Après Saint Boniface au VIIIe siècle, il est considéré comme le second apôtre de l'Allemagne.
Biographie
Formation
Pierre Kanis est né à Nimègue aux Pays-Bas dans l'une de ces familles. Son père, Jacob Kanis, un riche bourgeois, est élu neuf fois bourgmestre de la ville. Il perd sa mère, Ægidia van Houweningen, peu après sa naissance.
Au temps où les idées de la Réforme se répandent en Europe du Nord, influençant fortement l'Occident chrétien, les familles catholiques cherchent à confirmer leur foi en l'Église de Rome.
Le concile étant ajourné, Ignace le rappelle à Rome, et lui fait accomplir son noviciat sous sa propre direction. Au printemps 1548, il est envoyé à Messine, avec un groupe de dix jésuites placé sous la direction de Jérome Nadal, pour y fonder le premier collège de la Compagnie[4]. Il y enseigne le latin et la rhétorique.
Missions en Allemagne et en Suisse
Édition ancienne du Catechismus de Canisius.
En 1549, le pape Paul III, qui répond à une demande du duc Guillaume IV de Bavière, l'envoie, avec Claude Le Jay et Alonso Salmeron, enseigner à l'Université d'Ingolstadt en Bavière[4], d'où, pendant trente ans, il déploie dans le Saint-Empire son activité en faveur de l'Église catholique alors menacée par sa propre décadence et par l'influence grandissante de la réforme protestante soutenue par des princes, qui cherchent, grâce à cette dernière, à acquérir une plus grande autonomie politique.
En 1556, Ignace de Loyola nomme Canisius « Supérieur provincial » des Jésuites de Haute-Allemagne (Souabe, Bavière, Bohême, Hongrie, Haute et Basse-Autriche). Premier provincial de la région, il le restera jusqu'en 1569. Durant ces années, il est directement ou indirectement responsable de la fondation de 18 collèges jésuites en Europe centrale, dont ceux d'Ingolstadt, de Prague, d'Augsbourg, et de Fribourg, en Suisse. Durant les mêmes années, il continue à enseigner dans plusieurs d'entre eux.
Il s'installe en 1580 à Fribourg, ville dans laquelle il fonde en 1582 le Collège St-Michel, fonde une congrégation de la Vierge à l'église Notre-Dame et y ouvre une imprimerie. C'est à Fribourg qu'il passe les dernières années de sa vie, il y meurt le . Il est inhumé dans l'église Saint-Michel de Fribourg où sa tombe est toujours visible.
Œuvres
Le Grand Catéchisme
Die Firmung (La Confirmation) Gravure de Stich dans le Catéchisme de Canisius - édition de 1679.Pierre Canisius recommande la création d'une imprimerie à Fribourg.
Lors de ses nombreux voyages, il avait pu constater combien le Grand Catéchisme et le Petit Catéchisme composés par Luther en 1529, avaient comblé une attente chez les clercs et les laïcs[7]. Il rédige donc, en 1554, pour l'enseignement de la religion, un précis : Summa doctrinae christianae..., connu sous le nom de Grand Catéchisme[4], et publié en latin, puis allemand et ensuite en plusieurs langues, notamment en français par l'abbé Adolphe-Charles Peltier en 1857. Il donne lui-même de cet ouvrage un abrégé, le Petit Catéchisme pour les enfants, vite populaire.
Il traduit également les Pères de l'Église. S'il combat les doctrines de la Réforme, il est plein d'égards pour les réformateurs protestants. Conscient des faiblesses de l'Église catholique, il est convaincu que le « renouvellement » de l'Église (terme qu'il préfère à réforme), doit passer par la lutte contre l'ignorance du clergé et des fidèles.
Écrits
Otto Braunsberger, jésuite allemand, a passé trente ans de sa vie, et visité toutes les bibliothèques importantes d'Europe pour rassembler et éditer la correspondance de Pierre Canisius. Les huit volumes de lettres et autres écrits du « saint Docteur de l'Église » sortent de presse entre 1896 et 1923. L'ensemble compte 7 550 pages.
Otto Braunsberger (ed), Beati Petri Canisii Societatis Iesu Epistulae et Acta (8 vol.), Freiburg im Breisgau, Herder, 1896-1923, 7550pp.
↑Jq. Ad., « Pierre Canisius », Gazette de Lausanne, , p. 2.
↑ abcd et eDavid Aeby, Les Jésuites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins éditions, , 536 p. (ISBN978-2-38292-305-4)
↑Le jour de leurs vœux solennels les jésuites prononcent entre autres le vœu de n'accepter aucune dignité ecclésiastique, sauf si elle leur est imposée par obéissance au Saint-Père.
↑D’après Daniel-Rops Pierre Canisius est le premier à utiliser l’expression ‘Frères séparés’ lorsque parlant de chrétiens ne partageant pas la foi catholique. Voir : Daniel-Rops: La Réforme Catholique, Paris, Fayard, 1965, p. 57-58.
↑Xavier Lecœur, Saint Pierre Canisius, second apôtre de l'Allemagne, dans La Croix du 19-20 décembre 2015.
Annexes
Bibliographie
Denis Dumoulin, « Pierre Canisius, de Prague à Fribourg », Passé simple, , p. 17-19.
P. Eugène Portalié, « Le troisième centenaire du bienheureux Canisius () », dans Études, 1897, 34e année,tome 73, p. 759-777(lire en ligne)
P. Eugène Portalié, « Le centenaire du bienheureux Canisius et l'Allemagne protestante », dans Études, 1898, 34e année,tome 74, p. 195-214(lire en ligne)
Léon Cristiani, Le Bienheureux Pierre Canisius, Gabalda, .
(en) James Brodrick, Saint Peter Canisius, Chicago, Loyola Univ. press reprint, , 859 p.