Le nom Parabellum vient du latin « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre). C'était l'indicatif télégraphique de la firme DWM (Deutsch Waffen und Munitionen Fabrik), premier fabricant de ce pistolet, c'est pourquoi il lui fut donné dès les débuts. Plus tard, il fut importé aux États-Unis par la firme Stoeger, qui déposa le nom Luger (elle en fit d'ailleurs fabriquer différentes versions simplifiées en .22 long rifle). Les romans policiers américains puis les films popularisèrent l'appellation de Lüger (généralement écrit sans le tréma) au point que les munitions 7,65 parabellum et 9 parabellum (créées par Lüger) sont appelées .30 luger et 9 luger par les Américains et des fabricants européens souhaitant les importer aux États-Unis. C'est pourquoi la version américaine de Wikipedia en parle en ces termes : The Pistole Parabellum—or Parabellum-Pistole (Pistol Parabellum), commonly known as just Luger (« le pistolet parabellum - écrit en allemand puis en anglais - est couramment appelé simplement Luger ») ; et c'est donc par l'influence américaine que, même en Europe, les pistolets parabellum sont appelés luger parabellum (ou même simplement luger) depuis les années 1950-1960. Les illustrations ci-contre se conforment à cette mode.
Ce pistolet fut initialement chambré en 7,65 mm Parabellum, munition directement dérivée du 7,65 mm Borchardt utilisée par le pistolet Borchardt C-93. À la demande d'abord de clients se déplaçant fréquemment en Afrique et y craignant les animaux de taille moyenne, son chambrage fut ultérieurement modifié (ou plutôt adapté, d'où une forme « bouteille » peu marquée, alors qu'une forme légèrement conique est plus habituelle) afin de permettre l'utilisation d'une balle d'un calibre supérieur, le 9 mm Parabellum, la munition d'arme de poing la plus répandue depuis. Les deux calibres cohabitèrent (l'armée suisse utilisa le Luger 1900/1906 chambré en 7,65 mm Parabellum, plusieurs fois modifié et remplacé en 1949 par le Sig P210).
Le parabellum est d'abord adopté en 1904 par la Kriegsmarine sous l'appellation P04 (comme pour le P08 puis le P38, le K98, le FG42, les MG34 puis 42… les chiffres rappellent l'année d'adoption), avec un canon un peu plus long que le futur P08, et une hausse à deux niveaux, 100 et 200 mètres. Plusieurs pièces ne sont pas interchangeables avec le P08, même le pontet a une forme légèrement différente.
Le modèle standard de l'armée allemande est adopté sous le nom de P08 correspondant au modèle de 1908 chambré en 9 mm Parabellum et doté d'un canon de 10,2 cm (simplifié en 1914 devenant le P08/14). Le modèle produit pour la marine (de 1904 à 1918) a un canon de 15,2 cm, 20,3 cm pour celui destiné aux artilleurs (connu sous les appellations LP08 - lange Pistole 08- ou luger « artillerie »). Les modèles commerciaux présentent des canons s'échelonnant de 9,8 à 35 cm pour une version carabine munie d'une crosse détachable.
Le Luger Parabellum, s'il était une arme confortable, précise (dans la limite de la précision d'une arme dépourvue d'instruments de visée réglables, sauf guidon dérivable) et relativement fiable pour son époque, restait cher à produire et capricieux en comparaison des modèles développés à sa suite, tels le Browning Hi-Power ou le P38.
Si le Luger n'a pas subi de modification majeure durant sa carrière, il n'en va pas de même pour la munition de 9 mm Parabellum développée pour cette arme. L'extension de l'utilisation de cette cartouche pour des pistolets mitrailleurs (comme le MAT 49 en France, le Sten britannique ou le Uzi israélien), aux mécanismes plus lourds, a nécessité un chargement plus musclé de la munition. Dans bien des cas, le chargement des munitions actuelles dépasse les capacités du fragile mécanisme « à genouillère » du Luger.
Le Luger Parabellum est principalement devenu une pièce de collection à partir des années 1950.
↑Le régime nazi aurait également vendu des armes individuelles à l'URSS avant 1941 — Walther PP et Luger P08 — et certaines ont été utilisées pour commettre le Massacre de Katyń en Pologne, ce qui permit de détourner vers les nazis les soupçons de la commission d'enquête de l'époque.
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Luger pistol » (voir la liste des auteurs) recoupé et complété par le livre La Saga du Luger de Michel Malherbe (Crépin-Leblond - 1989)
Bibliographie
La Connaissance du Luger de Gérard Henrotin (Éditions H&L - HLebooks.com - 1996)
Les Pistolets Luger de Michel Malherbe (Crépin-Leblond - 2009)