(à 81 ans) Windsor dans la province de l'Ontario (Canada)
Sépulture
South-View Cemetery d'Atlanta
Nationalité
américain
Formation
Théologie
Activité
Pasteur, évêque de l'Église épiscopale méthodiste africaine (AME), aumônier militaire de l'armée américaine, missionnaire, personnalité politique du Parti républicain, patron de presse, chroniqueur,
Père
Hardy Turner
Mère
Sarah (Green) Turner
Autres informations
Organisation
Église épiscopale méthodiste africaine (AME)
A travaillé pour
Église méthodiste
Église épiscopale méthodiste africaine (AME)
Forces armées des États-Unis
Bureau des réfugiés, des affranchis et des terres abandonnées
Bureau des douanes de Savannah
Morris Brown College
Christian Recorder
Religion
Méthodiste
Parti politique
Parti républicain
Conflit
Guerre de Sécession
Titres honorifiques
docteur honoris causa par l'université de Pennsylvanie (1872), l'université de Wilberforce (1873) et l'université du Liberia de Monrovia (1894)
Henry McNeal Turner est le fils de Hardy et Sarah (Green) Turner, tous les deux sont des Afro-Américains libres. La famille étant pauvre, dès son enfance, Henry McNeal Turner doit travailler dans les champs de coton aux côtés de ses frères esclaves. Adolescent, à l'âge de 15 ans, il travaille comme coursier et huissier pour un cabinet d'avocats d'Abbeville, dans l'État de la Caroline du Sud. Ses employeurs blancs lui apprennent à lire et à écrire secrètement, allant contre les lois de la Caroline du sud qui interdisait l'accès à l'enseignement pour les Afro-Américains et ils se rendent compte qu'Henry McNeal Turner est doué d'une capacité étonnante à emmagasiner les informations et connaissances, et ils le chargent de transmettre oralement des informations à leurs clients. Un an après, après avoir écouté une prédication d'un missionnaire itinérant méthodiste, il se convertit au méthodisme fondé par George Whitefield et John Wesley[1]. Le méthodisme est une dissidence de l'Église anglicane, largement inspirée par le mouvement dit du Grand réveil et par les idées de John Wesley, le théologien de l'Église méthodiste, celui-ci a en aversion toutes les formes d'esclavage qu'il juge inconciliable avec tout « degré de justice ou de miséricorde », il est pour une interdiction de « L'achat ou la vente des corps et des âmes d'hommes, de femmes et d'enfants avec l'intention de les réduire en esclavage », il condamne l'esclavage comme confiscation de droits fondamentaux « L'esclavage est un état dans lequel ni les biens, ni la liberté, ni la vie d'un homme ne sont à sa disposition »[2],[3],[4],[5],[6].
Carrière
Vers l'Église épiscopale méthodiste africaine (AME)
Dans les années 1850, il accompagne un pasteur itinérant de l'Église méthodiste et sillonne le Sud profond et tient des prédications auprès d'Afro-Américains libres ou esclaves. Partout où il passe, il doit subir des vexations racistes, notamment lors d'un meeting religieux à La Nouvelle Orléans ce qui met en question sa présence en tant qu'Afro-Américain au sein de l'Église méthodiste. Le révérend Willis B. Revels lui parle de l'Église épiscopale méthodiste africaine (AME), fondée en 1816 par Richard Allen, convaincu, Henry McNeal Turner quitte l'Église méthodiste pour rejoindre une paroisse de l'AME à Baltimore dans le Maryland. Grâce à l'appui de l'évêque de l'AME, Daniel Payne, il étudie le latin, le grec, l'hébreu et la théologie par des cours dispensés par des professeurs du Trinity College de Baltimore. En 1860 il est ordonné diacre au sein de l'AME et deux années plus tard, il est nommé presbytre à la paroisse de l'AME de Washington (district de Columbia)[7],[8].
La guerre de Sécession, entre espoir et amertume
Dès le début la guerre de Sécession, Henry McNeal Turner se lie d'amitié avec des membres du Congrès des États-Unis comme le sénateurCharles Sumner ou le représentant, Thaddeus Stevens et d'autres élus du Parti Républicain pour convaincre Abraham Lincoln et l'état-major d'ouvrir les rangs de l'armée de l'Union aux Afro-Américains. Ce qui se fera après la Proclamation d'émancipation de 1863. Avec des figures afro-américaines comme Frederick Douglass, il anime des meetings pour encourager l'enrôlement des Afro-Américains[5],[9] À la fin de la guerre de Sécession on compte qu'il y a eu à peu près 180 000 Afro-Américains qui ont servi dans les troupes de l'Union (infanterie, artillerie, train, hôpitaux de campagne), soit 10% des effectifs, et 19 000 dans la marine. Les pertes se montent à 40 000 hommes. Les régiments afro-américains vont s'illustrer lors de diverses batailles : bataille de Milliken's Bend[10], au siège de Port Hudson[11], au siège de Petersburg[12], à la bataille de Nashville[13], à la seconde bataille de Fort Wagner[14],[15]. Seize soldats afro-américains seront récipiendaires de la Medal of Honor qui est la plus haute décoration militaire décernée par les États-Unis[16],[17]. Henry McNeal Turner s'implique directement dans la formation du 1st United States Coloured Infantry Regiment/ 1er régiment d'infanterie de couleur des États-Unis et devient, sur la nomination d'Abraham Lincoln, le premier aumôniernoir de l'armée américaine, nomination qui est reconduite par le président Andrew Johnson, après l'assassinat d'Abraham Lincoln du [5],[18],[8],[19].
Après la guerre de Sécession, Henry McNeal Turner est nommé au Bureau des réfugiés, des affranchis et des terres abandonnées de Géorgie et il est promu, par l'évêque de l'AME Daniel Payne, président de l'assemblée des presbytres, où il montre ses talents pour développer l'AME en Géorgie, y construire des églises et des écoles paroissiales. Il est également impliqué dans l'organisation et l'implantation du Parti républicain en Géorgie[5],[18],[20]. En 1867, Henry McNeal Turner fait partie des délégués du Parti Républicain pour rédiger la nouvelle constitution de la Géorgie, puis en 1868, il est élu à l'Assemblée générale de Géorgie, mais lui et 23 élus afro-américains sont révoqués du fait de leur race, parce des élus blancs refusaient de ratifier le Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis, de 1870, garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis[8]. Henry McNeal Turner prononce un vibrant réquisitoire contre cette expulsion[21], avec l'aide de Charles Sumner il réclame une intervention du Congrès pour que les élus afro-américains puissent récupérer leur sièges, mais cette requête ne peut aboutir car sous la pression des actes terroristes du Ku Klux Klan, les Républicains sont balayés lors des élections de 1870[22],[23].
En 1876, étant élu directeur des éditions de l'AME, il doit emménager au siège de l'AME à Philadelphie dans l'État de la Pennsylvanie[23]. Henry McNeal Turner publie régulièrement des articles dans le Christian Recorder, organe officiel de l'AME[24] et parallèlement, pendant 12 ans il occupe le poste de président du Morris Brown College(en) d'Atlanta, établissement universitaire fondé par l'AME[25].
En 1880, il est élu évêque de l'AME, et joint son siège à Atlanta où il mène politique de réformes religieuses. En 1885, il ordonne la première femme, Sarah Ann Hugues, au grade de diacre[23].
Vers le panafricanisme
Découragé par la mise en place des lois Jim Crow dans les États du Sud qui invalident les droits constitutionnels des Afro-Américains acquis par les Treizième amendement, Quatorzième amendement et le Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis, il commence par s'intéresser à l'idée d'une migration des Afro-Américains vers l'Afrique pour christianiser et "civiliser" le continent, Henry McNeal Turner a la conviction que Dieu avait permis l'esclavage des Africains afin qu'ils puissent connaître le christianisme puis le diffuser en Afrique en y retournant et que gouvernement fédéral financerait le retour en Afrique[26],[27]. Henry McNeal Turner fonde deux journaux The Voice of Missions (1893-1900)[28] et Voice of the People (1901-1904) qui font la promotion de l'émigration vers l'Afrique. Il fait plusieurs voyages en Afrique, il se rend au Liberia et en Sierra Leone par trois fois (1891, 1893, 1895), il organise deux voyages pour conduire des Afro-Américains, mais la plupart d'entre eux reviendront désillusionnés confirmant ainsi les propos de Richard Allen, et de James Forten datant de 1830, qui lors de la première Convention nationale des Noirs dans la Mother Bethel A.M.E Church de Philadelphie avaient pourfendu le retour en Afrique, convention qui s'est achevée par une résolution finale adoptée à l'unanimité affirmant avec insistance que les Afro-Américains sont des Américains, qu'ils ont adopté le mode de vie américain, qu'ils tiennent à leur foi chrétienne et cette adresse finale fait appel aux principes de la Déclaration d'indépendance de 1776 disant que tous les humains naissent libres et égaux, qu'ils sont dotés de droits inaliénables et de profiter de la vie dans la poursuite du bonheur. Si l'exode vers le Liberia est dénoncé, en revanche la solidarité avec les peuples d'Afrique est affirmée[29],[30],[31],[23].
En 1895, sur l'invitation de Mangena Mokone, il se rend en Afrique du Sud pour sceller un rapprochement entre l'AME et l'Église éthiopienne fondée sur les mêmes principes de l'AME : une Église méthodiste autonome dédiée aux fidèles de couleur[32],[31],[23].
Henry McNeal Turner ne cessera de critiquer la ségrégation raciale, après les émeutes d'Atlanta de 1906, il écrit « Pour les Noirs, vivre en Enfer est préférable à vivre aux États-Unis »[26].
Dans les dernières années de sa vie, du fait d'une santé qui se détériore, il ne se déplace rarement pour rester dans sa demeure d'Atlanta. Lors d'un dernier voyage au Canada pour conforter la branche canadienne de l'AME, Henry McNeal Turner décède des suites d'un infarctus le à Windsor dans la province de l'Ontario. Son corps est rapatrié à Atlanta, plus de 15 000 personnes assistent à ses funérailles qui sont célébrées dans la Big Bethel AME Church(en)[5],[33],[26].
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