La Dordogne est un département qui dispose d'un riche patrimoine mégalithique, au carrefour de multiples influences (angoumoisine, caussenarde), assez complexe mais méconnu car n'ayant pas fait l'objet de la même attention que celle dont ont bénéficié les monuments mégalithiques des départements voisins (Gironde, Lot, Corrèze...).
Caractéristiques
Typologie
La situation géographique du département se traduit par diverses influences. À l'ouest et jusqu'au sud, c'est l'influence angoumoisine qui domine (dolmen de Peyrelevade, dolmen de Larocal). Aux frontières sud du département, la fréquence des allées couvertes, de type allée d'Aquitaine, prolonge le phénomène observé dans la Gironde et en Lot-et-Garonne (allées couvertes de la Borie Neuve, allée couverte de la Courrège) et on peut déjà y observer une influence du mégalithisme caussenard, typique du Lot et de l'ouest-Aveyronnais. Le nord-est du département, quant à lui, fort logiquement, comporte des monuments qui annoncent les dolmens simples du Limousin[1].
Fouilles archéologiques
Peu de monuments ont fait l'objet de fouilles archéologiques en bonne et due forme. La plupart ont été fouillés au XIXe siècle, selon les méthodes de l'époque. Le devenir du mobilier recueilli lors de ces fouilles est lui-même très incertain[2]. Dans le dernier quart du XXe siècle, seuls deux édifices (Peyrelevade et l'allée du Point du Jour) ont été fouillés[2]. Il est vraisemblable que ce moindre intérêt des préhistoriens s'explique par l'attrait beaucoup plus considérable qu'exercent dans le département les multiples et célèbres sites paléolithiques[1].
Recensements
Le patrimoine mégalithique du département éveilla très tôt la curiosité des érudits locaux. En 1818, François Jouannet rapporte qu'on lui montra un dessin du dolmen de Sarlat réalisé 200 ans plus tôt. Tout au long du XIXe siècle et du XXe siècle, de nombreux inventaires furent réalisés en y incluant bien souvent de pseudo-monuments, d'origine totalement naturelle[1]. Le plus ancien est celui de Wlgrin de Taillefer publié en deux tomes en 1821 et 1826.
L'Inventaire des monuments mégalithiques de France[3] réalisé en 1880 lui attribuait : 106 dolmens, 23 menhirs, 7 cromlechs, et 9 pierres branlantes ;
Fernand Niel en 1958[6] reprend les décomptes de Mortillet et Déchelette et les actualise, soit 110 dolmens et 16 menhirs.
La toponymie constitue un bon indicateur de l'importance du phénomène mégalithique. Les toponymes comme « Peyrelevade, Peyrefiche, Peyrefitte, Peyrepincade, Peyreplantade, Cayre-Levat désignent de manière relativement certaine des mégalithes subsistants ou détruits »[2]. Au cas particulier, le toponyme Peyrelevade, très fréquent, ne désigne jamais un menhir mais toujours un dolmen[2].
C'est à Dominique Pauvert en 1995 que l'on doit le dernier recensement exhaustif réalisé. Il considère que le département compterait comme « mégalithes certains » 82 dolmens et 13 menhirs auxquels il faudrait rajouter comme « mégalithes très probables », 61 dolmens et 17 menhirs. Les 17 cromlechs et alignements souvent signalés semblent par contre assez douteux. Au total, ce sont 256 édifices mégalithiques, dont 173 « très probables » qui ont été recensés[7].
La répartition est assez homogène sur tout le territoire du département, seules certaines zones forestières (forêt de la Double) demeurant vierges de toute présence mégalithique, sous réserve que, jusqu'à aujourd'hui, la végétation n'ait pas masqué des monuments inconnus[7]. Deux zones géographiques se distinguent cependant par l'abondance de leur patrimoine mégalithique : le sud du département riche de plus « d'une cinquantaine de monuments (détruits ou subsistants) »[8] et le nord du département (vallées de la Côle et de la Dronne) qui bénéficie de la proximité angoumoisine[8]. A contrario, sur la frontière est du département, les dolmens semblent sous-représentés alors que dans le Lot voisin, le même type de terrains a été le lieu de prédilection de l'essor du mégalithisme caussenard[7].
Essai de datation
L'absence de fouilles archéologiques récentes ne permet pas de disposer de datations absolues. L'architecture (dolmen simple ou dolmen à couloir) n'est pas suffisante car la coexistence des deux types architecturaux n'est pas exclue, sans parler de la réutilisation des monuments à une époque postérieure à celle de leur construction. Dès lors, l'appartenance des monuments, notamment des dolmens simples, au Néolithique moyen ou final demeure incertaine[8].
↑« Inventaire des monuments mégalithiques de France », Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, no IIIe Série, tome 3, , pp. 64-131. (lire en ligne)
↑Adrien de Mortillet, « Distribution géographique des dolmens et des menhirs de la France », Revue mensuelle de l'École d’anthropologie de Paris, no A11, (lire en ligne)
↑Maynard G. 1996 - Contribution à l'inventaire dolménique de la Dordogne. Documents d'Archéologie et d'Histoire Périgourdines, tome 11, p. 19 à 26, 2 photos, 3 figures.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Dominique Pauvert, Dolmens et menhirs de la Dordogne, Périgueux, Association pour le Développement de la Recherche Archéologique et Historique en Périgord, , 128 p.
Marc Devignes, « Bilan du mégalithisme aquitain », dans La France des dolmens et des sépultures collectives (4500 - 2000 avant J.-C.), Paris, Éditions Errance, , 336 p. (ISBN2-87772-157-4), p. 27
Joseph Déchelette, Manuel d'Archéologie préhistorique celtique et gallo-romaine, Paris, Picard,