Sa mort dans les Pyrénées au cours d'un combat d'arrière-garde contre des Basques, au retour de la campagne de Charlemagne en Espagne, en fait par la suite un personnage de légende, le héros de la Chanson de Roland, ouvrage composé au XIe siècle. Dans cette épopée en langue française, il est présenté comme le neveu de Charlemagne et meurt à Roncevaux lors d'une grande bataille contre les Sarrasins, guidés par le traître Ganelon. Le personnage de Roland est associé à son épée, Durandal, à son cheval, Veillantif et à son cor, un olifant, avec lequel il appelle en vain Charlemagne à son secours.
En 778, le roi des Francs Charles, futur empereur Charlemagne, fils de Pépin le Bref, conduit ses troupes en Espagne à la demande du wali de Saragosse, Soliman ibn al-Arabi, révolté contre l'émir de Cordoue. Mais lorsque les Francs arrivent à Saragosse, le wali a été remplacé et Charles, trouvant les portes closes, se replie sans combat.
Pour compenser cet échec, l'aile occidentale de l'armée franque, conduite par le roi, s'en prend à la ville navarraise de Pampelune. Les murailles sont rasées et la ville pillée. L'armée poursuit son chemin vers l'Aquitaine en empruntant la route de Roncevaux.
Le [4],[5], des Vascons de Pampelune rattrapent l'armée franque, lourdement armée, alors qu'elle progresse dans une vallée encaissée depuis Roncevaux. L'arrière-garde est anéantie. Roland et quelques autres nobles sont tués, ainsi que le comte du palais Anselme le preux. Les Vascons reprennent le butin de Pampelune[6].
Personnage légendaire
Trois siècles plus tard, vers la fin du XIe siècle, des récits tels que la Chanson de Roland substituent les Sarrasins aux Vascons. La mort de Roland devient un symbole de l'affrontement entre chrétiens et musulmans, qui a lieu en Espagne depuis le IXe siècle (début de la Reconquista) et va prendre une nouvelle dimension en 1099 avec la première croisade. Roland devint l'un des paladins de Charlemagne et son histoire est contée dans de nombreux récits de la matière de France.
Comme beaucoup de personnages antérieurs à l'apparition de l'héraldique, Roland s'est vu attribuer assez tardivement des armoiries imaginaires. Elles sont D'or au lion de gueules, à la bordure engrêlée de sable[8],[9].
Roland est devenu un géant et a laissé des traces de son passage un peu partout sur les deux versants de la chaîne montagneuse.
Dans les Pyrénées
Lieux remarquables liés à Roland
La légende attribue la brèche de Roland[10], gigantesque entaille naturelle dans la paroi des falaises situées sur le pourtour du cirque de Gavarnie, aux coups portés par le héros pour briser son épée Durandal qui renfermait dans sa garde une dent de saint Pierre.
Au sud, dans le Haut Aragon, le Salto de Roldán (« saut de Roland ») est constitué par deux sommets éloignés, séparés par un précipice que son cheval aurait franchi d'un bond (Veillantif, le cheval de Roland, était à la mesure de son maître, et ses traces sont multiples).
Il existe de nombreux Pas de Roland, passages taillés dans la roche. On ne compte plus les rochers qui ont servi à Roland pour jouer au palet, les marques de ses pas creusées dans la roche, etc.
Dans le Vallespir : le tombeau et le palet de Roland
A Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales), dans le pays du Vallespir, un dolmen (marquant la limite avec une commune voisine) est appelé Caixa de Rotllan, c'est-à-dire « tombeau de Roland ». Il est proche d'un chaos rocheux appelé palet de Rotllan (« jeu de palets de Roland ») : Roland se servait des rochers comme palets pour écraser les châteaux du Vallespir.
Selon les légendes locales, Roland aurait vécu dans le Vallespir, et après la bataille de Roncevaux, son corps y aurait été ramené par son cheval pour être inhumé.
Au Pays basque
Au Pays basque, l'enfance de Roland est un thème récurrent[11] : un berger trouve un enfant nouveau-né qui tète une de ses vaches. L'enfant grandit et révèle une force phénoménale.
Devenu adulte, il se fait forger un makila de fer, « gros comme une poutre ». Il s'en va combattre les Mairiak, dans ce cas clairement désignés comme les Maures. Il est souvent accompagné d'Olivier (le Daim) mais aussi de Samson avec qui il rivalise d'exploits. On retrouve souvent les caractéristiques et les thèmes attribués à Jean de l'Ours : la force surhumaine exercée involontairement contre les camarades d'école, la canne de fer, les compagnons.
Légendes relatives à l'épée Durandal
D'autres légendes évoquent la redécouverte de Durandal ; en 1845, selon le voyageur anglais R. Ford, elle était visible à Madrid ; quand Fulcanelli écrit Le Mystère des cathédrales (1922), Durandal se trouve dans un coffre scellé dans la roche et enchaîné à Rocamadour ; en 1968, selon le professeur Gómez Tabanera, dans un petit village des Pyrénées (sans autre précision), les femmes stériles désirant avoir un enfant se passaient sur le ventre « l'épée de Roland »[12].
Auguste Mermet, Roland à Roncevaux (1864), livret d'opéra.
René Barjavel, Roland, le chevalier plus fier que le lion, Paris, Denoël, 1942 pour l'édition originale (lire en ligne).
Jean-Marcel Paquette, La Chanson de Roland, Métamorphoses du texte, Essai d’analyse différentielle des sept versions, Orléans, Éditions Paradigme, 2014, 112 pages et tableaux synoptiques.
↑Michel Kaplan, Christophe Picard et Michel Zimmermann, Le Moyen Âge, IVe – Xe siècle, Paris, Editions Bréal, coll. « Grand Amphi », , 432 p. (ISBN978-2-85394-731-2, lire en ligne), p. 185
↑Philippe Sénac, Les Carolingiens et al-Andalus, p. 15 [lire en ligne]
↑Philippe Sénac, Les Carolingiens et al-Andalus - L'épitaphe d'Eggihard] p. 139
↑Jules Horrent, « La bataille des Pyrénées de 778 », Le Moyen Âge, tome LXXVII, no 2, 1972, p. 197-227, et « L'équipée espagnole de Charlemagne en 778 avant et après la bataille des Pyrénées », Mélanges de langue et de littérature médiévales offerts à Pierre Le Gentil, Paris, Sedes, 1973 (ISBN0-271-81553-1), p. 377-397.
Hans-Erich Keller, Autour de Roland : recherches sur la chanson de geste, Paris, Honoré Champion, coll. « Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge » (no 14), , 376 p. (ISBN2-85203-085-3).
(en) Adriana Kremenjas-Danicic (dir.), Les Sentiers européens de Roland, Dubrovnik, Maison de l'Europe de Dubrovnik, , 485 p. (ISBN953-95338-0-5).
Aline Laradji, La légende de Roland : de la genèse française à l'épuisement de la figure du héros en Italie, Paris, L'Harmattan, coll. « Critiques littéraires », , 340 p. (ISBN978-2-296-07027-1, présentation en ligne).
Rita Lejeune et Jacques Stiennon, La légende de Roland dans l'art du Moyen Âge, Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège, 1966, 2 vol.
(de) Volker Turnau, "Paladin" Roland : Herkunft und Bedeutung eines Idols, Hambourg, tredition, , 236 p. (ISBN978-3-7345-1935-2)« ... Mit der "divisio" des Jahres 772 wurde Roland durch Karl d. Gr. eine Trierer Grafschaft geschaffen, die bis 902 bestand hatte. ... »