Marie-Victoire de Savoie est la fille naturelle de Victor-Amédée II de Savoie et de sa favoriteJeanne-Baptiste d'Albert de Luynes. Née à Turin le , alors que son père était duc de Savoie, la liaison entre ses parents avait commencé dès le début de l'année 1689. Fille d'un duc de Luynes et femme d'un noble de la cour de Savoie - le comte de Verrue - elle souhaitait initialement éviter cette liaison avec le duc de Savoie. Mais l'ambition poussa sa belle-famille et même la duchesse, Anne-Marie d'Orléans, à encourager cette aventure.
Le succès de sa mère rendit Marie-Victoire impopulaire à la cour de Savoie. Son père, jaloux et obsédé par Jeanne-Baptiste, finit par l'exclure de la cour. Jeanne-Baptiste fuit alors la Savoie pour trouver refuge à la cour de France, auprès de Louis XIV. Leurs deux enfants, Marie-Victoire et Victor-François de Savoie(en), restèrent en Savoie sous la protection de leur père.
En 1701, le duc de Savoie légitime ses deux enfants naturels, faisant de Victor le marquis de Suse et donnant à Marie-Victoire le pendant féminin de ce titre, Marquise de Suse.
Mariage
En 1713, Victor-Amédée accède au trône de Sicile, qu'il échangera en 1720 avec Charles VI contre la couronne de Sardaigne, plus aisée à défendre. Fiancée à la mi-1714, par un arrangement dans la tradition de Louis XIV de marier ses héritiers légitimés à des enfants royaux, Marie-Victoire épouse à 23 ans Victor-Amédée de Savoie, prince de Carignan le , à Moncalieri. Son père, le roi de Sicile, garantit au prince un revenu annuel de 400 000livres, en partie pour compenser la perte de prestige liée au mariage avec un enfant naturel.
Marie-Victoire commence alors une carrière d'intrigante, avec le duc de Bourbon, tout en devenant espionne pour son père le duc de Savoie. Elle a notamment poussé la reine Marie Leszczynska à influencer politiquement son mari le roi, complot qui impliquait pour le duc de Bourbon de mettre au jour les agissement du cardinal de Fleury, ce qui a très mal tourné pour le duc. La reine finit toutefois par suivre les conseils de Marie-Victoire sur la façon de se réconcilier avec le roi après cette affaire, même si les deux femmes ne furent jamais très proches.