Alcatel

Alcatel
logo de Alcatel
Logo de 1987 à 2006.

Création 1963 (en tant que filiale de la SACM)
Dates clés 1968 : rachat par la CGE
1982 : nationalisation
1987 : privatisation
Disparition 2006 (fusion avec Lucent Technologies)
Forme juridique Société anonyme à conseil d'administration
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Direction Serge Tchuruk, dernier PDG de 1995 à 2006
Activité Conglomérat (jusqu'en 1995) puis Équipements et ingénierie des télécommunications
Société mère Alcatel NV
Filiales Alcatel Submarine Networks, Alcatel-CIT, Alcatel-Optronics, Alcatel-Cables
Effectif 57 699 (en 2005)
SIREN 303857924Voir et modifier les données sur Wikidata

Chiffre d'affaires en diminution 12,282 milliards d'euros (2006 avant fusion)

Société précédente Compagnie générale d'électricité (CGE), Alcatel-Alsthom
Société suivante Alcatel-Lucent

Alcatel (acronyme d'Alsacienne de constructions atomiques, de télécommunications et d'électronique) était une entreprise française spécialisée dans le secteur des télécommunications. Elle fusionne avec Lucent Technologies au mois de décembre 2006 pour devenir « Alcatel-Lucent ». Alcatel-Lucent est rachetée par Nokia en 2015 et n'a plus d'existence propre en 2016.

À l'origine une petite entreprise basée à Mulhouse et appartenant au groupe SACM (Société alsacienne de constructions mécaniques) qui concevait et fabriquait des équipements de télécommunications, elle fut absorbée en 1968 par la Compagnie industrielle des télécommunications (CIT) menant à la création de CIT-Alcatel, filiale de la Compagnie générale d'électricité (CGE) conglomérat présent dans plusieurs secteurs économique industriels de premiers plans.

Entre 1968 et 1998, aucune entreprise ne portait le nom unique Alcatel, qui était alors associé à CIT. En 1998, pour des raisons d'image, la CGE prend le nom Alcatel (après Alcatel-Alsthom en 1991). CIT-Alcatel devient Alcatel-CIT.

Alcatel-CIT était un des leaders mondiaux dans la fourniture de commutateurs téléphoniques numériques (série E10), de câbles de transmission sous-marins, d'infrastructures mobiles (GSM, GPRS, UMTS), d'applications de réseaux intelligents, d'applications de centre d'appel, d'applications vidéo (fixe et mobile) ainsi que de satellites et de charges embarquées. C'était aussi le leader mondial des marchés des réseaux optiques[1], des équipements d'accès DSL et des routeurs ATM et IP.

Alcatel fournissait aussi des services à ses clients depuis la conception de réseaux jusqu'à l'exploitation de ceux-ci en passant par la fabrication des équipements, le déploiement, l'intégration et l'installation. En 2005, Alcatel était présent dans plus de 130 pays, avec un chiffre d'affaires de 13,1 milliards d'euros.

En 2024, les anciennes entités d'Alcatel, ainsi que la marque (appartenant à Nokia[2]) subsistent de la manière suivante :

Histoire

Schéma des acquisitions et fusions liées à l'histoire d'Alcatel.

Alcatel et CGE, deux entreprises différentes

Compagnie générale d'électricité

Le , la Compagnie générale d'électricité (CGE)[3],[4] est créée par Pierre Azaria et Paul Bizet avec Charles Herbault comme président. Pierre Azaria est alors administrateur délégué et Paul Bizet devient directeur général. L'ambition est de concurrencer des sociétés telles que AEG, Siemens ou General Electric.

En 1913, la Compagnie générale d'entreprises électriques (CGEE) est créée en tant que filiale de la CGE. En 1914, un nouveau siège social de la CGE est inauguré, au 54 rue La Boétie, Paris[5]. En 1925, la CGE absorbe la Compagnie générale des câbles de Lyon (la marque Les Câbles de Lyon étant préservée). En 1930, la CGE prend le contrôle de la Société des accumulateurs fixes et de traction (Saft)[6]. En 1946, la Compagnie industrielle des téléphones (CIT), filiale de la CGE est créée[7].

En 1959, le centre de recherche de Marcoussis commence ses activités[6]. En 1965, CGE acquiert la Téléphonie industrielle et commerciale (Télic)[6]. En 1966, les accords CGE-Hispano-Alsacienne sont signés.

Société alsacienne de constructions mécaniques

En 1872, naît la Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM), par la fusion des Ateliers André Koechlin et Cie et de la Société anonyme de Graffenstaden.

En 1945, un département spécifique « électronique et télécommunications » est créé, remplacé en 1956 par le département ENTE (énergie nucléaire, télécommunications, électronique)[8],[9]. En 1956, est créée à Lille la Société lilloise de mécanique et d'électronique appliquée (Solméa), dont les installations du boulevard de Belfort sont transférées en 1962 à Marcq-en-Barœul, sur le site du Château Rouge[10].

En 1963, sont regroupées sur site du Château Rouge la Société alsacienne d'électronique et de mécanique appliquée (Saéma, filiale de la SACM), le département ENTE[9] et la Solméa pour constituer la Société alsacienne de constructions atomiques et de télécommunications (Alcatel)[8].

Années 1960 : la CGE intègre Alcatel et Alsthom

En 1968, la SACM cède l'ensemble des activités d'Alcatel à la CGE. En 1970, elle est fusionnée avec la CIT (qui prend le nom de CIT-Alcatel) qui intègre l'usine de Marcq-en-Barœul au département « transmissions », avec le développement de l'infrastructure téléphonique en France[8].

En 1969, la CGE devient l'actionnaire majoritaire d'Alsthom, entreprise fabricant des locomotives et des moteurs créée en 1928 par le rapprochement de la Société alsacienne de constructions mécaniques et de la Compagnie française pour l'exploitation des procédés Thomson-Houston. Il s'agit alors de se positionner sur le train à grande vitesse TGV 001 d'Alsthom, qui va sortir en 1972. En 1970, Ambroise Roux, vice-président du CNPF depuis janvier 1966[11], devient président de la CGE. L'année de sa nomination, en 1970, la CIT et Alcatel fusionnent, et le premier autocommutateur temporel est mis en service à Lannion (Côtes-d'Armor), le Platon[12]. Il sera suivi en 1972 des commutateurs numériques.

En 1971, la CGE prend le contrôle de la Société générale d'entreprises (génie civil, bâtiment, travaux industriels, service électrique), aujourd'hui Vinci. La CGEE est rebaptisée CGEE-Alsthom. En 1972, le train à grande vitesse TGV 001 (Alsthom), sorti en 1972, atteint 318 km/h. En 1974, la CGE créée deux filiales, Electrobail, spécialisée dans les opérations de crédit-bail, et la Slet, Société de location d'équipements téléphoniques privés[13].

En 1976, Alsthom absorbe les Chantiers de l'Atlantique, qui devient Alsthom-Atlantique. Alsthom-Atlantique étant contrôlé en totalité par la CGE. La Générale de services téléphoniques (GST) est créée, à la suite de la prise de contrôle de trois sociétés d'installation téléphonique[13]. C'est aussi l'époque du début des surfacturations aux PTT puis à France Télécom. En 1978, sa filiale GST fait des acquisitions[13]. En 1979, la société Téléphonie industrielle et commerciale est créée, elle est chargée de commercialiser les produits de Telic et de CIT Alcatel[13]. En 1979, CGE prend une participation de 34 % au capital de Locatel, qui fournit au groupe CGE un réseau de 1 000 points de vente[13].

En 1981, le TGV bat le record du monde de vitesse sur rail avec 380 km/h (rame no 16). En 1990, la rame no 325 portera ce record à 515 km/h. En 1982, CGE est nationalisée ; Ambroise Roux démissionne mais restera président d'honneur de la CGE jusqu'à son décès, en 1999. Jean-Pierre Brunet devient président de la CGE, qui prend le contrôle de la Sesa (SSII). Alcatel compte alors 210 000 salariés.

En 1983, les activités de télécommunications publiques et de communication d'entreprise de Thomson-CSF sont regroupées au sein d'une société de portefeuille Thomson Télécommunications. En 1983, dans le cadre des accords CGE-Thomson, les sociétés Thomson Jeumont Câbles et Kabeltel sont acquises par les Câbles de Lyon. En 1983, La Transac est cédée à Bull, alors que ses effectifs dépassent 1 100 personnes[14]. En 1984, Georges Pébereau devient président de la CGE[15].

Années 1980 : privatisation de la CGE

En 1985, Alsthom-Atlantique prend la dénomination Alsthom. La même année, CIT-Alcatel et Thomson Télécommunications fusionnent ; la nouvelle société est dans un premier temps appelée Alcatel-Thomson puis prend le nom d'Alcatel (25 milliards de francs de chiffre d'affaires et environ 45 000 salariés) sous la houlette de la Compagnie générale d'électricité (CGE)[16].

En 1985, CGE annonce 4 500 suppressions d'emplois, dont des licenciements « secs », ce qui est inédit pour un groupe nationalisé placé sur un « secteur d'avenir ». En 1986, Pierre Suard accède à la présidence du groupe. CGE entre à hauteur de 40 % dans le capital de Framatome. Les Câbles de Lyon deviennent une filiale d'Alcatel.

En 1987, la CGE est privatisée. La Générale Occidentale de Jimmy Goldsmith est acquise[17], détenant notamment L'Express. Alsthom participe à l'équipement du réseau TGV Atlantique et prend la tête du consortium d'entreprises françaises, belges et anglaises chargées du réseau nord du TGV. La SSII Sesa est vendue au groupe Cap Gemini Sogeti.

En 1988, Alcatel NV, une société de droit néerlandais, est créée[18] à la suite de l'accord conclu avec ITT Corporation qui cède ses activités télécommunications à la CGE (filiale allemande : SEL (Standard Elektrik Lorenz), filiale belge : Bell, filiale espagnole : Sesa). La société choisit l'anglais comme langue de travail internationale. Alcatel NV est numéro 2 mondial des équipementiers télécoms[6].

En 1989, Alsthom fusionne avec la branche GEC Power Systems du groupe britannique General Electric Company, la nouvelle entité, GEC Alsthom, est une coentreprise franco-britannique, filiale commune de GEC et de la CGE. CGEE-Alsthom prend le nom de Cegelec.

En 1990, un accord entre CGE et Fiat Group est signé, Alcatel prend le contrôle de Telettra, filiale de Fiat, spécialisée dans les systèmes de transmission, et Fiat devient majoritaire dans la CEAC (Compagnie Européenne d'Accumulateurs). Les Câbles de Lyon acquièrent les Câbleries de Dour (Belgique) et des activités câbles d'Ericsson aux États-Unis. Un accord sur la composition du capital de Framatome est signé, la CGE en détenant 44,12 %.

Années 1990 : la CGE devient Alcatel-Alsthom puis Alcatel

En 1991, la Compagnie générale d'électricité (CGE) prend la dénomination Alcatel-Alsthom[19].

Alcatel-Alsthom achète la division systèmes de transmission du groupe américain Rockwell Technologies. Câbles de Lyon devient Alcatel Câble et rachète AEG Kabel à l'Allemand AEG. En 1992, Alcatel-Alsthom détient 42% de Framatome constructeur d'une grande partie du parc nucléaire français, le CEA est à 36%, les deux autres actionnaires étant EDF et le Crédit lyonnais[20].

En 1993, Alcatel-Alsthom acquiert STC Submarine Systems, une division de Northern Telecom Europe (qui deviendra Nortel). Alcatel Câble devient leader mondial du câble détenant environ 40 % du marché mondial des câbles sous-marins de télécommunication à fibres optiques. La capacité de production atteindra 30 000 km de câble optique par an[21]. Le milieu des années 1990 est marqué par l'Affaire des surfacturations à France Télécom qui coûte son poste au PDG Pierre Suard.

En 1995, Serge Tchuruk devient Président-directeur général d'Alcatel-Alsthom[22]. Après un audit, Serge Tchuruk annonce les premières pertes de l'histoire d'Alcatel-Alsthom : 1,2 milliard de francs au premier semestre 1995, 12 milliards de francs de provisions pour charges de restructurations et la même somme pour des dépréciations d'actifs. Au final, le groupe finit l'année avec un déficit de 25,6 milliards de francs[23].

Pour se dégager de l'image de conglomérat peu appréciée des milieux financiers, Alcatel-Alsthom vend L'Express à la Compagnie européenne de publications et cède pour 2 milliards d'euros d'activités[23].

Le groupe est réorganisé en deux entités distinctes[24] :

  • la société d'équipements de télécommunications terrestres et spatiales Alcatel ;
  • le groupe Alstom, ce dernier redevenant rapidement indépendant et coté lui-même en bourse.

Un cycle d'investissements massifs commence dans les réseaux des opérateurs, ce qui fait le bonheur des équipementiers (Bulle Internet 1995-2000). La croissance rapide de l’Internet fait qu'une part non négligeable des achats des opérateurs se font dans l'optique et l'IP, les grandes multinationales des télécoms se livrent une guerre sans merci à coups de milliards de dollars pour prendre le contrôle de jeunes sociétés ayant les savoir-faire technologiques requis. Elles achètent souvent trop cher et, parfois, sans réelle stratégie, simplement pour imiter les concurrents. Le prix des acquisitions flambe.

1998 : Alcatel-Alsthom devient Alcatel et indépendance d'Alstom

En 1998, Alcatel-Alsthom décide avec GEC de vendre en bourse la majorité (52 %) du capital de GEC-Alsthom, chacun en conservant 24 %. Celle-ci, ainsi indépendante, décide de prendre le nom d'Alstom, sans « h ». Alcatel-Alsthom, quant à elle, reprend le nom Alcatel. Elle ne compte plus alors que 75 000 salariés.

Serge Tchuruk entreprend de réorganiser la société pour la recentrer sur les télécommunications[23].

En 1998, Alcatel acquiert la société DSC pour 26 milliards de francs[25], fortement implantée auprès des opérateurs américains, les sociétés américaines Packet Engines pour 315 millions de dollars[26], Xylan pour 2 milliards de dollars. La même année, Alcatel acquiert Assured Access pour 350 millions de dollars et Internet Devices, spécialisées dans les réseaux et solutions pour l'Internet[27].

Le 17 septembre 1998, à la suite d'un avertissement sur ses résultats, Alcatel subit une chute de 38 % de sa cotation journalière au CAC 40. Sur le mois de septembre 1998, l'action perd 55 % de sa valeur (Alcatel porté ensuite par la bulle Internet effacera cette chute en quelques mois)[23],[28].

En mars 1999, l'entreprise annonce 12 000 suppressions d'emplois en deux ans, qui s'ajoutent aux 30 000 postes supprimés depuis 1995[23].

La filiale d'électricité Cegelec est revendue à Alstom pour plus de 500 millions d'euros[29].

En juillet 1999, Alcatel cède le contrôle de Framatome à la Cogema qui en devient l'actionnaire industriel de référence[30].

Alcatel porte sa participation dans Thomson CSF à 25,3 % et réduit sa participation dans Framatome à 8,6 %.

2000 : Éclatement de la bulle internet

De juin 1998 à février 2000, Alcatel dépense plus de 14 milliards d'euros, devenant le principal investisseur européen dans les hautes technologies américaines[31],[23].

En 2000, Alcatel acquiert la société canadienne Newbridge, un des derniers grands indépendants du secteur, leader mondial des réseaux en technologie ATM pour 7 milliards de dollars[32].

En 2000, avec une part de marché de 56 %, Alcatel est le numéro un mondial dans la technologie d'accès réseau large bande ADSL, permettant la navigation internet à partir de la ligne téléphonique des abonnés des opérateurs historiques en premier lieu[31]. Il vend l'activité modem DSL grand public à Thomson Multimedia, actuelle Vantiva, anciennement Technicolor.

Alcatel acquiert la société américaine Genesyslab, leader mondial des centres de contact, et la société canadienne Innovative Fibers, leader mondial des filtres optiques en DWDM.

En 2000, la bulle Internet éclate, les équipementiers telecom sont surendettés par rapport à la capitalisation boursière en forte baisse sur les années 2000-2002. Dans le même temps, les chiffres d'affaires des équipementiers plongent, celui d'Alcatel de plus de 40 %. Comme les autres équipementiers, Alcatel est fragilisé, par la politique de crédit fournisseur aux opérateurs bousculés par la crise (2,5 milliards de dollars de risque). L'engagement peut être encore plus important par exemple pour 360networks dont Alcatel est à la fois le fournisseur et l’actionnaire à hauteur de 700 millions de dollars. 360networks fait faillite en juillet 2001[33].

À la suite de l'éclatement de la bulle Internet, Alcatel est contrainte de passer des provisions et des dépréciations d'actifs de plus de 3 milliards d'euros [34].(19,68 milliards de francs) en 2001 (stock et composants accumulés, dépréciation de la valeur de la participation dans l'opérateur canadien 360networks, survaleur des acquisitions de Xylan et de Packet Engines).

Au 31 décembre 2000, Alcatel emploie 131 598 salariés dans le monde, répartis principalement en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Environ 29 % de ses salariés se trouvent en France, soit 38 300 personnes, dans plus de 20 établissements différents, 13 % en Allemagne, soit 17 000 salariés, et 28 % dans le reste de l'Europe[35].

2001 : indépendance de sa filiale Alcatel Câbles, qui devient Nexans

Serge Tchuruk annonce qu'il souhaite faire d'Alcatel "une entreprise sans usines". Le géant français des télécommunications se donne dix-huit mois pour passer de 120 usines à 12[35],[36].

En 2001, Alcatel introduit en bourse Alcatel Câbles, sa filiale « câbles de cuivre et composants » qui deviendra Nexans (Alcatel conserve 20 % du capital). Alcatel maintient dans son giron l'activité « câbles de télécommunications sous-marins » : Alcatel Submarine Networks[37]

En 2001, Alcatel cède de sa participation de 24 % dans Alstom[38]. Le groupe acquiert 48,83 % d'Alcatel Space détenus par Thales portant ainsi la participation d'Alcatel à 100 %. Sa participation dans Thales est réduite à 20 %, via une cession de 4,2 % de sa participation dans Thales. Alcatel cède sa participation de 2,2 % dans Areva (ex-Framatome).

En 2002, Alcatel finalise l'acquisition d'Astral Point Communications, société américaine spécialisée dans les systèmes métropolitains optiques SONET de prochaine génération. Il cède ses activités microélectroniques à STMicroelectronics. Il sort du capital de Thomson (ex TMM). À la suite de la stratégie « fabless » du Président en pleine bulle Internet, l'usine de Brest est vendue à Jabil Circuits après un audit économique et social mené par Cluny Finance (« due diligences »). Alcatel prend le contrôle de 50 % d'Alcatel Shanghai Bell, finalise l'acquisition de Telera, cède 10,3 millions de titres Thales, ramenant ainsi la participation d'Alcatel de 15,83 % à 9,7 %, et cède de 1,5 million de titres Nexans, ramenant la participation d'Alcatel de 20 % à 15 %.

À la bourse de Paris, le CAC 40 perd 60 %, entre son pic du 4 septembre 2000 et le 1er octobre 2002. Il cède 18 % sur le seul mois de juillet. Les trois sociétés les plus touchées sont les trois plus endettées : France Télécom, Vivendi et Alcatel perdent chacune plus de 90 % en 2002.

En 2003, Alcatel, vend 50 % de sa participation dans Atlinks, un fabricant de téléphones résidentiels, à Thomson. Alcatel acquiert iMagicTV, fournisseur canadien d'applications et de services qui permettent au fournisseur de service de créer, de distribuer et de gérer la télévision numérique et les services média sur les réseaux haut débit. Il acquiert également TiMetra société privée basée dans la Silicon Valley, qui produit des routeurs. Il vend sa division composants optiques (Optronics SA) à Avanex, entreprise californienne, la division Saft Batteries à Doughty Hanson. Alcatel et Draka créent le leader mondial du câble optique.

Entre 2000 et 2003, pour Alcatel les coûts sont réduits de 40 % et les effectifs sont divisés par deux[23].

Alcatel reste le numéro un mondial pour le déploiement de câble sous-marins de télécommunications par sa filiale Alcatel Submarine Networks qui possède ces propres navires cabliers.

2004 : co-entreprise avec TCL dans la téléphonie mobile

En 2004, Alcatel vend Saft, une division du groupe spécialisée dans les batteries à Doughty Hanson. Alcatel et TCL Communication Technology Holdings Limited forment une coentreprise de téléphonie mobile. Cette nouvelle société est détenue à 55 % par TCL et 45 % par Alcatel.

Alcatel et Draka ont combiné leur activité de fibres optiques et de câbles de communications. Draka détient 50,1 % et Alcatel 49,9 % de cette nouvelle société, Draka Comteq B.V. Alcatel a acquis la société américaine eDial, un leader dans la fourniture de services de conférence et de collaboration pour les sociétés et les compagnies de téléphonie. Alcatel a vendu 7,1 millions d'actions d'Avanex, ramenant sa participation sous 20 %. Alcatel a finalisé l'acquisition de la société américaine Spatial Communications (connu sous le nom de Spatial Wireless), un leader dans la fourniture des logiciels et des solutions de switchs mobiles multi-standard. En novembre, Alcatel rachète la société française Right Vision basée à Sophia Antipolis, leader dans le domaine des Internet Appliances. Le but de cette acquisition est la fourniture de solutions de convergence voix/données.

À la suite de son recentrage sur les télécommunications et du choix stratégique d'être une entreprise sans usine, l’Alcatel-Alsthom de 1995, pesant 25 milliards d’euros et regroupant 192 000 employés, est devenu Alcatel avec un chiffre d’affaires 2004 à peine supérieur à 12 milliards d’euros et 56 000 employés[36].

2005 : Alcatel Space devient Alcatel Alenia Space

En 2005, les entreprises chargées du déploiement du système de localisation par satellite Galileo sont désignées le  : Alcatel, EADS, Finmeccanica et Thales. Alcatel et Finmeccanica créent le leader européen des satellites, et le 3e groupe mondial : Alcatel Alenia Space.

Le désengagement total d'Alcatel du capital de Nexans est effectif en 2005[37].

Le bilan du recentrage du groupe, durant la décennie 1995-2005, vers les télécommunications, est défavorable sur les plans industriels, valeurs, sociaux[39],[23].

2006 : rachat de l'Américain Lucent Technologies et fusion

En , Alcatel et l'Américain Lucent Technologies annoncent leur fusion, donnant naissance à un des leaders mondiaux des infrastructures de télécommunications.

Au même moment, Thales acquiert l’activité spatiale et satellites d’Alcatel, contre une montée d’Alcatel à 21,6 % dans son capital, Thales récupère la participation des 2/3 d’Alcatel dans Alcatel Alenia Space et celle du 1/3 d’Alcatel dans Telespazio. Les parts complémentaires restent détenues par Finmeccanica.

Serge Tchuruk a fait le choix, partant d'un groupe diversifié, de miser sur les équipements télécoms, de mettre en œuvre l’idée qu’un groupe comme Alcatel devait se concentrer sur la recherche et le développement, et abandonner la production aux marges plus faibles aux industriels des pays émergents au risque, d'affaiblir l'entreprise, en perdant son savoir-faire, de rater les virages technologiques et finir par détruire des postes dans la recherche et développement[40].

Le , l'achat de Lucent Technologies par Alcatel devient effectif[41], sous le nom Alcatel-Lucent. Patricia Russo devient directrice générale du groupe, Serge Tchuruk devient président du conseil d'administration - président non exécutif[42],[43].

Le groupe n'emploie plus que 28 % de ses effectifs en France et n'y réalise que 12 % de son chiffre d'affaires[23].

Organisation et Direction

Filiales

Avant sa fusion avec Lucent en 2006, Alcatel possédait plusieurs filiales :

Présidents-directeurs généraux

Informations financières

Données financières

Données financières (en millions d'euros)
Années 2002 2003 2004 2005 2006
Fusion Lucent
Chiffre d'affaires 16 550 12 513 12 265 13 135 12 282
Résultat d'exploitation NC 332 978 1 189 (146)
Résultat net part du groupe (NC) (1944) 281 930 (61)
Capitaux propres 5 000 3 365 3 150 eNC 15 467
Dettes financières -350 NC -750 eNC (5048)
EBITDA 283 937 1421 1770 NC

Indices Développement durable

Alcatel était coté dans quatre indices développement durable majeurs : Dow Jones Sustainability World (depuis septembre 2005), FTSE4Good (depuis 2002), ASPI Eurozone (depuis septembre 2005) et Ethibel (depuis janvier 2005). Le groupe a été évalué par ces indices en termes de gouvernance d'entreprise, de politique de ressources humaines, de responsabilité sociale dans la chaîne d'approvisionnement, de gestion de l'environnement, de réduction de la fracture numérique, de dialogue avec les parties prenantes et de citoyenneté d'entreprise. L'entrée dans ces indices est la reconnaissance de l'engagement de l'entreprise pour concilier développement économique et responsabilités sociales et environnementales et mettre en œuvre des plans d'action efficaces en accord avec les principes du Pacte Mondial des Nations unies.

Données boursières

  • Actions cotées à la bourse de Paris
  • Membre de l'indice CAC 40
  • Poids dans l'indice CAC 40
  • Code Valeur ISIN = FR0000130007 (Note : ce code est conservé par Alcatel-Lucent)
  • Valeur nominale = euro
Données boursières au 1er janvier
Années 2004 2005
Nombre d'actions cotées en millions 1 284,32 1 304,51
Capitalisation boursière en millions d'euros 13 380 14 898
Nombre de transactions quotidiennes (moyenne) 3 300 000 2 600 000

Alcatel disposait dans ses statuts d'un système de limitation des droits de vote. Selon celui-ci, « un actionnaire ne pourra exprimer en assemblée générale plus de 8 % des voix attachées aux actions présentes ou représentées lors du vote de toute résolution », voire 16 % s'il dispose de droits de vote doubles.

Actionnaires

Actionnaires principaux

Notes et références

  1. Alcatel conserve la tête du marché des réseaux optiques - Ariane Beky, Clubic, 12 septembre 2006.
  2. « INPI – Service de recherche marques », sur bases-marques.inpi.fr (consulté le ).
  3. Félix Torres, Jacques Marseille, Albert Broder, Alcatel-Alsthom. Histoire de la Compagnie Générale d’Électricité, Paris Larousse, 1992.
  4. Raphael Favier, « Grandeur et décadence du capitalisme français : la Compagnie Générale d’Électricité », sur gaucherepublicaine.org/respublica,
  5. Pascal Thiébaut, « Du moteur à l’usine, ou petite histoire d’une grande entreprise nancéenne : la Compagnie Générale Électrique », sur journals.openedition.org, In Situ Revue des Patrimoines, .
  6. a b c et d « Un siècle de saga industrielle », sur LesEchos.fr, ,
  7. (en) Anton A. Huurdeman, The Worldwide History of Telecommunications, John Wiley & Sons, (ISBN 9780471205050, lire en ligne).
  8. a b et c « Archives nationales du monde du travail », , Archives nationales.
  9. a et b « Archives nationales du monde du travail », , Archives nationales.
  10. Site de l'usine Château Rouge.
  11. « M. Ambroise ROUX nommé vice-président du C.N.P.F. », sur LeMonde.fr,
  12. Platon = Prototype lannionais d'autocommutateur temporel à organisation numérique.
  13. a b c d et e Jean Le Nay et Jocelyne Barreau, « Les restructurations des groupes français de l'électronique - 1974-1981 », Revue d'économie industrielle, 1982 [lire en ligne].
  14. André Michaud, « Contribution à l´histoire de la Société TRANSAC — 1970-1982 », Actes du Septième Colloque sur l'Histoire de l'Informatique et des Transmissions, p. 24 [lire en ligne] [PDF].
  15. « Georges Pébereau », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Eric Le Boucher, « La CGE et Thomson accélèrent la fusion de leurs activités de télécommunications », Le Monde, (consulté le ).
  17. Jimmy Goldsmith vend la majorité de ses actions de la générale occidentale, incluant sa part dans le magazine L'Express, à la CGE - Journal de 20 h d'Antenne 2 du , Ina [vidéo].
  18. « La naissance d'Alcatel NV », sur pierre-suard.com.
  19. « Vers Alcatel Alsthom », sur pierre-suard.com.
  20. « L'intouchable coffre-fort de Framatome », Les Échos, (consulté le ).
  21. Michel Alberganti, « Alcatel Câble devient leader mondial du câble sous-marin », sur Les Échos, (consulté le ).
  22. « Serge Tchuruk, futur patron d'Alcatel Alsthom », sur lesechos.fr (consulté le )
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Voir aussi

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Bibliographie

  • Jacques Marseille, Albert Broder, Félix Torres, Alcatel-Alsthom – Histoire de la Compagnie Générale d’Électricité, Paris, éd. Larousse, , 479 p. (ISBN 9782035232304).

Articles connexes

Arts et littérature

La CGE et son histoire sont au centre de Comédies Françaises, un roman d’Eric Reinhardt publié en 2020. Le roman est consacré au lobbying et décrit comment Ambroise Roux, patron de la CGE, a obtenu du président Valéry Giscard d'Estaing en 1974-1975, au début des surfacturations aux PTT, l'abandon du plan Calcul, d'Unidata, de la Délégation Générale à l'Informatique, et du Réseau Cyclades.