Bien qu'il y ait un patrimoine culturel commun à toute l'Espagne, la singularité prononcée de ses régions a donné lieu à de nombreuses manifestations culturelles régionales. Ces manifestations concernent tous les domaines : l'art, les traditions, la littérature, les langues et dialectes, la musique, la gastronomie, etc.
La langue officielle de l'Espagne est l'espagnol ou castillan mais d'autres langues coexistent avec des statuts différents. Le castillan est la langue parlée par la majorité des Espagnols, bien qu'elle ne soit pas pour tous la langue maternelle. En effet, il existe d'autres langues régionales importantes : principalement le catalan, parlé aux îles Baléares, en Catalogne, dans la région de Carche (en Murcie) et dans la partie orientale de l'Aragon. Le valencien parlé dans la communauté valencienne. Le galicien est parlé en Galice, dans la partie occidentale de la région de León et du Bierzo, ainsi qu'une petite partie de Sanabria (à Zamora). Le basque est parlé au Pays basque et dans la moitié nord de Navarre (ainsi qu'au sud-ouest de la France, dans les Pyrénées-Atlantiques).
À l'exception du basque, les langues autochtones d'Espagne sont dérivées des langues romanes, issues par conséquent du latin vulgaire introduit par les colons romains :
Depuis la transition démocratique, les gouvernements régionaux ont affiché un intérêt, très variable, pour la défense et la promotion des langues différentes du castillan (qui est langue officielle de l'État).
D'autres langues sont menacées d'extinction, car le nombre de locuteurs diminue considérablement. L'aragonais en est un exemple.
Le catholicisme est la principale religion en Espagne puisqu'environ 70 % de la population s'en réclame. La présence des autres religions représente moins de 3 % de la population. Enfin, 25 % de la population s'affirme athée ou sans religion. L'irréligion en Espagne (ou athéisme en Espagne) est un phénomène qui existe depuis au moins le XVIIe siècle.
L'athéisme, l'agnosticisme et le déisme ont acquis une certaine popularité (bien que la majorité de la société soit encore très religieuse) au tournant du XXe siècle, souvent associés à l'anticléricalisme et aux mouvements progressistes, républicains, anarchistes ou socialistes. Au cours de la deuxième République espagnole (1931–1936), l'Espagne devint un État laïc, imposant des limites à l'activité de l'Église catholique et expulsant l'Église de l'éducation. Pendant la guerre civile espagnole, les personnes irréligieuses furent réprimées par le franquisme, tandis que la pratique religieuse se trouva réprimée parmi les républicains. Pendant la période franquiste (1939–1975), l'irréligion n'était pas tolérée, suivant l'idéologie national-catholique du régime ; les citoyens espagnols devaient être catholiques par force de loi, bien que cela ait changé après le concile Vatican II. Les personnes non religieuses ne pouvaient alors pas être fonctionnaires ni exprimer leurs pensées ouvertement.
Après la transition démocratique espagnole (1975-1982), les restrictions légales envers l'irréligion furent levées pour la plupart. Au cours des dernières décennies, la pratique religieuse chuta de façon spectaculaire et l'athéisme et l'agnosticisme ont largement gagné en popularité.
Plusieurs fêtes et célébrations ont pour origine la tradition religieuse. Historiquement la religion catholique a été majoritaire. Son influence s'est traduite par une multitude de commémorations religieuses tout au long de l'année. D'autres célébrations ont une origine historique. Légendes, batailles, etc. sont aujourd'hui rappelés par des manifestations populaires.
Société espagnole par communauté autonome : Léon, Catalogne, Baléares, Canaries…
Il existe un fort sentiment d'identité territoriale dans de nombreuses régions, non seulement en Catalogne, au Pays basque et en Galice, mais également en Navarre et dans les îles Baléares. Ce sont les communautés qui ont historiquement le plus préservé leur identité politique et culturelle. Dans une moindre mesure, d'autres régions comme l'Andalousie, les Asturies et les îles Canaries et le Pays léonais ont également développé un sentiment régionaliste.
La pluralité des cultures est présente dans d'autres régions du pays avec des manifestations qui leur sont propres, et qui ne s’éloignent pas d’une tendance générale qui les considère comme des cas particuliers : la Cantabrie, La Rioja, le Pays valencien, l'Aragon et l'Estrémadure.
L'Espagne a toujours connu une tension entre le centralisme et le régionalisme. Actuellement, l’organisation politico-administrative en communautés autonomes, depuis la Constitution espagnole de 1978, illustre un consensus pour préserver l’unité du pays.
La gastronomie ou la cuisine espagnole, ce sont les plats, les ingrédients, les techniques et toute la tradition culinaire qui se pratique dans le pays. La cuisine d'origine qui oscille entre style rural et côtier, représente une diversité héritée de nombreuses cultures. Elle est fortement influencée tout au long de son histoire par les peuples qui conquièrent son territoire, ainsi que les peuples qu'elle conquit.
La géographie, la culture et le climat ont créé une cuisine très variée en recettes et styles culinaires. Les différentes civilisations qui sont passées par la péninsule ont laissé leurs empreintes. Une grande partie de cette influence se doit à la cuisine italienne (aux XVe et XVIe siècles, avec les grands navigateurs) et aux traditions juives et morisques.
Les principaux types architecturaux islamiques sont ceux des mosquées, des tombes, des palais et des forteresses. De ces quatre types, le vocabulaire de l'architecture islamique est dérivé et utilisé pour les bâtiments de moindre importance tels que les bains publics, les fontaines et l'architecture domestique.
l'art islamique interdit la peinture des personnes ou des chiffres mais des dessins et des motifs floraux couvrent les murs des bâtiments importants.
Plusieurs courants apparaissent également : le style mudéjar (l'Alcázar de Séville), la période romane (la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle), la période gothique (les cathédrales de Burgos, de León et de Tolède, la Renaissance (le palais de Charles Quint à Grenade), la période baroque (la cathédrale de Grenade), l'architecture coloniale espagnole, et l'architecture néo-classique (Musée du Prado) sont les plus importantes. Le XIXe siècle se caractérise par l'éclectisme et le régionalisme, le style néo-mudéjar, et la fleur de l'architecture de verre. Le XXe siècle est celui du modernisme catalan (la Sagrada Familia de Gaudí), de l'architecture moderniste, et de l'architecture contemporaine.
La tradition culturelle variée de l'Espagne a également historiquement utilisé la musique comme véhicule d'expression. La musique de culture espagnole a donné à l'histoire musicale de l'Occident plusieurs de ses meilleurs chapitres, depuis les vieux chants grégoriens et les motets et madrigaux de la Renaissance, jusqu'à l'œuvre de figures telles que Falla, Albéniz ou Granados.
De même, le folklore riche et varié du pays se reflète également dans la musique populaire créative. La musique traditionnelle espagnole est aussi variée que ses communautés. Néanmoins, une série de rythmes s'est étendue dans toute la péninsule qui, avec le temps, ont créé des variantes dans chaque région. C'est le cas de la jota, une musique et une danse pratiquées dans plusieurs régions du pays.
Déjà installés dans la modernité, les musiciens espagnols sont entrés avec intérêt dans les courants musicaux d'aujourd'hui. Une bonne preuve de cette dévotion musicale sont les festivals de toutes sortes qui voyagent d'un bout à l'autre du pays[4].
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Les marionnettes, qui portent le nom de titeres (mot qui voulait dire « joueur » au XVIe siècle), jouent des intrigues issues du Romancero, aux thèmes historiques, lyriques ou romanesques, avec beaucoup de personnages de saints ou d'ermites, ce qui leur a aussi valu le surnom de bonifrates. Don Quichotte détruit El retablo de Maese Pedro (Tréteaux de maître Pierre).[réf. nécessaire]
La cinématographie et la photographie espagnoles constituent le témoignage de la société et de ses coutumes, et le support d'une créativité illimitée. Dans le cas du cinéma, un grand groupe de créateurs a brillé en Espagne, qui tout au long du parcours historique de cet art ont mis en lumière des œuvres de qualité universelle et de personnalité incontestable. D'autre part, tant la photographie journalistique que celle dédiée au témoignage de la réalité du pays, de ses paysages et de ses habitants, se présente comme une référence incontournable pour comprendre son histoire[5].
Bien que les réalisateurs espagnols de la moitié du XXe siècle, comme Luis Buñuel, aient travaillé en exil, le cinéma espagnol a prospéré après le rétablissement de la démocratie.
L'Homme qui tua Don Quichotte, film d'aventure du BritanniqueTerry Gilliam resté longtemps inachevé, dont le tournage s'est terminé en 2017 (pour sortir en 2018). Ce film subit une longue série de revers lors de son tournage, ce qui fut raconté dans Lost in La Mancha, film documentaire américano-britannique réalisé par Keith Fulton et Louis Pepe, sorti en 2002.
Littérature
Poèmes
La Chanson de Roland, poème épique et chanson de geste du XIe siècle, attribuée possiblement à Turold (la dernière ligne du manuscrit dit : Ci falt la geste que Turoldus declinet). Il narre, trois siècles après les faits, la bataille de Roncevaux, au cours de laquelle mourut le chevalierRoland, neveu de Charlemagne (d'après la légende). Toutefois, l’œuvre modifie la réalité sur plusieurs points, puisque les Francs ne combattirent pas les Sarrasins, mais les Vascons (terme désignant alors les Gascons et les Basques).
Carmen, nouvelle écrite par l'écrivain françaisProsper Mérimée en 1845. Georges Bizet en tirera le fameux opéra du même nom. De la même manière, cette histoire inspira énormément d'autres œuvres, sur divers supports (voir page Carmen).
Antoine de Jussieu, botaniste et médecin français au Jardin royal des plantes médicinales, fut envoyé en 1716 en Espagne et au Portugal afin d'y recueillir des plantes. Il fut accompagné par son frère Bernard, ainsi que par le peintre Simonneau le jeune (Louis Simonneau ?), dont il rapporta quantité de nouvelles plantes pour l'École botanique. Il tira aussi de son expédition un journal de voyage resté inédit, qu'il n'eut le temps d'achever[6]. Toutefois, il envoya aussi plusieurs lettres relatant son expédition (dont une à l'abbé Jean-Paul Bignon envoyée depuis Barcelone en 1913) et conservées à la bibliothèque centrale du Muséum d'histoire naturelle de Paris.
François d'Orléans, prince de Joinville et artiste français, qui voyagea dans le monde entier et rédigea de nombreux récits, conservés à la bibliothèque du musée de la Marine de Paris. Parmi eux se trouvent des journaux, illustrés de sa main, racontant ses nombreux voyages espagnols. Notamment en Andalousie, dans la région de Ronda, dont il décrit la beauté.
L'enseignant et écrivain britannique John Haycraft(en), arrivé à Cordoue en 1953 pour y ouvrir une école d'anglais, publia Babel in Spain. Cet ouvrage provoque un scandale à sa parution en 1958 à cause de son évocation franche des mœurs cordouanes sous la dictature franquiste alors au pouvoir dans le pays ; le livre est finalement traduit en espagnol en 2007.
Spectacles
Le personnage espagnol mythique de Don Juan, séducteur, libertin et amoral, a inspiré de multiples œuvres, se déroulant en Espagne :
Dom Juan ou le Festin de Pierre, comédie du dramaturge français Molière, jouée pour la première fois en 1665. Elle causa un gros scandale, à cause de la conduite de son personnage, défiant la morale religieuse (tout comme d'autres pièces telles que Le Tartuffe). Ce qui ne l'empêcha pas de connaître un gros succès, aujourd'hui encore, comme en témoignent les différentes reprises.
Ramiro, série belge réalisée par le dessinateur William Vance, sur un scénario de Jacques Stoquart (1974-1989). Elle met en scène le héros éponyme qui, dans l’Espagne du XIIIe siècle, se voit confier différentes missions par le roi Alphonse VIII (dont il est le fils illégitime).
Le peintre Eugène Delacroix fit un voyage entre janvier et juin 1832 au Maghreb et en Andalousie, qui lui servit d'inspiration pour ses peintures. Lors de son passage en Espagne, il représenta Cadix dans des dessins regroupés dans son album de Chantilly. Son séjour sur place lui a aussi inspiré sa peinture Christophe Colomb et son fils à La Rabida, 1838 (voir ici). Puis, en se rendant à Séville, il s'arrête près des murailles de Jerez de la Frontera qu'il croqua. Arrivé à destination, il admire des peintures de peintres espagnols, tels que Francisco de Goya, qu'il admirait. C'est d'ailleurs grâce à lui qu'il découvrit la tauromachie, qui inspira des œuvres telles que son aquarelle intitulée Le Picador (Cabinet des dessins du musée du Louvre).
À travers Corto en Cordoba, série de 12 sérigraphies en couleurs réalisée en 1989, il met en scène son héros Corto Maltese à Cordoue, ville d'enfance du personnage.
Dans Flamenco : ensemble de 8 sérigraphies couleurs + 1 N/B réalisé en 1990, montrant des danseuses de flamenco.
La richesse du patrimoine artistique, naturel et culturel est reconnue dans le monde entier. L'Espagne compte 55 déclarations de patrimoine mondial de l'UNESCO, ce qui en fait le troisième pays au monde avec le plus grand nombre de biens protégés dans cette catégorie. D'autre part, Chacun de ces atouts est le reflet fidèle de la variété et de la richesse culturelle de ce pays : édifices monumentaux, centres historiques ou ensembles architecturaux cohabitent avec des paysages, des espaces naturels, des itinéraires et des traditions ethnologiques[8].
2013 : Méthodologie pour l’inventaire du patrimoine culturel immatériel dans les réserves de biosphère : l’expérience du Montseny[16]
2012 : La fauconnerie, un patrimoine humain vivant (Émirats arabes unis, Autriche, Belgique, République tchèque, France, Hongrie, République de Corée, Mongolie, Maroc, Qatar, Arabie saoudite, Espagne, République arabe syrienne)[17]
↑Arthur Mangin, Les Savants illustres de la France: avec un appendice comprenant l'histoire abrégée de la science et des savants pendant les trois derniers siècles, P. Ducroco, (lire en ligne)
↑Cid est un terme désignant un titre honorifique espagnol, issu du terme arabe Sid