Roland Turpin de Crissé alias Henri-Roland-Lancelot, marquis Turpin de Crissé est un militaire et un peintre amateur français d'architecture et de paysage, né le à Paris et mort début mai 1801 à Saint-Domingue.
Mestre de camp en second du Régiment Schomberg dragons le 13 avril 1780, Roland Turpin de Crissé est blessé par une chute de cheval en 1785. Cultivant les arts avec succès (il fut peut-être l'élève d'Hubert Robert), il devient membre en 1785 de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il fait un voyage en Italie en 1786 et expose au Salon de 1787 quelques vues et dessins de Rome et de ses environs pour lesquels il est reconnu par la critique: «Sous le titre de modeste amateur, l’Académie possède dans Monsieur le marquis de Turpin un véritable artiste. Dans la Vue de Villa Madame, près de Rome et dans Les portiques de Tivoli, il a fait paraître de la chaleur, du goût, une touche sûre et facile»[1].
Il se marie, par contrat du , avec Émilie-Sophie de Montullé (1756 -1816). C'est sans doute à cause de son prénom traditionnel, Lancelot, dans cette famille que l'on a supposé qu'il avait accueilli dans une maison parisienne de la rue de Bondy acquise en 1774 la "Société de la Table ronde" qui regroupait les meilleurs artistes du temps[2].
Nommé colonel du régiment des Hussards de Bercheny le 10 mars 1788, Roland Turpin de Crissé envoie sa lettre de démission le 15 février 1791 après avoir racheté à Seine-Port, le , une ancienne maison de famille de son épouse, fille de l'ancien baron de Saint-Port, Jean-Baptiste-François de Montullé, et d'Élisabeth Haudry qui a souhaité s'y réfugier. Il annexa les bâtiments de l'ancienne vénerie avec l'idée de créer une manufacture de porcelaine anglaise[3]; il part en Angleterre avec son fils de mars à novembre 1791 pour en visiter les faïenceries et revient avec de nombreux dessins dont beaucoup se trouvent au musée d'Angers.
Roland Turpin vend une partie de son important patrimoine pour payer ses dettes, mais conserve entre autres la Chapelle Baloue (Creuse). Il n'émigre pas mais vend en 1793 la maison de Seine-Port à Gouverneur Morris, ambassadeur des États-Unis et se cache pendant la Terreur. Il refait surface en 1795, vend la Chapelle Baloue et les biens qu'il possédait dans l'Indre puis rachète à Paris un immeuble de rapport et enfin une manufacture de porcelaine à Belleville.
Ruiné par son expérience industrielle, Roland part pour l'Amérique en mars 1800, laissant sa famille à Paris. C'est à Saint-Domingue, où se trouvait déjà son beau-frère Jean-Hyacinthe de Montullé qu'il meurt de maladie début mai 1801 dans la maison du Consul des États-Unis au Cap-Français. Son décès a fait l'objet d'un acte de notoriété établi par trois témoins de sa mort à Saint-Domingue à leur retour à Paris rangé le 7 floréal an XII au rang des minutes de Me Colin, notaire à Paris.
↑Collection des livrets des anciennes expositions depuis 1673 jusqu'en 1800, tome 6, Paris, 1869-1873.
↑Bulletin historique et monumental de l'Anjou, 1861-1862, page 373.
↑d'après les Mémoires du comte de Paroy, Paris 1895.
Bibliographie
Catalogue de l'exposition Angers-Boulogne-Billancourt, Lancelot-Théodore Turpin de Crissé 1782-1859, La Spezzia, 2006, édité par Somogy (ISBN2-7572-0044-5).