Fils du militant communiste chrétien Alfons Carles Comín, il entre en politique en comme député au Parlement de Catalogne sous les couleurs de Ciutadans pel Canvi, une plate-forme de gauche fédéraliste proche du Parti socialiste (PSC). Il rejoint ce dernier en , un an après la fin de son deuxième mandat parlementaire.
Après la tenue du référendum d'indépendance de 2017, il s'installe en Belgique. Il est réélu député régional peu après, puis député européen en , mais il ne peut siéger qu'à partir de . À cette occasion, il se rapproche d'Ensemble pour la Catalogne (Junts), mouvement politique impulsé par Puigdemont. Il est réélu au Parlement européen en comme tête de liste de Junts mais se trouve à nouveau empêché de siéger.
Origines et carrière professionnelle
Antoni Comín i Oliveres, dit Toni Comín, naît en à Barcelone. Il est le fils d'Alfons Carles Comín, militant historique du Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC) et fondateur du mouvement « Les Chrétiens pour le socialisme »[1]. Il vit avec le scénographe Sergi Corbera et est père d'une fille adoptée en [2].
Il rédige plusieurs essais dans les domaines de la philosophie politique, des liens entre la politique et les religions, de la critique économique et sociale et de l'actualité politique, notamment La igualdad, un hito pendiente en et Autoridad mundial. Para un liderazgo planetario legítimo en [4].
Pour les élections régionales anticipées du 2006, il est investi en position éligible sur la liste conduite par José Montilla, alors que celui-ci procède à une relégation générale des candidats issus de Ciutadans pel Canvi[8]. Il est ensuite réélu député[9]. Il promeut en , au nom de CpC, une réforme constitutionnelle visant à transformer l'Espagne en État fédéral[10].
Si les statuts de Ciutadans pel Canvi lui interdisent d'être de nouveau candidat lors des élections du 28 novembre 2010[11], il est finalement investi par le Parti des socialistes de Catalogne[12] après que le président de la Généralité et premier secrétaire du PSC José Montilla a acté la rupture entre les socialistes et CpC[13]. S'il ne parvient pas à être élu[14], il adhère au PSC le [15].
Évolution vers le souverainisme
Toni Comín lance en , avec d'autres personnalités du PSC ou anciennement de CpC l'association Socialisme, Catalunya i Llibertat (en français : « Socialisme, Catalogne et liberté ») qui entend promouvoir le droit à l'autodétermination sans se prononcer sur l'indépendance de la Catalogne ou la fédéralisation de l'Espagne, critique le refus du dirigeant du PSC Pere Navarro d'avoir soutenu la feuille de route souverainiste du président catalan Artur Mas[16]. L'association rejoint quelques semaines plus tard le Pacto Nacional por el Derecho a Decidir (en français : « Pacte national pour le droit à l'autodétermination »), qui rassemble les structures favorables à un référendum sur le statut politique de la Catalogne[17].
Il annonce en le qu'il a l'intention de renoncer à sa condition d'adhérent du Parti socialiste. Il justifie sa décision par le fait qu'il considère que le PSC n'est plus le « centre de gravité » de la social-démocratie en Catalogne, comme il le pensait lors de son adhésion en . Il précise à cette occasion être en discussion avec la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) afin de voir dans quelle mesure il peut « contribuer » à ce qu'ERC joue ce rôle, évoquant notamment une candidature aux élections européennes du 25 mai suivant[18]. Il annonce le lendemain avoir refusé d'intégrer la liste des candidats d'ERC aux européennes, comme le lui avait proposé le président du parti Oriol Junqueras, car il refuse que son ralliement soit interprété comme la recherche de son intérêt personnel[19].
Le , il est annoncé que Toni Comín occupera le poste de conseiller[b]à la Santé[23]. C'est la première fois depuis la fin du franquisme et le rétablissement de la généralité de Catalogne que ce poste est confié à une personnalité sans expérience dans le domaine de la santé[24]. Au cours de son parcours politique, il n'a d'ailleurs jamais été en pointe sur les questions de santé, mais la CUP avait insisté lors des négociations avec JxSí pour que le portefeuille de la Santé ne revienne pas à une personnalité issue de la Convergence démocratique de Catalogne (CDC)[25]. Il prête serment devant Carles Puigdemont, comme l'ensemble de ses collègues, et entre en fonction deux jours plus tard[26]. Ses principaux objectifs sont la division par deux des délais pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste ou programmer une opération chirurgicale, renforcer le caractère public du système de santé en expulsant notamment deux cliniques privées à but lucratif et revenir sur les mesures d'austérité adoptées depuis qui ont réduit le budget de la santé catalane de 1,3 milliard €[27].
Tous les cinq sont entendus le suivant par la justice belge, en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis à leur encontre par la justice espagnole des chefs de « rébellion » et « sédition »[30]. Le mandat étant finalement retiré le par le magistrat instructeur espagnol, la justice belge prononce la clôture de la procédure neuf jours plus tard[31]. Un nouveau mandat est finalement émis le , mais — après avoir entendu les mis en cause le — le tribunal belge compétent refuse le de les exécuter en raison d'un vice de forme[32].
Lors des élections régionales du 21 décembre 2017, il se présente dans la circonscription de Barcelone sur la liste de la Gauche républicaine de Catalogne, conduite par Oriol Junqueras, placé en détention provisoire[33]. Il démissionne le , en même temps que Carles Puigdemont, à la suite de son entrée au Parlement européen, ce qui accorde un nouveau vote effectif à la majorité parlementaire indépendantiste puisqu'il ne pouvait donner procuration à un autre parlementaire[34]. Son mandat revient à Alba Metge, la première non-élue sur la liste d'ERC[35].
Le , le nouveau président de la généralité de Catalogne indépendantiste Quim Torra le nomme de nouveau conseiller à la Santé dans le nouveau gouvernement régional[36]. La publication du décret de nomination est cependant suspendue puis refusée par le gouvernement espagnol, étant donné notamment le statut judiciaire de quatre des conseillers, dont Toni Comín[37]. Le jour même, Quim Torra procède à quatre nouvelles désignations pour procéder à leur remplacement[38].
Député européen
Pour les élections européennes du 26 mai 2019, Toni Comín accepte le d'être candidat en deuxième position sur la liste d'Ensemble pour la Catalogne (JuntsXCat) conduite par Carles Puigdemont, prenant ainsi ses distances avec la Gauche républicaine de Catalogne[39]. Le , sa candidature est cependant rejetée par la commission électorale centrale (JEC), au même titre que celles de Carles Puigdemont et Clara Ponsatí, car tous trois se trouvent en situation de « rébellion » face à la justice, faisant ainsi droit aux arguments des recours déposés par le Parti populaire (PP) et Ciudadanos (Cs)[40]. Cette décision est cassée le par deux juges administratifs de Madrid, conformément à l'opinion émise par le Tribunal suprême, qui constatent que les candidats remplissent les conditions pour postuler[41].
Bien qu'il soit effectivement élu député, Toni Comín se voit refuser l'accès au bâtiment du Parlement européen le . Les fonctionnaires considèrent en effet qu'il n'est pas formellement député européen élu puisque son élection n'a pas été notifiée au Parlement européen par la commission électorale espagnole. Il en va de même pour Carles Puigdemont[42]. Le , la JEC confirme que Comín, ainsi que Puigdemont et Oriol Junqueras, ne peuvent avoir acquis la condition de député européen car ils ne se sont pas rendus à Madrid pour prêter serment de fidélité à la Constitution[43]. Le suivant, à la suite d'un arrêt rendu par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) relatif à l'immunité parlementaire d'Oriol Junqueras, le président du Parlement européenDavid Sassoli reconnaît que Toni Comín jouit de la condition de député européen[44]. Il participe à sa première séance plénière le et siège parmi les députés non-inscrits[45]. Dans un arrêt rendu le , la CJUE considère que le président du Parlement européen de l'époque Antonio Tajani avait correctement agi en refusant de reconnaître le statut d'eurodéputé de Toni Comín car il s'en était tenu à la liste transmise par les autorités espagnoles[46].
Le , constatant que les faits reprochés ne concernent pas son mandat et qu'ils sont antérieurs à son élection, le Parlement européen vote par 404 voix favorables la levée de son immunité parlementaire, à la suite d'une requête en ce sens formulée par le Tribunal suprême espagnol dans le dossier de l'organisation du référendum d'indépendance de 2017[47]. Saisi contre cette décision, le Tribunal de l'Union européenne la valide le [48]. Il présente donc le un pourvoi en cassation devant la CJUE contre ce jugement[49].
Après que Carles Puigdemont a décidé d'être chef de file aux élections régionales du 12 mai 2024 en Catalogne, Toni Comín déclare sa candidature à la tête de liste d'Ensemble pour la Catalogne (Junts) pour les élections européennes du 9 juin suivant. Il reçoit le l'investiture de la base militante par 77 % des voix[50]. S'il est effectivement réélu au Parlement européen, il se trouve être le seul député européen de Junts puisque sa candidature perd deux des trois sièges conquis en avec moins de 500 000 voix[51]. Cependant, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola refuse de lui reconnaître la qualité de député européen, donc le droit de siéger, puisque son nom ne figure pas sur la liste remise par la commission électorale espagnole, dans la mesure où il ne s'est pas rendu au siège du Congrès des députés à Madrid pour prêter serment[52]. L'arrêt rendu le suivant par la CJUE validant le refus de son accréditation après les élections de met en difficulté sa capacité à intégrer le Parlement européen, Roberta Metsola ayant indiqué vouloir se soumettre aux conclusions de la justice sur la situation de pour se prononcer sur celle de [53].
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