Réceptionnées par la SNCF en 1946-1947, ces locomotives américaines construites par Baldwin sur l'architecture du road switcher assurent principalement des services de manœuvre dans une grande partie de la France, jusqu'à la radiation complète de la série en 1993. En 2024, quatre unités sont préservées par des associations de sauvegarde du patrimoine ferroviaire français.
Origine
À la libération, pour compenser les pertes de guerre, la SNCF reçoit les célèbres locomotives à vapeur 141 R, mais aussi une série de locomotives diesel.
Suivant le même principe que pour les 141 R, ces locomotives étaient l'adaptation aux standards européens d'une locomotive diesel déjà existante sur les chemins de fer américains, le Baldwin VO-1000(en) construit de 1939 à 1946, mais qui était de type BB et dont la charge par essieu dépassait les 25 tonnes chacun.
Afin de rendre cette charge par essieu acceptable pour les voies plus faiblement armées comme en France, Baldwin équipa ce modèle de bogies à trois essieux, ramenant le poids à 18,2 tonnes par essieu.
Baldwin était en mesure de proposer un modèle 8 cylindres de 1000HP ou un modèle 6 cylindres de 660HP. La SNCF jeta son dévolu sur la version de 660HP. À noter qu`aux États-Unis la puissance nominale est la puissance du moteur diesel disponible pour la traction i.e. après déduction de la puissance prélevée par les auxiliaires (génératrice auxiliaire, excitatrice, compresseur, ventilateur, etc.). Ainsi la puissance du moteur est de 750HP soit 760ch
Première grande série équipée du moteur série 600, elle fut commandée par la SNCF pour assurer un service à la fois de ligne et de manœuvre. Baldwin la dénomma DRS-6-4-660 (DRS signifiant « Diesel road switcher »).
Plus tard, Baldwin exécuta d`autres modèles de locomotives, similaires dans leur disposition d`essieux et elles aussi destinées au service mixte mais à plus grande puissance, les DRS-6-4-1500, produits pour le marché domestique et l'exportation jusqu'en 1952.
Description
Immatriculées 040 DA 1 à 100, elles furent réimmatriculées le , dans la série A1AA1A 62001 à 62100.
Ces machines sont couplables entre elles. La transmission comprend un moteur diesel Baldwin accouplé à une génératrice Westinghouse alimentant quatre moteurs électriques de traction à suspension par le nez.
Ces locomotives furent équipées d'un châssis et de bogies monobloc en acier moulé à traverse centrale, leur offrant une grande résistance aux chocs et les rendant bien adaptées au service de manœuvre mais... en Amérique et pas en Europe. En effet, leur châssis poutre est conçu pour un attelage automatique central capable, lui, à la fois d`efforts de traction et de pousse car il n`y a pas de tampons aux Etats-Unis. Cette conception est cependant inadaptée pour le marché européen où l`effort de pousse est supporté par ces tampons, composants pour lesquels le châssis n`a pas été prévu.
La terminologie A1A-A1A leur a valu le sobriquet de Yaya, comme les A1AA1A 68000 et A1AA1A 68500.
Services et dépôts titulaires
Dès leur livraison, les 040 DA sont affectées sur toutes les régions de la SNCF à l'exception du Sud-Ouest[1] :
Région Est : Île-Napoléon (Mulhouse), Mohon, Strasbourg, Hausbergen, Conflans-Jarny, Metz-Frescaty, Longwy, Blainville, Nancy, Châlons-sur-Marne, Thionville, Metz-Sablon.
Région Nord : La Chapelle, La Plaine, Dunkerque, Valenciennes, Lens.
Région Ouest : Rouen-Orléans, Trappes, Achères, Nantes-Blottereau, Le Mans, Rennes.
Région Méditerranée : Marseille-Arenc, Marseille-Saint-Charles, Miramas, Nîmes, Béziers, Narbonne, Nice.
Bien que ces machines soient initialement destinées à la manœuvre, des 040 DA de la SNCF assurent également la traction de trains de marchandises, notamment sur les régions Sud-Est et Méditerranée, ainsi que des trains de desserte sur la région Nord au départ de Dunkerque, Somain, Lens, et Douai-triage[1].
À partir de 1957 ces locomotives sont regroupées sur les régions Est et Nord. Les dernières prestations des engins de Lens sont affectées à la traction des trains de travaux sur le chantier de la ligne nouvelle du TGV Nord.
A1A-A1A 62094 : (Centre de la Mine et du Chemin de Fer). Préservée en bon état par le CMCF à Oignies[5].
Autres réseaux
En 1947, des locomotives similaires mais d'une puissance de 1500 CV (version DRS-6-4-1500)[6], furent livrées en Afrique du Nord[7] aux chemins de fer algériens (40 exemplaires dont 25 équipés d’une chaudière pour le service des voyageurs), marocains (18 exemplaires), tunisiens (4 exemplaires) ainsi qu’au Chemin de fer Méditerranée-Niger[8] (6 exemplaires) pour y assurer un service de ligne. Ces réseaux étaient encore à cette époque sous tutelle française.
Quatre exemplaires issus d'un modèle à la puissance portée à 1600 CV (version Baldwin AS-416)[9] ont été livrés en Algérie qui ont également reçu vingt machines de 1000 CV[10].
En 1948 les chemins de fer du Maroc reçurent également six locomotives de 660 CV identiques à celles de la SNCF, où elles furent immatriculées 040 DB 401 à 406[8].
à l'échelle 1:43,5 (échelle O) par les firmes artisanales RMCF, Télétrain, HAXO-Modèles et AMJL.
à l'échelle 1:87 (échelle HO) par les firmes artisanales Au Pullman, RMCF, Carpena et Goupille, Télétrains, AMJL, et DJH Model Loco11, plus récemment par la firme espagnole Mabar (). Mehano a également produit ce modèle.
à l'échelle 1:8 pour de la voie de 7"1/4 (écartement 184 mm) par MTP (Marc Trocmé Production).
à l'échelle 1:8 pour de la voie de 7"1/4 (écartement 184 mm)
à l échelle 1/48 par mth sous l'appellation baldwin as616[pas clair]
Galerie
La 62033 à Bobigny le .
La 62030 à Bobigny le .
La 62026 à Bobigny le .
Un des bogies en acier moulé de la 62026 à Bobigny.
Livre : Jacques Defrance, "Le matériel moteur de la SNCF", Éditions N.M. à Paris, paru en 1969 et réédition 1978.
Olivier Constant, « A1A A1A 62000 : les increvables de la manœuvre », Le Train, no 30 spécial « Des Diesel polyvalents - les A1A A1A 62000, C 61000, BB 71000 », , p. 10-39 (ISSN1267-5008).
Revue : "Rail Passion", n° Hors Série sur "Les diesels de ligne", paru en .