Marne (rivière)

la Marne
Illustration
Bord de la Marne entre les communes de Noisy-le-Grand, Neuilly-sur-Marne et Gournay-sur-Marne.
Carte.
Localisation du cours de la Marne (carte interactive).
Caractéristiques
Longueur 514,26 km [1]
Bassin 12 920 km2 [2]
Bassin collecteur bassin de la Seine
Débit moyen 110 m3/s (Gournay-sur-Marne) [2]
Régime pluvial océanique
Cours
Source Source de la Marne, côte aux Clos, plateau de Langres
· Localisation Saints-Geosmes, France
· Altitude 423 m
· Coordonnées 47° 49′ 07″ N, 5° 20′ 59″ E
Confluence Seine
· Localisation Alfortville/Charenton-le-Pont, France
· Altitude 29 m
· Coordonnées 48° 49′ 01″ N, 2° 24′ 34″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Blaise, Petit Morin, Somme-Soude, Grand Morin
· Rive droite Rognon, Moivre, Saulx, Ourcq
Pays traversés Drapeau de la France France
Régions traversées Grand Est, Haut-de-France, Île-de-France
Principales localités Langres, Chaumont, Saint-Dizier, Vitry-le-François, Châlons-en-Champagne, Épernay, Château-Thierry, Meaux, Lagny-sur-Marne, Chelles, Champigny-sur-Marne, Créteil

Sources : SANDRE :« F---0100 », Géoportail, Banque Hydro

La Marne est une rivière française située à l'est du Bassin parisien et longue de 514,26 km[1]. Elle représente à ce titre la plus grande rivière de France[3]. C'est le principal affluent de la Seine : elle prend sa source sur le plateau de Langres, à Balesmes-sur-Marne, sur la commune de Saints-Geosmes (Haute-Marne) et se jette dans la Seine entre Charenton-le-Pont et Alfortville (Val-de-Marne) dans le quartier de Conflans-l'Archevêque. Son nom est intégré à celui de quatre départements français.

Hydronymie

Le nom de la rivière est mentionné sous les formes Matrona au Ier siècle (César) ; Materna fluvius en 632[4] ; Fluvium Maternae vers 670[5] ; Fluvium Matrena vers 700[6] ; Matrona en 846[7] ; Materna en 1096[8] ; Maderna en 1158[9] ; Marna en 1185[10] ; Aqua Materne en 1254[11] ; « Le fleuve de Marne » en 1281[12].

Son nom est issu du gaulois *Mātronā « la grande mère » (nom divin, apparenté au personnage mythologique gallois Modron)[13]. *Mātronā est un dérivé du gaulois mātīr « mère »[13].

Départements et principales villes traversés

Principaux affluents

Le cours de la Marne et de ses affluents de plus de 50 km.

Hydrologie

Après le lac du Der-Chantecoq

Source de la Marne.
Source de la Marne.

À Frignicourt, commune de l'arrondissement de Vitry-le-François, située entre le grand lac du Der-Chantecoq et le confluent avec la Saulx, le débit moyen annuel de la Marne, calculé sur 48 ans (de 1959 à 2006), est de 39,9 m3/s pour une surface de bassin de 3 290 km2. La rivière présente des fluctuations de débit saisonnières, mais dans l'ensemble on peut dire que son débit est assez régulier. Elle est puissamment régularisée depuis la création du grand lac du Der-Chantecoq. Au total, à Frignicourt, la Marne est déjà une rivière puissante bien alimentée par les précipitations relativement abondantes de la Champagne humide.

Les hautes eaux sont hivernales et atteignent des moyennes mensuelles de 50 à 61 m3/s, de décembre à avril inclus. Les basses eaux d'été, qui vont de juin à août atteignent leur minimum moyen en juin avec 21,8 m3/s[14]. Avant la création du lac, le minimum s'établissait en juillet et était de 14,7 m3/s.

La lame d'eau écoulée dans le bassin est de 383 millimètres annuellement, soit nettement plus que la moyenne du bassin de la Marne ou de la Seine. Le débit spécifique (ou Qsp) se monte à 12,1 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.

Durant cette période de 48 ans, le débit instantané maximal enregistré a été de 448 m3/s, le .

À Châlons-en-Champagne

Port sur la Marne à Châlons.

Après avoir reçu les eaux de son plus important affluent, la Saulx (25,3 m3/s), la Marne est devenue une puissante rivière de plaine. À Châlons-en-Champagne, le débit moyen annuel de la Marne, calculé sur 50 ans (de 1957 à 2006), est de 72,5 m3/s pour une surface de bassin de 6 280 km2. Le débit de la rivière présente les mêmes variations saisonnières, tout en restant assez régulier.

Les hautes eaux hivernales atteignent des moyennes mensuelles de 103 à 130 m3/s, de décembre à mars inclus, avec un maximum en janvier-février. Les basses eaux d'été, qui vont de juin à septembre atteignent leur minimum moyen en août avec 34,3 m3/s[15].

La lame d'eau écoulée dans cette portion de bassin est de 365 millimètres annuellement, toujours nettement plus que la moyenne de la totalité du bassin de la Marne ou de la Seine. Le débit spécifique ou Qsp se monte à 11,5 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.

Durant cette période de 50 ans, le débit journalier maximal enregistré a été de 640 m3/s, le .

À l'entrée de Paris - Gournay-sur-Marne

Confluent de la Marne et de la Seine à Alfortville dans l'agglomération parisienne.
Confluent de la Marne (à gauche) et de la Seine (à droite) à Alfortville dans l'agglomération parisienne avec le complexe Huatian Chinagora au centre.

Le débit moyen annuel de la Marne, calculé sur 35 ans (de 1974 à 2008 à Gournay-sur-Marne localité toute proche de son confluent avec la Seine), est de 110 m3/s pour une surface de bassin de 12 660 km2. La rivière présente des fluctuations de débit saisonnières.

Les hautes eaux sont hivernales et atteignent en moyenne de 143 à 183 m3/s, de décembre à avril inclus. Les maigres d'été, qui vont de juin à septembre voient le débit moyen chuter à 56 m3/s au mois d'août[2].

Le VCN3 peut chuter jusque 20 m3/s, en cas de période quinquennale sèche.

D'autre part les crues peuvent être assez importantes[16]. En effet, le débit instantané maximal enregistré a été de 550 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale était de 544 m3/s le . Le QIX 10 est de 510 m3/s, le QIX 20 de 570 m3/s et le QIX 50 de 650 m3/s. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 360 et 450 m3/s. D'où il ressort que les crues d' et de , dont il a été question plus haut, n'étaient même pas vicennales en théorie, et donc pas du tout exceptionnelles. Mais les calculs de type QIXn sont très théoriques, ils ont été souvent démentis par les données historiques.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : H5841020 - La Marne à Gournay-sur-Marne pour un bassin versant de 12 660 km2[2]
(Données calculées sur 35 ans)
Source : Banque Hydro - MEDDE

À titre de comparaison, rappelons que le QIX 10 de l'Yonne à Montereau-Fault-Yonne vaut 710 m3/s, tandis que son QIX 50 est de 960 m3/s.

La lame d'eau écoulée dans le bassin est de 274 millimètres annuellement (exactement comme l'Yonne). Le débit spécifique ou Qsp se monte dès lors à 8,7 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin, ce qui est assez supérieur à la moyenne du bassin versant de la Seine.

Sur les 328 mètres cubes roulés chaque seconde par la Seine à Paris, un tiers est donc dû à la Marne.

Débits des cours d'eau du bassin de la Marne

Nom Localité Débits en m3/s Côte
max (m)
Max.
instant.
Max.
journ.
Lame
d'eau
(mm)
Surface
(km2)
Module VCN3
(étiage)
QIX 2 QIX 5 QIX 10 QIX 20 QIX 50
Marne Marnay-sur-Marne 3,70 0,520 40 47 52 56 62 3,27 49,7 44,2 325 360
Traire Louvières 1,57 0,018 24 33 39 45 - 2,90 32,3 27,1 492 101
Suize Chaumont 0,79 0 8,3 11 13 15 - 1,68 16,6 15,7 173
Rognon Doulaincourt 9,23 0,490 83 120 140 160 180 2,69 144 134 476 614
Marne Saint-Dizier 26,60 1,200 180 260 310 350 420 3,98 394 496 353 2 380
Der-Chantecoq (lac de régularisation)
Marne Frignicourt 39,90 3,400 170 220 260 290 340 3,57 448 376 383 3 290
Saulx Vitry-en-Perthois 25,70 1,100 140 200 230 260 300 4,17 278 273 387 2 100
Marne Châlons-en-Champagne 72,50 6,000 340 470 550 640 740 3,81 - 640 365 6 280
Surmelin Saint-Eugène 2,70 0,570 30 44 54 63 75 2,60 47,7 46 188 454
Petit Morin Jouarre 3,39 0,570 17 24 29 34 39 3,05 67,3 62,3 177 605
Ourcq Chouy 2,12 0,530 12 17 20 23 - 2,21 20,9 19,6 194 345
Thérouanne Congis 0,60 0,260 2,2 3,2 3,9 4,5 5,4 1,24 11,2 7,7 114 167
Grand Morin Montry 7,61 2,000 57 90 110 130 - 3,96 144 135 202 1 190
Beuvronne Compans 0,41 0,130 2 3 3,7 4,4 - 1,48 4,5 3,4 134 98
Marne Gournay-sur-Marne 110,00 20,000 360 450 510 570 640 5,66 550 544 273 12 660

Crues et étiages

Saint-Dizier a les pieds dans l'eau, 1910.
2018
À la suite d'un automne et un hiver particulièrement pluvieux, la Marne a été en crue pendant la première moitié du mois de .
1910
La pluviosité et la fonte des neiges ont entrainé les crues dans la Marne en 1910.

Qualité microbiologique de l'eau

La qualité microbiologique de l'eau de la Seine fait l'objet d'un suivi dont un bilan a été publié en 2016 dans la perspective de la baignade dans la Seine et la Marne et d'épreuves olympiques aquatiques en 2024[17].

Écluse du bord de Marne aux environs de Dormans.
Écluse du bord de Marne aux environs de Dormans.

La Marne est classée navigable et canalisée sur 183 km depuis Épernay jusqu'à son confluent. Elle comporte 18 écluses de gabarit de 45 m sur 7,80 m d'Épernay à Neuilly-sur-Marne, de 100 m sur 11,40 m de Neuilly-sur-Marne à Saint-Maur et de 125 m sur 11,40 m de Bonneuil à la Seine[18].

Elle est connectée à l'Aisne par le Canal de l'Aisne à la Marne qui arrose Reims, et indirectement, par l'intermédiaire du Canal latéral à la Marne, au Rhin par le Canal de la Marne au Rhin et à la Saône par le Canal de la Marne à la Saône, tous au gabarit Freycinet.

Plusieurs canaux ont été mis en service pour couper les méandres de la rivière en Seine-et-Marne : le canal CornillonMeaux) et le canal de Chalifert, long de 12,3 kilomètres (entre Meaux et Chalifert). La Marne n'est pas navigable entre Neuilly-sur-Marne et Vaires-sur-Marne, à cause du barrage de Noisiel situé près de l'ancienne chocolaterie Menier. Sur ce tronçon, la navigation passe par le canal de Chelles, parallèle à la rivière et long de 9,2 km environ. Le canal de Saint-Maur souterrain entre Joinville-le-Pont et Saint-Maurice coupe le méandre autour de Saint-Maur-des-Fossés. Le canal de Saint-Maurice ouvert en 1864 entre le canal de Saint-Maur et le confluent avec la Seine sur une partie de la rivière difficilement navigable jusqu'au début du XXe siècle avant la construction d'une écluse a été remblayé vers 1950

La Marne présente la particularité de permettre à un bateau de parcourir intégralement sa vallée, jusqu'à passer presque sous sa source par la voûte de Balesmes. Cette source est toute proche de la grotte dans laquelle le rebelle gaulois Sabinus est réputé s'être réfugié en compagnie de sa femme pendant neuf ans, avant d'être capturé par les Romains. En fait la légende qui dit que Sabinus s'est caché dans la grotte qui surplombe la source de la Marne à Balesmes sur Marne, en compagnie de sa femme Éponine n'est étayée par aucun écrit ni trace réelle tangible. D'ailleurs à l'entrée de la grotte on peut y lire cette information en point d'interrogation. Mais il plaît aux Haut-Marnais du sud de perpétuer cette légende à la gloire du rebelle gaulois.

Dans les arts

Au XIXe et au XXe siècle, les rives de la Marne ont inspiré de nombreux peintres :

Galerie

Bibliographie

  • Bruno Pernot, Les Grandes Inondations de 1910 en Haute-Marne, Langres, Éditions Dominique Guéniot, 2010. (ISBN 978-2-87825-477-8).
  • Gérard Rondeau, La Grande Rivière Marne - dérives et inventaires, Éditions La Nuée bleue, , 280 p.
  • Jean Paul Kauffmann. Remonter la Marne, Fayard, 2013.
  • Émile de La Bédollière et Ildefonse Rousset, Le Tour de Marne, A. Lacroix, Verboekhoven, Libr. internationale, 1865[19].
  • Les bords de Marne en Île-de-France. 75 sites incontournables, éditions Ouest-France, 2012 (ISBN 978-2-7373-5595-0).

Voir aussi

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Les coordonnées de cet article :

Notes et références

  1. a et b Sandre, « Fiche cours d'eau - La Marne (F---0100) » (consulté le ).
  2. a b c et d Banque Hydro - Ministère de l'Écologie, « Synthèse de la Banque Hydro - La Marne à Gournay-sur-Marne (H5841020) » (consulté le )
  3. Blog d'Essigny le Petit, « La plus longue rivière de France », Blog d'Essigny le Petit,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Du Plessis, II, p. 2.
  5. Gallia chr., X, instr., col. 1.
  6. Archives nationales, K 3, no 123.
  7. Archives nationales, K 11, no 5.
  8. D. Bouillart, n° XLI.
  9. Du Plessis, II, p. 46.
  10. Cart. Chaalis, fol. 211.
  11. Arch. hosp. Meaux, II B 15.
  12. Archives nationales, LL 46, fol. 175.
  13. a et b Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise : description linguistique, commentaire d'inscriptions choisies, Errance, Paris, 1994 (Collection des Hespérides), p. 168 - 197.
  14. Banque Hydro - Ministère de l'Écologie, « Synthèse de la Banque Hydro - La Marne à Frignicourt (H5091010) » (consulté le )
  15. Banque Hydro - Ministère de l'Écologie, « Synthèse de la Banque Hydro - La Marne à Châlons-sur-Marne (H5201010) » (consulté le )
  16. [PDF] Préfecture de Seine-et-Marne, « PPRI vallée de la Marne » (consulté le ).
  17. collectif coordonné par Vincent Rocher et Sam Azimi (2017) "Qualité microbiologique des eaux en agglomération parisienne" Edition Quae, 96 p. (ISBN 9791091089296) (bilan des connaissances acquises sur la contamination microbiologique des eaux de la Seine et de la Marne en 15 ans par le SIAAP et ses partenaires ; des données sur les transferts de contaminants du réseau d'assainissement aux stations d'épuration puis au fleuve y figurent aussi)
  18. {ouvrage|auteur=Jean Morlot|titre=carto guide fluvial Île-de-France, Champagne, Ardennes Picardie|éditeur=Editions du plaisancier|date=2004|passage=4}
  19. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, (consulté le ).

Liens externes

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