Saint-André de Wells est parfois décrite comme « la plus poétique des cathédrales anglaises »[1]. Construite de 1180 à 1490, elle mêle différents courants de l'architecture gothique anglaise (Early english, Decorated et Perpendicular)[2].
Une des innovations majeures de cet édifice est l'addition au XIVe siècle des « arcs renversés » ou « arcs en ciseaux » au niveau de la croisée du transept. Ce procédé, qui rompt la monotonie des traditionnelles séquences d'arcs ogivaux, permet de supporter et de mieux répartir le poids du clocher qui s'élève à cet emplacement et soutenir les piles endommagées lors d'un tremblement de terre au XIIIe siècle[3].
Histoire
L'édifice actuel est bâti à l'emplacement d'une première église érigée par le roi Ina du Wessex[3], en 705. Cette dernière prend le titre de cathédrale en 909, lors de la création du diocèse de Wells, dont le premier évêque est Athelm. Considérée comme vétuste par les autorités ecclésiastiques au XIIe siècle, elle est remplacée par la cathédrale actuelle, dont le chantier, ouvert par l'évêque Reginald de Bohun(en), débute en 1180 (creusement des fondations). L'ancienne cathédrale est progressivement détruite (1196) afin de laisser la place au nouvel édifice[4].
Le gros-œuvre (chœur, travées orientales de la nef, transept) est achevé en 1239. Ces parties de l'édifice sont caractéristiques du gothique primitif anglais (dit Early english).
Les travaux se poursuivent au XIIIe siècle sous la direction de l'évêque Jocelyn de Wells(en) (travées occidentales de la nef, façade). La tour de la croisée du transept, soutenue par un système complexe d'arcs renversés, le bâtiment du chapitre et les différentes dépendances du palais épiscopal sont édifiés entre le XIIIe et le XVe siècle, sous l'action de plusieurs évêques dynamiques, dont John Drokensford, Ralph de Shrewsbury(en) et John Harewell(en).
La cathédrale subit une grande campagne de restauration au milieu du XIXe siècle, au cours de laquelle les fresques médiévales sont purement et simplement grattées ou recouvertes de chaux.
Architecture
Cet édifice présente une synthèse de différents courants de l'architecture gothique anglais, passant du gothique primitif pour les parties les plus anciennes au gothique décoré ou curvilinéaire, puis au gothique perpendiculaire (dernière période du gothique anglais).
Principal accès à la cathédrale, la façade occidentale tient sa monumentalité tout à la fois de ses grandes dimensions (45 mètres de long) et du volume de ses deux tours d'angle, dotées de puissants contreforts sculptés qui contribuent avec force à la verticalité de l'ensemble. Le soin apporté au traitement iconographique se traduit par une profusion de statues (plus de 300)[5] dont certaines portent encore des traces de polychromie[2].
L'intérieur du sanctuaire est basé sur le traditionnel plan en croix latine, commun à de nombreuses cathédrales de cette époque. La nef, flanquée de bas-côtés, est divisée en dix travées couvertes de croisées d'ogives quadripartites. La perspective est cependant coupée par une curieuse structure en « arc renversé » ou « en ciseau » qui marque la séparation de la nef et de la croisée du transept. Cette innovation permet de soutenir et de répartir le poids de la tour qui s'élève à cet emplacement.
Les six travées du chœur sont couvertes de voûtes au dessin compliqué, marque caractéristique du gothique décoré, qui s'apparente au gothique flamboyant. Dans la chapelle de la Vierge, le dessin des nervures se complique encore pour former une spectaculaire voûte en étoile, tandis que de grandes baies laissent abondamment pénétrer la lumière.
Parmi les éléments de mobilier figurent une horloge mécanique datant du XIVe siècle, ainsi que des grandes orgues réalisées par le facteur Willis en 1857[6].
Pour les évêques de Wells (10e siecle–1090), Évêque de Bath (1090–1197 & 1219–1245) et les évêques de Bath et Glastonbury (1197–1219), voir Évêque de Bath et Wells