L'Empire seldjoukide, ou le Grand Empire seldjoukide, était un empire médiéval turco-perse, de confession musulmane sunnite, fondé et dirigé par la branche Qïnïq des Turcs Oghouzes. Il s'étendait sur une superficie totale de 3,9 millions de kilomètres carrés (1,5 million de miles carrés), allant de l'Anatolie et du Levant à l'ouest jusqu'à l'Hindu Kush à l'est, et de l'Asie Centrale au nord jusqu'au golfe Persique au sud. Cet empire se caractérisait par une fusion culturelle où les éléments persans prédominaient dans la structure sociale, culturelle et administrative, tout en étant gouverné par des élites d'origine turque. La population, majoritairement composée de Persesturquisés, reflétait cette intégration et cette influence mutuelle des cultures turque et perse, contribuant à l'identité unique de l'empire.
Au cours des années 1140, l'Empire seldjoukide, caractérisé par sa culture perse turquisée, a commencé à décliner en puissance et en influence. Il a été supplanté à l'est par l'Empire khwarezmien en 1194, et à l'ouest par les Zengides. Cette transition marque les Seldjoukides comme faisant partie d'un continuum de sociétés persanisées, où les dynasties turques, y compris les Ottomans, les Timurides, les Séfévides et les Qadjars, ont adopté et intégré les traditions persanes et les pratiques islamiques dans leur gouvernance et leurs expressions culturelles. Cette synthèse était emblématique des Seldjoukides et a été émulée par les dynasties turques ultérieures qui ont dominé le Moyen-Orient jusqu'au début du 20e siècle, illustrant une fusion plutôt qu'une identité turque pure.
Historique
Grand Empire Seldjoukide
Famille issue de la tribu turque oghouze des Kınık vivant à l'origine au nord de la mer d'Aral, les Seldjoukides, tribus nomades, régnèrent sur le royaume des Oghouzes (turc Oğuz) à partir de 990. Ils portaient le titre de « Yabgu » et leur territoire s'étendait sur environ un million de kilomètres carrés. Cette famille qui, auparavant, avait possédé le beylik de la tribu Kınık, fournissait le chef héréditaire de cet État, chef qui portait le titre de « subaşı ». Le subaşı Dukak Bey, tué vers 903, avait été remplacé par Selçuk (Seldjouk) Bey, chef éponyme de la dynastie. Les Seldjoukides se convertirent au sunnisme vers 985, au moment où ils migrèrent vers le sud sous la conduite de Seldjouk, et devinrent une forte puissance militaire. Ils s'emparèrent tout d'abord du Khorassan, une province de l'Est de l'Iran auparavant gouvernée par les Ghaznévides, et poursuivirent leur conquêtes à partir de cette base. En 1038, le petit-fils de Seldjouk, Tuğrul Bey, se proclama sultan de Nichapur, puis s'empara de Bagdad en 1055, libérant le calife abbasside de la pression chiite de la dynastie des Bouyides. Celui-ci confirma son titre de sultan.
Jérusalem est à son tour prise en 1071 aux Fatimides par les Seldjoukides qui en changent unilatéralement le statut en 1078.
Division de l'Empire
En 1092, à la mort de Malik Shah Ier, en Iran, une guerre civile affaiblit sensiblement la dynastie. Le sultanat seldjoukide est divisé en plusieurs zones entre ses fils, qui se livrent à des guerres de succession affaiblissant la région. Le Khorassan échappa à la tutelle turque à la mort de Mu`izz ad-Dîn Ahmad Sanjar (1118-1157) dans une révolte des Oghouzes, tandis que les atabeys (gouverneurs locaux) dirigeaient dans les faits l'Iran, l'Irak, la Syrie et la Jezirah, et que plusieurs lignées éphémères se créaient en Syrie et à Kerman. Le dernier sultan seldjoukide d'Iran, Tuğrul ibn Arslan (1176-1194), mourut dans la guerre qu'il avait imprudemment déclenchée face aux shahs du Khwarezm.
La lignée des Seldjoukides de Roum, quant à elle, perdura jusqu'en 1307, résistant tant bien que mal aux croisades et aux dissensions internes. Cependant, à partir de 1276 et de l'arrivée de l'IlkhanideAbaqa, les Seldjoukides perdirent quasiment tout pouvoir, bien que la monnaie ait été frappée en leur nom jusqu'en 1302.
Dès le début de leur règne, les Seldjoukides se sont iranisés et ont adopté le persan comme langue officielle de leur empire.
Leur empire put étendre ses routes commerciales jusqu'aux rives de la mer Noire et de la Méditerranée.
Notes et références
↑ a et b(en) Introduction to Islamic Civilisation, Cambridge University Press, (ISBN978-0-521-20777-5), p. 82
↑(en) Edwin Black, Banking on Baghdad : Inside Iraq's 7,000-year History of War, Profit and Conflict, John Wiley and Sons, , 504 p. (ISBN978-0-471-67186-2), p. 38
↑ ab et cC.E. Bosworth, "Turkish Expansion towards the west" in UNESCO History of Humanity, Volume IV, titled "From the Seventh to the Sixteenth Century", UNESCO Publishing / Routledge, p. 391: "While the Arabic language retained its primacy in such spheres as law, theology and science, the culture of the Seljuk court and secular literature within the sultanate became largely Persianized; this is seen in the early adoption of Persian epic names by the Seljuk rulers (Qubād, Kay Khusraw and so on) and in the use of Persian as a literary language (Turkish must have been essentially a vehicle for everyday speech at this time)."
↑Concise Encyclopedia of Languages of the World, Ed. Keith Brown, Sarah Ogilvie, (Elsevier Ltd., 2009), 1110; "Oghuz Turkic is first represented by Old Anatolian Turkish which was a subordinate written medium until the end of the Seljuk rule."
↑(en) Peter Turchin, Jonathan M. Adams et Thomas D Hall, « East-West Orientation of Historical Empires », journal of World-systems Research, vol. 12, no 2, , p. 223 (ISSN1076-156X, lire en ligne, consulté le )