En 2005, il prend la parole contre l'influence exercée par le roman Da Vinci Code : « je suis effaré qu'autant de gens puissent croire ces mensonges. » Il organise une série de conférences-débats intitulées l'Histoire sans histoires pour mettre en évidence à quel point les affirmations du livre sont « honteuses et sans fondement »[3].
Il exerce la fonction de secrétaire d'État jusqu'à la fin du pontificat de Benoît XVI. Le suivant, le pape François le confirme provisoirement dans cette même fonction ainsi que l'ensemble des responsables de la Curie romaine[4].
Jusqu'en , il est aidé dans sa tâche par un secrétaire particulier français, le père Nicolas Thévenin, membre de la communauté sacerdotale Saint-Martin. Ce dernier est nommé en protonotaire apostolique participant, la plus haute dignité pour un prélat non-évêque. Depuis , le secrétaire particulier du cardinal est un prêtre italien, Roberto Lucchini.
Dans l'entourage du numéro deux du Saint-Siège, on trouve aussi un autre Français, Dominique Mamberti, secrétaire pour les relations avec les États, ce qui correspond au ministre des Affaires étrangères.
Le , il inaugure dans les jardins du Vatican une statue représentant la Vierge de la Charité del Cobre (du cuivre) qui est vénérée avec ferveur à Cuba et au sanctuaire de laquelle les papes Jean-Paul II et Benoît XVI se sont rendus. Cette cérémonie s'est faite en présence du président de la conférence épiscopale cubaine : Garcia Ibanez, archevêque de Santiago de Cuba, et aussi des ambassadeurs de Cuba auprès du Saint-Siège et auprès de l’État italien[9].
Un programme d'affirmation et de lutte contre la sécularisation
En , dans une interview au Figaro Magazine réalisée par Nicolas Diat et Jean Sévillia, le cardinal Bertone évoque la publication du motu proprio de Benoît XVI libéralisant le rite de saint Pie V (il paraîtra sous le titre Summorum Pontificum le ). Il y passe en revue les enjeux du pontificat : retrouver la dimension sacrée de la liturgie catholique, améliorer la formation des séminaristes, lutter contre la sécularisation de la société et le relativisme, montrer la compatibilité du dialogue inter-religieux avec l'affirmation de l'identité catholique. Il souligne son refus d'une appréhension de la laïcité qui ferait de la foi un fait purement privé. Interrogé sur les relations du Saint-Siège avec les médias, il les critique avec virulence : « Les messages de l’Église sont soumis à une forme de manipulation et de falsification de la part d’un certain nombre de médias occidentaux. J’observe une fixation de certains journalistes sur les thèmes moraux, comme l’avortement ou les unions homosexuelles, qui sont bien sûr des enjeux très importants, mais qui ne résument absolument pas la pensée et l’œuvre de l'Église. »[10].
Certains commentateurs, comme Sandro Magister, ont exprimé l'idée que si le cardinal Bertone est un théologien aux idées claires, ses premiers temps à la tête de la Curie ont été marqués par plusieurs gaffes. Sont ainsi cités la gestion des remous provoqués par le discours de Ratisbonne qui coïncidait avec la prise de fonction du cardinal[11], le choix de Stanislas Wielgus à la tête de l'archidiocèse de Varsovie sans enquête suffisante, la mauvaise gestion de la succession à la présidence de la Conférence épiscopale italienne[12].
En , il visite l'île de Cuba immédiatement après la démission de Fidel Castro, et sera la première personnalité à rencontrer Raúl Castro.
Lors du séisme de 2009 à L'Aquila, le cardinal Bertone préside une messe de funérailles, tenue par autorisation spéciale le jour du Vendredi saint. Il revient à la fin août dans cette ville pour présider la cérémonie traditionnelle du pèlerinage du Pardon de saint Célestin V (Perdonanza Celestiniana). Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi devait participer aux cérémonies et rencontrer le cardinal lors d'un dîner, mais il renonce au déplacement, illustrant la brouille croissante entre le gouvernement italien et l'Église[14],[15]. En effet, les mois précédents les journaux catholiques italiens ont critiqué de plus en plus sévèrement la politique du gouvernement, principalement sur la question de l'immigration. Le conflit connaîtra son paroxysme au moment même de la venue du cardinal à L'Aquila avec la mise en cause calomnieuse de Dino Boffo, directeur de l’Avvenire, dans une affaire de mœurs par son collègue Vittorio Feltri d’Il Giornale, journal de la famille Berlusconi[16],[17]. Feltri devra finalement se rétracter et sera condamné à 6 mois de suspension par le conseil de l'ordre des journalistes italiens[18].
Controverse sur l'homosexualité et la pédophilie
Funérailles nationales pour les victimes du tremblement de terre de L'Aquila.
Tarcisio Bertone est mis en cause par le journal Le Monde du pour des propos controversés et homophobes liant l'homosexualité à la pédophilie[19]. Cette intervention se situe en pleine crise de l'Église catholique romaine, mise en cause directement dans plus de 4 400 affaires de pédophilie ayant fait plus de 11 000 victimes en Europe lors de ces 50 dernières années[20].
Dans Le Monde du , contrairement aux propos de Tarcisio Bertone, le pape Benoît XVI fait la distinction nette entre pédophilie et homosexualité[21].
La France émet très rapidement une condamnation officielle : « Il s'agit d'un amalgame inacceptable que nous condamnons », a déclaré Bernard Valero, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « La France rappelle son engagement résolu dans la lutte contre les discriminations et les préjugés liés à l'orientation sexuelle et l'identité de genre », a-t-il ajouté[22]. De nombreuses réactions scandalisées proviennent des associations de défense des droits des gays et des partis politiques de gauche en Italie[23] et en Belgique où le ministre de l'égalité des chances demande une condamnation officielle[24].
Le , le Vatican indique qu'il n'est « pas compétent pour faire des affirmations psychologiques ou médicales », mais publie une déclinaison des « cas récents d'abus sur mineurs de la part de prêtres auxquels a été confrontée la Congrégation pour la doctrine de la foi » portant : « 10 % de cas de pédophilie au sens strict, et 90 % de cas à définir plutôt comme éphébophilie (c'est-à-dire l'attirance envers des adolescents) », ces derniers cas se déclinant en « 60 % concernent un individu du même sexe, et 30 % sont de nature hétérosexuelle »[25],[26]. Le , La Stampa publie l'interview de Richard Fitzgibbons, psychiatre américain spécialisé dans le traitement des prêtres ayant commis des abus sexuels et engagé dans divers organismes catholiques. Il prend la défense du cardinal Bertone, qu'il trouve totalement conformes au John Jay report et à l'expérience clinique. Il ajoute que « tous les prêtres qu'il a traités qui avaient eu des contacts sexuels avec des mineurs avaient été auparavant impliqués dans une relation homosexuelle adulte. »[27].
Pour éclaircir les choses, plusieurs spécialistes soulignent le flou qui entoure l'emploi du terme de « pédophile », lié au contraste entre son emploi courant et son sens technique. Ils rappellent que « 80 % des prêtres ayant commis des abus sexuels ont agressé des adolescentes postpubères et ne sont pas pédophiles du tout »[28]. Ils soulignent que les problématiques pédophiles concernant des enfants prépubères ne sont pas liées à une orientation sexuelle[29], laquelle n'est pas, en elle-même, un facteur de risque pour les crimes sexuels. Au contraire, les questions d'opportunité jouent un grand rôle dans le choix des victimes d'agression[28].
Polémiques
Critiqué pour son appartement - Le , l'annonce de la prochaine installation du cardinal Bertone dans un appartement de 700 m2 dans le palais Saint Charles, réservé aux dignitaires de l’Église, fait polémique. La presse se fait l'écho de la « grosse colère » du pape François, qui a lui-même préféré un appartement de 70 m2 de la résidence Sainte-Marthe à ses appartements pontificaux[30].
Soupçonné de détournement d'argent - En , les journaux annoncent que le cardinal Tarcisio Bertone a fait subir une perte à la banque du Vatican. Il aurait facilité un prêt de 15 millions d’euros des caisses du Vatican à une maison de production télé gérée par l’un de ses amis. Une enquête de la banque du Vatican a été lancée[31].
Cité dans les scandales de Vatileaks - Il avait déjà été visé par le scandale du Vatileaks pour avoir fait muter abusivement un prélat, qui se plaignait de lui au pape Benoit XVI[32].
En , le journaliste italien Emiliano Fittipaldi révèle, dans son ouvrage Avarizia, comment 200 000 € de la Fondation de l'Enfant Jésus, destinée à recueillir les dons pour les enfants malades, ont été détournés pour payer une partie des travaux effectués dans le nouveau domicile du cardinal Tarcisio Bertone - un appartement de 700 m2 -[33] ou encore mentionne un déplacement en hélicoptère du cardinal en 2012, facturé 23.800 €[34].
Distinctions
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
↑(it) Alberto Custodero, « L'attico del cardinale Bertone al centro di Vatileaks: "Pagato con i soldi dei bimbi malati" », La Reppublica, (lire en ligne).
↑Patricia Labarre, « Vatileaks: l’argent destiné aux pauvres finance les dépenses excessives des cardinaux », Le Soir, (lire en ligne).