Le , une communication télégraphique annonçant la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l'Allemagne parvient à l'administrateur général de la colonie allemande, le gouverneur Heinrich Schnee, qui ordonne qu'aucune action hostile ne soit entreprise. Henry Conway Belfield(en), le gouverneur de l'Afrique orientale britannique, déclare, quant à lui, que « cette colonie (sous entendu le Kenya) n'a aucun intérêt dans la guerre actuelle »[Keegan 1],[Farwell 1]. La raison est, en partie, qu'aucune colonie n'a beaucoup de troupes militaires.
Sur le lac Victoria, un remorqueur armé d'un canon automatique de calibre 37 mm.
Triple-entente
Royaume-Uni
Force terrestre
Charles Turquin mentionne un total de 360 000 soldats alliés[8], dont il convient de retrancher les soldats belges et portugais pour obtenir le chiffre des forces mises en œuvre par les Britanniques. De plus, en incluant le personnel administratif, la marine marchande et les troupes de génie, Brian Garfield donnent 400 000 soldats alliés et 600 000 porteurs, ce qui est cohérent[9]. Dans ce total, on estime à 200 000 les Britanniques qui ont ainsi manqués au front européen selon Richard Holmes[10].
troupe : fusils à un coup de modèles divers en fonction du lieu d'origine de la troupe.
Force navale
La Royal Navy est composée des croiseurs légers HMS Chatham, HMS Darmouth, HMS Weymouth et le pré-dreadnough HMS Goliath renforcés, à partir de , par les croiseurs légers HMS Astraea, HMS Pegasus et HMS Hyacinth venus du Cap puis, à partir du par les croiseurs légers HMS Dartmouth et HMS Weymouth et, enfin, en , par les monitorsHMS Mersey et HMS Severn.
Force terrestre
Deux brigades de la Force publique issues de la province orientale du Congo belge composées, au , de 719 Belges et de 11 698 Congolais qui utiliseront 260 000 porteurs[14] recrutés à la hâte dans l'est de la colonie.
L'armement individuel, insuffisant ou vétuste au début du conflit, est composé par :
sous-officiers : la carabine semi-automatique Mauser 89 (fabriquée sous licence par la FN Herstal) avec magasin à cinq coups pour des munitions de 7,92 mm. Celle-ci est seulement disponible pour les troupes du Katanga.
En 1916, pour réarmer correctement la Force publique du Congo, le ministres des Colonies Jules Renkin achète en France 15 000 fusils gras (simples et robustes), 110 mitrailleuses de type Kolt et Hotchkiss, quatre batteries de canon de montagne de 75 mm Saint-Chamond (facilement transportables et d'une grande précision), quelque mortiers de tranchée Van Deuren, des munitions, des équipements pour les pionniers, pontonniers, des appareils à fil et sans fil pour la section de télégraphistes de campagne, etc. [15].
Force navale
Sur le lac Tanganyika, basés à Albertville, le bateau à vapeurAlexandre Delcommune[16],[12] armé d'un canon automatique de calibre 76 mm et d'une mitrailleuse, la pénicheMosselbak (surnommée aussi la Dix-tonnes)[17] armée d'un canon et d'une mitrailleuse. À partir du s'ajoute la vedette rapideNetta[18] armée de deux canons et de deux mitrailleuses et, à partir du , s'ajoute encore, le caboteur fluvio-maritime Baron Dhanis[19] pour le transport de troupes.
Sur le lac Kivu, à partir du , la canonnière baptisée Paul Renkin[20], en souvenir du fils du ministre des Colonies tombé au champ d'honneur.
Force aérienne
Quatre hydravions Short Type 827, fournis par le Royaume-Uni, basés à M'toa (30 km au nord d'Albertville)[21].
Portugal
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Début du conflit
Le conflit en Afrique de l'Est débute le par une escarmouche entre des militaires britanniques et des postes avancés allemands le long de la rivière Kagera sur la frontière avec le Protectorat britannique d'Ouganda.
Le 6 août, le SMS Königsberg arraisonne et capture le navire de charge britannique SS City of winchester dans le golfe d'Aden.
Le 8 août, les croiseursHMS Astraea et HMS Pegasus bombardent Dar es Salam[Miller 2].
Le 15 août, les troupes allemandes stationnées au nord de leur colonie bombardent et attaquent Uvira, à l'extrême nord du lac Tanganyika, et s'emparent de l'île d'Idjwi sur le lac Kivu. Le 22, le SMS Hedwig von Wissman ouvre le feu sur le port belge d'Albertville et parvient à faire s'échouer l'Alexandre Delcommune.
Toujours au mois d'août, les Allemands lancent des offensives entre le Kilimanjaro et l'océan Indien avec pour but le chemin de fer des Uganda Railway. Ils prennent Kasigau et, le 14, Taveta.
En septembre, les Allemands lancent des raids dans le Protectorat britannique d'Ouganda ainsi qu'en Afrique orientale britannique où leur attaque vers Kisumu est repoussée. Un remorqueur allemand armé d'un canon automatique de calibre 37 mm sillonne le lac Victoria causant des dommages mineurs à des installations côtières, mais avec un effet certain sur l'état-major anglais. Les Britanniques arment alors les quatre transbordeurs des Uganda Railway[22]. Touché par deux tirs, le remorqueur Allemand sera capturé et désarmé pour ne plus servir qu'au transport. Mais, à partir de ce moment, leur suprématie britannique sur le lac Victoria ne sera plus jamais contestée[Miller 3].
Fin septembre, le commandant en chef des troupes britanniques, le major-général Arthur Aitken, envoie au combat trois brigades de l'Armée britannique des Indes. Une brigade, soit 4 000 hommes, tente de prendre le contrôle du terminal ferroviaire nord du chemin de fer de l'Usambara à Moshi tandis que deux brigades, soit 8 000 hommes, tentent, en même temps, de prendre le contrôle du terminal sud à Tanga.
La bataille pour Moshi du 3 novembre(connue sous le nom de « bataille du Kilimanjaro ») n'a, en fait, pas réellement lieu. Les Britanniques, ayant perdu une grande partie de leur équipement en route, choisissent de rompre le combat après quelques escarmouches et rentrent en Afrique orientale britannique.
La bataille de Tanga, du 3 au 5 novembre, est le premier affrontement majeur en Afrique de l'Est. Le débarquement amphibie réalisé par les Britanniques est un désastre. La bataille se conclut par une victoire allemande malgré un rapport de force défavorable. Elle permet aussi aux Allemands de capturer un important stock de munitions ennemies laissées sur les plages et d'équiper ainsi l'armée de von Lettow-Vorbeck pour toute l'année suivante[Keegan 2].
À la suite de ces deux défaites, Aitken est remplacé par le général de brigade Richard Wapshare. Les Britanniques décriront plus tard, dans leur histoire officielle de la guerre, ces deux tentatives comme « les plus remarquables échecs dans l'histoire militaire britannique »[Farwell 3]. Sir Arthur Travers Harris dira que la bataille de Tanga « aura couté 150 000 £, 250 000 morts [sous entendu pour toute la guerre en Afrique de l'Est] et trois ans de guerre »[Crowson 2]
Le , l'Astraea et le Pegasus bombardent Dar es Salam mais le Königsberg a quitté le port depuis le .
Le , à l'aube, le Königsberg attaque par surprise le Pegasus dans le port de Zanzibar alors que ce dernier est en révision pour des problèmes aux chaudières[Farwell 4]. Le navire britannique, dont les tirs ne peuvent atteindre l'Allemand trop loin pour son artillerie, est mis hors de combat en 40 minutes et compte 38 tués et 55 blessés. Il sombre, plus tard dans la journée, sans avoir pu désancrer. L'attaque sur le Pegasus terminée, le Königsberg envoie quelques tirs en direction du bateau auxiliaire HMS Helmuth, l'atteint puis rompt l'engagement.
À la fin du mois d'octobre, le HMS Chatham aperçoit le SMS Königsberg et son ravitailleur en charbon, le SMS Somali, dans le delta du Rufiji. Le , le HMS Dartmouth et le HMS Weymouth arrivent sur les lieux et bloquent le delta.
Incapables de rentrer dans le fleuve, vu leur tirant d'eau trop important, les trois navires britanniques bombardent le site, coulent le vraquier mais ne parviennent pas à atteindre le croiseur qui, entre-temps, s'est abrité plus haut sur le fleuve. Après plusieurs autres tentatives infructueuses de détruire le navire allemand avec leur artillerie de marine, les Britanniques minent les différents bras du Rufiji et tentent, sans plus de succès, d'atteindre le Königsberg au moyen d'hydravions.
Finalement, les Britanniques reçoivent, en , le renfort de deux monitors : les HMS Mersey et HMS Severn qui vont leur permettre de rentrer dans le fleuve avec l'appui aérien de deux Caudrons et de deux Farmans[Miller 1]. La première attaque est un échec. Enfin, le , les canons de 152 mm des deux monitors parviennent à réduire le Königsberg à l'état d'épave.
Son commandant, le capitaine Max Looff, ordonne le sabordage[23], enterre sur le rivage les 33 tués de l’assaut final, démonte les dix canons de 105 mm et les emporte pour renforcer l'armée de von Lettow-Vorbeck[24].
Il aura fallu aux Britanniques un cuirassépré-dreadnought, huit croiseurs légers, deux monitors et quatre hydravions pour venir à bout du seul croiseur léger SMS Königsberg.
Le but est de s'emparer du lac Tanganyika, zone stratégique, pour lancer la conquête de la partie occidentale de la colonie allemande. Le lac est le théâtre de plusieurs affrontements entre la flottille belgo-britannique commandée par le lieutenant commander anglais Geoffrey Spicer-Simson et l'allemande commandée par le gouverneur militaire Gustav Zimmer.
Des actions ont déjà eu lieu avec le bombardement d'Albertville et l'attaque du bateau belge Alexandre Delcommune que son équipage parvient à sauver du naufrage en l'échouant le puis, avec le naufrage, dans les eaux rhodésienne, par les SMS Hedwig von Wissman et SMS Kingani, des SS good News et SS Morning Star le et celui du SS Cecil Rhode le lendemain[25].
Les combats connus sous le nom de « bataille pour le Tanganyika » débutent réellement le lorsque le SMS Kingani est pris en chasse par les croiseurs britanniques HMS Mimi et HMS Toutou et les vedettes belges Netta et Mosselbak. Les deux croiseurs et les vedettes, plus rapides, rattrapent promptement le remorqueur allemand. Après 10 minutes d'échange de tirs, le bouclier de protection du canon du Kingani est détruit et des éclats d'obus ont percé sa coque sous la ligne de flottaison. Le remorqueur baisse pavillon avec son commandant et quatre autres membres de l'équipage tués. Il est remorqué jusqu'à Albertville au Congo belge où il est réparé et remis en service vers la mi-janvier sous le nom de HMS Fifi.
Le , le Mimi et le Fifi interceptent le SMS Hedwig von Wissman. Le deuxième tir du Fifi atteint le Hedwig von Wissman à la coque, provoquant une voie d'eau, et le troisième tir atteint la salle des machines tuant sept marins. Ordre est donné d'abandonner le bateau et de le saborder. Les survivants sont capturés et amenés à Albertville.
Le , le 2e régiment de la « brigade sud » de la Force publique du Congo belge, commandée par le lieutenant-colonel Frédérick Olsen, s'empare de Usumbura.
Le 12, un hydravion Short Type 827 belge repère le SMS Graf von Götzen dans le port de Kigoma et l'attaque. Le bateau est atteint au gaillard d'arrière par une des deux bombes de 65 livres lancées.
Les 17 et , deux autres Short Type 827 belges bombardent Kigoma et détruisent le remorqueur SMS Adjudant en cour d'assemblage ainsi que le dépôt de carburant[21].
Le 27, la « brigade sud » de la Force Publique occupe Kigoma abandonnée par ses défenseurs et, le jour suivant, le terminal des chemins de fer allemands (Tanganjikabahn) sur le lac Tanganyika à Ujiji.
Le , la Netta surprend le Graf von Götzen et le Wami face à l'embouchure de la Malagarasi. La canonnière allemande, qui n'est plus armée que par une mitrailleuse Maxim[26], refuse le combat et tente de s'échapper avant de se saborder à hauteur de la cale de la chaufferie. L'équipage tente de s’enfuir grâce au remorqueur mais celui-ci est coulé par la vedette belge[27].
La « bataille pour le Tanganyika » est ainsi terminée par la victoire de petites unités très mobiles sur des bâtiments plus importants et mieux armés mais évoluant sur un plan d'eau fermé sans échappatoire.
L'arrivée du général Smuts
L'Empire britannique nomme le général Horace Smith-Dorrien pour commander la lutte contre les Allemands, cependant une pneumonie contractée pendant le voyage vers l'Union d'Afrique du Sud l'empêche de prendre ce commandement. Est nommé à sa place, en 1916, le général Jan Smuts de l'Union d'Afrique du Sud, ancien adversaire des Anglais pendant la guerre des Boers. Il vient de mater la rébellion Maritz d'une dizaine de milliers de Boers que les Anglais ont imprudemment réarmés pour les utiliser contre les Allemands, mais qui en ont profité pour se soulever à nouveau contre l'autorité britannique. Smuts est chargé de vaincre von Lettow-Vorbeck. Dans ce but, il se voit confier une grande armée, quelque 13 000 Sud-Africains y compris des Boers, des Britanniques, des Rhodésiens ainsi que 7 000 cipayes de l'armée des Indes et askaris africains. Il y a aussi, mais pas sous le commandement de Smuts, des troupes de la Force publique du Congo belge dont l'état-major conserve son autonomie mais agit en liaison avec l'état-major britannique et d'importantes (mais peu efficaces) troupes portugaises stationnées en Afrique de l'Est portugaise. Un Carrier Corps, composé de 400 000 porteurs africains[14] et placés sous le commandement de Smuts pour transporter les fournitures militaires à l'intérieur des terres par la route et par le train. En dépit de toutes ces troupes de pays différents, il s'agit essentiellement d'une opération de l'Empire britannique sous la supervision de Smuts. Au cours de l'année précédente, les Schutztruppen ont également augmenté, von Lettow-Vorbeck disposant de 3 000 Allemands, 12 000 askaris et 45 000 porteurs.
L'armée de Smuts attaque à partir de plusieurs zones. La principale attaque vient du nord (nord et sud du Kilimandjaro). Elle est doublée par une offensive, au départ de Kisumu, visant à sécuriser le lac Victoria et à établir un centre de ravitaillement des troupes à Mwanza. D'autres formations avancent en provenance du sud-ouest (nord du lac Nyasa). D'autres encore, en provenance de Mombasa, débarquent à trois endroits différents sur la côte de l'océan Indien (Dar es Salam, Kilwa et Lindi).
D'un côté, les Portugais lancent une attaque, le , avec une force composée de 120 officiers et de 4 060 askaris très mal équipés[28]. Ils battent en retraite, le , devant la position fortifiée de Newala pour se retirer définitivement derrière leurs lignes.
D'un autre côté, les forces belgo-britanniques ne parviennent pas à rattraper von Lettow-Vorbeck et elles souffrent de maladies locales au cours de leur progression ; une unité (la 9e d'infanterie sud-africaine) partie avec un effectif de 1 135 hommes en perd 116 entre février et octobre, sans perte au combat[Falls 1]. Cependant, devant la supériorité des forces ennemies, les troupes allemandes se retirent le plus souvent.
Le , les troupes belges capturent Tabora, centre administratif de la partie centrale de l'Afrique orientale allemande. Cette prise « décapite » ainsi le soutien logistique des Allemands en achevant le contrôle total par les troupes de la coalition belgo-britannique de la ligne de chemin de fer allemande reliant Dar es Salaam (sur la côte de l'océan Indien) à Ujiji (au bord du lac Tanganyika). Le nord de la colonie allemande est, dès lors, perdu pour von Lettow-Vorbeck.
Les troupes allemandes sont alors confinées dans la partie sud de l'Afrique orientale allemande. Smuts, par crainte d'une possible prétention des Belges sur la colonie allemande, demande à ceux-ci de rentrer au Congo Belge et de préserver la sécurité au Rwanda et au Burundi. Il commence, également, à retirer ses troupes sud-africaines, rhodésiennes et indiennes, en les remplaçant progressivement par des soldats africains. Au début de 1917, plus de la moitié de l'armée britannique se compose de soldats africains des King's African Rifles, et à la fin de la guerre il n'y aura quasiment plus que des soldats africains. Smuts quitte la zone en pour rejoindre à Londres le Cabinet de guerre impérial laissant le commandement au major-général sud-africain Reginald Hoskins.
L'arrivée du général van Deventer
Malgré des efforts continus pour capturer ou détruire l'armée allemande, les Britanniques échouent à mettre fin à leur résistance. Le général Hoskins prend la relève du commandement, puis un autre Sud-Africain, le général van Deventer, se voit confier le commandement et conçoit un nouveau plan d'action. Pour exécuter celui-ci, il se voit contraint de demander l'aide de la Belgique en confiant une partie d'une nouvelle offensive à la Force publique.
van Deventer lance l'offensive en . Le gros des troupes allemandes de von Lettow-Vorbeck est situé, à ce moment, dans la région des monts Uluguru tandis qu'une unité commandée par le capitaine Naumann se trouve au sud du lac Eyasi et se dirige vers le Kilimandjaro pour viser, vraisemblablement, le terminal ferroviaire de Moshi.
La tactique de van Deventer est de prendre von Lettow-Vorbeck en tenaille par l'ouest et par l'est, tandis que les Belges ont pour mission d'attaquer par le nord, d'une part, et de poursuivre les troupes de Naumann, d'autre part. Les Portugais, quant à eux, sont chargés de barrer une éventuelle retraite vers le Afrique de l'Est portugaise.
Le , la brigade belge de la Force publique commandée par le lieutenant-colonelArmand Huyghé entre en contact avec l'arrière-garde allemande au passage de la rivière Ruaha et finit par atteindre Mahenge (à l'est des monts Mahenge) où von Lettow-Vorbeck a laissé 2 500 hommes pour protéger sa retraite vers le sud[Janssens 2]. Ceux-ci vont livrer aux Belges d'âpres combats durant une bataille d'arrêt de quatre jours jusqu'à ce que Mahenge tombe aux mains des Belges le .
À la fin du siège de Mahenge, le lieutenant-colonel se dérobe juste avant la chute de la place aux mains des Belges et fuit vers le sud et l'Afrique de l'Est portugaise où il a envoyé le maximum de ce qui lui reste de troupes. Sachant pertinemment bien que les troupes portugaises sont moins aguerries et plus mal équipées que les Belgo-britanniques, il compte reprendre des forces en territoire portugais. La retraite s'effectue en deux colonnes qui doivent se rejoindre après le Ruvuma.
La colonne principale, commandée par von Lettow-Vorbeck en personne, réussit à repousser les forces britanniques lors d'une bataille, entre le 15 et le , près de Mahiwa, perdant 519 hommes (tués, blessés ou disparus) tandis que les Britanniques en perdent 2 700[Miller 4].
Néanmoins, les troupes britanniques se rapprochant des Allemands, von Lettow-Vorbeck passe le Ruvuma le non sans avoir permis, préalablement, aux soldats des Schutztruppen qui ne pouvaient plus le suivre, parce que malades ou blessés, de se rendre. Le commandant allemand s'enfonce profondément en territoire portugais, espérant mettre les Anglais provisoirement hors jeu. Il espère aussi gagner des recrues et des fournitures en s'emparant de garnisons portugaises, comme ce sera le cas le , lors de la bataille de Negomano) et le à Namacurra(en) dans le centre de la colonie portugaise.
L'autre colonne allemande, forte de 5 000 hommes et commandée par le capitaine Tafel, laissée en arrière au bord du Ruvuma pour couvrir la fuite de la colonne principale, se rend le 26 novembre aux Britanniques.
En Mozambique, von Lettow-Vorbeck (promu Generalmajor depuis la bataille de Mahiwa) se réorganise, divisant ses troupes en trois colonnes pendant les neuf mois qui suivent. En refusant de reprendre les combats, il évite des pertes mais est incapable de refaire beaucoup ses forces. Mais, durant le mois de , il livre bataille à Namacurra, puis, à la grande surprise des Britanniques, il change complètement de direction et en il remonte vers le nord.
Fin du conflit
En , les troupes allemandes sont arrivées en Rhodésie du Nord et, le , soit deux jours après la signature de l'armistice en Europe, une troupe d'avant-garde allemande prend et brûle la ville de Kasama, évacuée par les Britanniques. Le lendemain, à 7 h 30, près de la rivière Chambeshi, von Lettow-Vorbeck reçoit un télégramme annonçant la signature de l'armistice (à cet endroit se trouve aujourd'hui le mémorial von Lettow-Vorbeck). Il rejoint alors Abercorn, où il rend les armes le avec les restes d'une armée invaincue[29].
« The achievement of Lettow-Vorbeck deserves undying fame. He was cut off from home. He could entertain no hope of a decisive victory. His aim was purely to keep the British on the stretch as much as possible for as long as possible and to make them expend the largest possible resources in men, in shipping and in supplies. By this yardstick he was successful. »
« La réalisation de Lettow-Vorbeck mérite une gloire éternelle. Il était loin de son pays. Il ne pouvait espérer de victoire décisive. Son but était simplement de garder les Britanniques sur le terrain le plus possible pour aussi longtemps que possible et de les faire dépenser le plus grand nombre possible de ressources en hommes, en munitions et en vivres. Dans cette mesure, il a réussi. »
Les estimations récentes comptabilise le nombre de morts durant le conflit africain à environ 100 000.
Dans cette lutte, la maladie a, dans le camp britannique, tué ou rendu inapte 30 hommes pour chaque homme tué au combat[Keegan 3].
La triple-Entente a utilisé 400 000 militaires et 600 000 porteurs, soit 1 000 000 d'hommes pour venir a bout de von Lettow-Vorbeck et de ses 20 000 soldats et marins et de ses 45 000 porteurs.
Au Congo belge, la guerre a aussi laissé des traces, un missionnaire belge resté au Congo décrit alors la société noire comme une société dans laquelle « le père est allé au front, la mère a moulu le grain pour les soldats et les enfants ont apporté la nourriture au front ».
Madame Livingstone, une bande dessinée de Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie, décrit la chasse faite par l'armée belge au Graf von Götzen pendant la Première Guerre mondiale.
Comme neige au soleil, un roman de William Boyd, qui décrit les destins croisés de personnages de chaque camp pendant la campagne d'Afrique de l'Est.
Notes et références
↑von Lettow-Vorbeck rend les armes le 23 novembre 1918 au sud de Kasama mais signe sa reddition le 25 novembre à Abercorn.
↑Les Ruga-Ruga font partie de l'ethnie des Ngoni et vivent principalement en Tanzanie. Ils étaient utilisés comme troupe auxiliaire dans le sens qu'ils n'avaient ni uniforme ni arme à feu. Leur mission principale était la reconnaissance.
↑Le SMS Kingani est capturé le 26 décembre 1914 par le HMS Mimi et le HMS Toutou. Il est ensuite rebaptisé HMS Fifi voguant alors sous le White Ensign.
↑ a et bComposante marine des forces armées belges, fiche technique du Kingani / Fifi [(fr) lire en ligne]
↑Composante marine des forces armées belges, fiche technique du Graf von Götzen [(fr) lire en ligne]
↑Composante marine des forces armées belges, fiche technique du Wami [(fr) lire en ligne]
↑Holmes, Richard. The Oxford Campanion to Military History. Oxford University Press. 2001. (ISBN978-0-19-860696-3)
↑Composante marine des forces armées belges, fiche technique des Mimi et Toutou [(fr) lire en ligne]
↑ a et bComposante marine des forces armées belges, fiche technique de l'Alexandre Delcommune / SS Vengeur [(fr) lire en ligne]
↑Le HMS Fifi est le SMS Kingani capturé le et le Vengeur est l'Alexandre Delcommune qui a été renfloué et réparé.
↑ a et bLe nombre renseigné est le chiffre total de porteurs utilisés pendant la campagne de 1916 et non le nombre de ceux-ci au départ du conflit. Certains porteurs seront, par ailleurs, enrôlés de force sur les lieux de passage des belligérants.
↑Vte Charles Terlinden, « Jules Renkin organisateur de nos victoires en Afrique », Le Vingtième Siècle, , p. 1 (lire en ligne)
↑L'Alexandre Delcommune est coulé le 22 août 1914 dans le port d'Albertville. Il est renfloué et réparé par les Britanniques et reprend du service vers la mi-janvier 1915 sous le nom de SS Vengeur.
↑Composante marine des forces armées belges, fiche technique de la Mosselbak [(fr) lire en ligne]
↑Composante marine des forces armées belges, fiche technique de la Netta [(fr) lire en ligne]
↑Un de ceux-ci sera monté sur le Graf von Götzen (cf. section détaillée « Lac Tanganyika »).
↑The Lowdown Zambia, Zambia's War Wrecks [(en) lire en ligne]
↑von Lettow-Vorbeck, dès le début du mois de , a fait retirer les canons et transporter ceux-ci vers Tabora.
↑marinebelge.be, mission du de la Netta [(fr) lire en ligne]
↑Arqnet.pt, Histoire du Portugal : la guerre au Mozambique
[(pt) lire en ligne]
↑The Northern Rhodesia Journal, vol IV no 5 (1961) pp. 440 à 442, The Evacuation of Kasama in 1918 [(en) lire en ligne (page consultée le 7 mars 2007)].
(en) S. Bourquin, « Heia Safari! », The South African Military History Society, Military History Journal - vol 7 no 1 (Juin 1986) SA (ISSN0026-4016), (consulté le )
Lieutenant général F.P. Emile Janssens, Histoire de la Force publique, Ghesquière & Partners, Bruxelles, 1979