Historien de l'Antiquité classique (d), archéologue des provinces romaines (d), épigraphiste (d), professeur d'université (d), historien de l'économie (d), historien social (d), historien des religions (d), enseignant du secondaire (d), érudit classique (d), historien et archéologue
Le père d'André Piganiol, originaire du Cantal, était directeur des Docks et Entrepôts du Havre. Sa mère, d'origine parisienne, avait été élevée en Angleterre. Élève au lycée du Havre, puis du lycée Louis-le-Grand à Paris, André Piganiol fut élève de l'École normale supérieure[1], où il suivit les exposés de René Cagnat en épigraphie latine[2]. Il obtint en 1906 l'agrégation d'histoire-géographie. Il fut membre de l'École française de Rome de 1906 à 1909, où il côtoya Jérôme Carcopino[1]. En 1916, il soutint sa thèse de doctorat, Essai sur les origines de Rome. Toutefois, ses premières interprétations, hâtives et trop systématiques, l'amenèrent à attribuer les tombes à fosses découvertes à Rome à des Sabins d'origine nordique pratiquant l'inhumation et les tombes à puits à des Albains méditerranéens adaptes de l'incinération, thèse dualiste qu'il ne reprit pas dans sa Conquête romaine de 1927[3]. Il s’intéressa également au Bas-Empire romain, sa thèse complémentaire de 1916 traita de L'Impôt de capitation sous le Bas Empire[4].
André Piganiol fut d'abord professeur de lycée à Alençon, Saint-Quentin puis Chambéry. Il fut affecté ensuite à l'université de Lille où il suppléa Pierre Jougnet. En 1919, il était nommé chargé de cours à l'université de Strasbourg puis professeur de 1925 à 1928[1]. Il fonda à Strasbourg l'Institut d’histoire ancienne qui prit la suite de l'Institut für Altertumswissenschaft créé en 1872. En 1935, il fut nommé professeur titulaire à la Sorbonne[6]. Il enseigna également dans les universités de Gand et de Bruxelles et dans les écoles normales supérieures de Sèvres, Saint-Cloud, Fontenay-aux-Roses et Paris. En 1942, il devint titulaire de la chaire d'histoire de la civilisation romaine au Collège de France[6], et fut également désigné professeur honoraire à la Faculté des lettres de Paris la même année[7]. Il fut élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1945[8]. Son épouse est décédée en 1983.
Apport à l'histoire de la Rome antique
Inspiré par l’œuvre et la méthode de Fustel de Coulanges, André Piganiol fut également fortement influencé par la sociologie et les revues L'Année sociologique et Les Annales auxquelles il collabora[5]. Dans sa thèse de doctorat, Essai sur les origines de Rome, il utilisa la méthode comparative associant anthropologie, ethnographie, archéologie, mythologie, topographie, histoire du droit… Il y établit une comparaison entre les civilisations grecque, hébraïque, thrace, phrygienne et romaine en s'attachant à poser le problème de la formation de la cité par la fusion d'éléments variés donnant naissance à un peuple.
Il s’intéressa également l'ensemble de la civilisation romaine, des origines au Bas Empire, et posa la question de la disparition de l'Empire romain, réagissant contre l'opinion courante de la fatalité de la fin de Rome en proclamant cette formule fameuse « La civilisation romaine n'est pas morte de sa belle mort, elle a été assassinée »[9]. Il mit en relief les aspects religieux (triomphe du christianisme, religion internationaliste), administratifs (bureaucratie trop lourde et trop coûteuse aux yeux des Romains), militaires (refus du service militaire par les Romains), et surtout économiques (basculement du centre de gravité économique de la Méditerranée vers les vallées du Rhin et du Danube).
Il fut directeur des publications de la Carte archéologique de la Gaule romaine, des Tabula Imperii romani et du Corpus des inscriptions de la Gaule. Il publia de 1937 à 1958 dans la Revue historique des Bulletins critiques d'histoire romaine et à partir de 1929 dans Les Annales[4] des chroniques d'économie antique. Il collabora à de très nombreuses revues parmi lesquelles Revue archéologique, Revue des Études anciennes. Il fut membre du comité de rédaction de la revue Gallia[10] dans laquelle il publia en 1962 Les Documents cadastraux de la colonie romaine d'Orange, point de départ pour les recherches de nombreux chercheurs[11].
Il dirige de 1950 à 1964 la circonscription archéologique de Paris-Nord, couvrant cinq départements et fouilla lui-même à Senlis[10].
Essai sur les origines de Rome, Paris, E. de Boccard éditeur, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome no 110 », , 341 p. (lire en ligne)
Recherches sur les jeux romains : notes d'archéologie et d'histoire religieuse, 1923
La conquête romaine, 1927, revue par son auteur et rééditée en 1930, 1940, 1944 et 1967[15]
↑Christophe Charle, « 86. Piganiol (André, Félix, Guy) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2, , p. 173–174 (lire en ligne, consulté le )
↑Robert Laurent-Vibert et André Piganiol, « Inscriptions inédites de Minturnes », Mélanges de l'école française de Rome, vol. 27, no 1, , p. 495–507 (DOI10.3406/mefr.1907.6962, lire en ligne, consulté le )
↑André Piganiol et Robert Laurent-Vibert, « Recherches archéologiques à Ammaedara (Haïdra) », Mélanges de l'école française de Rome, vol. 32, no 1, , p. 69–229 (DOI10.3406/mefr.1912.7068, lire en ligne, consulté le )