Deux de ses grands-parents sont nés au Liberia. Son père, Jahmale Carney Johnson, adopté par une famille américano-libérienne, est diplômé du College of West Africa (Monrovia), une université méthodiste ; il exerçait la profession d'avocat[1]. Elle a également pour ascendant Hilary R. W. Johnson, le premier président libérien né sur le sol de son pays[1]. Elle doit son teint clair à un grand-père allemand du côté de sa mère[1]. Elle grandit dans une famille aisée[1]. À 17 ans, elle se marie avec James Sirleaf, alors plus âgé qu'elle, qui est fonctionnaire au ministère de l'Agriculture et qui lui permet de poursuivre ses études aux États-Unis. James Sirleaf est alcoolique et la menace, ainsi que ses enfants. Il va même jusqu'à venir la gifler au ministère des Finances où elle travaille, parce qu'elle rentre selon lui trop tard[1]. Après six ans de mariage, elle divorce en 1961, après que son mari a pointé un pistolet sur elle en présence de son fils[2].
Elle est secrétaire d'État aux Finances entre 1972 et 1978, puis ministre des Finances entre 1979 et 1980. Cette même année, Samuel Doe effectue un coup d'État et fait assassiner le président en exercice William Richard Tolbert à son domicile puis treize de ses ministres sur une plage, lors d'une exécution publique et filmée. Ellen Johnson Sirleaf y survit car elle est une femme et parce que le nouveau président ne peut pas totalement décapiter l'appareil bureaucratique. Elle parvient néanmoins à s'exiler puis revient plus tard, déclarant vouloir faire campagne contre le président, ce qui l'amène à être à nouveau menacée de mort. À partir de 1985, elle est condamnée à une peine de dix ans de prison pour s'être opposée au régime militaire de Samuel Doe, mais est autorisée à quitter le pays peu de temps après[5]. Son opposition politique lui vaut le surnom de « Dame de fer »[5].
En 1997, elle finance la campagne présidentielle de Charles Ghankay Taylor, chose qu'elle reconnaîtra être une erreur[1]. La commission « Vérité et réconciliation », à cause de son implication dans le financement de factions armées, exigera que Jonhson Sirleaf soit interdite d'occuper pendant trente ans des responsabilités officielles[1],[6],[7].
Élection présidentielle de 2005 et premier mandat présidentiel
Candidate à la présidence de la république du Liberia pour le Parti de l'unité, elle franchit le premier tour en et se retrouve au second opposée à George Weah le . Selon les résultats définitifs publiés le , l'ancienne ministre des Finances recueille 59,4 % des voix lors du second tour du contre l'ex-vedette internationale du football, qui a obtenu 40,6 % des suffrages.
Ellen Johnson Sirleaf est investie présidente de la République, le . Elle est la première femme élue à la présidence d'un pays africain[1]. Le , elle prête serment devant le président de la Cour suprêmeHenry Reed Cooper, lors d'une cérémonie de prise de fonctions à laquelle ont assisté des milliers de civils ainsi que de nombreux dirigeants africains et diplomates étrangers. Son vice-président est Joseph Boakai.
Le , lors d’une séance publique du Conseil de sécurité des Nations unies, Ellen Johnson Sirleaf demande la levée des sanctions sur les exportations de diamants et le maintien d’une présence de l’ONU dans le pays, indiquant que la stratégie du gouvernement en matière de maintien de la paix « repose sur quatre piliers : sécurité, primauté du droit et gouvernance, relance économique et reconstruction des infrastructures ». Durant son premier mandat, la moitié des routes autour de Monrovia sont refaites, ville où l'eau courante et l'électricité sont redevenues monnaie courante, mais le chômage (80 %) et la pauvreté sont toujours aussi forts[6]. Le Liberia fait toujours partie des quinze pays les moins développés du monde selon les Nations unies[5]. Elle place la lutte contre la corruption comme l'une de ses priorités et bénéficie de ses contacts dans la finance internationale pour débloquer des prêts pour son pays[5].
Elle remporte l’élection présidentielle de 2011, alors que son opposant, Winston Tubman, a appelé au boycott (dénonçant notamment des fraudes[8]), ce qui induit un faible taux de participation aux votes de 37,4 %[9].
Ellen Johnson Sirleaf est investie le lundi pour un second mandat à la tête de son pays. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et plusieurs présidents de la région sont présents à la cérémonie.
Le , elle défend les lois criminalisant l'homosexualité au Liberia[10].
En 2014, elle est interpellée sur le fait que les femmes n'ont toujours pas accès à la propriété foncière dans son pays, malgré des promesses exprimées via Reuters un an plus tôt[11].
En octobre 2014, elle lance un appel à l'aide internationale pour lutter contre la propagation du virus Ebola[12]. Deux mois plus tôt, elle avait limogé les ministres de son gouvernement qui n'étaient pas revenus dans le pays pour aider à combattre le virus[13].
En 2017, elle est citée dans le scandale des Paradise Papers.
Son mandat prend fin le 22 janvier 2018, lorsque George Weah, élu le 26 décembre 2017 face au vice-président sortant Joseph Boakai, prend ses fonctions[14].
Fonctions gouvernementales
1972-1978 : secrétaire d'État aux Finances du Liberia
1979-1980 : ministre des Finances du gouvernement du Liberia
1982-1985 : vice-présidente de la région Afrique pour le bureau de Citibank, Nairobi
1986-1992 : vice-présidente et membre du comité de direction de la banque Équateur, Washington, D.C.
1988-1999 : membre du comité de direction The Synergos Institute
Ellen Johnson Sirleaf est mère de quatre enfants, elle a placé deux d'entre eux à des postes publics d'importance[19]. Parmi ses enfants se trouvent Robert Sirleaf, ancien président du conseil d'administration de la compagnie nationale de pétrole du Liberia et conseiller spécial de sa mère[20], qui perd en 2014 les sénatoriales face à George Weah pour le siège du comté de Montserrado[21] ; un autre fils assure la direction des services de renseignement du pays[22] : un troisième enfin était vice-gouverneur de la banque centrale[2].
Ellen Cooper, Madame la Présidente : Une biographie d'Ellen Johnson Sirleaf, trad. de l'anglais par Mathilde Fontanet, 2018, éditions Zoé, coll. Écrits d'ailleurs, 448 p.
(en) Biographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)