Il commence la bande dessinée pendant la guerre en signant des illustrations dans le journal Spirou, puis il passe par Bimbo et Jeep avant d'être engagé à Héroïc-Albums. Il y crée plusieurs ébauches de série avant de commencer une longue série policière qu'il intitule Félix. Avec cette série, il signe soixante-sept histoires, mais après la disparition de Héroïc-Albums il l'abandonne pour pouvoir rentrer à Spirou. Il crée alors Gil Jourdan, un Félix plus achevé. Dix-huit histoires plus tard, il cède le dessin à Gos jusqu'à sa mort.
Le domaine de l'humour est aussi exploré avec la création de César, d'abord dans Le Moustique puis dans Spirou, mais aussi en scénarisant des séries sur ce thème comme Marc Lebut et son voisin pour Francis. Il crée pour Arthur Piroton la série policière Jess Long. Il reprend ensuite le scénario de grandes séries comme Tif et Tondu pour Will, Natacha pour François Walthéry ou encore La Ribambelle pour Jean Roba.
À seize ans, il tente de partir clandestinement avec un ami pour les États-Unis, en se cachant dans la cale d'un navire de charge du port d'Anvers[8]. Ils partent sans bagages, ni pièces d'identité, ni argent, avec juste deux ou trois boites de conserve. Ils sont finalement découverts et chassés du bateau avant le départ[9]. Un peu plus tard, il passe et réussit, sans prévenir ses parents, l'examen d'entrée pour intégrer la marine marchande[10]. Il passe quelque temps dans les écoles de navigation d'Ostende et d'Anvers[8]. Le jour où il doit embarquer à Bordeaux pour l'Amérique du Sud afin de poursuivre sa formation, le port est victime d'un bombardementallemand qui fait faire demi-tour au navire qui doit l'emmener avec les autres élèves. Faute de pouvoir poursuivre sa formation, il abandonne une carrière dans la marine[11]. Il passe quelques mois réfugié à Guémené-sur-Scorff après avoir fui la Belgique à l'été 1940 et transité par Lorient. Pendant la guerre, il doit se cacher pour éviter le service du travail obligatoire des Allemands et à plusieurs reprises, il évite de peu l'arrestation par la Gestapo[6].
Débuts dans la bande dessinée (1942-1947)
Maurice Tillieux commence dans la bande dessinée en 1942. Il essaye d'imiter des séries américaines comme Félix le chat, Mickey Mouse ou encore Bicot, mais ses dessins ne seront jamais publiés[12]. En fait, ses premières publications sont des romans policiers. Il écrit pour la revue Le Jury de Stanislas-André Steeman un roman intitulé Le Navire qui tue ses capitaines, mais celui-ci est finalement refusé car son éditeur ne le trouve pas assez psychologique. Un peu plus tard, il est publié dans une version plus longue, par une autre maison d'édition[11]. C'est un roman inspiré d'un fait divers qu'il a lu à l'âge de sept ans, plein de romanesque, d'humour, avec une bonne narration ; néanmoins, il utilise de grossières ficelles pour maintenir le suspense[13]. Sur sa lancée, il en écrit deux autres : L'Homme qui s'assassina sous le pseudonyme de Robertson, car un nom américain se vend mieux et Aventures de Paillasson, respectivement en 1944 et 1945[11]. Parallèlement, il exerce plusieurs petits métiers en rapport avec le dessin, comme peindre pour la publicité, dessiner des moteurs électriques[14], des affiches et des dessins d'humour en France, ainsi qu'en Belgique[15]. L'une de ses affiches publicitaires pour la sécurité routière restera longtemps accrochée dans les commissariats[16].
Il décide d'abandonner le roman, parce qu'on arrive difficilement à en vivre et parce qu'il se sent plus apte à restituer une ambiance par le dessin que par la seule écriture[17]. En 1944, il entre au journal Bimbo sur recommandation de Jean Doisy, alors rédacteur en chef du journal Spirou. Il le connaît, car dans sa jeunesse, il était copain de classe avec le fils de ce dernier[6]. Jean Doisy a une idée en tête à ce moment : faire de Maurice Tillieux une sorte d'espion industriel pour savoir comment les journaux de la concurrence sont conçus[18]. À Bimbo, s'il fait office de rédacteur en chef, il s'occupe aussi de tout, comme allumer le poêle, répondre au courrier des lecteurs ou écrire les textes rédactionnels sous pseudonyme. Il reprend aussi une série du fondateurGuy Depière intitulée Bimbo, Romarin et Miksy, qu'il ne signe pas[19], malgré le fait qu'il n'a aucune notion de dessin et rencontre des difficultés avec la perspective, ainsi qu'avec l'anatomie humaine[20]. Le journal finit par disparaître après la guerre, ne pouvant lutter contre son rival Spirou[21]. Pendant cette période, Tillieux réalise pour Le Moustique et Spirou des caricatures et des illustrations[22], mais le directeur Charles Dupuis n'aime pas son dessin et refuse de publier ses bandes dessinées dans Spirou[23].
Il intègre ensuite le journal Jeep, fondé aussi par Guy Depierre[24]. C'est dans ce journal qu'il commence sérieusement à faire de la bande dessinée. Il est obligé de fournir douze pages pour chaque numéro, soit quasiment l'intégralité du journal, ce qui lui permet d'apprendre rapidement les ficelles de la bande dessinée. Dans ce périodique, il lance, avec l'aide de sa femme, ses premières séries comme Dazy Black, Zénobie ou encore Patrick et Dolly[21]. Il produit ses douze planches mensuelles en trois jours et trois nuits non-stop, toujours avec l'aide de son épouse qui colorie les zones en noir. L'argent qu'il gagne à ce moment avec ses quelques planches lui permet de vivre modestement mais suffisamment pour le mois, ce qui à l'époque lui suffit[21]. Il fait aussi en parallèle de petites collaborations pour le journal L'Explorateur, fondé par des anciens de chez Bimbo[25], où il produit près de cent quarante strips de sa série Achille et Boule-de-Gomme et une vingtaine de planches de Notre oncle et nous qui sont des dessins avec une légende en dessous[26]. Il collabore avec Willy Vandersteen pour le périodique Ons Volk. Il a pour mission de dessiner, dans un style très réaliste, une grande partie des planches sur indications du maître[27].
Période Héroïc-Albums (1947-1956)
En 1947, à la suite d'une proposition de Fernand Cheneval, un ancien de chez Bimbo, il entre à Héroïc-Albums où il crée tout d'abord la série Bob Bang. Elle met en scène un marin, dont il abandonne rapidement les aventures, car il craint que l'emploi du héros ne crée des histoires répétitives[21]. À la suite de l'abandon de Bob Bang, il réalise, à la demande de son rédacteur en chef, une série d'histoires réalistes qu'il copie sur Fred Harman et Milton Caniff[28]. Quelque temps plus tard, la maison d'édition flamande lui demande de refaire une série traditionnelle : c'est la création de Félix, qui est inspiré de ses lectures de romans policiers[21]. Il signe alors, sur l'exigence de ses éditeurs, ses planches de pseudonymes américains comme John Cliff, Ronald Scott, Jill Morisson[8]. Félix est la première bande dessinée qu'il signe de son véritable nom. Pour créer le personnage de Félix, il se souvient de ses séjours dans la région d'Auch où tout le monde à l'époque porte un béret et il en ajoute naturellement un à son héros. De plus, il ajoute des lunettes, car il a encore du mal à dessiner les yeux. Avec des lunettes, ils sont alors cachés et il suffit de bouger les sourcils pour faire passer une émotion et montrer si le personnage est content ou pas[29].
La série Félix commence par l'histoire La Turquoise creuse : à Bruxelles, deux vagabonds ouvrent une agence d'excuse. Ils se nomment Félix et Fil-de-Zinc et ont leurs premiers ennuis. Dans l'histoire Le Gouffre de Kelgaf, ils partent en Bretagne pour trouver un trésor et y rencontrer un représentant en allume-gaz qu'ils nomment simplement Allume-Gaz. Un voyage au Chicaraguay, un pays imaginaire d'Amérique du Sud en pleine révolution, dans l'histoire Aventure au Chili, leur permet de rencontrer un inspecteur de police nommé Alonzo Cabarez. Ce dernier, avec Félix et Allume-Gaz, forment le trio définitif de la série, alors que Fil-de-Zinc disparaît sans explication[30]. Cette série permet à Maurice Tillieux de dessiner les décors des quatre coins du monde au fil des missions de ses héros, mais aussi des périodes historiques comme l'Allemagne nazie. Les Amériques et la France sont les endroits où le trio enquête le plus, même si l'Asie et le reste de l'Europe sont aussi représentées[31]. Vers la fin de la série, le personnage de Linda rejoint le trio et Maurice Tillieux peut modifier la psychologie de son héros en introduisant des sentiments amoureux pudiques. Après soixante-sept histoires, la dernière histoire de Félix est publiée en 1956 et s'intitule L'Affaire des bijoux[32]. À Héroïc-Albums, il a une liberté de création totale et la seule censure est celle qu'il s'impose pour éviter d'aller trop loin, la bande dessinée étant encore réservée aux enfants. Il écrit des histoires en dehors de toute logique commerciale sans chercher à se faire plus d'argent qu'il ne lui en faut pour faire vivre sa famille[28]. Lors de la déconfiture de cette maison, il va brièvement collaborer au journal Ima, l'ami des jeunes, pour lequel il va reprendre l'enquête de Félix, La Grotte hantée, et l'adapter sous le nom d'Ange Signe. Ce Démon Vert est plus étoffé que l'original : 32 planches au lieu de 11[N 2], grâce à l'adjonction de gags. Une deuxième histoire devait paraître dans cet hebdomadaire mais sa disparition fera qu'elle sera publiée dans L'Intrépide[33], une autre revue de bandes dessinées.
En parallèle de son travail pour Héroïc-Albums, il enregistre un feuilleton radiophonique adapté de l'une de ses histoires parue dans l'hebdomadaire. C'est un travail rapide : le matin il commence à écrire son texte et l'enregistre à midi. Un travail court qui lui permet, avec les multiples rediffusions en Afrique francophone, de toucher une redevance pendant plusieurs années[29]. Il réalise aussi un texte illustré nommé Les Momies de Saint-Sulpice adapté d'une des histoires de Félix qu'il dessine en une matinée, directement à la plume. Elle est inspirée de la légende des momies de la basilique Saint-Michel de Bordeaux où l'on avait trouvé des centaines de corps transformés en momies par l'argile contenu dans le sol[34] et qu'il avait vue à l'âge de onze ans, ce qui l'avait beaucoup impressionné[35].
En 1955, il rentre dans le giron des éditions Dupuis en participant au lancement du journal Risque-Tout. Il y crée la série Marc Jaguar qui ne vit que le temps d'une seule aventure[29]. En fait, à cette époque il refuse de rentrer au journal Spirou, ayant des problèmes de longue date avec Charles Dupuis qui jusque-là avait toujours refusé ses dessins. Quand Dupuis lui demande de travailler pour lui, il préfère rentrer au second journal, moins en vue, de l'éditeur qui lui permet d'être plus libre vis-à-vis de son patron et de rester en même temps à Héroïc-Albums, où il gagne néanmoins quatre fois moins[36]. Cette même année, il travaille pour Le Journal de Paddy, un journal fondé par Michel Greg où il crée la série Cris Vallon. De même que Risque-Tout, ce dernier périodique ne vit pas longtemps, faute de financement, et quand en 1956 Héroïc-Albums cesse lui aussi de paraître, Tillieux se décide à intégrer l'équipe du journal Spirou[7].
Période Spirou (1956-1978)
Période dessinateur
Dès son arrivée chez Spirou, il crée la série Gil Jourdan, copie parfaite de Félix. Maurice Tillieux souhaite continuer les aventures de son personnage fétiche, mais son nouvel éditeur veut du changement. Il se décide alors à transformer le trio de la série Félix en nouveaux personnages. Félix devient Gil Jourdan, Cabarez est transformé en Crouton et Allume-Gaz en Libellule[37]. Il y rajoute une femme, Queue-de-Cerise, qui rappelle Linda présente dans les dernières aventures de Félix[38]. Cette série raconte les aventures d'un détective privéfrançais nommé Gil Jourdan, âgé de 20-21 ans qui, venant de finir sa licence de droit, ouvre son cabinet de police privée[39]. Le premier nom que Maurice Tillieux donne à son héros, qui d'un point de vue sonorité ressemblait à « Texaco », est refusé par son éditeur Charles Dupuis qui ne l'aime pas, car il le trouve trop exotique. Il doit le changer en vitesse et c'est sa femme qui trouve le nouveau nom[29]. Quant au métier de détective, il est désiré par Maurice Tillieux, car il permet d'introduire des personnages dans toutes sortes d'histoires et un c'est un bon moyen d'écrire des récits[40]. De plus, son métier lui permet de gagner suffisamment d'argent pour permettre à la série d'évoluer[39]. Il situe la série en France, car au moment de la commencer, il revient en Belgique après deux années passées en France et il connait mieux les voitures et infrastructures routières françaises[41]. En 1958, il réalise une autre reprise de Félix avec la série Ange Signe, réalisée à des fins publicitaires. Ici encore, il garde le même trio en changeant les noms, mais il travaille plus en profondeur ses scénarios[42].
La série rencontre un succès immédiat parmi les lecteurs de Spirou. Un référendum permet de savoir que 80 % des lecteurs du journal lisent Gil Jourdan[37]. Le succès de la série s'explique par le soin particulier que met Maurice Tillieux pour construire ses scénarios, qu'il écrit à partir de faits divers lus dans la presse ou racontés par des connaissances[43]. Mais aussi par la personnalité de ses personnages secondaires qui, selon lui, sont plus importants que le héros, qui a obligatoirement une personnalité sage et lisse[44]. La série comporte aussi de nombreuses voitures, une des passions de Maurice Tillieux aussi bien pour dessiner que pour bricoler des mécaniques. Dans Gil Jourdan, il dessine surtout des voitures françaises, alors qu'au début de sa carrière c'étaient des voitures américaines[20]. Les albums de la série se sont mal vendus jusqu'au début des années 1970. Si Maurice Tillieux réalise une histoire de Gil Jourdan, c'est parce qu'il trouve un sujet qui lui plaît sans penser au côté commercial[45].
Gil Jourdan lui vaut des ennuis avec la censure française, alors féroce à l'époque. Les deux premiers albums ont notamment été censurés pour sa façon de ridiculiser la police[46] et de parler de drogue[47] (le ministère français de l'Intérieur pensait que la popaïne était un stupéfiant qui existait réellement[48]). Plus tard, Le Gant à trois doigts est lui aussi interdit pour racisme dans le contexte sensible post-guerre d'Algérie. Maurice Tillieux doit aller de nombreuses fois au ministère français de l'Intérieur pour défendre son œuvre et s'expliquer, dont une fois en état d'ivresse en compagnie de Morris, l'auteur de Lucky Luke qui avait des problèmes pour son histoire Billy the Kid[46]. Quelques années après, Maurice Tillieux tombe malade, ce qui l'oblige à arrêter de travailler pendant un an. Pour continuer à fournir régulièrement ses planches pour Spirou, il a l'idée, sans que Dupuis soit au courant, de reprendre les histoires de Félix parues dans Héroïc-Albums, en modifiant simplement le personnage de Félix pour qu'il ressemble à Gil Jourdan. Il est aidé pour cela par Bob de Groot et Jean-Marie Brouyère[49]. Ce dernier est bien connu de Maurice Tillieux, puisqu'il a débuté chez lui à l'âge de quatorze ans, avant qu'il ne l'envoie deux ans plus tard dans le studio de Michel Greg, car Maurice Tillieux trouve qu'il ne peut rien en faire et qu'il gâche son potentiel en restant avec lui[45]. En 1959, il participe aux premiers numéros du journal Pilote en dessinant l'histoire Zappy Max, une adaptation d'un feuilleton diffusé sur Radio-Luxembourg[50].
En 1960, Maurice Tillieux crée le personnage de César, à la demande de Dupuis pour son hebdomadaire Le Moustique. À l'origine, la série a des contours assez flous du fait que Maurice Tillieux a accepté de la réaliser pour des raisons principalement financières. Cependant, il stabilise assez vite la série autour du personnage d'Ernestine, petite-fille de l'agent de police Petitcarné, qui fait tourner en bourrique César[12]. Pour cette série, Maurice Tillieux s'est inspiré des personnages autour de lui. Ernestine est inspirée de sa fille Anne, l'agent de police, d'un de ses voisins et l'employée de maison, d'une de ses propres femme de ménage[43]. Les gags de César sont repris plus tard dans le journal Spirou pour combler les pages. Aucun nouveau gag n'a été dessiné pour Spirou[49]. En 1966, il crée la série Bob Slide, le temps de quelques histoires courtes. Il s'agit d'une série qui se déroule dans les années 1930 aux États-Unis. Il l'avait depuis longtemps le projet à l'esprit, mais il n'osait pas commencer, ayant appris que Morris et René Goscinny devaient lancer une série similaire. Apprenant que cela ne se ferait pas, il se lance, mais n'ayant plus le temps de s'en occuper, il abandonne rapidement son nouveau personnage[12].
Période scénariste
À la fin des années 1960, les éditions Dupuis sont victimes d'une pénurie de scénaristes. À cette époque, le journal Spirou publie de plus en plus de dessinateurs qui n'écrivent pas leurs propres histoires. Maurice Tillieux se trouve même à un moment être le seul à alimenter les dessinateurs du journal en scénarios[49]. Cet afflux de travail l'oblige à abandonner le dessin de sa série Gil Jourdan. Il le confie à Gos, celui-ci s'étant proposé après avoir appris que Maurice Tillieux cherchait un dessinateur pour cette série. Cette reprise de Gil Jourdan est bien acceptée par la majorité des lecteurs[51].
Par la suite, il crée pour Arthur Piroton la série Jess Long. Maurice Tillieux apprécie le trait de ce dessinateur et trouve dommage de le voir toujours au bas du classement des référendums du journal Spirou[49]. Il lui propose une série policière qui se déroule aux États-Unis, le seul thème qu'apprécie Arthur Piroton. Il fait travailler son personnage au FBI pour ne pas être mal vu par la police et ne pas avoir de problèmes, le FBI étant mal vu selon lui par les polices du monde entier[45]. Il crée également Marc Lebut et son voisin pour Francis. Cette série humoristique mettant en scène une Ford T est née de la nostalgie de Maurice Tillieux, amateur de mécanique automobile, pour les voitures des années 1920 et 1930, auxquelles il trouve plus de personnalité qu'aux voitures modernes[20].
Il reprend aussi le scénario de certaines séries du journal Spirou comme Tif et Tondu dessiné par Will. Il accepte sans hésiter la demande de reprendre le scénario sur demande de Will, dont il apprécie les talents de dessinateur. Il succède, sur cette série, à Maurice Rosy qui a dû, pour des raisons personnelles, abandonner le scénario de la série[52]. Maurice Tillieux, déjà débordé à cette époque, propose alors à Will, qui travaillait très régulièrement, de dessiner alternativement par an un épisode de Tif et Tondu et un autre d'Isabelle, au lieu de deux épisodes de Tif et Tondu par an. Cette entente doit permettre à Maurice Tillieux de ralentir son rythme de travail en ne fournissant qu'un scénario de Tif et Tondu par an. Mais les scénaristes d'Isabelle, Yvan Delporte et Raymond Macherot, ne remettent aucun scénario à Will, qui ayant besoin de travailler, demande de nouveaux scénarios de Tif et Tondu à Maurice Tillieux. Il recycle alors une vieille histoire de Félix[49]. Tif et Tondu est une des séries sur laquelle Maurice Tillieux aime le plus travailler, car elle lui permet d'exploiter ses thèmes préférés : le policier, le mystère et l'aventure. Il estime que l'histoire Sorti des abîmes est celle dans laquelle Will a le mieux exploité le scénario[52].
Maurice Tillieux a lu des illustrés pendant toute son enfance. Quand il commence à dessiner, il imite les décors et l'atmosphère des séries américaines comme Félix le Chat, Mickey Mouse ou encore Bicot, dont il apprécie particulièrement l'histoire et le décor, celui des banlieues américaines[59]. Mais sa véritable influence sera Hergé, quand il commence à dessiner pour le public[28]. Il lit beaucoup de romans policiers comme ceux James Hadley Chase, qu'il trouve très faible d'un point de vue littéraire, mais dont il aime la façon de construire les scénarios[11], ou encore les Harry Dickson de Jean Ray dont il adore l'ambiance[60]. Pour se documenter, il n'hésite pas à installer un appareil photo en face de la télévision pour prendre des images de New York ou Los Angeles[11] ; à partir des années 1970 il profite du développement des transports pour se documenter sur place notamment à Londres et New York[60].
Maurice Tillieux trouve que Hergé, l'auteur des Aventures de Tintin, est le premier auteur à avoir fait de la bande dessinée comme du cinéma[47], en décomposant le mouvement et en réalisant des planches sans texte où tout est expliqué par le mouvement[36]. Il aime aussi sa façon de mettre en scène des clichés et des lieux communs qui donne de la vie à ses planches[60]. Il rencontre Hergé à New York en 1972, plusieurs années après être devenu une célébrité dans la bande dessinée. L'autre dessinateur qui l'a marqué est André Franquin, l'auteur de Spirou et Fantasio, qui devient son ami par la suite. Le dernier auteur qu'il admire est Peyo, l'auteur entre autres des Schtroumpfs et Johan et Pirlouit qu'il trouve néanmoins en dessous des deux précédents, mais dont il admire le sens de la narration[36].
Maurice Tillieux est aussi très marqué par le cinéma. Sa maison se trouvant à côté de la salle de cinéma de sa ville, il pouvait assister aux films de Buster Keaton et Charlie Chaplin, ainsi qu'aux séances de films policiers de seconde catégorie américains. Il s'est beaucoup inspiré des cadrages du cinéma au début de sa carrière, avant de réussir à trouver par lui-même le bon angle.
La France l'inspire beaucoup pour les décors de ses bandes dessinées. Cela vient du fait qu'il est d'une famille originaire d'un village près de Lille et qu'il possède de la famille près d'Aix-en-Provence où il se rend souvent. Dans sa jeunesse, il voyage aux quatre coins de la France et il dira même plus tard mieux connaître la France que son pays, la Belgique. Plus tard, il habite en France, à Paris, à Toulouse et dans le Var[3].
Scénario
Pour Maurice Tillieux, le scénario est plus important que le dessin. Pour faire ses histoires, il part d'un fait divers qu'il a lu dans un journal ou alors il s'inspire d'une personne qu'il a rencontrée dans la vie réelle[61]. Par exemple, il démarre l'écriture de l'histoire L'Enfer de Xique-Xique, car il apprécie les camions qui construisent une autoroute derrière son domicile et qu'il souhaite en introduire dans le scénario de son nouveau récit[62]. L'idée de l'histoire Les Moines rouges lui vient d'un ami, maire d'une petite commune en Normandie, qui s'embrouille souvent avec son adjoint[63]. Les histoires qu'il dessine sont écrites au jour le jour selon ses inspirations du moment, toujours en partant toutefois d'une idée précise[39]. Pour les gags en une planche, il a deux méthodes : écrire en fonction d'un gag qu'il a vu ou entendu quelque part, ou créer les gags lui-même de toutes pièces. Pour ces derniers, il passe en revue tous les objets dans une pièce en se demandant ce qui pourrait bien leur arriver. Il utilise cette dernière méthode lorsqu'il est très en retard sur un gag qu'il doit livrer[37].
Pour les scénarios qu'il écrit pour d'autres, il écrit un scénario complet avant que l'histoire ne commence à être dessinée[39]. Il essaye aussi d'utiliser au maximum les qualités de ses dessinateurs ; par exemple, pour Tif et Tondu, il exploite les talents de décoriste de Will en plaçant l'action dans des endroits beaux à dessiner et il évite que l'action se déroule trop longtemps au même endroit[52]. Sa méthode de travail est différente selon les dessinateurs. Pour Gos, ils travaillent ensemble : Gos fait le découpage et Maurice Tillieux corrige. Pour Will et Jean Roba, il fournit un découpage sans dessins, estimant qu'ils savent très bien ce qu'ils doivent faire. Pour Francis, il dessine et ce dernier reprend. Maurice Tillieux estime que parfois, il est plus simple d'expliquer par le dessin[49].
Pour construire son scénario, il écrit d'abord l'histoire, puis réalise le découpage et le dialogue en essayant de placer le moins de texte possible. Puis il réunit le plus de documentation possible pour ne pas commettre d'erreur sur les pays représentés[64]. Au cours de la réalisation de l'histoire, il lui arrive de trouver l'idée d'un gag et de modifier le scénario pour l'introduire. Il arrive aussi que l'évolution de la situation dans la réalisation de l'histoire amène naturellement le gag[65]. Il lui arrive de se déplacer sur place pour faire des repérages pour son scénario et de prendre des photos et de réaliser des croquis[66].
Graphique
Atmosphère
Ce qui marque le plus dans le dessin de Maurice Tillieux est l'atmosphère de ses bandes dessinées, cela vient du fait qu'il essaye d'être un « romancier visuel ». Dans Félix, il dessine à merveille l'atmosphère du Paris des années 1950 avec divers procédés issus du cinéma : le flash-back, la contre-plongée, le travelling, l'avant-plan[67] et ce, malgré des graphismes un peu schématiques, ou des expressions caricaturales[68]. Il dessine les paysages urbains comme personne, des dessinateurs comme André Franquin, Jean Roba ou Peyo s'amusaient à dire sur les casses de voitures : « C'est un paysage à la Tillieux »[69]. Plus tard avec Gil Jourdan, il plaça son héros dans des bureaux vétustes, dans une rue obscure. Tout est fait pour créer une certaine atmosphère[69]. Dans ses décors il aime placer des réverbères à gaz qui donnent un côté sinistre par les jeux de lumière que ça produit[70].
Lors de ses débuts chez Dupuis, il copie le style d'André Franquin, l'auteur en vogue dans la maison d'édition. Il surcharge alors ses décors pour que l'éditeur « en ait pour son argent ». Petit à petit, il se rend compte que charger ainsi ses décors n'apportait rien et il simplifie, non sans difficulté pour se réadapter[71].
Trait
Les dessins de Maurice Tillieux sont influencés à ses débuts par Hergé, dans un style semi-réaliste. Quand il entrera dans le giron de Dupuis, on lui demandera de faire dans le style caricature de André Franquin, alors référence absolue de la maison d'édition de Marcinelle. Finalement, il fit un dessin à mi-chemin de ces deux monstres sacrés de la bande dessinée. Mais contrairement à ces deux grands auteurs, Maurice Tillieux n'est pas un perfectionniste. Il lui arrive de bâcler un dessin, par manque de temps, il avouera lui-même ne pas toujours pousser le graphisme au maximum de ses possibilités. Pour certains ce manque de soin pour certaines cases donne du naturel et de la spontanéité au dessin. Par contre Maurice Tillieux respectait toujours les proportions de ses personnages[69]. Ce qui lui pose des problèmes et l'oblige à trouver des stratégies, ainsi si Crouton et Libellule sont faciles à dessiner dans le style caricatural de l'école de Marcinelle, ce n'est pas le cas de Gil Jourdan qui détone avec un style semi-réaliste. Il trouve l'idée de ne pas représenter les pieds de Gil Jourdan en les coupant, car selon lui c'est ce qui donne un problème de proportion avec une personne dessinée en pied[72].
Automobile
Les automobiles sont aussi très présentes dans l'œuvre de Maurice Tillieux. Au début de sa carrière, il commence à dessiner des voitures américaines car elles sont plus grosses et plus impressionnantes. Les premières voitures qu'il dessine sont trop longues et manquent de perspective bien qu'il étudie le trait d'Hergé pour apprendre à dessiner correctement une voiture, par la suite lorsqu'il parvient à rendre ses automobiles crédibles, il n'arrive pas à les poser au sol et dessine des voitures qui semblent léviter dans l'air. Lorsqu'il démarre Gil Jourdan en 1956, il dessine des voitures françaises, car il revient de deux ans passés en France et qu'il connaît alors très bien les automobiles et les infrastructures routières du pays. La première voiture de Gil Jourdan est une Peugeot 202 qu'il a du mal à dessiner à cause de ses lignes fuyantes. Par la suite il dote Gil Jourdan de plusieurs voitures populaires sans toutefois vouloir incarner le personnage à travers une automobile en particulier. La Renault Dauphine est toutefois la voiture qui incarne le mieux Gil Jourdan[20].
Maurice Tillieux est passionné de mécanique automobile depuis très longtemps et il a commencé à dessiner des dizaines de voitures avant d'en posséder lui-même un modèle. Il a lui-même démonté et remonté son Hillman achetée d'occasion, ce qui lui permit d'étudier le fonctionnement d'une voiture. Par la suite, pour rendre ses histoires plus réalistes, il étudie toutes sortes de moteurs de voitures pour que ses sabotages, ses pannes ne soient pas fantaisistes et que ses personnages qui réparent une automobile ne fassent pas des gestes non crédibles. Pour parfaire sa connaissance de la mécanique, Maurice Tillieux réparait lui-même les pannes de ses voitures[20].
Dans son œuvre, Maurice Tillieux fait aussi détruire les voitures le plus souvent de manière spectaculaire. Pourtant, il ne cherche pas systématiquement à introduire dans son scénario un accident ou une destruction d'un véhicule, mais le plus souvent cela se fait automatiquement au fil de l'histoire aussi bien pour la narration du récit que pour introduire un aspect comique[65]. Les accidents de voiture sont devenus un des éléments qui caractérisent le mieux la série Gil Jourdan et l'œuvre de Maurice Tillieux en général[45].
Narration
Les dialogues dans les bandes dessinées de Maurice Tillieux sont très présents, surtout à ses débuts, toutefois il évite de tomber dans le commentaire illustré. Les dialogues qu'il place dans ses bandes dessinées lui vaudront le surnom de « Michel Audiard de la bande dessinée ». Par la suite, il dessinera de grandes séquences, très réussies, sans aucune parole.
Formation
Maurice Tillieux n'a jamais eu de formation en dessin, il a commencé à dessiner tout seul presque pour raison alimentaire. Son avis sur les écoles d'art sont assez négatifs, il trouve qu'elles ne servent à rien[11]. Il affirme qu'il n'avait aucune notion de perspective et d'anatomie lorsqu'il a commencé à dessiner dans les années 1940 et qu'il a appris tout seul à maitriser l'art du dessin pour faire passer ses émotions[73].
Angles de vue
Dans l'œuvre de Maurice Tillieux, les cases qui se suivent sont très souvent dessinées selon des angles et des plans différents. Il déteste devoir refaire le même plan deux fois de suite. Même si les séquences d'actions lui prennent plus de temps à dessiner, il les préfère aux séquences fixes de dialogue, beaucoup plus ennuyeuses à produire. Il essaye alors de les combler en faisant allumer une cigarette à son personnage[39].
L'humour
Fonction
Dans ses séries policières, Maurice Tillieux se servait de l'humour comme une sorte de pause dans le récit. Permettant au lecteur de reprendre son souffle et faire baisser la tension du récit pour éviter le trop sérieux. L'humour dans les histoires policières de Maurice Tillieux n'est qu'un complément au récit, bien que dans certaines séquences de ses histoires l'humour prenne le pas sur l'action.
Style
Dans toutes ses séries, Maurice Tillieux aimait placer un humour à base de calembours, de réflexions décalées et surtout de gags visuels. Ainsi dans la série Gil Jourdan on compte 32 chutes et 47 destructions de véhicules en tous genres. Maurice Tillieux aime mettre en scène, à sa manière, les grands classiques du gag visuel, les personnages qui en courant se heurtent à quelque chose, les chutes d'objets sur la tête des protagonistes, les cigares explosifs, les portes dans la figure, les valises qui font trébucher, tout y passe repris de nombreuses fois dans ses histoires à des années de distance, créant un comique de répétition ajoutant du gag au gag en lui-même.
Maurice Tillieux agrémente ses histoires de nombreux gags, usant pour cela de registres différents, pouvant aller de l'invraisemblance pure au « running gag » se répercutant sur plusieurs pages, en passant par le second degré et le clin d'œil comique.
Le dialogue est aussi une composante essentielle du gag pour Maurice Tillieux. Il commence cet exercice dès ses débuts avec la série Bob Bang qu'il truffe de réparties humoristiques. Il exploite par l'humour les relations souvent conflictuelles de ses personnages pourtant alliés entre eux. Ainsi, dans la série Félix, Cabarez et Allume-Gaz n'arrêtent pas de se chamailler avec des remarques désobligeantes et drôles. Il en va de même pour Crouton et Libellule dans la série Gil Jourdan. Avec le personnage de Félix il pratique l'humour froid, voire parfois noir.
Maurice Tillieux n'apprécie pas les gens qui font des calembours, tout particulièrement ceux qui ne font rire que l'auteur de la blague. C'est à partir de ça qu'il introduit les calembours chez le personnage de Libellule et pour les trouver il note tous ceux qu'il entend et ne garde que les pires pour les publier[74].
Réception
Prix et distinctions
1971 : Prix Saint-Michel[1] du meilleur scénario humoristique, pour l'ensemble de son œuvre ;
En 1964, sort le premier album de la série César dans la collection « Gag de Poche » des éditions Dupuis, il s'agit du sixième album de cette collection. Quelques mois plus tard sort le second album de la série intitulé César - 2e service, il s'agit du douzième album de cette même collection. En 1971, sortent les deux albums en format standard de la série César, renommée César et Ernestine pour l'occasion, le premier se nomme L'École des gags et le second La Vie à deux. L'année suivante sort le troisième album titré Quel métier !. Le quatrième et dernier album intitulé Au fil des mauvais jours sort en 1974[81]. Entre 1988 et 1989 est publiée l'intégrale de la série en deux volumes sous le titre Tout César[79], puis en 2011 l'intégrale de la série en un tome[82].
La série Félix doit attendre les années 1970 pour être publiée en album. D'abord aux Éditions Michel Deligne avec six albums en noir et blanc publiés entre 1977 et 1979, puis quatre albums en couleurs de 1981 à 1983. Les éditions Dupuis vont ensuite reprendre la suite de la publication avec quatre albums parus entre 1986 et 1987, la numérotation fait suite aux albums de Michel Deligne. Dans leur collection « Péchés de jeunesse », les éditions Dupuis publient un album intitulé L'Affaire des Bijoux en 1981. Entre 2002 et 2004, les éditions Niffle publient une intégrale de la série en trois tomes numérotée dans l'ordre de parution sept, six et cinq[83],[84].
Après la mort de Maurice Tillieux, plusieurs séries inédites en album vont sortir. La série Zappy Max dans un album intitulé Ça va bouillir sur scénario de Saint-Julien est publié en 1979 chez Furioso (en noir et blanc)[85] et ensuite aux Éditions de l'Élan en 2010, tout en couleurs, avec une préface de Zappy Max et un dossier de présentation. Trois albums d'Aventures réalistes en 1981 aux Éditions Michel Deligne[86]. L'année suivante c'est un album de la série Bob Slide intitulé L'Homme à l'œillet qui sort chez le même éditeur[87]. Au début des années 2000, Les Éditions de l'Élan vont publier plusieurs albums de séries inédites de Maurice Tillieux. Les Aventures d'Achille et Boule-de-gomme en 2002[88], L'Intégrale des histoires de Bob Bang en 2005[89], Monsieur Balourd en 2007[90] et deux albums en couleurs des aventures d'Ange Signe intitulés La Grotte au Démon Vert en 2008 et La Résurrection du Potomac en 2011. Le premier étant déjà sorti en noir et blanc en 1981 aux éditions M.J.C. Longwy La Grotte au Démon Vert[91].
La première publication de Maurice Tillieux est un dessin dans le journal Le Moustique paru en 1936[19]. Durant la guerre il signe des illustrations pour le journal Spirou[102], mais surtout à partir de 1944 il signe des bandes dessinées dans le journal Bimbo avec la série Bimbo, Romarin et Miksy sous forme de gags d'une planche, strips et histoire à suivre. De 1945 à 1946, il alimente le journal Jeep avec des séries comme La Bande infernale (sous le pseudonyme de John Cliff), Patrick et Dolly (sous le pseudonyme de James Jhames), Zouzour et Zourzour (sous le pseudonyme de Ronald Scott), Dasy Black (sous le pseudonyme de Jill Morrison) et Zénobie Zénobie (sous le pseudonyme de John Cliff). Des histoires qui sont aussi reprises dans le journal Bimbo, sous des titres différents, jusqu'en 1949, date de la fin de ce journal. Il publie aussi une histoire dans Blondine en 1946, le supplément de Jeep[19].
Période Héroïc-Albums (1947-1956)
En 1947, il entre à Héroïc-Albums. Dès le début il publie sous le titre Nouvelles du Captain Kid, seize nouvelles jusqu'en 1952. Cette même année il crée la série Bob Bang avec dix-neuf histoires complètes publiées jusqu'en 1948, puis trois histoires de Bill Sanders dans la même période[19]. L'année suivante il crée Inspecteur Law avec deux histoires complètes. Durant ces deux années il publie cinq histoires complètes réalistes. En 1949, dans le no 4/49, c'est le début de la série Félix qui va révéler Maurice Tillieux. Soixante-sept histoires complètes vont être publiées jusqu'à la fin de l'hebdomadaire en 1956[103].
En parallèle de sa collaboration avec Héroïc-Albums, il publie de 1949 à 1950 des strips de Achille et Boule-de-Gomme et des planches de Notre oncle et nous pour le journal L'Explorateur, quelques histoires de Cris Vallon pour Le Journal de Paddy en 1955 et surtout une grande histoire à suivre de Marc Jaguar pour le journal Risque-Tout des éditions Dupuis de 1955 à 1956. Il y signe aussi plusieurs illustrations et commence une seconde histoire de Marc Jaguar, mais il ne pourra pas la terminer à cause de la disparition du journal[26].
Période Spirou (1956-1978)
Après la disparition d'Héroïc-Albums et de Risque-Tout il intègre le journal Spirou pour lequel il avait déjà fait de petites illustrations pendant la guerre. Dès le , il lance dans le no 962 la série Gil Jourdan avec l'histoire à suivre Libellule s'évade[26]. Vont suivre vingt-six histoires sous différents formats (histoire à suivre ou courte) jusqu'en 1978, dont il assurera seulement le scénario pour les huit dernières histoires, le dessin étant assuré par Gos. Toujours dans Spirou il crée César avec quatre histoires complètes publiées entre 1957 et 1959. La série est ensuite publiée par Le Moustique, autre publication des éditions Dupuis, entre 1960 et 1966, puis les deux cent quatre-vingt-dix-neuf gags sont republiés dans Spirou entre 1969 et 1973. Dans Spirou il va aussi publier plusieurs histoires courtes, deux mini-récits, des contes et des republications d'histoire de Bob Bang[104] et Félix issue d'Héroïc-Albums[105].
À partir de 1966, Maurice Tillieux assure le scénario de plusieurs séries : Marc Lebut et son voisin, qu'il crée pour Francis et dont il assure le scénario de 1966 à sa mort en 1978 avec des gags, des histoires courtes et des histoires à suivre[106] ; Jess Long, qu'il crée en 1969 pour Arthur Piroton et qu'il scénarise jusqu'à sa mort ; Tif et Tondu, dont il récupère le scénario, pour Will, de 1968 à sa mort, et où il signe treize histoires à suivre ; Natacha pour François Walthéry, dont il écrit deux histoires entre 1974 et 1976 ; Yoko Tsuno pour Roger Leloup, dont il écrit trois histoires courtes de 1970 à 1971 ; La Ribambelle pour Jean Roba, deux histoires de 1968 à 1976 ; et une histoire à suivre d'Hultrasson pour Vittorio Léonardo en 1973[105].
Durant cette période il collabore aussi avec d'autres périodiques. En 1958, est publiée Ange Signe dans un magazine publicitaire intitulé Ima l'ami des jeunes. L'année suivante, il publie une histoire à suivre pour le journal Pilote sur un feuilleton de Radio-Luxembourg intitulé Zappy Max. De 1961 à 1966 plusieurs rééditions de Félix dans Samedi-Jeunesse. En 1962, c'est L'Intrépide qui republie Félix, puis Ohée ! de 1962 à 1965[106]. Curiosity Magazine des Éditions Michel Deligne republie les histoires réalistes parues auparavant dans Héroïc-Albums. En 1973, le fanzineSubmarine republie une histoire de Félix[107]. En 1978, Super Tintin publie une histoire courte de Gil Jourdan[108].
Liste des histoires à suivre publiées dans les périodiques
Histoires à suivre dessinées et scénarisées par Maurice Tillieux publiées dans les périodiques.
Daniel Depessemier, Biographie sommaire de 1921 à 1952 de Maurice Tillieux, et Quelques bons souvenirs à propos de Maurice Tillieux par François Walthéry, dans Hommage à Maurice Tillieux, Achille et Boule-de-Gomme, Éditions de l'Élan, 2002 et 2012.
Daniel Depessemier, Bob Bang, le premier héros de B.D. de Maurice Tillieux pour Héroïc-Albums, dans Intégrale des aventures de Bob Bang, Éditions de l'Élan, 2005.
Daniel Depessemier, Biographie partielle de Maurice Tillieux de 1950 à 1960, dans hommage à M. Tillieux, Les Mésaventures de Monsieur Balourd, Éditions de l'Élan, 2007.
Daniel Depessemier, L'Univers de Tillieux... à la fin des années '50, Tillieux et Walthéry, Tillieux et les Tractions, dans La Grotte au Démon Vert, Éditions de l'Élan, 2008.
Daniel Depessemier, Comment Maurice Tillieux a-t-il été entrainé dans l'aventure du Journal Pilote ?, dans Zappy Max, Ca Va Bouillir !, Éditions de l'Élan, 2010.
Daniel Depessemier, Ange Signe 2 ans et La 17e aventure (jamais parue) de Gil Jourdan, dans Les Aventures d'Ange Signe : La Résurrection du Potomac et Aventures aux Amériques, Éditions de l'Élan, 2011.
Gérard Guégan, Maurice Tillieux à New York et Voyage dans le temps, dans Les Aventures d'Ange Signe : La Résurrection du Potomac et Aventures aux Amériques, Éditions de l'Élan, 2011.
Daniel Depessemier, Dossier Maurice Tillieux, dans S.O.S. Bagarreur, Éditions de l'Élan, 2013.
Daniel Depessemier, Félix par M. Tillieux, dans intégrale des couvertures des aventures de Félix dans les Héroïc-Albums, Éditions de l'Élan, 2015.
Daniel Depessemier, Félix Intégrale 5 et Félix un personnage majeur de Maurice Tillieux, dans Félix Intégrale Tome 5, Éditions de l'Élan, 2015.
Périodiques
G. Evrard, « Entretien avec Maurice Tillieux », Spirou, no 1163, .
Yvan Delporte, « Entretien avec Maurice Tillieux », Spirou, no 1615, .
P. Giraud, « Propos recueillis », Sphinx, no 4, .
Henri Filippini, « Je me souviens de Maurice Tillieux », dBD, no 33, , p. 94-95.
Régine Tillieux (interviewée par Damien Perez), « Entretien : Tillieux aux deux visages - Interview de Régine Tillieux », Casemate, no 36, (ISSN1964-504X).
Articles
Stéphan Verpoorten, « Étienne Borgers : Tillieux avait l’art du mouvement », L'Avenir, (lire en ligne, consulté le ).
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