Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie (en russe : Запорожцы пишут письмо турецкому султану) est une peinture du peintre ukrainien de l’Empire russe Ilia Répine.
L'œuvre de 2,03 × 3,58 m est commencée par Répine en 1880 et terminée seulement en 1891. Le tableau est aujourd'hui conservé au Musée russe de Saint-Pétersbourg.
Il existe une deuxième version du tableau, qu'Ilia Répine commence avant la livraison du premier tableau, en 1889 et termine en 1896. Elle est conservée au musée d'Art de Kharkov.
À la fin de sa vie, Répine revient à l'Ukraine et aux Cosaques zaporogues, les faisant danser le hopak dans son dernier tableau (1927-1930).
Sujet
Il s'agit d'un tableau historique, montrant des Cosaques zaporogues rédigeant un courrier au sultan ottoman, regorgeant d'insultes. Le peintre sait rendre le plaisir intense que les Cosaques éprouvent à imaginer de nouvelles grossièretés. Il suscite une sympathie irrésistible pour un peuple aguerri et épris de liberté, que Répine considère avec admiration et dont il indique dans une lettre adressée au critique Vladimir Stassov[1] :
« Tout ce que Gogol a écrit sur eux est vrai ! Un sacré peuple ! Personne dans le monde entier n'a ressenti aussi profondément la liberté, l'égalité et la fraternité. La Zaporoguie est toujours restée libre, rien ne l'a soumise ! »
Contexte et références historiques et littéraires
Les Cosaques zaporogues
Les Cosaques occupent dans le milieu du XVIe siècle, une partie de l'Ukraine contemporaine, sur les rives du Dniepr, à laquelle est donnée le nom de Zaporoguie. Ils y disposent d'une série d'établissements fortifiés, « gorodki » (городки) ou « setchi » (сечи)/« zasseki » (засеки) et de colonies rurales « khoutora » (хутора), « zimovniki » (зимовники), au-delà des rapides du fleuve, dans une zone échappant à toute autorité étatique, les Champs sauvages[2],[3],[4].
Ils s'unissent par la suite et mettent en place une organisation militaire et politique, dont le centre est la sitch zaporogue, à la fois camp fortifié et lieu de rassemblement des états-majors, l'organe central de gouvernement étant le Koche(ru)[3],[4].
Ivan Sirko est un chef militaire cosaque, qui a rejoint la sitch en 1654. il prend part au soulèvement de Khmelnytsky. En 1663, il devient ataman des armées zaporogues. Il bataille aux côtés des Russes contre le khanat de Crimée, les Polonais et les Cosaques de l'hetman Petro Dorochenko, mais change à l'occasion de camp, et se joint à Dorochenko dans sa lutte contre les « boyards moscovites et les voïvodes ». Il jurera à nouveau fidélité au tsar russe Alexis Ier, mais sera ensuite exilé par lui à Tobolsk, en Sibérie, pour l'écarter des conflits de succession du hetman Demian Mnohohrichny. En 1673, il revient en Ukraine et reprend la lutte contre les Tatars et les Turcs et capture les forteresses d'Arslan et d'Otchakov.
Il meurt en 1680, mais reste l'un des atamans les plus populaires et devient le héros de nombreux mythes, chants folkloriques et de poèmes. Il est ainsi allégué avoir participé, avec des troupes polonaises et 2500 cosaques, au siège de Dunkerque en 1646, sous les ordres du grand Condé, pendant la guerre de Trente ans[6],[7], conduisant le général de Gaulle à demander, lors de sa visite en URSS en 1966, à aller sur sa tombe. Ivan Sirko est qualifié par lui de « héros national français »[8].
Il aurait été aussi un cosaque kharakternik, c'est-à-dire un guerrier-chaman.
Tarass Boulba
L'écrivain Nicolas Gogol, attaché au passé historique de l’Ukraine, contribue dans la première moitié du XIXe siècle par ses écrits à faire une place à ce passé dans la culture russe[9].
Il publie en 1843 un roman historique, Tarass Boulba (« Тара́с Бу́льба »), dont la première version est parue en . Il est consacré au cosaque zaporogue Tarass Boulba et à ses fils, Andreï et Ostap, avec une intrigue militaire et amoureuse qui les fait aller d'Ukraine en Pologne, contre laquelle les Cosaques sont en guerre.
Il y perpétue et donne une nouvelle résonance la mémoire de l'Hetmanat et d'un passé cosaque, glorifié et chéri, dans une attitude nostalgique dominante jusqu’au milieu du XIXe siècle dans les élites ukrainiennes et russes[9],[note 1].
Répine, lui-même né à Tchougouïev, sur les bords du Donets, mais aussi représentatif de l'intelligentsia russe, est lui-même viscéralement attaché à l'œuvre et à ses personnages. La fille aînée du peintre, Vera Iitnitchna, rapporte dans ses souvenirs que pendant longtemps la famille n'a vécu que par les Zaporogues : Ilia Iefimovitch lisait chaque soir à voix haute des vers et des récits sur la Sitch, les enfants savaient par cœur le nom de tous les héros, jouaient à Tarass Boulba, Ostap et Andreï et modelaient dans l'argile leurs figures. Ils pouvaient également citer à tout moment la lettre des cosaques au sultan[11].
L'échange de courriers de 1676
L'échange épistolaire sujet du tableau de Répine se déroule en 1675 ou en 1678, si on le date à partir de l'attaque ottomane à laquelle il fait référence[12]. Il s'agit d'un faux, dans le prolongement d'une série de prétendues lettres de sultans aux rois polonais également apocryphes. Il apparait pour la première fois dans le Chronographe de 1696[13].
Il en existe plusieurs versions, et l'une d'elles paraît en 1872 dans Rousskaïa Starina. Elles seront regroupées dans un recueil publié en 1911 par Dmitri Iavornitski, qui a beaucoup fait pour faire connaître les courriers[13]. S'il n'est pas considéré par les historiens comme authentique, ceux-ci s'accordent cependant pour considérer que le texte a été en tout état de cause rédigé à l'époque de la Sitch, et qu'il en reflèterait l'esprit[12].
Lettre du sultan Mehmed IV aux Cosaques zaporogues
Les Zaporogues viennent de repousser une attaque des armées turques et tatares contre la Sitch, mais le sultan ottoman exige cependant d'eux qu'ils se soumettent[12].
« En tant que sultan, fils de Muhammad, Frère du Soleil et petit-fils de la Lune, Vice-roi par la grâce de Dieu des royaumes de Macédoine, de Babylone, de Jérusalem, de Haute et Basse Égypte, Empereur des Empereurs, Souverain des Souverains, Invincible Chevalier, Gardien indéfectible jamais battu du Tombeau de Jésus Christ, Administrateur choisi par Dieu lui-même, Espoir et Réconfort de tous les musulmans, et très grand défendeur des chrétiens,
J’ordonne, à vous les Cosaques zaporogues de vous soumettre volontairement à moi sans aucune résistance
Réponse des Cosaques zaporogues au sultan de Turquie
« À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut !
Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ?
Mange la vomissure du diable, toi et ton armée.
Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi.
Toi, marmiton de Babylone,
charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, fouetteur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et de Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même,
Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul d'une jument, sabot de boucher, front pas baptisé !
Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous-produit d'avorton ! Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs. Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !!
Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !
Les premières esquisses des Zaporogues remontent à 1878, la première étant datée du , et faite à Abramtsevo[14]. Celles portant sur l'ensemble de la scène sont proches dans leur inspiration et leur composition de la version définitive du tableau. Dans d'autres, Répine commence l'étude des différents personnages.
Selon Répine, l'idée du tableau lui est venue de la lecture dans un journal du texte de la réponse des Zaporogues. Il s'en confie à Mstislav Prakhov(et) (1840-1879) linguiste et traducteur russe qui fréquente également Abramtsevo. La richesse picturale du thème et son potentiel lui apparaissent immédiatement[14].
L'été 1880, le peintre part pour un long voyage en Ukraine pour recueillir du matériau pour Vechornytsi et pour les Zaporogues. Il séjourne dans plusieurs endroits qu'ils ont habités, et passe environ un mois dans la propriété de Vassily Tarkovsky, où il dessine de nombreux objets et costumes de la collection du mécène. Il est accompagné par le jeune Valentin Serov[14] :
« Serov, encore un garçon, ne laissait rien passer de vivant sans porter sur lui les armes du peintre ... Plus tard, voyageant sur le Dniepr, sur les lieux des anciennes sitchs, que nous montrait Kostomarov[note 2], nous nous rendîmes tous les deux sur l'ile de Khortytsia en bac. Le débarcadère était une place belle et égale, parsemée de sable, brulée par la chaleur du soleil. Autour de nous, il y avait des petits rochers de granit gris-noir, plus loin des buissons et un ciel d'un bleu perçant (...).
Un autre jour, comme nous étions en train de partir, je vis que Valentin avait déjà composé une scène de caractère sur la vie des Zaporogues. J'avais avec moi les deux livres merveilleux et chéris d'Antonovitch et de Dragomanov[note 3], Histoire des Cosaques dans les chansons et les bylines de la Russie du sud. Nous nous abandonnâmes à la lecture de la poésie lyrique de l'Ukraine, et Serov, qui avait été au lycée de Kiev deux ou trois ans, goûtait à merveille la substance de la langue ukrainienne. Mais ne croyez pas qu'il faisait ses croquis machinalement ; son sujet, c'était la vie-même de ces « chevaliers », comme s'il était parmi eux dans leur campement et voyait leur existence dans tous ses petits détails (...).
Et voila que sur le Dniepr d'un brillant d'acier, par un temps calme et doux, une masse de chevaux, à quelques pas de la berge, soulève une écume blanche vers le ciel ; des gars nus s'agitent dans l'eau tiède jusqu'à l'ivresse, flattant leurs montures ; au loin une brume s'avance en avalant l'air tiède - c'est le fond du tableau (...)[15]. »
Répine fait aussi de nombreux croquis de « types humains » qu'il rapportera avec ses autres esquisses à Moscou[14]. L'obsession du dessin les échanges et les amitiés, la relation avec son élève Serov, la fascination pour le mythe des Zaporogues, unis dans une fraternité de fer, combattant ou festoyant ensemble, amoureux de la vie et à l'énergie inépuisable convergent pour faire de cette période, selon ses propres mots, une « cuite créatrice » prise auprès du « joyeux peuple »[16],[17],[18].
Exécution du tableau
Répine revient en 1881 à Moscou, puis emménage en 1882 à Saint-Pétersbourg. Il commence à travailler à la toile, dont il datera le début de la peinture de 1880. Il y travaillera, parfois des jours entiers, parfois la laissant un temps[14].
Il continue à prendre les conseils d'historiens dans cette période, et en particulier ceux de Dmitri Iavornitski, dont il fera dans la toile le personnage du scribe. Ce dernier est un historien, archéologue et ethnographe ukrainien qui a terminé l'université de Kharkov en 1881, et qui enseigne à Saint-Pétersbourg à partir de 1885. Il se lie alors avec Ilia Répine. Il publiera entre 1892 et 1897 une Histoire des cosaques zaporogues en trois tomes («История запорожских казаков»)[19].
Pendant presque douze ans, Répine déplace et modifie constamment sa toile : « je travaillais, écrit-il, à l'harmonie générale de la toile. Quelle tâche ! Chaque touche, chaque couleur, chaque ligne est nécessaire pour exprimer l'atmosphère d'ensemble de la toile, et pour accorder et caractériser chacun de ses personnages ... J'ai sacrifié et changé beaucoup dans les couleurs et les personnalités ... J'ai travaillé quelquefois jusqu'à l'épuisement »[14]. Et il écrit encore : « si vous aviez vu les métamorphoses qu'ont connues tous les coins de la toile ... il n'en reste plus rien ... il y avait un chanfrein ... il y avait un dos de chemise ... il y avait une grande figure rieuse ... rien n'était satisfaisant »[14].
Jouant avec eux, prolongeant l'ivresse cosaque, il emprunte les traits des Zaporogues à tous ses amis et compose sa toile avec les Ukrainiens ou les Polonais de Saint-Pétersbourg. L'écrivain Dmitri Mamine-Sibiriak, passant à son atelier, se souvient d'avoir été contraint de poser plusieurs heures pour les Zaporogues : sa paupière a plu au peintre pour un personnage et ses yeux pour un autre[20]. Le général Mikhaïl Dragomirov accepte de s'incarner dans l'ataman Serko, le musicien et folkloriste Aleksandr Roubets dans le cosaque hilare, le collectionneur Vassili Tarnovski dans l'homme au chapeau, le peintre Kouznetsov[21], fils de la baronne Uexküll von Hillenbandt, dans le jeune Zaporogue souriant, et d'autres encore[22]. Gueorgui Alekseïev, que le peintre souhaite faire poser de dos, pour peindre son crâne chauve, s'y refuse. Avec la complicité de Iavornitski, Répine le piégera et atteindra ses fins. Il sera le cosaque renversé sur le tonneau[23].
Description du tableau
Scène représentée
Les Zaporoques sont rassemblés autour de leur scribe. L'ataman Ivan Sarko est parmi eux, le scribe, avant de signer lui-même la lettre. À sa gauche Taras Boulba, debout, coiffé d'une toque blanche et dans une tunique rose. Son plus jeune fils, Andria, est lui aussi debout, dans la partie opposée du tableau. Les autres cosaques ne sont pas des personnages historiques ou littéraires individualisés.
Les hommes écrivent la lettre ensemble, chacun d'entre eux y ajoutant son mot et sa saillie bouffonne, suscitant l'hilarité des autres[24].
La composition du tableau est très équilibrée, tout en étant particulièrement dynamique. Elle s'organise autour de plusieurs lignes et mouvements : des rythmes horizontaux et verticaux, en premier lieu, mais aussi des déplacements de masses de l'avant vers l'arrière, ou au contraire de l'arrière vers l'avant[25]. L'ensemble est semé de taches de couleurs luxuriantes et éclatantes, disposées dans une construction maniérée, soignée et harmonieuse[25].
À l'arrière plan, le ciel est estompé par le crépuscule et masqué par des fumées blanches. Il est découpé par les piques et les pieux tendus. Ce fond, compact et dense, ce que l'on voit du camp militaire, montre une sitch vibrante de violence ou de colère[25], au contraire du groupe de cosaque, hilare. Il est animé d'un mouvement circulaire, une sorte de tourbillon, qui, libéré, aurait la force d'une tornade[25],[26]. C'est le dernier ressort de la construction du tableau, et sa raison d'être, l'incrustation des éléments d'une « encyclopédie du rire »[26] ou, selon Igor Grabar, une « physiologie du rire »[25].
S'adonnant à un exercice de style difficile, avec une diversité débridée rarement donnée en peinture, Répine se plait ainsi à représenter des rieurs : il y a le rire tonitruant, et le fin sourire, et le ricanement sarcastique, et le rire aux éclats, qui donne la chair de poule, et le gros rire contagieux, et les rires étouffés, et les criaillements, et la gouaille[26] ; les personnages se tordent, serrent leurs côtes de leurs poings, brocardent, s'esclaffent les dents au vent, cacardent à gorge déployée, ou rient à en crever... Ils ramènent le spectateur de temps anciens, historiques ou légendaires à un ici et maintenant du rire contagieux[25].
Choix des modèles
Plusieurs contemporains célèbres de Répine ont servi de modèles pour le tableau[27],[28] :
Le beau jeune homme aux traits généreux et au sourire intelligent a été peint à Saint-Pétersbourg d'après le fils de Varvara Uexküll von Gyllenband[29], petit-neveu du compositeur Mikhaïl Glinka. Sur la toile, il est Andria, le plus jeune fils de Tarass Boulba.
Le grand cosaque avec un bandeau sur la tête a pour modèle le directeur de la classe de peinture de bataille de l'Académie impériale des beaux-arts. il s'agit du peintre Nikolaï Kouznetsov , de nationalité grecque. Il est sur la toile le fils ainé de Tarass Boulba, Ostap.
Le vieillard édenté et ridé à la pipe est un compagnon de hasard de Répine dans un relais de Zaporijia. Son nom n'a pas été conservé.
Le séminariste à la coupe au bol, et qui n'a encore de moustache, a pour modèle le peintre Porfyryi Martynovytch. Répine l'a peint non sur le vif, mais d'après un masque de plâtre moulé par son fils.
Le cosaque joueur à demi-nu est dans une version le pédagogue Konstantin Belonoski, dans une autre le dramaturge Marko Kropyvnytsky. Le peintre évoque l'habitude, quand le jeu devenait sérieux, qu'avaient les joueurs de retirer leur chemise pour prouver qu'ils ne cachaient pas de cartes dans leur col ou dans leurs manche.
Le cocher Vassili Nikichka est le modèle du cosaque Golota. le peintre, séduit par son visage grêlé, son œil borgne, son intempérance et son insolence, réussit à le dessiner sur un bac traversant le Dniepr.
Le Tatar a été dessiné par Répine avec pour modèle un étudiant tatar, mais ses dents expressives ont été empruntées au crâne d'un cosaque-zaporogue trouvé dans les fouilles de la Sitch.
Feodor Stravinski, soliste du Théâtre Mariinsky, est le modèle du cosaque mélancolique et efflanqué qui regarde le spectateur de derrière Tarass Boulba.
Le collectionneur et mécène Vassily Tarnovsky a posé pour le personnage d'un cosaque sombre et au regard ombrageux. L'esquisse a été faite en 1880 dans sa propriété par Répine, en même temps qu'un portrait en équipement militaire cosaque.
C'est le Grand chambellanGeorges Alekseïev qui prête son crâne au cosaque chauve et à la nuque expressive. Il avait refusé cette pose indigne, mais, invité par Dmitri Iavornitski à examiner sa collection de monnaies, il a été livré au peintre qui l'a croqué par derrière. Se reconnaissant sur le tableau, il restera vexé de cette machination.
Le peintre a choisi comme modèle du scribe son principal inspirateur et conseil, l’académicien Dmytro Yavornytsky. Pour éveiller un sourire chez un homme d'humeur taciturne, il le fit poser avec une revue de caricatures.
Accueil et réception critique
Après la première exposition publique des Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, le peintre est critiqué pour un trop grand nombre « d'inexactitudes historiques ». Le tableau a cependant un destin heureux.
Présenté avec un succès retentissant dans plusieurs expositions en Russie et à l'étranger (Chicago, Budapest, Munich, Stockholm), il est finalement acquis par Alexandre III pour 35 000 roubles. Il reste dans les collections du tsar jusqu'en 1917, puis est transféré après 1917 au Musée russe.
Variantes
Avant même d'avoir terminé la principale version, Répine commence à travailler en 1889 à une seconde, qu'il ne terminera pas. Cette toile diffère par la taille du premier tableau, et a le caractère d'un « exemplaire de couloir ». Le peintre s'est efforcé de donner plus d'authenticité historique à la deuxième version des Zaporogues. Elle a été donnée en 1935 par la Galerie Tretiakov au Musée historique de Kharkiv. Elle est conservée actuellement à son Musée d'art.
En outre, le peintre a effectué en 1887 une esquisse à l'huile du tableau. Il l'a donné à Iavornitski, qui lui-même l'a vendu ensuite à Pavel Tretiakov. Cette esquisse se trouve également maintenant à la Galerie Trétiakov.
Il existe également des reproductions à taille identique de la version principale, dont celle peinte par Pavel Porfirov, un étudiant de Répine, détenue actuellement par le Cincinnati Art Museum.
Hopak
Répine revient à l'Ukraine et aux Cosaques zaporogues dans son dernier tableau, Hopak, représentant la danse traditionnelle éponyme. Il raconte à des amis qu'il a sorti une grande toile, et a commencé à composer « la danse des Zaporogues ». Elle est réussie, joyeuse. La toile ne peut faire place à tous les personnages. Les Zaporogues sautent par-dessus le feu, et dansent. « Même un grand-père de cent ans saute à genoux ». Il reprend sa correspondance avec des amis ukrainiens érudits, et demande qu'on lui envoie des photographies, parce qu'il est trop vieux pour se rendre dans la Slobojanchtchina. Il y travaille beaucoup, dans un vieil atelier non chauffé, où il monte avec difficulté, seulement l'été, jusqu'à sa mort, d'un coup de froid[30].
Postérité
Version d'Apollinaire
Le poète Guillaume Apollinaire s'inspire de cet incident diplomatique et livre sa version de la lettre dans la « Réponse des Cosaques zaporogues au sultan de Constantinople », insérée dans le poème La Chanson du mal-aimé, pièce maîtresse de son recueil Alcools (1913) :
Introduction et lettre du sultan
Réponse des Cosaques
Je suis fidèle comme un dogue Au maître le lierre au tronc Et les Cosaques Zaporogues Ivrognes pieux et larrons Aux steppes et au décalogue
« Portez comme un joug le Croissant Qu’interrogent les astrologues Je suis le Sultan tout-Puissant Ô mes Cosaques Zaporogues Votre Seigneur éblouissant
Devenez mes sujets fidèles » Leur avait écrit le Sultan Ils rirent à cette nouvelle Et répondirent à l’instant À la lueur d’une chandelle
Plus criminel que Barabbas Cornu comme les mauvais anges Quel Belzébuth es-tu là-bas Nourri d'immondice et de fange Nous n'irons pas à tes sabbats
Poisson pourri de Salonique Long collier des sommeils affreux D'yeux arrachés à coup de pique Ta mère fit un pet foireux Et tu naquis de sa colique
Bourreau de Podolie Amant Des plaies des ulcères des croûtes Groin de cochon cul de jument Tes richesses garde-les toutes Pour payer tes médicaments
Œuvres musicales
Léo Ferré a mis en musique cette « Réponse... », ainsi que l'intégralité du poème d'Apollinaire, dans son oratorio La Chanson du mal-aimé (1952-1953).
Cette scène a inspiré le compositeur Reinhold Glière pour sa musique de ballet Les Cosaques zaporogues op. 64 datant de 1921[31].
Romans
Ilf et Petrov, dans le roman Les Douze Chaises, donnent à leur héros Octal Bender le projet d'une toile non encore peinte, mais mûrement réfléchie, et intitulée Les Bolcheviks écrivent une lettre à Chamberlain, reprenant le tableau de Répine.
Caricatures
En 1923, une caricature publiée dans le no 6 de la revue humoriste Piment rouge(ru) (« Krasny perets »), a effectivement représenté les dirigeants de l'URSS prenant les mêmes poses que les cosaques de Répine, après avoir écrit une lettre à Lord Curzon[32].
Cinéma
La scène de l'écriture de la lettre est représentée dans le film russe Tarass Bulba, de Vladimir Bortko (2009).
Philatélie
La poste soviétique a édité à deux reprises une série de timbres (en 1944) et un timbre (en 1969) reproduisant le tableau. La poste ukrainienne a imprimé en 2014 un timbre représentant la version conservée au Musée d'art de Kharkov.
Les Zaporogues, URSS, 1944.
Les Zaporogues, URSS, 1969.
Les Zaporogues, Ukraine, 2014.
Expositions
Ce tableau a été présenté en France à l'exposition Répine du Petit Palais, à Paris, du au [33].
Dans la culture populaire
On peut voir un détail du tableau en médaillon sur la jaquette cédérom et en fond d'écran du menu du jeu vidéo Cossacks: European Wars (2001) et de ses extensions.
Le photographe français Émeric Lhuisset reproduit le tableau en mettant en scène en 2023 des soldats ukrainiens et offre un tirage de cette œuvre au musée de Kherson[35].
↑La sympathie romantique pour des combattants anarchistes et grands buveurs ne doit cependant pas faire oublier les massacres de Juifs, d'Uniates et de Polonais commis lors du soulèvement de Khmelnytsky[10].
↑(ru) Репин И. Е. (I. I. Répine) et Стасов В. В. (V. V. Stassov), Переписка [« Correspondance »], t. II, 1877—1894, Moscou, Leningrad, Искусство, , p. 56.
↑ a et b(ru) Советская историческая энциклопедия. — М. : . Под ред. Е. М. Жукова. [« Encyclopédie historique soviétique »], t. 12, Moscou, Советская энциклопедия, 1973-1982. (lire en ligne), « Сечь Запорожская (Sitch zaporogue) ».
↑Iaroslav Lebedynsky, Ukraine une histoire en question, L'Harmattan, Paris, 2008, p. 107.
↑Henri Martin, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, t. 12, Furne, 1855-1860 (lire en ligne), p. 215-216. Le texte d'Henri Martin ne mentionne que les 3 000 fantassins polonais.
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Ilya Répine 1844-1930 : Peindre l'âme russe (catalogue d'exposition du au , Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris), Paris, Paris Musées, , 260 p. (ISBN978-2-7596-0504-0).
En langue russe
(ru) « Запорожцы пишут письмо турецкому султану » [« Les Zaporogues écrivent une lettre au sultan turc »], sur Илья Репин. Живопись, фото, историческая картина [Ilia Répine : peinture, photos, toiles historiques] ilya-repin.ru, (consulté le ).
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2007 single by Take That ShineSingle by Take Thatfrom the album Beautiful World B-sideTrouble with MeWe Love to Entertain YouReleased26 February 2007Length 3:31 (album version) 3:29 (radio mix, single version) LabelPolydorSongwriter(s) Take That Steve Robson Producer(s)John ShanksTake That singles chronology Patience (2006) Shine (2007) I'd Wait for Life (2007) Music videoShine on YouTube Shine is the second single taken from English pop group Take That's comeback album, Beautiful World (2006...
1987 Finnish filmHelsinki Napoli All Night LongItalian DVD coverDirected byMika KaurismäkiStarringKari VäänänenNino ManfrediEddie ConstantineCinematographyHelge WeindlerMusic byJacques ZwartRelease date 1987 (1987) CountryFinland Helsinki Napoli All Night Long (also released as Helsinki – Napoli) is a gangster-comedy film written, directed and produced by Mika Kaurismäki. The film was released in Italy as Napoli–Berlino – Un taxi nella notte, with Berlin replacing Helsinki in ...
1983–1987 novels by Hiroshi Aramata This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Teito Monogatari – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (January 2018) (Learn how and when to remove this template message) Teito MonogatariCovers of the 1987 republication. Art by Yoshitaka Amano.AuthorHiroshi Arama...
Chairman of the National Government of China from 1938-1943 Lin Sen林森Chairman of the National Government of ChinaIn office15 December 1931 – 1 August 1943PremierChen Mingshu (acting)Sun FoWang JingweiChiang Kai-shekH.H. KungMilitary chiefChiang Kai-shekPreceded byChiang Kai-shekSucceeded byChiang Kai-shek (acting)President of the Legislative YuanIn office2 March 1931 – 1 January 1932Vice PresidentShao YuanchongPreceded byHu HanminSucceeded byShao Yuanchong (acting)Zh...
South Africa Minister of Cooperative Governance and Traditional AffairsFlag of South AfricaIncumbentThembi Nkadimengsince 7 March 2023Department of Cooperative GovernanceDepartment of Traditional AffairsStyleThe HonourableAppointerCyril RamaphosaInaugural holderSicelo ShicekaFormation10 May 2009Deputy Deputy Minister of Cooperative Governance Deputy Minister of Traditional Affairs SalaryR2,211,937[1]WebsiteDepartment of Cooperative Governance and Traditional Affairs The Minister ...
Берегова тундра Баффінової Землі Біом тундра Статус збереження Відносно стабільний/неушкоджений[1] Межі тундра нагір'я Девісової протоки Площа, км² 9100 Країни Канада Охороняється 0 Екорегіон позначено зеленим Берегова тундра Баффінової Землі (англ. Baffin coastal tundra)...
Peta yang menunjukkan letak Hungduan Data sensus penduduk di Hungduan Tahun Populasi Persentase 19959.491—20009.380-0.25%20079.6010.32% Hungduan adalah munisipalitas di provinsi Ifugao, Filipina. Pada tahun 2010, munisipalitas ini memiliki populasi sebesar 9.601 jiwa atau 1.812 rumah tangga. Pembagian wilayah Secara politis Hungduan terbagi atas 9 barangay, yaitu: Abatan Bangbang Maggok Poblacion Bokiawan Hapao Lubo-ong Nungulunan Ba-ang Pranala luar Philippine Standard Geographic Code Diar...
У Вікіпедії є статті про інші значення цього терміна: Асібецу. Координати: 43°31′06″ пн. ш. 142°11′22″ сх. д. / 43.51833° пн. ш. 142.18944° сх. д. / 43.51833; 142.18944 Асібецу Країна Японія Острів Хоккайдо Регіон Хоккайдо Префектура Хоккайдо Область Сораті ISO 31...
Resolusi 1403Dewan Keamanan PBBKawasan pemukiman di RamallahTanggal4 April 2002Sidang no.4.506KodeS/RES/1403 (Dokumen)TopikSituasi di Timur Tengah, terutama pertanyaan PalestinaRingkasan hasil15 mendukungTidak ada menentangTidak ada abstainHasilDiadopsiKomposisi Dewan KeamananAnggota tetap Tiongkok Prancis Rusia Britania Raya Amerika SerikatAnggota tidak tetap Bulgaria Kamerun Kolombia Guinea Irlandia Meksiko Mauritius ...
Peta Le Roulier. Le Roulier merupakan sebuah komune di departemen Vosges yang terletak pada sebelah timur laut Prancis. Lihat pula Komune di departemen Vosges Referensi INSEE lbsKomune di departemen Vosges Les Ableuvenettes Ahéville Aingeville Ainvelle Allarmont Ambacourt Ameuvelle Anglemont Anould Aouze Arches Archettes Aroffe Arrentès-de-Corcieux Attignéville Attigny Aulnois Aumontzey Autigny-la-Tour Autreville Autrey Auzainvilliers Avillers Avrainville Avranville Aydoilles Badménil-aux...
Period in American history, 1929–1941 Great Depression era1929–1939Dorothea Lange's 1936 photo Migrant Mother is an iconic photograph associated with the Great Depression.LocationUnited StatesIncludingEarly New Deal EraFirst Great MigrationProhibitionPresident(s)Herbert HooverFranklin D. RooseveltKey eventsWall Street Crash of 1929 Smoot-Hawley Tariff Act Widespread bank failures Hitler's rise to power Dust BowlNew DealRecession of 1937–1938Depopulation of the Great PlainsChronology Roa...
Zobacz też: Ożarów w innych znaczeniach tej nazwy. Artykuł 51°08'25N 18°30'50E - błąd 39 m WD 51°9'0"N, 18°31'0"E, 51°7'N, 18°28'E - błąd 39 m Odległość 1160 m Ożarów wieś Muzeum Wnętrz Dworskich w Ożarowie Państwo Polska Województwo łódzkie Powiat wieluński Gmina Mokrsko Wysokość 240 m n.p.m. Liczba ludności (2011) 970[1] Strefa numeracyjna 43 Kod pocztowy 98-345[2] Tablice rejestracyjne EWI SIMC 0707857 Położenie na ma...
Audi серий S и RS Общие данные Производитель Audi Sport GmbH(до 2016 г. quattro GmbH) Годы производства 1983 — н.в. Сборка Германия: Неккарзульм Класс спортивные автомобили Дизайн и конструкция Компоновка переднемоторная, полноприводная Колёсная формула 4 × 4 (quattro) Двигатель TFSI / TDI Н...
Church in London, EnglandAll Saints, Camden TownGreek Orthodox Cathedral Church of All SaintsAll Saints' CathedralLocationLondon, NW1CountryUnited KingdomDenominationGreek OrthodoxPrevious denominationChurch of EnglandWebsiteallsaintsgreekchurch.comArchitectureArchitect(s)William and Henry InwoodYears built1822–1824AdministrationDioceseThyateira and Great BritainClergyPriest(s)The Very Revd Protopresbyter George ZafeirakosThe Very Revd Archimandrite Vassilios Papavassiliou All Saints Cathed...
Ongoing COVID-19 viral pandemic in Uzbekistan COVID-19 pandemic in UzbekistanMap of the outbreak in Uzbekistan by region (as of 4 May 2020) > 10000 cases > 1000 cases > 100 cases > 10 cases < 10 casesDiseaseCOVID-19Virus strainSARS-CoV-2LocationUzbekistanFirst outbreakWuhan, Hubei, China (globally)France/United Kingdom/Turkey (locally)Paris, France (origin of first Uzbekistan case)Index caseTashkentArrival date15 Marc...
1977 filmWeapons of DeathItalian film poster for Weapons of DeathDirected byMario CaianoScreenplay by Gianfranco Clerici Vincenzo Mannino[1] Story by Gianfranco Clerici Vincenzo Mannino[1] Starring Leonard Mann Henry Silva Jeff Blynn CinematographyPier Luigi Santi[1]Edited byVincenzo Tomassi[1]Music byFrancesco De Masi[1]Distributed byFida CinematograficaRelease date February 22, 1977 (1977-02-22) (Italy) Running time99 minutes[1&...
Bandera de Australia Datos generalesUso Proporción 1:2Adopción 3 de septiembre de 1901 (122 años)Colores Azul Blanco RojoVariantes[editar datos en Wikidata] Pabellón civil de Australia Datos generalesUso Proporción 1:2Variantes[editar datos en Wikidata] Pabellón de guerra de Australia Datos generalesUso Proporción 1:2Variantes[editar datos en Wikidata] La bandera...
First-class cricket team based in Dhaka, Bangladesh Dhaka Metropolis cricket teamPersonnelCaptainShadman IslamTeam informationFounded2000Home groundSher-e-Bangla National Cricket StadiumHistoryNCL wins0One Day Cricket League wins0 The Dhaka Metropolis cricket team is a Bangladeshi first-class cricket team based in Dhaka, Bangladesh. The team competes in the National Cricket League. Dhaka Metropolis played in the 2000-01 season, playing most of its home games at the Dhanmondi Cricket...
Australian actor (born 1984) This article is about the Australian actor. For the musician, see Bob Marley. For other people of the same name, see Robert Morley (disambiguation). Bob MorleyMorley in 2016BornRobert Alfred Morley (1984-12-20) 20 December 1984 (age 38)Kyneton, Victoria, AustraliaOther namesBobby MorleyOccupationActorYears active2005–presentKnown for Home and Away Neighbours The 100 Love Me Spouse Eliza Taylor (m. 2019)Children1...
Group of Chinese political factions This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Sichuan clique – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (June 2017) (Learn how and when to remove this template message) Monument to the Sichuan Army Martyrs of the War of Resistance Against Japan, which is located in Pe...