Né en Géorgie le , à Borjomi, Goudji passe sa jeunesse avec son frère aîné de deux ans à Batoumi, port important où son père est médecin-chef des hôpitaux, et sa mère professeur de sciences naturelles.
Il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Tbilissi de 1958 à 1962 en section sculpture, il quitte précipitamment la Géorgie en 1962 à la suite de la tentative avortée de deux de ses amis de fuir l'URSS à la nage vers la Turquie. Il gagne Moscou où il entame une carrière de sculpteur en rêvant de devenir orfèvre. En 1969, il épouse Katherine Barsacq, fille d'André Barsacq, qui travaille à l'Ambassade de France à Moscou. Il s’établit en France en janvier 1974 après cinq années de démarches et l'intervention personnelle du Président Georges Pompidou. Il obtient la nationalité française en 1978.
Les années parisiennes
Dès son arrivée à Paris, Goudji réalise son rêve et crée enfin des bijoux et des objets décoratifs en métaux précieux pour des galeries d'art. De culture byzantine, il saisit, après son installation à Paris, l’universalité du catholicisme et se passionne pour l’art paléochrétien, l'art roman et l'art gothique. Homme de multiples cultures, il exerce, dès 1986, une grande activité dans le domaine de l'art contemporain et de l'art liturgique.
Il travaille principalement dans ses ateliers de Montmartre[2] et du Vendômois.
Il est le père de l'artiste moscovite Georgy Ostretsov, dit Gosha, de l'écrivain et éditeur Stéphane Barsacq[3], et de la réalisatrice Marie Amachoukeli.
Œuvre
Approches d'un art
Son art est novateur sur tous les plans : sculpteur de formation, Goudji ne veut créer que des pièces uniques, sorties de ses propres mains, sans jamais utiliser de procédés permettant l'édition ou la reproduction de l'œuvre à l'identique. Orfèvre, il conjugue la technique de la dinanderie avec l’incrustation de pierres dures dans le métal, une innovation qu’il a élaborée seul. Mais Goudji est orfèvre avant tout et ne travaille que les métaux précieux. Il crée pour commencer des bijoux, des fibules et des torques. Les collectionneurs les nomment des Goudji. Ils dessinent un trait d'union idéal entre les civilisations disparues, chères à l'artiste, et la création contemporaine.
Par la suite, Goudji créé des objets imaginaires de plus en plus importants - canthares, aquamaniles, rhytons, pyxides, personnages mythiques, animaux fabuleux, cervidés, zébus -, nés de ses rêves, qu'il crée et réalise toujours de ses propres mains, car, pour lui, l'objet, en son essence, se doit d'être unique, et est destiné à le rester. Il élabore à ce dessein une technique de repoussé à la main et au marteau à partir d'une mince feuille de métal qui interdit toute reproduction à l'identique.
Ses œuvres sont l'objet de grandes expositions personnelles dans des galeries d'art ou des musées en France et à l'étranger. Elles sont notamment offertes par les Présidents de la République François Mitterrand, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy aux chefs d'État étrangers.
En 1985, Goudji crée une cuve baptismale et un chandelier pascal pour l’exposition du Comité National d’Art Sacré, à l’abbaye de l’Épau ; ce choix est significatif et éclaire toute son œuvre liturgique. Cette œuvre déposée en 1986 à la Cathédrale Notre-Dame de Paris est en lien avec le baptême et Pâques, l’eau et la lumière. C’est pour lui le signe d’une re-naissance, peut-être une troisième vie, après l’Union soviétique et l’arrivée à Paris, consacrée à la plénitude de son art qu’il conçoit comme la création « d'objets de beauté, à la gloire de Dieu ». Il réussit à renouveler le matériel liturgique tout en l’inscrivant dans la tradition.
De l’objet, Goudji passe naturellement au sanctuaire, rejoignant la préoccupation des grands architectes qui désirent que tout soit en harmonie, le mobilier et l’immobilier. Chaque pièce exprime une pensée théologique par les matériaux, les pierres, les couleurs et le bestiaire revisité par l’orient caucasien. Les gemmes enchâssées qui sont une des composantes majeures de l’œuvre rappellent les douze pierres, citées par l’Apocalypse comme fondement de la Jérusalem céleste.
Entre 1992 et 1996, il conçoit vingt cinq pièces, dont le Maître-Autel, pour la Cathédrale Notre-Dame de Chartres, toutes inscrites à l’Inventaire du Patrimoine. En 2008, il crée vingt-cinq nouvelles œuvres (vases sacrés, chandeliers, ciboire), qui font de la collection chartraine l'une des plus importantes collections d'œuvres liturgiques de Goudji en France.
En 1999, il crée et réalise le reliquaire du Padre Pio, offert au pape Jean-Paul II, à sa demande et à l'occasion de la béatification de Padre Pio, par les frères mineurs capucins. Puis, à la demande de MgrPiero Marini, Maître des Célébrations Pontificales, le marteau d'ouverture de la Porte Sainte et le rational que porte le pape sur son pluvial, créé par l'atelier Xreggio de Trévise, pour l’ouverture de la porte sainte de Saint-Pierre de Rome par le pape Jean-Paul II.
Pour la venue du Pape à Lourdes, S.E. MgrJacques Perrier réunit 32 œuvres de Goudji, en provenance de diverses cathédrales et monastères, en France et à l'étranger, pour la messe de la Croix Glorieuse du par Benoît XVI. À l'occasion de cette messe pontificale, Goudji crée et réalise la Croix Glorieuse, destinée au sanctuaire de Lourdes.
Pour les fêtes de la Pentecôte 2009, Goudji crée et réalise la couverture d'évangéliaire du monastère d'Abu Gosh ou Abbaye Sainte Marie de la Résurrection, près de Jérusalem, une abbaye bénédictine constituant l'un des quatre domaines nationaux français de Terre Sainte.
Pour la venue du Pape le à San Giovanni Rotondo, les frères mineurs capucins font appel à Goudji pour créer une monstrance-reliquaire du cœur de Padre Pio, une lampe à huile dédiée au pape Jean-Paul II, une lampe à huile dédiée au pape Benoît XVI, et deux chandeliers des acolytes. Puis le , Goudji crée et réalise le sarcophage fermé de Padre Pio.
Le , un nouveau reliquaire de Goudji en l'honneur de sainte Foy est installé dans l'abbatiale Sainte-Foy de Conques lors de la semaine Sainte Foy. Il est suspendu entre deux colonnes au milieu de l'abside du chœur, visible dès l'entrée dans l'abbatiale et accessible par le déambulatoire aux pèlerins et visiteurs. Le dimanche de Pentecôte 2015, il dévoile la croix-reliquaire qu'il a créée et réalisée, à la demande des Frères Prémontrés de Conques.
Le , la grande croix-reliquaire de Goudji pour la Cathédrale Notre-Dame de Chartres est dévoilée par MgrMichel Pansard. Suspendue au dessus de l'autel, à la croisée des transepts, elle comporte un petit morceau de la croix du Christ. C'est la 51ème œuvre de l'artiste pour cette cathédrale[7]. En 2020 Chartres Sanctuaire du Monde finance la réalisation par Goudji d'une cuve baptismale qui prend place dans le baptistère antique de la crypte.
Le 1er décembre 2022, lors d'une cérémonie présidée par le nonce apostolique la Vierge de Fourvière à Lyon s'est vue coiffée d'une nouvelle couronne après que la précédente datant de 1900 a été volée en 2017. La Fondation Fourvière a souhaité offrir à la Vierge une couronne modernisée créée et réalisée par Goudji[10].
1987, Goudji, par Malcolm Lakin et Théo Kok, Préface de Janine Rensch, Textes de Félicien Marceau et François Mathey, Éditions ASB Gallery, Londres
1989, Goudji, par François Mathey, Éditions Galerie Claude Bernard, Paris
1991, Goudji, orfèvre contemporain, par Marie-Josée Linou, photos Marc Wittmer, Éditions Musée Mandet de Riom
1991, Goudji, Textes de Goudji et de François Mathey, photos Marc Wittmer, Éditions Galerie Claude Bernard, Paris
1993, Goudji, Texte de Marc Hérissé, photos Marc Wittmer, Coédition Éditions de l'Amateur et Gal. Plessis édition de livres de tête, Galerie Plessis
1992, Goudji, sculpteur-orfèvre, par Graham Hughes, photos Marc Wittmer, "The Fine Art Society, London, in association with ASB, Zürich"
1993, De pierre, de métal et de feu, Goudji, orfèvre contemporain, par Jacques Santrot, Préface de Robert Turcan, photos Marc Wittmer, Musée Dobrée, Nantes
1993, Goudji, par Marc Hérissé, Préface de Félicien Marceau, photos Marc Wittmer, Éditions de l'Amateur
2000: Thesaurus - Objets religieux du culte catholique, Sous la direction du Patrimoine, The Getty Trust et Patrimoine canadien, Éditions du Patrimoine
2000: 20 siècles en cathédrales, Sous le patronage de Jacques Le Goff, Sous la direction de Catherine Arminjon et Denis Lavalle, Éditions du Patrimoine
2001: Trésors inconnus du Vatican, par Bernard Berthod et Pierre Blanchard, Éditions de l'Amateur
↑Abbatiale au profit de laquelle l'artiste a conçu : un maître-autel (en pierre dure de Pontijou), un ambon et un siège de la présidence (surmonté des armes de l'abbaye : une crosse et une épée), complété par une couronne de lumière, un reliquaire renfermant les restes de saint Philibert, un calice… commandés par le père Yves Bachelet, recteur de l'abbatiale, pour le jubilé de l'an 2000. Source : Anne-Marie Picard, Martine Petrini-Poli, Guide de visite de Saint-Philibert de Tournus. 10 regards sur l'abbatiale. (préface du père Dominique Oudot, recteur de l'abbatiale), Pastorale des réalités du tourisme et des loisirs du diocèse d'Autun, chalon et Mâcon (PRTL 71), Tournus, 2018, 53 p. (ISBN978-2-9565416-0-8).
↑La croix de Goudji, Famille chrétienne no 1871 du 23 au 29 novembre 2013, p. 34-35