Ayant abrité le siège de l'ambassade du royaume de France en Suisse de 1530 à 1792, Soleure est traditionnellement appelée « ville des ambassadeurs ». La vieille ville actuelle a été construite en grande partie entre 1520 et 1790 et montre donc de multiples styles architecturaux différents, mais surtout baroque. C'est pourquoi Soleure est parfois appelée « la plus belle ville baroque de Suisse »[3].
Géographie
Situation
La commune de Soleure s'étend sur 6,28 km2[2]. Lors du relevé de 2013-2018, les surfaces d'habitations et d'infrastructures représentaient 71,8 % de sa superficie, les surfaces agricoles 20,4 %, les surfaces boisées 2,4 % et les surfaces improductives 5,3 %[4].
Située entre le Weissenstein et l’Aar, Soleure est un important centre industriel, commercial et culturel. La ville s'étend de part et d'autre de l'Aar.
Un réseau de bus dessert Soleure et ses environs, dans le cadre de la communauté tarifaire Libero. La ville se trouve sur la ligne ferroviaire Zurich-Olten-Bienne. La gare est également le point de départ des lignes Soleure-Moutier, Soleure-Berthoud, Soleure-Niederbipp-Langenthal et Soleure-Berne.
Soleure est située sur la ligne de bateau reliant Bienne, ainsi que sur les autoroutes A5 (sortie 31, 32 et 33) et A1.
Les légions romaines choisirent l'emplacement celtique nommé Salodurum « Porte de l’eau » pour faire franchir l’Aar à une route entre Aventicum (Avenches) et Vindonissa (Windisch). Les Romains y fondèrent une colonie vers l’an 20 qu’ils appelèrent également Salodurum.
Vers 330, l'Urbs dotée de temples et de bains fut transformée par les légions romaines en castrum, une forteresse dont les impressionnants vestiges sont encore visibles à divers endroits de la vieille ville.
La ville de Soleure est admise dans la Confédération en 1481. Bien que la Réforme dans ses débuts ait trouvé de nombreux adhérents dans les campagnes, Soleure demeure finalement fidèle à la foi catholique.
Démographie
Population
Soleure compte 16 633 habitants fin 2022[1] (plus de 70 000 pour l'agglomération[5]). Sa densité de population atteint 2649 hab./km2.
Pyramide des âges
En 2020, le taux de personnes de moins de 30 ans s'élève à 30,5 %, au-dessous de la valeur cantonale (30,6 %). Le taux de personnes de plus de 60 ans est quant à lui de 26,9 %, alors qu'il est de 27,1 % au niveau cantonal[6].
La même année, la commune compte 8 165 hommes pour 8 637 femmes, soit un taux de 48,6 % d'hommes, inférieur à celui du canton (50 %)[6].
La vieille ville de Soleure possède un riche patrimoine bâti. Au XVIe siècle, l'enceinte de la ville a été renforcée, notamment par la porte de Bâle et trois tours rondes[7].
Les innovations dans l'art de la guerre au fin du Moyen Âge ont nécessité l'extension des fortifications de Soleure. C'est ainsi que l'on commença en 1453 la construction du mur de la ville au nord de la porte Eichtor. En 1454, la tour Nydeck (Riedholzturm), d'abord carrée, et la tour Krummturm, construite en 1462, furent ajoutées dans le faubourg. À la fin des années 1480, la Hürligtor, la Berntor (porte de Berne[N 1]) intérieure et la Wassertor extérieure ont été renforcées. Plus tard, on ajouta la porte de Bâle (1504 à 1508), la tour de Burrist (1534) et la nouvelle tour de Riedholz (1548) sur un plan circulaire. À partir de 1467, on commença en outre la construction du nouvel hôtel de ville dans l'Eselsgasse, qui ne fut entièrement achevé qu'en 1711 avec une nouvelle façade à double tour à l'est.
La ville peut s'enorgueillir d'exceptionnels exemples d'architecture religieuse classique, tels que la prestigieuse cathédrale Saint-Ours et Saint-Victor[8] et l'église des Jésuites (1680-1689)[9]. Dans le domaine civil, l'Arsenal (1610-1619), l'hôtel de ville avec sa tour d'escalier nord (1632-1634) et sa façade est (tour des archives 1624, achevée en 1703-1714), le nouvel Ambassadorenhof (1717-1724), l'hôpital Saint-Esprit dans un faubourg (1735-1800), la tour de l'horloge[10].
Aux XVIIe et XVIIIe siècles s'élèvent de prestigieuses demeures bourgeoises, telles que la maison Reinert (1798-1799)[11], ainsi que d'élégants châteaux et résidences d'été dans la campagne environnante : Palais Besenval (1703-1706), il s'agit du premier hôtel particulier qui a été construit sur le territoire suisse, le château Vigier (1648-1650), le château de Waldegg (1682-1686) (aujourd'hui dans la ville voisine de Feldbrunnen-St. Niklaus), château de Steinbrugg (1665-1668) et le château de Blumenstein (1725-1728).
Le Landhaus (place d'amarrage des bateaux) voyait notamment passer d'importantes cargaisons de vin en provenance de Suisse romande[12].
Le musée de l'ancien Arsenal présente des collections d'équipement militaire, d´insignes et de médailles, d'arts graphiques et d'instruments de musique militaire.
Le musée d'histoire naturelle est connu pour être un musée attractif pour la famille avec ses expositions didactiques. Il expose des animaux, des plantes, des fossiles, des pierres de la région.
La ville comporte également un musée de la poupée, un musée « Kosciuszko », présentant la chambre mortuaire et des souvenirs personnels liés à Tadeusz Kościuszko, un musée des ordinateurs (« Enter Museum »), et le musée de la pierre.
L'expression « être chargé pour Soleure » ou plus simplement « être sur Soleure » est courante en français de Suisse et décrit un état d'ébriété, voire d'ivresse qui aurait ses origines dans le transport des vins sur les canaux d'Entreroches et de l'Aar : durant le trajet, les bateliers se servaient souvent de leur charge, arrivant ainsi à Soleure dans un état plus ou moins alcoolisé[13].
Chaque année, en juillet, le Service Volontaire International avec son partenaire local, organise gratuitement un projet de volontariat international ouvert aux jeunes venus des quatre coins du monde. Pendant deux semaines, l'objectif est de réaliser des fresques dans les rues de Soleure.
Économie
Entre 1857 et 1890 le calcaire est exploité dans les carrières comme « Marbre de Soleure ».
Entre 1863 et le début du XXIe siècle Viktor Glutz-Blotzheim exploite la fabrique de charnières et de serrures Glutz SA.
En 1876, Josef Müller-Haiber transforma des faibles installations hydrauliques du moulin Schanzmühle en un atelier de décolletage, à l'origine des usines Sphinx.
En 1886, le même Müller-Haiber construit la première ligne électrique aérienne du monde pour alimenter sa fabrique depuis la centrale de Kriegstetten, distante de 7 km.
En 1888, la société anonyme Liga fait éclore l'industrie horlogère à Soleure, suivie par Meyer & Stüdeli en 1905, qui devient Roamer Watch en 1952.
En 1918, la firme Mido est fondée à Soleure par Georges Schaeren.
En 1922, Autophon, une entreprise de téléphones est fondée par des industriels soleurois[14]. Cette entreprise fait aujourd'hui partie de ASCOM.
En 1946, la fabrique horlogère Mido quitte Soleure pour Bienne. En 1971, la marque Mido rejoint le groupement horloger ASUAG. En 1983, la marque Mido est rachetée par la Société suisse de microélectronique et d'horlogerie SA (future Swatch). En 1997, l'ancienne marque soleuroise Mido est fabriquée au Locle.
En 2000, Ascom rationalise ses activités et vend le site Autophon de Soleure[15].
Jean-Louis d'Usson de Bonnac (1734-1821), prélat catholique français né à Soleure, dernier évêque d'Agen sous l'Ancien Régime, et aumônier de la Cour de Louis XVIII.
Franz Misteli (1841-1903) : philologue classique et indo-européaniste ;
Ernst Leitz (1843-1920), entrepreneur allemand, y est mort ;
Benno Schubiger, Die Stadt Solothurn I, Stadtanlage une Befestigung : Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn, I, vol. 86, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Die Kunstdenkmäler der Schweiz », , 342 p. (ISBN3-909164-08-0).
Stefan Blank et Markus Hochstrasser, Die Stadt Solothurn II, Profanbauten : Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn, II, vol. 113, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Die Kunstdenkmäler der Schweiz », , 538 p. (ISBN978-3-906131-88-7).
Johanna Strübin et Christine Zürcher, Die Stadt Solothurn III, Sakralbauten : Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn, IV, vol. 134, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Die Kunstdenkmäler der Schweiz », , 514 p. (ISBN978-3-03797-289-2).
Alexandre Dafflon, Les Ambassadeurs du Roi et Soleure : un « quatorzième canton » sur les bords de l’Aar (xvıe – xvıııe siècles), Solothurn, Zentralbibliothek, coll. « Veröffentlichungen der Zentralbibliothek Solothurn. Kleine Reihe, 3 F », , 110 p. (ISBN978-3-9523134-8-0).
Stadtgeschichte Solothurn, 19. und 20. Jahrhundert, Ed. Einwohnergemeinde der Stadt Solothurn, anlässlich des Jubiläums « 2000 Jahre Stadt Solothurn ». Solothurn, Lehrmittelverlag des Kantons Solothurn, 2020, 455 p. Projektleitung: Verena Bider; Idee und stadthistorische Begleitung: Dr Erich Weber; Autoren: Dr Urban Fink, Dr Ruedi Graf, P. Dr Gregor Jäggi OSB, Dr Peter Keller, Jan Müller (Vorarbeiten), Fabian Saner, Oliver Schneider; Chronologie: Oliver Ittensohn; Bildredaktion: Dr Martin Illi. (ISBN978-3-905470-81-9).
↑La porte comportait un arrière-train sculpté dirigé vers Berne, comme signe de défiance. Cf. (de) « Füdlistein Solothurn », sur www.solothurn-city.ch (consulté le ) et Philippe Boeglin, « Le duel des villes: Olten contre Soleure, ou quand l’esprit libéral et le chemin de fer défient la ville baroque des ambassadeurs de France », Le Temps, , p. 18 (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le )
↑Benno Schubiger, Die Stadt Solothurn I, Stadtanlage une Befestigung : Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn, I, vol. 86, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Die Kunstdenkmäler der Schweiz », , 342 p. (ISBN3-909164-08-0)
↑Sur le Dictionnaire historique de la Suisse, vue de face et vue latérale de la collégiale St Ours, aquatinte en couleurs, vers 1800 (Bibliothèque centrale de Soleure) [1]
↑Johanna Strübin et Christine Zürcher, Die Stadt Solothurn III, Sakralbauten : Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn, IV, vol. 134, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Die Kunstdenkmäler der Schweiz », , 514 p. (ISBN978-3-03797-289-2)
↑Stefan Blank et Markus Hochstrasser, Die Stadt Solothurn II, Profanbauten : Die Kunstdenkmäler des Kantons Solothurn, II, vol. 113, Berne, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Die Kunstdenkmäler der Schweiz », , 538 p. (ISBN978-3-906131-88-7), p. 85-87
↑e-periodica.ch Zivilschutz, Eduard Reinmann, Mystères et merveilles d'une ville et d'un canton 4-2000, avec une photo du bâtiment bordé d'eau, qui servait au transbordement du vin. [2]
Gras : Chef-lieu de canton U : Membres de l'union des villes suisses sans pour autant être des villes d'un point de vue statistique C : Communes de plus de 10 000 habitants étant des villes selon l'ancienne définition de 1882, mais pas selon la définition actuelle