L'histoire de la cathédrale est liée à celle de la Compagnie de Jésus. En 1594, des Jésuites s'installent à Luxembourg, ville qui faisait alors partie des Pays-Bas espagnols. Ils y ouvrent un collège en 1603. Le développement rapide d'activités pastorales et spirituelles dans la ville conduisent à la décision de construire une grande église, qui sera également celle du collège y attenant. Les plans en sont dressés par le frère jésuiteJean Du Blocq. Le , François Aldenard, recteur du collège, en pose la première pierre. Les travaux durent huit ans[1].
Le , l'église est solennellement consacrée par l'évêque auxiliaire de Trèves et évêque titulaire d'Azotus(de) (Ashdod) Georg von Helfenstein(de), et dédiée à l'Immaculée Conception. De nombreux parachèvements et aménagements ont encore lieu dans les années - et même décennies - qui suivent, surtout en ce qui concerne le mobilier (confessionnaux) et la décoration intérieure.
Un siècle plus tard, le , le diocèse de Luxembourg est élevé au rang d'archidiocèse par le pape Jean-Paul II.
Agrandissement au XXe siècle
Au XXe siècle, un agrandissement de la cathédrale est décidé et l'architecte Hubert Schumacher(lb) est chargé de sa réalisation. Les travaux commencent le et se poursuivent jusqu'en 1938. Le chœur est réaménagé en 1962–1963, après quoi la cathédrale est de nouveau consacrée le , jour de la fête de l'Immaculée Conception.
C'est dans cette crypte que Jean l'Aveugle, roi de Bohême et comte de Luxembourg a trouvé son dernier repos. Ce chevalier infatigable que l’on retrouve un peu partout en Europe, qu’il s’agisse de son comté natal ou du royaume de Bohême, de l'Allemagne où il fut le lieutenant de son père ou en Italie du Nord, à la cour et sur les champs de bataille des rois de France ou auprès des papes à Avignon ou encore en Lituanie lors des croisades de l’ordre teutonique, était le fils de l'empereur Henri VII et père de Charles IV. Il trouva la mort en 1346 au champ de bataille de Crécy au service du roi de France, dans une des premières campagnes de la guerre de Cent Ans.
Statut d'église nationale
La cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, de par son histoire, est devenue un temple de la mémoire luxembourgeoise. Le caractère national de l'édifice est souligné le jour de la fête nationale quand la cérémonie officielle organisée par le gouvernement prenait jusqu'en 2013 la forme d'un service d'action de grâces auquel participent les autorités luxembourgeoises et le corps diplomatique. Ce te-deum a perduré mais est devenu une cérémonie sur invitation privé de l'Eglise qui y invite aussi les autres religions agrées.
Le portail de la nouvelle partie de la cathédrale, marqué par l’ornementation due au sculpteur luxembourgeois Auguste Trémont, comprend une centaine de figures humaines, une cinquantaine de représentations animales et un riche décor végétal. Les battants en bronze des portes ont été réalisés par le même artiste.
Parmi les œuvres présentes dans la cathédrale, on peut retenir :
Les vitraux des années 1848-1860 en provenance des ateliers Maréchal de Metz et représentant des scènes de la vie de la Vierge.
Les verrières abstraites de 1966 situées à la tribune d'orgue sont de Jacques Le Chevallier, à l'inspiration des verrières de Notre-Dame de Paris qu'il a réalisées un an auparavant.
Les stations du Chemin de croix de Félix Baumhauer, de Munich.
Les autels, que l'on doit au statuaire luxembourgeois Claus Cito, ornés de reliefs représentant les saints Henri et Cunégonde, Hubert et Willibrord.
Notre-Dame, Consolatrice des Affligés
La statue qui est conservée à la cathédrale de Luxembourg est attestée depuis le début du XVIIe siècle. Il s'agit d'une effigie de femme portant son enfant, sculptée en bois de tilleul, d'une hauteur de 73 cm. Sa restauration en 2008 par Muriel Prieur a permis d'établir que sa date de fabrication remontait à la fin du XVIe siècle. En outre, le style et la technique de cisaillage indiqueraient que le sculpteur serait originaire de la grande région allemande, et non de Flandre ou de Champagne comme on l’a supposé pendant longtemps.
Il s'agit d'une femme debout, la chevelure dénouée, les pieds posés sur la Lune, coiffée d'une couronne d'étoiles, apparaissant dans le récit de l'Apocalypse: « Une femme revêtue de soleil avec la Lune sous les pieds. » (Apocalypse, 12, 1). Selon l'interprétation catholique traditionnelle, cette femme est la Vierge Marie, le Soleil représente la Nouvelle alliance, la Lune l'Ancienne alliance ou l'hérésie. Elle porte un sceptre de la main droite et sur la main gauche l'Enfant-Jésus assis, coiffé d'une couronne royale et portant un orbe (globus cruciger), un globe terrestre surmonté d'une croix. Ces symboles évoquent la royauté de Marie dans le Ciel et de Jésus sur la Terre, le Christ Roi.
La sculpture la représente vêtue d'une tunique, d'une ceinture et d'un manteau. Suivant un usage médiéval et longtemps conservé en Espagne, la statue a été revêtue d'habits richement brodés et ornementés, en particulier d'un vaste manteau en forme de cape ou de chape descendant jusqu'au sol et dissimulant ses pieds posés sur la Lune. Ces ornements ont été renouvelés plusieurs fois, en s'adaptant au style de l'époque, comme l'attestent les diverses représentations de la statue publiées au cours des siècles. La couronne de la Vierge a perdu ses étoiles, des attributs ont été ajoutés.
La statue est mentionnée la première fois le , jour où elle est portée en procession à l'extérieur des fortifications, par les collégiens conduits par le PèreJacques Brocquart, jésuite, sous l'invocation de « Notre-Dame de la Victoire ». Pour l'abriter, une chapelle est érigée de 1625 à 1628, la Chapelle du Glacis, elle est alors désignée comme « Notre-Dame du Glacis ». En 1639, le premier Livre des miracles mentionne des prières exaucées et des guérisons qui ont lieu, et pour faire face à l’afflux des pèlerins, on amène la statue pour une durée de huit jours depuis le Glacis jusqu'à la chapelle du collège des Jésuites à l’intérieur de la cité. À la fin de cette huitaine, au cours d’une solennelle procession de clôture, la statue est ramenée à la chapelle du Glacis. Cette procession sera organisée chaque année jusqu'à nos jours.
Sa vénération ne cesse de se propager parmi la population. Un socle supplémentaire lui est fabriqué avec la mention Consolatrix afflictorium ora pro nobis, elle devient alors « Notre-Dame, Consolatrice des affligés ». Vers 1640, un culte marial semblable existe à Kevelaer, dans le Bas-Rhin, en Allemagne.
Après l’élection de Notre-Dame consolatrice comme patronne de la cité en 1666 et comme patronne-protectrice du Duché de Luxembourg en 1678, la statue est conservée dans la chapelle du Collège des Jésuites. Depuis 1766 elle est placée pendant l’Octave sur un autel votif particulier de style rocaille, conçu en fer forgé et richement orné.
Depuis 1794, la statue se trouve en permanence dans l’ancienne église du collège des jésuite, devenue église paroissiale de la ville en 1778, puis érigée en église cathédrale en 1870.
De nos jours, elle fait encore l'objet d'une vénération, particulièrement du quatrième au sixième dimanche de Pâques. Le pèlerinage à la Consolatrice des Affligés, patronne de la cité depuis 1666 et du pays de Luxembourg depuis 1678, peut être considéré comme pèlerinage national. Ainsi chaque année les vœux solennels de 1678 sont renouvelés en présence du grand-duc, du gouvernement et des autorités municipales.
On trouve dans plusieurs églises des compositions sculptées assez semblables à la statue de Notre-Dame de Luxembourg, avec le vocable de Notre-Dame de la Victoire ou celui de Notre-Dame de la Consolation :
à Notre-Dame d'Avioth, statue qui est aussi costumée,
à Châteauneuf-du-Faou dans l'Église Saint-Julien, intitulée Notre-Dame-de-Victoire, elle commémorerait le siège de La Rochelle en 1628,
à Thiézac, chapelle Notre-Dame de la Consolation, datant de 1638.
à Notre-Dame de Paris, dite Notre-Dame de la Consolation, (Marbre du XIVe siècle, le sceptre est un lys, l'enfant n'est pas couronné et tient une clef),
Personnes inhumées
Dans la crypte de la cathédrale se trouvent les tombeaux de la famille ducale :
Les deux précédents grands-ducs de Luxembourg, Adolphe et Guillaume IV, ne sont pas inhumés ici mais, en tant qu'héritier du duché de Nassau, ils reposent en l'église du château de Weilbourg, en Allemagne.
La crypte abrite également les tombes de plusieurs évêques de Luxembourg :