Issu en ligne paternelle de la famille de Rovérié de Cabrières, d'origine languedocienne, et par sa mère de la famille du Vivier de Fay-Solignac, d'origine dauphinoise[2], François-Marie Anatole de Cabrières est élevé au collège de l'Assomption de Nîmes[1]. Il est formé par le Père Emmanuel d'Alzon[3].
Le 29 mars 1880, le cabinet Charles de Freycinet prend deux décrets décidant l'expulsion de la Compagnie de Jésus et mettant en demeure les autres congrégations religieuses masculinesnon autorisées de déposer des demandes d'autorisation légale sous peine de subir le même sort. Les congrégations refusant d'obtempérer, des expulsions — marquées par la résistance passive des religieux et parfois émaillées de violences — se produisent partout en France.
Les évènements de Montpellier vont donner à Cabrières une envergure nationale[6]. En effet, le 13 octobre 1880, sur ordre du préfet de l'Hérault Henri Fresne[7], les forces de l'ordre se présentent au couvent des carmes déchaux de la rue des Augustins. Elles procèdent à la dispersion des militants catholiques qui s’étaient rassemblés pour empêcher l'expulsion. Les carmes s'étant barricadés à l'intérieur, les commissaires doivent faire appel à un serrurier, qui après avoir brisé la serrure, attaque la porte à la hache pendant près de trois quarts d'heure. Une deuxième porte doit être enfoncée. Les commissaires demandent alors aux religieux de quitter mes lieux mais s'attirent la réponse suivante du supérieur : « Jamais ! Je les connais trop, je leur ferai trop de peine si je leur ordonnais de sortir volontairement. Agissez comme bon vous semblera ». Les carmes sont alors évacués de force[8].
Scandalisé par cet évènement, l'évêque de Montpellier se rend le 16 octobre chez le préfet pour lui faire part de son indignation et lui faire savoir que puisque ces violences avaient été commises sur son ordre, il était désormais excommunié. Cet évènement, rapporté par toute la presse, a un grand retentissement. Des journaux anticléricaux répandent rapidement le bruit que, tel un « évêque ressuscité du Moyen Âge », Anatole de Cabrières s'est rendu chez le préfet coiffé d'une mitre et la crosse à la main pour rendre son jugement[7]. Comme le fait remarquer L'Illustration dès le 30 octobre, ce détail est erroné mais la légende persiste et vient accroître la sympathie éprouvé par les catholiques montpelliérains pour leur évêque, véritable symbole de la résistance aux mesures antireligieuses[6].
Soutien aux vignerons
En 1907, lors de la grande manifestation viticole de Montpellier, il fait ouvrir les portes de la cathédrale et celles des églises de la ville pour permettre aux viticulteurs grévistes d’y passer la nuit[1],[3].
Il a reçu la Légion d'honneur[9] au titre du ministère de l’Intérieur (Journal officiel du ), qu'il accepta après l'avoir refusée en 1890[3], des mains du préfet de l'Hérault Henri Lacombe.
Ses armes sont « D'azur au chêne arraché d'or et englanté du même. »[2]
La réalisation du monument est confiée à Jean Magrou, sculpteur biterrois spécialisé dans les œuvres funéraires. Ce dernier choisit d'associer trois types de marbre différents : le blanc de Carrare, le bleu turquin de Caunes-Minervois et le rouge incarnat de Saint-Pons-de-Thomières. Le mausolée est composé de deux parties : un retable-tombeau et, surmontant ce dernier, une statue du défunt. Le cardinal est représenté en orant, c'est-à-dire à genoux devant son prie-dieu, immortalisé dans une posture d'action de grâce et de méditation. Un bas-relief du tombeau, sculpté dans le marbre blanc, relate l'accueil des vignerons de 1907. Les dimensions du mausolée sont les suivantes : deux mètres quarante de haut pour un mètre dix de large et deux mètres quatre-vingt de long[10].
(Listes classée par années croissantes d'éditions)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Travaux universitaires
Jean Secondy, « Une noble amitié, le Cardinal de Cabrières et le Professeur Grasset : Atmosphère amicale entre l’Église et l'Université », Monspeliensis Hippocrates, no 41, , p. 21-29 (ISSN0026-9867).
Henri Vidal, « La légion d'honneur du cardinal de Cabrières », Revue de droit canonique, Strasbourg, vol. 24, , p. 146-153 (ISSN0556-7378).
Marguerite Puget, Vie pittoresque et valeureuse d'un cardinal : Anatole de Cabrières (1830-1921), Suresnes, Éditions Clovis, , br, couv. ill., 102, 22 cm (ISBN978-2-35005-029-4 et 2350050297).
Dictionnaires
« Cabrières », dans Dictionnaire biographique du Gard, Paris, Flammarion, coll. « Dictionnaires biographiques départementaux » (no 45), (BNF35031733), p. 120-122.
« de Cabrières (François, Marie, Anatole) », dans Ivan Gaussen (préf. André Chamson), Poètes et prosateurs du Gard en langue d'oc : depuis les troubadours jusqu'à nos jours, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Amis de la langue d'oc », (BNF33021783), p. 55.
« Cabrières », dans André Bresson, Hommes et femmes de Dieu du diocèse de Nîmes dans l'enfer de la guerre (1914-1918), Brignon, La Fenestrelle, (ISBN979-10-92826-62-3), p. 192.
Nécrologies et commémorations
Augustin Fliche, « Le cardinal de Cabrières : nécrologie », Revue d'histoire de l'Église de France, Paris, Société d'histoire religieuse de France, vol. 8, no 41, , p. 526 (DOI10.3406/rhef, lire en ligne).
Marie-Albert Janvier, Le cardinal de Cabrières : éloge funèbre, Paris, Éditions de la Revue des jeunes, , 31 p..
Gérard Cholvy, « En marge d'un cinquantenaire (1921-1971) : le cardinal de Cabrières », Revue d'histoire de l'Église de France, Paris, Société d'histoire religieuse de France, vol. 58, no 160, , p. 248 (DOI10.3406/rhef, lire en ligne).
Gérard Cholvy et Pr Henri Vidal, Monseigneur de Cabrières et l'Académie française : discours de réception à l'Académie des sciences et lettres de Montpellier, séance du 26 mars 1979, Montpellier, Imp. Déhan, , 51 p., 24 cm (OCLC461697395, BNF34676787, SUDOC000484806).
↑ ab et cHenri Tausin, Armorial des cardinaux, archevêques et évêques contemporains de France : Montpellier (Armoiries Héraldique), Paris, Retaux-Bray (Libraires-éditeurs), , ill., XI-64, 83-224, 19 cm (BNF34209089, présentation en ligne, lire en ligne), p. 135-136 (consulté le 1er décembre 2018)
↑ a et b« Le mausolée de monseigneur de Cabrières », dans Direction régionale des affaires culturelles du Languedoc-Roussillon, Visite libre de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, Montpellier, (lire en ligne)