Bases aériennes de l'Armée de l'air et de l'espace française
Primitivement sous la forme de « champs d'aviation »[1], les bases aériennes françaises existent depuis le début du XXe siècle (la section d'entraînement militaire de la future base aérienne 122 Chartres-Champhol est créée en 1909). Dénommées ainsi depuis la création officielle de l'Armée de l'air en 1934, en expansion jusqu'aux années 1950, elles connaissent depuis une politique drastique de réduction, en nombre comme en moyens[2],[3].
Le réseau national des bases aériennes soit abrite différents types d'avions et d'autres engins aériens (hélicoptères, drones, etc.) en métropole ou dans les territoires d'outre mer, et sont complétées par les porte-avions ou porte-hélicoptères, soit réunit des services spécialisés dans l'usage et dans la gestion de ces moyens.
Elles dérogent à certains aspects de la législation courante (droit de l'environnement, code de l'aviation civile, code de l'urbanisme…) en raison des activités particulières qu'elles accueillent, et répondent alors à leurs règlements intérieurs et aux autorités militaires et/ou maritimes. Les aérodromes militaires peuvent par exemple bénéficier d'adaptations des modalités d’élaboration des plans d’exposition au bruit[4].
Tout comme leur actualité, leur histoire illustre richement celle de la politique militaire et de l'armée française.
Fonction et organisation des bases aériennes de l'Armée de l'air française
La base aérienne est définie comme une formation administrative relevant de l'Armée de l'air, regroupant des unités relevant soit des commandements organiques et opérationnels, soit de l'administration centrale, ainsi que les moyens qui leur sont associés (Instruction 21/DEF/EMAA/MGAA fixant l'organisation des bases aériennes, du 24 août 2015[5], remplaçant l'organisation en place depuis le 12 mai 1998).
La base aérienne est soutenue par une base de Défense depuis la création de ces dernières entre 2009 et 2011. Elle dispose d'une organisation standardisée, comportant, depuis le 1er septembre 2015 :
le commandant de base aérienne, hiérarchiquement subordonné au major général de l'Armée de l'air. En présence d'une plateforme aéronautique, il est directeur d'aérodrome ;
le commandant en second, particulièrement chargé de la sécurité et de la protection de la base aérienne ;
le ou plusieurs commandant(s) d'escadre(s), le cas échéant, qui préparent et conduisent l'action des forces aériennes ;
le chef du groupement d'appui à l'activité ;
le chef du bureau d'appui au commandement ;
le chef du centre d'instruction et d'information de réserve de l'Armée de l'air ;
le conseiller de sécurité nucléaire ;
l'officier de réserve adjoint, conseiller en matière de réserves ;
le(s) commandant(s) d'éléments air rattachés, le cas échéant.
Histoire des bases aériennes de l'Armée de l'air française
L'aviation nait en 1890, mais se développe par étapes. Le 9 octobre 1890 Clément Ader fait voler l'Éole. Le 17 décembre 1903, les frères Wright pilotent leur flyer. L'Armée s'intéresse à ces nouveaux moyens, certains militaires devinant leur potentiel militaire. Il faut trouver des terrains pour les essais. Puis, il convient de fixer des terrains d'aviation à vocation purement militaire, les camps d'aviation, qui deviendront les bases aériennes, en 1933.
La liste exhaustive des terrains, par départements, est présentée sur le document du Service Historique de l'Armée de l'Air[6].
L'histoire des installations immobilières de l'Armée de l'air ne se confond pas avec celle de l'Armée de l'air ni davantage encore, avec celle de ses unités, navigantes ou non.
Premiers terrains d'aviation militaire
Aux temps de l'aviationmilitaire, naissante, celle-ci s'organise et éprouve ses premiers besoins d'infrastructures aériennes, notamment, de piste d'envol, d'équipement de navigation ou d'approche, de bâtiments techniques et des zones-vie nécessaires. La Première Guerre mondiale tranche définitivement la question de l'utilité de l'avion et en révèle pratiquement tous les usages. Les premières bases aériennes se développent et s'étoffent grâce, en premier lieu, au besoin d'écoles d'aviation -ou de pilotage- indispensables pour fournir des pilotes aux appareils produits à une cadence accélérée.
Le 12 octobre 1897, Clément Ader fait voler un avion au camp militaire de Satory, sur la commune de Versailles. Pourtant, tous ses vols sont, encore de nos jours, controversés.
Le 9 juin 1910, un raid aérien militaire part du camp militaire de Châlons-sur-Marne, pour le fort de Vincennes.
La loi du 29 mars 1912 organise l'aviation (l'aéronautique) militaire.
Premières bases aériennes
Les premiers camps d'aviation présentent incontestablement une vocation de formation au pilotage.
Puis, les terrains opérationnels formeront le maillage géographique permettant le déploiement des forces aériennes.
Ainsi, la future base aérienne 122 Chartres-Champhol prend la forme d'un camp d'aviation, dès 1909. Très vite, elle deviendra l'une des plus importantes écoles de formation au pilotage militaire[7].
En 1909 la camps de Châlons avec son école de pilotage Farman, également, la future base aérienne 119 Pau voit l'installation, sur son emprise, de Wilbur Wright et de son appareil[8]. Le ciel y est plus clément que sur le terrain initial, au Mans. L'école d'aviation militaire y sera active en 1912 et cette base aérienne fermera en 1972.
En mai 1910 est fondée la base aérienne d'Ambérieu-en-Bugey[9], qui deviendra, également, une école active de formation au pilotage élémentaire.
En 1911, tout juste avant le protectorat de 1912, des avions militaires français sont positionnés au Maroc (1911-1961).
Le 23 juillet 1912, le capitaineGeorges Bellanger installe hommes et appareils fondant la future base aérienne 702 Avord. Passant le centenaire, encore opérationnelle, celle-ci détient sans doute le record de longévité des bases aériennes françaises.
En 1916, des bases aériennes apparaissent en Tunisie (1916-1963).
En mai 1917, la future base aérienne 125 Istres-Le Tubé vient encore renforcer les écoles de pilotage ; en juillet 1917, la base aérienne de Marrakech est opérationnelle.
En 1919, les infrastructures aériennes militaires maillent l'Algérie. Le 36e régiment d'aviation d'afrique est composé de trois Groupes d'Aviation d'Afrique (GAA). Le 1er GAA (Escadrilles 546 et 547) est basé à Alger (Hussein-Dey, puis Maison-Blanche). Le 2e GAA, depuis Oran-La Sénia, réunit les Escadrilles 543 et 548. Le 3e GAA est basé au terrain d'aviation de Sétif, avec les Escadrilles 544 et 549[12].
En 1920, le mandat donné à la France par la Société des Nations entraîne l'implantation, au « Levant » (Syrie et Liban) de terrains d'aviation (1923-1946).
C'est en 1933 que le réseau des bases aériennes s'étend à Djibouti, puis à Noceto (1935). La première de ces implantations perdure après l'indépendance (1977).
Les bases aériennes de 1934 à 1945
Cette phase historique se caractérise par le déploiement autonome de l'Armée de l'air et de ses bases, en coexistence avec l'aviation civile, puis par la préparation de la Seconde Guerre mondiale.
Le 1er avril 1933 est promulgué le décret de création de l'Armée de l'air. Le maillage territorial devient une priorité. Le décret du 21 octobre 1933 organise l'infrastructure de l'Armée de l'air[14]. Les unités sont jusqu'alors organisées en régiments issus de l'organisation de l'Armée de terre. Ces régiments ont alors la gestion des unités d'aviation comme des infrastructures. Cette organisation n'est pas considéré comme adaptée aux missions confiées à l'Armée de l'air. Le ministre de l'Air, Pierre Cot fait alors expérimenter dans plusieurs régiments une nouvelle organisation où le commandement des éléments mobiles (escadres) est nettement séparé des éléments fixes (bases). Dans chaque régiment deux brigades sont créées : une regroupe les escadres, l'autre la base proprement dite avec un centre d'instruction, un bataillon de dépôt et un parc[15].
L'expérimentation donne de bons résultats et le ministre étend donc cette nouvelle organisation à toute l'Armée de l'air par décret du . Les bases, rattachées à la région aérienne, ont alors la charge de fournir aux escadres : les services généraux, l'instruction, le ravitaillement l'administration et la mobilisation. En ce sens, l'organisation de l'Armée de l’air s'est éloignée du modèle de l'Armée de terre pour se rapprocher de celle de la Marine, les bases sont alors les « ports » de l'aviation militaire[15].
La loi du 2 juillet 1934 en fixe l'organisation et la répartition territoriale[16]. En 1935, neuf bases aériennes sont considérées comme les principales de cette nouvelle arme : celles de Chartres, de Metz, de Nancy, de Le Bourget, de Reims, de Pau, de Tours, de Châteauroux et de Lyon. En 1939, la France compte cinq bases en Indochine (départ en 1956).
En 1934, la France totalise 51 bases aériennes. En 1939, celles-ci sont au nombre de 77, parmi 226 terrains d'aviation, dont 41 sont effectivement ouvertes à l'activité aérienne. En outre, 220 terrains secondaires étaient prêts[1].
La Luftwaffe développe et renforce le réseau des bases aériennes du territoire français, durant l'Occupation.
Cette période est marquée par l'orientation des moyens militaires, en général, vers la gestion de la tension entre le « bloc de l'Ouest », dit libéral, et celui de l'Est, dit communiste. Les infrastructures de l'Armée de l'air s'adaptent aux objectifs qui en découlent. La généralisation des avions à réaction, du moins pour ceux destinés à la chasse, nécessite des surfaces aéroportuaires plus vastes nécessitant d'importants moyens matériels pour la maintenance et la mise en œuvre d'appareils de plus en plus sophistiqués et, surtout, plus éloignées des centres-villes. L'accroissement des coûts d'achat et d'exploitation réduit considérablement le parc d'aéronefs.
L'arrêté ministériel du 7 décembre 1944 fixe les attributions et l'organisation de la direction des installations et travaux de l'air. En 1945, le dispositif d'Afrique-Occidentale française est recentré sur la base aérienne de Dakar, au Sénégal, avec celles d'Atar, de Bamako, de Gao et de Thiès, la plus ancienne.
Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin ouvre un changement géostratégique. Les bases aériennes font l'objet de plusieurs adaptations, réduisant considérablement leur dispositif sur le territoire national, pour l'étoffer hors des frontières françaises, dans des zones de conflits armés actifs. Le repli du territoire national se matérialise par une politique constante de dissolution de bases aériennes. Depuis 2010, le rythme est proche de quatre dissolutions par année[18]. Entre 2008 et 2014, l’armée de l’air a fermé douze bases aériennes[19].
Bases aériennes de l'Armée de l'air actives en métropole (en 2022) Base aérienne Détachement air Italique Formation Base d'aéronautique navale
La réduction de format de l'Armée de l'Air est constante depuis la fin de la Guerre froide. Celle-ci se traduit par l'enchaînement des fermetures de bases aériennes. En continuité, depuis le 1er janvier 2008, l'armée de l'air s'est engagée dans un processus de transformation appelé Air 2010, présenté comme destiné à améliorer ses capacités. En pratique, il conduit à réduire les coûts en réduisant le dimensionnement et la capacité de l'arme aérienne française. Ainsi, ce processus a conduit à la fermeture de nombreuses bases aériennes (tendance constante depuis le milieu des années 1950) et, en particulier, à la fermeture des régions aériennes Nord (RAN) et Sud (RAS) qui avaient été créées le 30 juin 2000 pour assurer le soutien des bases aériennes implantées en métropole.
Base aérienne 110 Creil « Lieutenant-colonel Guy Fanneau de la Horie » : (créée en 1954) n’abrite plus d'activité aérienne depuis le 1er octobre 2016 mais accueille des unités de l'armée de l'air et de l'espace comme l'escadron Esterel ou le centre militaire d'observation satellitaire.
Détachement air 928 Brest-Loperhet, site de surveillance aérienne doté de trois radars, créé en 1968, ancien CDC 08.927, rattaché depuis 1976 à la Base aérienne 705 de Tours[24]
Base aérienne 119 Pau (durant 63 années, de 1909 à 1972 ; toujours utilisée comme base d'hélicoptères par l'ALAT ; ex-base aérienne 136)
Base aérienne 119 Nanterre[29], avec l'établissement central de matériel aéronautique (ECMA, 1956-1964) et une école de mécaniciens d'aviation (EMGA, 1944-1950)[30]
Base aérienne 136 Toul-Rosières « Colonel Phelut » (base OTAN en 1952, dissoute en 1998) (la base aérienne de Pau a également porté un temps ce numéro 136)
Base aérienne 901 Drachenbronn « Commandant Jean-Dieudonné de Laubier » : effectifs réduits de 191 personnes en 2015 puis disparue en 2017, étant automatisée et devenant un Élément Air Rattaché. La maintenance échoit à la base de Nancy. Le C.D.C (Centre de Détection et de Contrôle) 05.542 de Lyon Mont-Verdun et le C.D.C 07.927 de Cinq-Mars-la-Pile se répartissent les missions de surveillance)[34]
↑Arrêté du 18 avril 2013 fixe la liste des aérodromes militaires pour lesquelles les modalités d’élaboration des plans d’exposition au bruit aux aérodromes prévues à l'article R147-1-1…
↑« Retour sur…. Il y a 100 ans, la base aérienne de Dijon accueillait le héros Georges Guynemer », France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (lire en ligne, consulté le )