Ancienne colonie britannique, la Sierra Leone obtient son indépendance le . La reine Élisabeth II reste chef de l'État et est alors spécifiquement titrée « reine de Sierra Leone ». La majorité de ses pouvoirs constitutionnels sont délégués au gouverneur général qui est son représentant dans le pays. En effet, comme d'autres pays du Commonwealth, le système politique sierraléonais est basé sur le système de Westminster, dans lequel le chef de l'État joue un rôle purement honorifique.
La monarchie est abolie le , date à laquelle la Sierra Leone devient une république tout en continuant de reconnaître la reine Élisabeth II comme chef du Commonwealth. Le président de la Sierra Leone remplace la reine comme chef d'État.
Après la loi de 1961 sur l'indépendance de la Sierra Leone[1], le gouvernement britannique ne peut plus conseiller la reine sur les questions relatives à la Sierra Leone. Pour toutes les affaires sierraléonaises, la reine est conseillée uniquement par ses ministres sierraléonais. Elle est représentée dans le pays par un gouverneur général nommé par elle sur avis du Premier ministre sierraléonais[8]. La reine est dotée de vastes pouvoirs constitutionnels, mais dans les faits, tous ces pouvoirs sont exercés par le gouverneur général[9].
La reine de Sierra Leone et la Chambre des représentants constituent le Parlement de Sierra Leone[10],[11]. Toutes les lois sierraléonaises ne sont promulguées qu'avec l'octroi de la sanction royale accordée par le gouverneur général au nom de la reine[8]. Le gouverneur général est également chargé de convoquer, de proroger et de dissoudre le Parlement[12]. Le gouverneur général nomme le Conseil des ministres. Tous les ministres sierraléonais sont en fonction au gré du gouverneur général, qui peut les révoquer à sa discrétion[13].
Pouvoir judiciaire
Tous les juges sierraléonais sont tenus de réciter un serment d'allégeance à la souveraine lors de leur entrée en fonction[14].
Les représentants sierraléonais dans les pays étrangers sont accrédités par la souveraine en sa qualité spécifique de reine de Sierra Leone et les diplomates sierraléonais envoyés à l'étranger doivent obtenir l'approbation royale[8]. Les lettres de créance sont officiellement délivrées au nom de la reine[17].
Distinctions honorifiques
Au sein des royaumes du Commonwealth, le monarque est considéré comme le fons honorum (source d'honneurs). Ainsi, la souveraine, en tant que monarque de Sierra Leone, décerne des récompenses et des honneurs en Sierra Leone, en son nom. La plupart d'entre eux sont décernés sur l'avis du gouvernement de Sa Majesté[18],[19].
La position de la Couronne au sommet des forces de défense se reflète dans les forces militaires sierraléonaises, connues sous le nom de « Forces militaires royales de Sierra Leone ». Le terme « royales » est supprimé lors de l'abolition de la monarchie[20].
Titre de la reine
La reine Élisabeth II possède officiellement un titre différent dans tous les royaumes du Commonwealth. Jusqu'en 1961, la Sierra Leone fait partie de l'Empire britannique, et Élisabeth II y règne en tant que reine du Royaume-Uni[21]. Après l'indépendance, un nouveau titre est adopté, afin de préciser l'aspect distinct de la monarchie sierraléonaise. À partir du , le titre de la reine en Sierra Leone est le suivant[21] :
« Elizabeth the Second, Queen of Sierra Leone and of Her Other Realms and Territories, Head of the Commonwealth. »
« Élisabeth Deux, reine de Sierra Leone et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth. »
Étendard royal de Sierra Leone
Durant son règne sierraléonais, la reine Élisabeth II possède un drapeau personnel en sa qualité de reine de Sierra Leone. Il est utilisé pour la première fois lors de sa visite dans le pays en 1961[22]. Le drapeau reprend les armoiries de Sierra Leone sous forme de bannière, qui représente un lion sous une bordure en zigzag, représentant les montagnes du lion, qui ont donné leur nom au pays. Il montre également trois torches, symbolisant l'éducation et le progrès. À la base, des barres ondulées représentent la mer. Un disque bleu portant le monogramme royal, la lettre « E » couronnée et entourée d'une guirlande de roses dorées, apparaît au centre du drapeau[a],[24].
Dans son message de Noël de 1958, la reine annonce que le duc d'Édimbourg et elle se rendront en Sierra Leone, à la fin de l'année 1959[25], mais la visite est reportée en raison de la grossesse de la reine[26]. Élisabeth II et son mari visitent finalement la Sierra Leone du au , près de sept mois après l'indépendance du pays[27]. Le couple arrive à Freetown sur le yacht royal Britannia[28]. À son arrivée, la reine reçoit les clés de Freetown des mains du maire de la ville et arbore pour la première fois son drapeau sierraléonais (voir supra)[22]. Lors d'un dîner officiel, le Premier ministre Sir Milton Margaï s'adresse à la reine par ces mots : « Votre visite signifie avant tout que vous êtes pour nous plus qu'un lointain chef du Commonwealth. Vous êtes en effet notre reine et nous avons un droit spécial à votre intérêt, votre sympathie et votre affection ». Élisabeth II, parlant de son Premier ministre, déclare quant à elle : « La Sierra Leone peut s'estimer vraiment chanceuse, car tout en gagnant son indépendance, elle a trouvé un dirigeant sage, expérimenté et dévoué à son peuple »[29]. À la fin de la visite royale, une garden-party est organisée à la résidence officielle du Premier ministre[30].
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Sierra Leone, Supplement to the Laws with an Index of Legislation in Force on 31 December 1961, imprimerie du gouvernement, (lire en ligne).
(en) Sierra Leone, Royal Visit to Sierra Leone, 25th November-1st December, 1961 : A Record in Words and Pictures, ministère de l'Information, (lire en ligne).
↑(en) Regiments: Regiments and Corps of the British Empire and Commonwealth, 1758-1993 : a Critical Bibliography of Their Published Histories, R. Perkins, (lire en ligne), p. 246.
↑(en) Arthur Bousfield et Garry Toffoli, Fifty Years the Queen : A Tribute to Her Majesty Queen Elizabeth II on Her Golden Jubilee, Dundurn, (ISBN9781459714359), p. 119.