Edmond (Charles Aznavour), Arthur (Maurice Biraud) et Rouquemoute (Georges Géret) sont trois voyous minables. Ils sont sur un « coup ». Mais, pour percer le coffre, il leur faut un chalumeau spécial. La vieille Gertrude (Françoise Rosay) fournit tout le matériel possible au « milieu », mais elle n'est pas prêteuse : elle demande trois cents billets (que Rouquemoute transforme aussitôt en trois « briques ») pour trois heures de location ! Edmond réussit à convaincre son ami d'enfance Alphonse (Lino Ventura), dit « Le Malin », un habile voleur de tableaux, de vendre un tableau de Braque pour avancer les fonds et de se joindre à eux, en lui faisant miroiter un magot bien plus gros qu'il ne l'est réellement : le coffre contiendrait cent « briques » !
L'équipe part au travail, mais l'affaire ne se déroule pas comme prévu. Non seulement Alphonse constate que ses trois associés d'un jour sont encore plus maladroits qu'il ne le croyait, mais, surtout, l'arrivée inopinée d'un vigile les fait paniquer et prendre la poudre d'escampette. « Le Malin » se retrouve tout seul et est arrêté. Il est condamné à cinq ans de réclusion.
Alphonse passe son séjour en prison sans recevoir ni visite, ni colis. Il va longuement ruminer sa vengeance. Il ne peut oublier la lâcheté de ses complices, qui ont d'ailleurs aussi pillé son appartement. Il réserve aussi un sort spécial à « Tonton » (Pierre Brasseur), le receleur de ses tableaux, qui s'est enrichi sur son dos de manière fabuleuse. Une chose est sûre : coûte que coûte, il retrouvera et écrasera sans pitié ces « cloportes ». Mais, dès sa sortie de prison, l'inspecteur Lescure (Daniel Ceccaldi) a l'œil sur lui et ne l'entend pas de cette oreille.
« C'est pas du grand art, c'est du Boudard adapté par Simonin. Et Granier-Deferre signe là une mise en scène efficace. Le plaisir vient surtout des dialogues d'Audiard, qui s'offre un festival de bons mots[2]. »
« Les dialogues et les « bons mots » de Michel Audiard qui, des Barbouzes aux Tontons flingueurs – pour ne citer qu'eux – contribuent à la popularité des films policiers, on les retrouve dans cette Métamorphose des cloportes de Pierre Grenier-Defferre (Le Petit Garçon de l'ascenseur, Les Aventures de Salavin). Et aussi, bien sûr, des acteurs connus (Charles Aznavour, Pierre Brasseur, Maurice Biraud) incarnant un groupe d'escrocs dont le surnom de cloportes symbolise la stupéfiante bassesse. Le plus pur et, dans son rôle, le plus talentueux, Lino Ventura luttera seul pour se venger d'eux.
Monde médiocre, film médiocre, avec, dans un climat de faux réalisme, de déplaisants moments de vulgarité[3]. »
Sorti en , La Métamorphose des cloportes a totalisé 905 484 entrées, dont 267 716 à Paris[4]. Il s'agit donc d'un demi-échec commercial à une époque où Lino Ventura drainait entre deux et trois millions de spectateurs dans les salles de cinéma[5].
Autour du film
Certaines scènes du film utilisent comme décor naturel le Castel Henriette[6] (1899) d'Hector Guimard, (situé rue des Binelles à Sèvres - Hauts-de-Seine) qui devait être démoli quelques années plus tard, en 1969.
Les années de prison d'Alphonse sont rythmées par les actualités cinématographiques de l'époque ( les années soixante ) et à la fin de chaque année le commentateur indique "et Jacques ANQUETIL gagne le Tour de FRANCE".
↑Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, pages 8-10.