La cathédrale Saint-Paul de Londres est la cathédrale du diocèse de Londres de l'Église d'Angleterre. Elle a été construite après la destruction de l'ancien édifice lors du grand incendie de Londres de 1666. Elle couronne Ludgate Hill, site qui accueillit quatre sanctuaires avant la cathédrale actuelle et se trouve dans la Cité de Londres, cœur historique de la ville devenu aujourd’hui le principal quartier d'affaires londonien. Elle est considérée comme étant le chef-d'œuvre de l'architecte britannique Christopher Wren.
Elle est incendiée une première fois, puis rebâtie en pierre entre 676 et 685 par l’évêque Erkenwald, dont le tombeau attira de nombreux pèlerins durant le Moyen Âge. Elle est détruite une deuxième fois par les Vikings au IXe siècle et rebâtie en 962.
Quatrième cathédrale à Londres
L’église saxonne est détruite par le feu une troisième fois en 1087. La construction d'une quatrième cathédrale commence presque aussitôt sous l'égide de Guillaume le Roux, fils de Guillaume le Conquérant et auquel il vient juste de succéder. Maurice, jadis aumônier et chancelier de ce dernier, devenu évêque, en profite pour construire une cathédrale d'une taille jamais envisagée jusque là à Londres. Celle-ci constitue, d'après les témoignages[1], un joyau de l'architecture normande.
Le « vieux Saint-Paul » (Old St Paul's) tel qu’on nomme ce 4e édifice, était, avec ses 586 pieds (179 m), la troisième cathédrale la plus longue d'Europe et sa flèche culminait à 164 m[2]. Elle se dresse sur un vaste espace entouré de murailles qui suivent Creed Lane et Ave Maria Lane à l'ouest, Paternoster Row au nord, Old Change à l'est et Carter Lane au sud. Cette enceinte est alors percée de six portes.
Selon les premiers plans, la cathédrale devait comporter une nef de douze travées, un transept et un petit chœur absidial, tous construits dans le style des voûtes en berceau (ou voûtes romanes).
La construction du bâtiment fut retardée par un incendie dans le chœur en 1136. Cependant, les dernières phases de la construction de la nef et de l’extrémité ouest furent terminées avant la fin du XIIe siècle. Vers 1220, on commença l’édification de la flèche (terminée en 1315) et on embellit le chœur. La cathédrale terminée, on la consacra en 1240. Au XIIIe siècle, on décida de rebâtir le chœur dans le style gothique, les travaux commencèrent en 1258. Celui-ci fut déplacé de douze travées supplémentaires, impliquant la démolition de l’église paroissiale Sainte-Foy qui se trouvait à l’est de la cathédrale. Les travaux prirent fin en 1314. La flèche fut frappée par la foudre en 1447 et réparée en 1462. Autour de la cathédrale romane, se trouvaient le palais de l’évêque, la résidence du doyen et les habitations des chanoines en résidence. En 1332, un chapitre fut édifié contre le côté méridional du bâtiment par William Ramsey, un des plus éminents architectes de l’époque. On peut toujours apercevoir aujourd’hui, dans les jardins sud, les ruines du cloître du chapitre, ainsi que les fondations de deux contreforts du chapitre lui-même. Mais l’après-midi du , cet édifice fut néanmoins détruit lors d'un incendie provoqué par la foudre, lors d’un violent orage. La flèche, la tour centrale qui la supportait et l’ensemble de la toiture furent détruits. La restauration est achevée en 1588 ; la flèche ne fut jamais reconstruite. Charles Ier Stuart en profita pour faire modifier la façade par le grand architecte Inigo Jones qui y plaqua un portiquecorinthien d'un effet contestable, après des travaux qui durèrent de 1634 à 1643. Parmi les personnalités inhumées dans cette cathédrale, citons Robert III d'Artois en 1342. À cette époque, le quartier à l'est de la cathédrale est occupé par de nombreux bijoutiers et livre en 1912 le trésor de Cheapside, la plus grosse collection connue de bijoux et gemmes des époques élisabéthaine (1558-1603) et jacobéenne (1567-1625)[3].
Cinquième cathédrale, le présent
À la suite de l'incendie de 1666, la reconstruction d'un édifice tout aussi impressionnant s'imposait donc ; ce sera la cinquième cathédrale bâtie à Londres. Cette tâche fut confiée à Sir Christopher Wren le [4]. Le plan de l'actuelle cathédrale en croix latine fut le troisième projet que Wren présenta au clergé anglican après que celui-ci eut rejeté les deux premiers : d'abord un plan central en croix grecque avec coupole que le roi Charles II avait néanmoins approuvé en 1670, puis un plan en forme d'énorme temple romain.
Projet initial en croix grecque.
Deuxième projet.
Projet définitif.
La première pierre fut posée le , le chœur ouvert au public le , la dernière pierre couronna le bâtiment en 1710, trente-cinq ans après le début de sa construction. Wren fut secondé dans sa tâche par son fidèle assistant, l'architecte et mathématicien Robert Hooke, ainsi que par le sculpteur Grinling Gibbons pour les stalles[6] et le fronton sculpté du transept nord[7], et le ferronnier d'origine française Jean Tijou[8].
Cet édifice faillit cependant connaître le même sort que ses prédécesseurs. En effet, lors des[Lequel ?] bombardements de Londres en 1940-41 par la Luftwaffe, (le Blitz), la cathédrale Saint-Paul était pour l'aviation allemande un des points névralgiques de la capitale anglaise et, par conséquent, une cible privilégiée pour ces derniers. Mais durant la nuit du 16 au , pendant un bombardement majeur effectué par 685 bombardiers en trois vagues, qui dura de 20 h 50 jusqu'à 5 h 18, la cathédrale ne reçut qu'une seule bombe. Cette dernière n'endommagea que superficiellement la toiture du transept Nord grâce à la mobilisation de civils qui se chargèrent d'éteindre le feu causé par la bombe. Elle explosa néanmoins sous la crypte en creusant un cratère d'environ 10 m. Le lendemain matin, alors que la ville suffoquait à cause des événements de la veille, la cathédrale Saint-Paul se dressait, avec sa blancheur immaculée, au-dessus des fumerolles noirâtres qui montaient vers le ciel. C'est en partie à cause de cet événement que la cathédrale est devenue un symbole fort pour les Londoniens. Les visiteurs londoniens purent d'ailleurs visiter les dégâts pour la première fois le lundi de Pentecôte.
2e guerre mondiale : salle de contrôle des incendies avec guetteurs parant aux éventuels départs d'incendies pendant les attaques aériennes. Au mur, plan détaillé de la cathédrale.
La cathédrale vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au premier plan, un des secteurs de Londres qui la jouxtent a été totalement détruit.
Photo d'époque utilisant pour la propagande de guerre la symbolique du monument comme emblème de la lutte héroïque des britanniques pendant la bataille d'Angleterre. Au-dessus de la cathédrale, des traînées d'avions de combat.
Description
La cathédrale Saint-Paul de Londres est un mélange d'architectures classique et baroque.
Son dôme, d'un poids total de 65 000 tonnes, a été composé avec trois enveloppes imbriquées, et ses clochers conçus pour dominer la cité tout entière. Le sommet du dôme, que l'on atteint en gravissant 528 marches, culmine à 111,3 mètres de hauteur (365 pieds)[9].
La coupole intérieure est de forme hémisphérique car si la sphère possède intrinsèquement une belle forme, sa simplicité et sa perfection en font un symbole important pour l'église car représentant la forme du cosmos.
La conception du dôme intermédiaire a été influencée par la théorie de Robert Hooke : la courbe formée par une chaîne de suspension (la « chaînette »), lorsque renversée, donne la forme d'un arc de maçonnerie « parfait », suivant et contenant la ligne de poussée[10]. On trouve une approximation de la « courbe caténaire » (« catenary curve ») dans les croquis de Wren pour la construction de celui-ci[11]. Cette esquisse[12] d'un dôme triple enveloppe (vers 1690), conservée au British Museum, représente un moment clé dans la conception de la cathédrale Saint-Paul. L'inscription de la main de son élève Nicholas Hawksmoor, se trouvant en bas de cette esquisse, est notée comme étant l'œuvre de Christopher Wren[Note 1].
Coupe du dôme, avec la section conique en brique intermédiaire entre les deux coupoles intérieures.
Plan de William Dickinson pour le pavement de la cathédrale (1710).
Bien que les deux architectes aient eu connaissance des propriétés remarquables de cette courbe, ils étaient incapables, à l'époque, d'en trouver une formulation mathématique exacte, qui n'est venue qu'en 1691 avec Jean Bernoulli, Leibniz et Huygens. Pour la construction du dôme intermédiaire, l'esquisse représente une parabole cubique (voir la figure 2 du document en référence, et les trois courbes superposées). Le dôme intermédiaire est formé par le conoïde décrit par la rotation de la demi-parabole cubique y=x3, sur l'axe des ordonnées[13]. Dans la phase suivante, entre 1691 et , Christopher Wren introduit, dans ses dessins et croquis, deux cerclages avec des chaînes en fer, afin de contenir les énormes poussées vers l'extérieur du dôme et de la coupole hémisphérique intérieure[14].
Doté d'une nef gigantesque de 150 mètres de longueur et 36 mètres de largeur, l'intérieur est saisissant avec, en point de mire, l'autel surmonté d'un impressionnant baldaquin. Le transept, très saillant, atteint 76 mètres d'une façade à l'autre.
Au-dessus de l'autel s'élève la coupole, haute de 86 mètres sous voûte, dont la galerie, située à 30 mètres du sol, est appelée « galerie des murmures » (Whispering Gallery) parce qu'un mot chuchoté d'un côté s'entend distinctement au côté opposé, à plus de 34 mètres. Il y a aussi une salle destinée à recevoir les portraits des rois et reines, qui mesure 45 mètres de longueur et 10 mètres de largeur, dont Christopher Wren eut l'idée pour faire honneur à la reine. Avec ses 125 cloches, la cathédrale s'entend de loin. Le dôme n'est pas fait que de simple vitraux, mais contient aussi quelques diamants que la reine avait offerts à Christopher Wren pour rendre hommage à son courage.
Âgé de quarante-trois ans au moment du début des travaux, Wren n'espérait pas voir le bâtiment achevé, mais sa longévité remarquable — il vécut quatre-vingt-onze ans — lui permit de voir son œuvre terminée en 1711, douze ans avant sa mort.
Sur le côté ouest de la cathédrale se trouvent les deux tours horloges. Christopher Wren n'a décidé d'ajouter ces structures que comme une idée après coup. Les deux ont des cloches, mais seule la tour sud-ouest comporte une horloge, très similaire celle de Big Ben. La tour nord-ouest a un espace pour une horloge, qui est resté vide.
La tour sud-ouest contient quatre cloches. La plus grande s'appelle « Great Paul », fabriquée en 1881, et était jusqu'à 2012 la plus grande cloche de Grande-Bretagne (16,5 tonnes). Traditionnellement, cette cloche sonnait chaque jour à 1 h, mais elle n'a pas sonné pendant quelques années à cause d'un mécanisme défectueux. Une autre cloche, nommée « Great Tom », sonne à l'heure, et aussi à l'annonce du décès d'un membre de la famille royale britannique, d'un évêque de Londres, ou d'un lord-maire de Londres pendant son mandat. La dernière occasion où cette cloche a sonné pour annoncer un décès fut en 2022, comme partie des funérailles d'État de la reine Élisabeth II.
La tour nord-ouest contient douze cloches, dont l'une, nommée « The Banger », sonne pour les services à huit heures du matin.
Au cinéma
La silhouette reconnaissable et visible de loin de la cathédrale Saint-Paul sert souvent à situer l'action à Londres.
↑Esquisse du dôme conservée au British Museum, référence : 1881,0611,203
Références
↑William Benham(en) écrivait, en 1902, dans son ouvrage Old St. Paul's Cathedral : « It had not a rival in England, perhaps one might say in Europe. » (« Elle n'avait pas de rivale en Angleterre, peut-être pourrait-on dire en Europe. »)
↑Patrick Boucheron et Régine Le Jan, Les villes capitales au Moyen Âge : XXXVIe congrès de la SHMES, Istanbul, 1er-6 juin 2005, vol. 36, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Supérieur Public », , 450 p. (ISBN978-2-85944-562-1, lire en ligne), p. 167.
↑(en) Robert Weldon et Cathleen Jonathan, « The Museum of London's Extraordinary Cheapside Hoard », Gems and gemmology, Gemological Institute of America, (lire en ligne, consulté en ).
↑(en) Tim Lepson et Larry Porges, National Geographic Book of Lists : The City's Best, Worst, Oldest, Greatest, and Quirkiest, National Geographic Books, , 256 p.