier dernier remis l'élection au 25 mars jour marqué par la bulle de vostre établissement, et nous dovions vous proposer trois religieuses professes de différents monastères capables d'estre supérieures, afin que l'une d'entre elles fust à la pluralité des voix; mais la division qui estoit (Mitre vous, nous ayant fait appréhender quelque nouveau trouble an sujet de l'élection, vous avez remis pour cette fois vostre droit d'élire une supérieure à Mgr l'archevesque de Paris, et l'avez supplié de vous en nommer une, et le Roy informé des dispositions de vostre communauté a voulu que Mgr de Paris vous choisit une supérieure, persuadé qu'estant aussy zellé et éclairé qu'il est il feroit un choix avantageux pour vous ; Mgr l'archevesque de Paris a par ordre du Roy et à vostre prière nommé la Mère de Bragelonne pour estre supérieure, comme très capable de bien exercer cette charge, par l'acte du 27 may dernier cy dessus. Nous qui désirons depuis longtemps de voir revivre dans vostre monastère l'union, la piété, la régularité, le recueillement et le zèle pour la perfection, persuadé par les tesmoignages de Mgr l'archevesque de Paris et de Mgr l'evesque de Chartres, et partout ce que nous avons reconnu de la vertu et de la capacité de la Mère de Bragelonne, nous avons loué et approuvé la nomination de Mgr l'archevesque de Paris faite à vostre réquisition et par ordre du Roy, avons confirmé et confirmons ladite Mère de Bragelonne pour supérieure de vostre monastère pendant trois ans qui commenceront du jour qu'elle entrera dans l'exercice de la charge, vous enjoignons de la recevoir, de luy obéir et la reconnoistre pour vostre supérieure, de luy rendre l'honneur, l'obéissance et tous les devoirs qui luy sont deubs. Donné au Mans ce 6e jour d'aoust 1699. Louis evesque du Mans. Par Monseigneur Honoré. Louis de la Vergne Montenard de Tressan à maistre Pierre
Humbert supérieur de la Mission et de nostre Séminaire, salut en nostre seigneur. Comme les personnes qui se sont données à Dieu par le vœu de religion sont la principale partie de nostre troupeau, nous devons veiller avec plus d'application sur leur conduite et prendre garde qu'elles ne se détournent de l'esprit de leur profession, c'est dans cette veûe que connoissant vostre zèle et vostre expérience dans la direction et conduite des âmes, nous vous commimes l'année dernière pour faire la visite et tenir le scrutin des communautés religieuses de la ville de Laval pendant que nous y faisions la visite des chapitres et paroisses de laditte ville, et sur vos procès verbaux et relations que vous nous listes de Testât de ces communautés en général et des filles en particulier qui les composent, nous publiasmes en chapitre les reglemens que nous crûmes nécessaires pour rétablir l'ordre en la communauté des Ursulines de Laval, mais la division des religieuses toujours funeste aux communautés rendit nos travaux inutiles, et Le mesme esprit qui a introduit l'inobservance de La règles fait négliger les ordonnances de visite, L'estat déplorable de cette communauté nous a fait penser souvent aux remèdes qu'on pourroit y apporter, et nous n'en avons pas trouvé de plus convenable que d'appeler une supérieure étrangère, Laquelle n'estant engagée en aucun parti peutl travailler plus efficacement à La réunion des esprits et dos cœurs, sansquoy on tenteroit inutilement de rétablir la régularité dans cette maison. Mais après avoir establi une supérieure d'un autre monastère, nous avons jugé que pour disposr les esprits à une parfaite réunion et une exacte régularité, il estoit nécessaire de faire faire les exercices spirituels à toutes les religieuses, persuadé qu'étant véritablement réconciliées a Dieu elles seront plus en estât de se réunir entre elles et de rentrer dans les voyes de la perfection, et parce que vous connoissez Testât et les besoins de cette communauté, nous vous commettons pour avec telles autres confesseurs que vous choisirez faire faire les exercices spirituels et la retraite à toutes les religieuses dudit monastère, leur faire des instructions, exhortations et conférences sur les obligations de leur estât et de leur perfection, les entendre dans la confession et les absoudre mesme des cas à nous réservés de droit ou par nous ou par nos ordonnances de visites, et les admettre à la sainte communion, les y trouvant bien disposées et ensuite faire une visite exacte tant sur le spirituel que sur le temporel, et faire tels reglemens que vous jugerez à propos, et parce que l'expérience du passé nous donne lieu de craindre qu'on n'observast pas ce que vous aurez ordonné, nous croyons qu'il est à propos d'y pourvoir et d'enjoindre à la supérieure : 1° D'assembler le chapitre toutes les semaines au jour marqué parles règles, d'y lire un chapitre de la règle ou des constitutions, d'expliquer les obligations qu'il renferme, et d'avertir celles qui manquent à les accomplir ; 2° Faire lire les reglemens de visite tous les mois ; 3° De veiller avec attention sur la conduite de tous les jours, daverlir pour la première fois charitablement et en particulier celles qui commettent quelque faute ; la seconde fois leur imposer pénitence, si elles ne l'amendent ; 4° D'avertir la supérieure d'estre mère commune et de traiter les sœurs également ; 5° Recommander aux sœurs de s'aimer cordialement sans aucune attache ni liaison particulière ; 6° Comme les liaisons particulières sont la source de la division des communautés et de tous les desordres qu'elles entraînent après soy, nous enjoignons à la supérieure de s'appliquer à retrancher toutes les amitiés particulières avec le mesme soin qu'elle doit travailler à faire cesser toutes les aversions, et si quelqu'une n'obeist pas à ses avis, elle luy imposera des pénitences selon la règle, et si après cela elle persiste, elle nous en donnera avis pour y estre pourveu par nous, et estre procédé contre les désobéissantes par les voyes de droit, et conformément à leur règle ; 7° Le recueillement intérieur est le soutien de la vie religieuse, et rien ne le fait tant perdre comme la communication avec les séculiers, c'est pourquoy la supérieure ne souffrira point qu'aucune religieuse escrive ou reçoive des lettres sans sa participation ni permission, ni qu'elle aille au parloir sans assistantes ; et si quelqu'une y contrevient, elle sera privée du parloir pour la première fois pendant trois mois, et si elle retombe elle sera privée pour un an, et encore désobéissante on nous en donnera avis pour y estre apporté l'ordre nécessaire ; 8° Si quelqu'une manque au vœu d'obéissance ou de pauvreté n'exécutant pas ce que la supérieure luy ordonnera ou retenant ou donnant du bien de la communauté, comme ses fautes sont très grieves et détruisent les fondemens de la Religion, elles doivent estre punies très sévèrement et lorsque la supérieure nous en avertira, nous y apporterons les remèdes convenables. Nous vous recommandons de travailler avec vostre zèle ordinaire à rétablir la paix et la régularité dans ce monastère et de faire inscrire sur les registres de la communauté nostre présente commission, enjoignons à toutes nos filles d'assister avec assiduité et d'écouter avec attention tous les avis salutaires qui leur seront donnés par nostre présent commissaire dans tous les entretiens, exhortations ef, conférences qu'il leur fera, et les exhortons toutes à faire des confessions générales. Donné au Mans le 16e aoust 1699. Louis, évesque du Mans. Par commandement de mondit seigneur,
L'esprit de discorde reparaît encore en 1717[40]. Antoine de la Ville[41], chargé par l'évêque de visiter le monastère de Laval, y arrive le 7 janvier 1717 ; il interrogea les religieuses, chacune en particulier, et promulgua un règlement qui fut approuvé par l'autorité diocésaine, le 20 mars suivant[42],[43]. Cette réforme était demandée par la majorité des religieuses. Le 22 septembre 1717, M. de la Ville se trouvait de nouveau au monastère de Laval ; il y présidait à l'élection d'une nouvelle supérieure, qui fut Anne Frin[44]. Le 24 septembre 1718, le monastère reçut la visite de l'évêque du Mans.
Nous Antoine de la Ville, prestre de la congrégation de la Mission ci supérieur du Séminaire du Mans, en vertu de la commission qui nous a esté donnée par l'evesque du Mans, le 2 novembre 1715 de visiter les communautés religieuses de ce diocèse, et suivant l'ordre spécial que nous avons reçu de mondit seigneurie mois de décembre dernier de faire La visite chez Les religieuses de la ville de Laval, avons commencé celle du monastère des religieuses Ursulines de Ladite ville le 7 janvier 1717 par une exhortation que nous avons l'aile auxdiles religieuses à la grille du chœur pour les porter a profiler de ladite visite, à chercher Dieu en toutes choses cl a renouveller entre elles l'union et la paix qui avoit été altérée à l'occasion de la pauvreté des religieuses différemmont pratiquée dans leur communauté. Nous estant ensuite transporté au confessionnal de la sacristie pour donner une entière liberté auxdites religieuses de nous dire chacune en particulier ce qu'elles jugeroient à propos au sujet de ladite visite et du bon ordre de leur maison, nous avons d'abord écouté et marqué par écrit tout ce que les vocales qui sont au nombre de 31 nous ont voulu représenter, nous avons ensuite fait venir les nouvelles professes, les sœurs converses et les novices, et après avoir entendu les unes et les autres chacune selon leur rang et leur avoir donné tout le temps de s'expliquer, il s'est trouvé 19 religieuses parmi les vocales qui nous ont marqué avoir mis en commun de leur propre mouvement et sans y estre sollicitées leurs petits ouvrages, leur argent et les petits présens qui leur avoient été faits en particulier, et qu'elles n'ont rien voulu réserver de superflu pour mettre leur conscience en repos, pour ne pas s'exposer au danger de faire des amas et des reserves et pour éviter plusieurs autres inconvéniens qui naissent de la propriété, elles nous ont demandé aussi avec instance d'estre maintenues dans la pratique où elles sont de ne faire aucun ouvrage pour leur particulier, mais que tous les ouvrages soient portés à la supérieure et conservés dans une chambre pour estre distribués selon les besoins qui se rencontrent. Nous avons trouvé les jeunes professes, les novices et les sœurs converses dans les mesmes sentimens, et elles nous ont fait la mesme demande. Parmi les autres religieuses vocales, il y en a une qui s'est contentée de nous dire qu'elle désiroit garder ses petits ouvrages avec la permission de la supérieure. Mais il s'en est trouvé onze qui nous ont représenté qu'elles pouroient pratiquer la véritable pauvreté en conservant certaines coutumes qui avoient été observées cy devant, dont la première estoit que celles à qui les parens faisoient quelque pension ou donnoient de teins en teins un peu d'argent le mettoient entre les mains d'une dépositaire particulière, et s'en servoient ensuite pour leur usage particulier ; la deuxiesme que quand on leur donnoit quelque présent pour la nourriture, comme volailles, fruits, sucreries, elles le recevoient avec permission de la supérieure, et le gardoient pour s'en servir suivant leur besoin ; enfin la troisiesme qu'elles faisoient de petits ouvrages en leur particulier, et qu'elles les gardoient avec permission pour les donner ensuite et en faire des présens. Elles ont souhaité qu'on observast les mesmes coutumes à l'avenir et nous ont demandé qu'il n'y eut point de chambre commune pour les ouvrages ; mais que la supérieure mit plus tost dans sa chambre, les petits ouvrages de celles qui ne voudroient point les garder. Il y eut aussy quelques religieuses parmy les onze vocales qui nous ont demandé un second confesseur ordinaire, à qui elles puissent se confesser une fois la semaine. Ensuite le onziesme jour du mesme mois, nous avons fait la visite au dedans de la maison étant accompagné de M. Duchemin de Gimbertière prestre de la paroisse de Saint-Vénérand, et ayant esté conduits dans les dortoirs, nous avons remarqué après avoir vu les petits ouvrages et les matières dont on se sert pour les faire que la supérieure ne peut pas les garder dans un lieu plus commode que dans une petite chambre contigue à la sienne, et dont la vue donne sur la cour des parloirs et du tour, qu'on y pourroit faire une porte de communication sans passer par le dortoir pour y entrer et qu'elle seroit désormais regardée comme appartenante aux supérieures. Enfin après avoir encore écouté ce que plusieurs religieuses nous ont voulu marquer pour le bon ordre de la maison, nous avons conclu la visite le 13 du mesme mois, el estant de rechef accompagné de M. Duchemin à La grille du chœur, après une exhortation sur la charité et L'union les religieuses doivent conserver entre elles, nous leur avons déclaré de vive voix les ordonnances suivantes. Ordonnances de la visite :
A Paris ce 20 mars 1717. Mes très chères filles,
En 1790[45], les Ursulines font la déclaration de tous les biens qu'elles possèdent tant en meubles qu'en immeubles. Elles déclarent posséder en propriétés rurales un revenu de 4198 livres et en rentes foncières 851 livres, ce qui fait un total de 5049 livres de revenu[46].
Pour satisfaire aux lettres patentes du roi du 18 novembre 1789, données sur le décret de l'Assemblée Nationale. a présente déclaration sera divisée en trois parties, la première comprendra les immeubles et revenus, la deuxième le mobilier et la troisième sera pour les charges.
PREMIERE PARTIE : DES IMMEUBLES ET REVENUS
Les bâtiments de la communauté des dames Ursulines consistent en une église lambrissée d'une moyenne grandeur, ornée avec décence pour la célébration du Saint-Mystère. Une petite chapelle collatérale et une petite sacristie, un chœur bas et un chœur haut pour les religieuses, une petite chapelle nommée la chapelle de la retraite au-devant de la chapelle collatérale de la dite église, un corps de logis et autres bâtiments qui entourent le cloître, le tout distribué en réfectoire, cuisines, salle du chapitre, cellules, infirmerie, cave, greniers, bûchers et autres appartements nécessaires pour une communauté, la cour d'entrée par laquelle le public vient à l'église, une cour intérieure, un bâtiment pour les pensionnaires, une autre petite cour au derrière, deux jardins, dans l'un desquels sont deux chapelles l'une nommée Saint-Joseph et l'autre Bethléem, deux petits vergers autrefois en jardin, et un pré de deux nommées de faucheurs au bas duquel il y a deux chapelles, une chambre sur chaque chapelle, une buanderie, un doigt au bout duquel est une grotte où est représentée la Madelaine au désert. Dans la cour par laquelle le public entre dans le parloir sont deux petits appartements pour la sœur tourière, au-dessus desquels sont des appartements servant de classe pour enseigner la jeunesse, des greniers dessus. Dans la cour par laquelle le public entre pour aller à l'église sont deux appartements pour loger le sacriste et deux garçons. Dans ladite cour est un corps de logis, une petite cour au derrière, un jardin de l'autre côté de ladite cour, au devant du logis qui règne le long de ladite cour, lesquels logis, cour et jardin sont affermés au Sr Bordeau, prêtre, suivant bail devant Rozière notaire, du 27 décembre 4782, moyennant soixante livres, 60 l. Une autre maison proche la petite halle affermée au Sr Henry, tailleur, par bail du 24 juillet 1780 moyennant deux cent quarante livres, 240 l.
HÉRITAGES DE CAMPAGNE
RENTES FONCIÈRES
RENTES ET CONSTITUEES
Total du revenu, 5.0491. 10 s. Observent les dames religieuses que sur leurs rentes constituées il y a soixante livres trois sols trois deniers de taxe royale qu'on leur retient, au moyen de quoi leur revenu demeure réduit à 4.988 1. 16 s. 9d.
DEUXIEME PARTIE : MOBILIER
Première section.
Meubles pour l'exercice du Saint Culte.
Section deuxième. Autres meubles de l'intérieur de la communauté.
Section troisième. Autre mobilier appartenant à la communauté consistant en prisée de bestiaux qui sont sur les héritages détaillés ci-dessus, dont on ne retire aucun profit mais qui est nécessaire pour le produit des dits héritages suivant la coutume du pays.
Total général, 8.9281. 15s.
TROISIEME PARTIE
Etat de La communauté de Sainte-Ursule en ses charges. Cette communauté est établie à Laval il y a environ deux siècles, ce sont les habitants de la ville qui les ont fait venir pour l'utilité et l'instruction de la jeunesse, elle est actuellement composée de vingt-six religieuses.
Pour le service intérieur de la maison il y a deux filles domestiques pour la cuisine et basse cour, pour le service extérieur il y a deux sœurs tourières à gages, un sacriste, et deux garçons, tant pour la façon du jardin que pour veiller sur les héritages de campagne. Première section des charges annuelles dues sur le fonds et héritages de campagne.
Seconde section des charges annuelles
Total de la dépense annuelle, 2.534 1. 09 s.
RECAPITULATION
Les revenus annuels sont de 4.988 1. 16 s. 9 d. La dépense de 2.5331. 09 s. 2.4531. 07 s. 9d. Observent les religieuses que sur leur revenu elles sont arriérées des sommes cy après et que ce déficit provient du temps où elles avaient peu de pensionnaires, temps auquel elles furent contraintes d'emprunter pour vivre jusqu'à concurrence d'environ 8.000 l. Scavoir. Delà somme de 1801. pour une année qu'elles doivent de décimes échus en février 1790, cy, 1801. De celle de trois mille livres qu'elles doivent à diverses tant pour les matières fournies pour les réparations que pour provisions pour la maison cy, 3.000 l. De celle de 1747 livres 4 sols pour rétribution d'ordinaire de messes arriérées cy 1.747 l. 4 s.
Leur nombre avait bien diminué à l'époque de la Révolution française, car lorsqu'elles furent expulsées de cette maison, en septembre 1792, il n'y avait plus que 20 religieuses, et six sœurs converses. Il est vrai que depuis 2 ans, elles ne pouvaient plus recevoir de novices.
Quand on eut établi à Laval un évêque constitutionnel Noël-Gabriel-Luce Villar, ses partisans voulurent lui procurer un logement convenable, et un local pour son séminaire. Ils convoitaient le couvent des Ursulines qui, avec le pensionnat eût parfaitement convenu pour cette double destination, mais les lois en vigueur permettaient aux religieuses de conserver leurs maisons[47]
Le dimanche, 10 juillet 1791, un rassemblement[48] se porta de grand matin aux Ursulines, ouvrit la porte de force et s'introduisit dans la maison, que les religieuses furent forcées d'évacuer pour se rendre chez les Bénédictines. Villar arriva aux Bénédictines presque en même temps que les religieuses chassées de leur couvent[49].
Le corps municipal, le lendemain de l'émeute, vint prendre les religieuses pour les reconduire dans leur maison, où pendant quinze mois encore, il leur fut permis de rester, en leur défendant de continuer l'instruction qu'elles donnaient aux enfants et en faisant fermer l'externat. On s'empara de leur église qui fut d'abord le lieu où se réunit le club ou société populaire, ensuite employée à d'autres usages. On laissa aux dames le chœur intérieur dans lequel elles établirent un autel. Le collège fut définitivement installé dans le couvent des Ursulines le 29 septembre 1792.
Le bâtiment des Ursulines fut bientôt après donné au collège de Laval, qui deviendra en partie, après de nombreuses évolutions au XXe siècle le Lycée Ambroise Paré.
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