Le tamazight de l'Atlas blidéen (en berbère : Ṯacelḥiṯ n Waṭlas abliḏi, en tifinagh : ⵝⴰⵛⵍⵃⵉⵝ ⵏ ⵡⴰⵟⵍⴰⵙ ⴰⴱⵍⵉⴸⵉ), également appelé berbère de l'Atlas blidéen, tachelhit de l'Atlas blidéen, ou kabyle de l'Atlas blidéen[2], est la variante du berbèrezénète parlée par les berbères de l'Atlas blidéen ou mitidjien, qui est la partie centrale de l'Atlas tellien[3].
Aire géographique
L'aire géographique de cette variante de tamazight, s'étendait, avant la colonisation française, à partir des versants et piémonts nord et sud de l'Atlas blidéen ainsi que les extrémités nord de la plaine de la Mitidja englobant quatorze confédérations amazighes[4].
Langue
Le tamazight de l'Atlas blidéen est une langue berbère à tendances plutôt zénète et qui se rapproche notamment du chenoui parlé à l'Ouest dans la région de la Dahra orientale, cependant certains traits, fortement présents dans les dialectes les plus orientaux, le rapprochent du berbère de Kabylie.
Par le passé, le tamazight de l'Atlas blidéen, semble avoir été une sorte de passerelle (continuum) entre le kabyle et le chenoui car le tamazight de l'Atlas blidéen occidental semble plus avoir été influencé par le chenoui que du tamazight de l'Atlas blidéen oriental.
La principale différence entre le tamazight de l'Atlas blidéen et le chenoui réside surtout dans la prononciation du [k] et du [c] (prononcé « ch ») ou du [g] et du [j]. Certains mots du chenoui prononcés avec [c] (« ch ») et [j] sont prononcés dans le tamazight de l'Atlas blidéen avec [k] et [g/ǧ] (tout comme en kabyle). Un exemple, la négation :
« Il ne marche pas » : Ur yeggur k, en tamazight de l'Atlas blidéen / Ur yeggur c, en chenoui.
On dit aussi Ur yeggur ara à l'est de l'Atlas blidéen. Cela reste cependant très rare.
Il y a également certaines différences dans le lexique qui rapprochent le tamazight de l'Atlas blidéen plus du kabyle que du chenoui.
Exemples :
«Égorger » : zlu en tamazight de l'Atlas blidéen et en kabyle / ɣres (prononcé « ghress »), en chenoui
« Demain » : azekka en tamazight de l'Atlas blidéen et en kabyle / ayecca (prononcé : « ayechcha ») en chenoui
Lexique
Le tamazight de l'Atlas blidéen possède des termes qu'on retrouve uniquement dans l'Atlas blidéen, des particularités et même des variantes en son sein d'une confédération à une autre.
Mots propres au tamazight de l'Atlas blidéen
Exemple :
Français
singulier (graphie latine)
pluriel (graphie latine)
Figue
ṯurṯiţ
ṯurṯaṯin
Mouton
aɛelluc
iɛellac
Dos
imerẓi
imerẓawen
Particularités
Le « ɣ » (prononcé : « gh ») final d'un verbe conjugué à la première personne du singulier a tendance à disparaître. Exemple :
« Je désire » : xsa (khssa) à la place de xsaɣ (khssegh)
Utilisation immodéré du son « ț » (prononcé « ts »). Exemples :
« Le lait des vaches » : akefay n țfunasin
« L'eau de la fontaine, de la source » : aman n țala
Selon des témoignages de la population locale, la régression du dialecte a commencé pendant la révolution algérienne, lorsque l'armée française avait déplacé les habitants vers les "villages de regroupement" (" camps de concentration") s'est poursuivi pendant la décennie noire, à la suite de l'exode des populations. Le brassage avec la population arabophone a, également, contribué à l'abandon de l'utilisation du dialecte[3].
↑ a et b, à cheval entre les Wilayas de Blida et MédéaMohamed Benzerga, « Le tamazight blidéen sur les ondes : « Retour aux sources » », El Watan, no 5355, , p. 28 (ISSN1111-0333, lire en ligne).