Une fois diplômé, Thurgood Marshall s’inscrit au barreau et s'installe comme avocat à Baltimore. L'année suivante, il commence à travailler pour la section de Baltimore de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP, en français l'Association nationale pour le progrès des gens de couleur). En 1936, il emménage à New York pour travailler à plein temps pour la NAACP. Dans ce cadre, en 1936, Thurgood Marshall se fait connaître par sa plaidoirie avec Charles Hamilton Houston dans l'affaire Murray v. Pearson(en) devant la Cour d'appel du Maryland. Ils permettent ainsi la réintégration d'un étudiant afro-américain à l'université du Maryland, qui en avait été évincé du fait de sa couleur de peau ; cette décision crée une jurisprudence qui ouvre les portes à la déségrégation[7],[8]. Cette victoire conduit Thurgood Marshall à plaider dans des affaires similaires. Les faits sont de même nature que ceux jugés deux ans plus tard par la Cour suprême des États-Unis dans l'affaire Missouri ex rel. Gaines v. Canada(en), qui donne lieu à la même décision[9],[10].
En 1938, sur l'insistance de Charles Hamilton Houston, il est embauché comme avocat au siège national de la NAACP à Washington (district de Columbia) ; il y devient le directeur du service juridique et d'assistance judiciaire, poste qu'il occupera jusqu'en 1961[5].
En 1961, il est nommé par le président John Fitzgerald Kennedy juge à la cour d'appel du second circuit (dont le ressort couvre le Nord-Est des États-Unis)[23]. Un groupe de sénateurs du Sud étant parvenu à bloquer sa confirmation par le Sénat, Kennedy doit recourir au recess appointement (« nomination entre les sessions »[24] ; lorsque le Congrès n'est pas en session, le président peut procéder à des nominations sans attendre l'accord du Sénat, mais la nomination est annulée si elle n'est pas confirmée par le Sénat au cours de la session suivante). Marshall reste juge à la cour d'appel (circuit judge) jusqu'en 1965, date à laquelle le président Lyndon Baines Johnson le nomme Avocat général des États-Unis, poste qui consiste à diriger toute la défense du gouvernement fédéral devant les tribunaux[25]. En 1967, Lyndon B. Johnson le nomme à la Cour suprême pour succéder à Tom Clark, affirmant que c'est « ce qu'il faut faire, le moment pour le faire, l'homme qu'il faut au poste qu'il faut »[26],[27],[28].
Thurgood Marshall est membre de la Cour suprême pendant vingt-quatre ans, rédigeant les arrêts de plusieurs décisions importantes concernant les droits civiques des Afro-Américains et des minorités, sur la protection constitutionnelle des droits individuels, en particulier les droits des accusés vis-à-vis du gouvernement[29]. Il rejoint l'opinion dissidente dans l'arrêt Diamond v. Chakrabarty rendu le , considérant que la loi n'autorisait pas la brevetabilité du vivant[30].
En 1929, il épouse Vivian « Buster » Burey ; le couple n'aura pas d'enfant.
Après le décès de Vivian en 1955 des suites d'un cancer du poumon, la même année, il épouse la secrétaire de direction du siège national de la NAACP, Cecilia Suyat Marshall(en) ; le couple donne naissance à deux garçons : Thurgood, Jr. et John William[1],[5],[34].
Les archives de Thurgood Marshall sont déposées à la bibliothèque du Congrès, où elles sont consultables. L'ouverture au public en 1993 de ses archives, peu de temps après sa mort a suscité des critiques ; cette dernière est ainsi jugée hâtive par William H.Rehnquist, alors président de la Cour suprême[43],[44].
Hommages
Une statue de Thurgood Marshall a été érigée à Baltimore, à l'emplacement où se trouvait la Cour suprême de l'État du Maryland quand elle a jugé le cas Murray v. Pearson[45].
(en-US) Debra Hess, Richard Gallin & Andrew Young, Thurgood Marshall: The Fight for Equal Justice, Silver Burdett Press, , 138 p. (ISBN9780382240584, lire en ligne),
(en-US) Roger Goldman & David Gallen, Thurgood Marshall: Justice For All, Carroll & Graf Publishers,, , 520 p. (ISBN9780881848052, lire en ligne),
(en-US) James Haskins, Thurgood Marshall: A Life for Justice, Henry Holt & Company, , 184 p. (ISBN9780805020953, lire en ligne),
(en-US) Carl T. Rowan, Dream Makers, Dream Breakers: The World of Justice Thurgood Marshall, Little, Brown & Company, janvier 1993, rééd. 15 octobre 2002, 516 p. (ISBN9780316759786, lire en ligne),
(en-US) Deborah Hitzeroth & Sharon Leon, The Importance of Thurgood Marshall, Lucent Books, , 120 p. (ISBN9781560060611, lire en ligne),
(en-US) Mark Tushnet (éditeur), Thurgood Marshall: His Speeches, Writings, Arguments, Opinions, and Reminiscences, Lawrence Hill Books, , 580 p. (ISBN9781556523861, lire en ligne),
(en-US) Mark Rowh, Thurgood Marshall: Civil Rights Attorney and Supreme Court Justice, Enslow Publishers, , 120 p. (ISBN9780766015470, lire en ligne),
(en-US) Don McLeese, Thurgood Marshall, Rourke Educational Media, 1 juillet 2002, rééd. 2003, 32 p. (ISBN9781617412967, lire en ligne),
(en-US) Nancy Whitelaw, Supreme Court justices. Thurgood Marshall, M. Reynolds Publishing, 31 juillet 2010, rééd. 2011, 136 p. (ISBN9781599351575, lire en ligne),
Dans la série télévisée Daredevil, Thurgood Marshall est régulièrement citée par Matt Murdock, qui lit régulièrement une de ses dernières déclarations publiques avant sa retraite. La citation « We must dissent from the apathy. We must dissent from the fear, the hatred, and the mistrust / Nous devons nous opposer à l'apathie. Nous devons nous dissocier de la peur, de la haine et de la méfiance », est un motif récurrent dans la série[47],[48].
↑(en-US) DeNeen L. Brown, « Thurgood Marshall’s interracial love: ‘I don’t care what people think. I’m marrying you.’ », The Washington Post, (lire en ligne)
↑(en-US) Linda Greenhouse, « Thurgood Marshall, Civil Rights Hero, Dies at 84 (Published 1993) », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) BlackFacts.com, « Spingarn Medal », sur Blackfacts.com (consulté le )
↑(en-US) Harold Faber, « Marshall and 4 Others Get Freedoms Medals (Published 1991) », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑(en-US) Neil A. Lewis, « Chief Justice Assails Library On Release of Marshall Papers (Published 1993) », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )