La Jeanne d'Arc(indicatif visuel R97) (affectueusement surnommée la Jeanne) était un croiseurporte-hélicoptèresfrançais. Il fut construit par l'arsenal de Brest de 1959 à 1964. Mis à flot sous le nom provisoire de La Résolue, il reçut le nom de Jeanne d'Arc le au désarmement de son prédécesseur, le croiseur école Jeanne d'Arc. La Jeanne d'Arc a achevé son ultime mission le et a été retirée du service le [1]. La dernière cérémonie des couleurs a eu lieu le [2]. Le bâtiment est déconstruit à partir d'. Il n'est pas remplacé.
Histoire
La Jeanne d'Arc est mise sur cale à l'Arsenal de Brest le . Elle est lancée le sous le nom de La Résolue. Le elle est rebaptisée Jeanne d'Arc et mise en service en tant que porte-hélicoptères. Son indicatif visuel est R97.
en temps de guerre, à mener des missions de combat, soit dans le domaine de la lutte anti-sous-marine en embarquant 8 hélicoptères WG 13 Lynx, soit dans le cadre d'une mission d'action extérieure en mettant en œuvre des hélicoptères Puma ou Gazelle de l'Aviation légère de l'armée de terre (ALAT), et en transportant des troupes de débarquement.
Au cours de sa dernière mission, la Jeanne d'Arc a fait escale en Martinique à Fort-de-France pendant une semaine en , à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Québec en [5]. Elle était aussi présente lors de l'anniversaire du port de Hambourg en aux côtés de navires de lutte anti-sous-marine allemands. Le , le porte-hélicoptères a fait son avant-dernière escale à Rouen, sa ville marraine, en compagnie du Belem, puis a fait son ultime retour à Brest le au quai Malbert, après sa 44e campagne.
Désarmement
La Jeanne d'Arc a été retirée du service actif le . Il fut un temps évoqué qu'elle serve d'hélisurface près de Saint-Tropez[6], mais le navire sera finalement déconstruit. Le matériel de rechange a été débarqué puis un certain nombre d'équipements et de matériels utilisables sur d'autres bâtiments ont été démontés comme certains éléments de machine qui serviront pour les frégates De Grasse et Tourville, encore en service au moment du désarmement de la Jeanne. Certaines pièces symboliques seront remises aux villes de Brest, de Rouen, sa ville marraine, et de Domrémy-la-Pucelle ou à des musées. Les archives et des éléments du patrimoine du navire ont eux été transmis au Service historique de la Marine. Les superstructures les plus importantes du navire ont été démontées et toutes les inscriptions permettant d'identifier le navire effacées. Un inventaire de produits polluants a été effectué.
En , la flamme de guerre de 60 mètres de long de la Jeanne d'Arc a été remise au Tonnerre qui reprend la mission de formation des Officiers de Marine.
Depuis le , le navire ne porte plus officiellement le nom de Jeanne d'Arc et s'est vu attribuer le numéro de coque Q860. Il a fait l'objet d'un appel d'offres pour son démantèlement avec recyclage des métaux[7]. Le , son ancre est installée à l'extrémité de l'île Lacroix à Rouen. Amarrée à Brest le long de la digue de la rade abri côté port militaire, la coque était visible depuis la route de la corniche qui longe le port militaire. Elle a quitté Brest pour Bassens le , pour y être déconstruite par les sociétés Bartin Recycling et Petrofer Société Nouvelle. Le Colbert[8] subira le même sort en 2016. Fin mars 2016, avec 6 mois de retard le désamiantage de la Jeanne est achevé, elle a rejoint la forme fin mai pour être découpée. Fin 2016, la coque de la Jeanne a complètement disparu du port girondin, l'acier est transféré au Pays basque pour être recyclé[réf. nécessaire].
Caractéristiques
Caractéristiques techniques
La Jeanne d'Arc mesure 181,38 m de long, 24 m de large et son tirant d'air est de 52 m. Son déplacement est compris entre 10 575 t et 13 270 t selon qu'il est lège ou à pleine charge. Quatre chaudières multitubulaires de type dissymétrique[9] fournissent le navire en énergie et ses quatre turbines Rateau-Bretagne. Ainsi, le navire dispose d'une puissance électrique de 4 400 kW et d'une puissance de 40 000 ch (29 420 kW) pour faire tourner deux hélices[10]. À feux poussés, le porte-hélicoptères pouvait atteindre 30 nœuds soit 55 km/h[11]. En 2004, la vitesse de croisière de la Jeanne d'Arc est limitée à 18,5 nœuds afin de ménager la chaufferie. Le bâtiment n'avançait alors plus qu'à environ 15 nœuds (28 km/h) [12]. À partir de 2008, cette vitesse est réduite à 12 nœuds.
La Jeanne d'Arc a des capacités d'emport d'une dizaine d'hélicoptères lourds et légers. Elle peut mettre en œuvre simultanément (décollage et appontage) 3 hélicoptères.
Record de vitesse
Le mercredi à 2 h du matin, dans un baroud d'honneur, les mécaniciens ont poussé les machines de la « vieille dame » à la vitesse sur le fond de 30,9 nœuds[13] (soit près de 57 km/h). Cette vitesse a pu être atteinte grâce au courant du raz Blanchard, qui l’a légèrement aidée. La vitesse alors affichée au loch était de 29,4 nœuds, dépassant ainsi l'ancien record de 27 nœuds (50 km/h) établi peu de temps après son lancement.
Liste des commandants
La Jeanne d'arc aura eu 25 commandants. Le capitaine de vaisseau Clotteau est, en fonction des sources, compté ou non dans cette liste car il l'a commandée alors qu'elle s'appelait encore La Résolue et cela avant son admission au service actif[14].
Parmi les marins de l'équipage ou les officiers élèves ayant navigué à son bord, on compte le prince Albert II, le matelot et futur acteur Bernard Giraudeau. Des personnalités ont également pu être accueillies à bord pour une partie de la campagne, comme l'écrivain Jean-François Deniau en 1988. Le , Jean Gabin assiste au départ du navire, à bord duquel son fils Matthias est embarqué en qualité de maître d'hôtel des officiers mariniers supérieurs.
Depuis 1820, avec une interruption entre 1885 et 1901, la Marine nationale a toujours disposé d’un bâtiment portant le nom de Jeanne d’Arc. L'école d'application était accueillie à bord d’un navire portant ce nom depuis 1912. Depuis 2010, les élèves officiers ne disposent plus de navire dédié.
Hommages
En 2010, pour la collection Des bateaux et des hommes créée par Cristel Éditeur d'Art, le peintre officiel de la Marine Michel Bez réalise la lithographie « La Jeanne d'Arc, Ambassadrice de France » présentée dans un portfolio. Tiré à 290 exemplaires, celui-ci rassemble cette lithographie originale et un texte de Christophe Penot numérotés et signés à la main par l’artiste et l'auteur.
En 2010, le peintre officiel de la Marine Michel Bez réalise la lithographie du portfolio « Inoubliable Jeanne d'Arc » créé par Cristel Éditeur d'Art. Tiré à 45 exemplaires pour saluer les 45 campagnes du « mythe amiral de la Marine française », ce portfolio rassemble cette lithographie originale et un texte inédit de Didier Decoin, tous deux numérotés et signés à la main par l’artiste et l'auteur.
Un arbre d'hélice et une hélice de la Jeanne d'Arc sont exposés dans la salle des machines des ateliers des Capucins à Brest. Une autre hélice est exposée à Morgat sur la presqu'île de Crozon.
Bibliographie
Collectif d'auteurs référents, réunis par le comité de Bretagne Occidentale de l'Institut français de la mer (IFM), La Jeanne d'Arc : La grande aventure maritime, éditions Locus Solus, ministère des armées, 2024 (ISBN978-2-36833-481-2)
Abdou Sene, Cinq Cents Ans après Chistophe Colomb, Sénégal, L'Harmattan, 257p., 2019 (ISBN978-2-343-21090-2)
Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, éditions Palantines, , 383 p. (ISBN978-2-35678-056-0)
Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. II : 1870-2006, Millau, Rezotel-Maury, , 591 p. (ISBN2-9525917-1-7, lire en ligne)