Les sites mégalithiques du Tarn sont relativement nombreux et diversifiés. Ils datent essentiellement du Néolithique final. Les dolmens sont peu nombreux et relèvent d'une architecture simple, commune à tous les dolmens caussenards. Les menhirs sont plus fréquents mais ils demeurent de taille modeste. Le mégalithisme départemental se démarque principalement par son exceptionnelle concentration de statues-menhirs dans le sud-est du territoire.
Trente-cinq dolmens ont été dénombrés dans le département du Tarn, dont quelques monuments douteux qui sont en réalité des curiosités naturelles (Peyro Estampo, pseudo-dolmen de la Récuquelle, dolmen de Forblanquet). Vingt-trois d'entre eux sont concentrés dans le nord-ouest du département sur des terrains calcaires correspondant à l'extrémité méridionale du Bas-Quercy, quatre dans le Ségala, quatre sur le plateau d'Anglès, deux dans les monts de Lacaune et deux dans la Montagne Noire. Tous les dolmens sont de type simple, composés de deux à trois montants supportant une unique table de couverture, ce type d'architecture, dit « dolmen caussenard », étant très fréquent dans le Lot et l'Aveyron voisins, à l'exception du dolmen du Cayrou de l'Empiri, unique dolmen à couloir recensé dans le département. La roche utilisée est la roche locale et les chambres funéraires sont de petite taille. L'exemple le plus emblématique est celui de la Peyrelevade. La plupart des tumulus ont disparu, quand ils demeurent ou que leurs vestiges sont identifiables, il apparaît qu'il s'agit de tumuli circulaire, avec la chambre funéraire en position centrale, ou elliptique[1].
Les menhirs sont beaucoup plus nombreux. Quelques monuments vont par paire (menhirs de Montalbo, les Deux Sœurs, Pierres du Rascas) mais un seul alignement est connu, celui de Grèzes près de Vaour, désormais détruit. Ils sont concentrés dans la partie sud-est du département. Ils ont été édifiés avec des blocs naturels bruts, quelques-uns ont bénéficié d'une régularisation des côtés et du sommet par épannelage ou bouchardage. Les quatre menhirs de la Gante se distinguent par leur homogénéité stylistique, véritable canon mégalithique. Simples dalles en calcaire dressées au nord du département, ou pierres brutes et trapues dans le Ségala, leurs formes s'arrondissent en amande dans les monts de Lacaune et elles deviennent presqu'anthropomorphes dans la Montagne Noire[2].
Le trait le plus original du mégalithisme départemental est l'exceptionnelle concentration de statues-menhirs dans le sud-est du territoire. Elles appartiennent toutes au groupe dit Rouergat qui s'est développé entre les vallées du Dadou, de la Sorgues, de l'Agout, la Montagne noire et les Monts de l'Espinouse. Près d'une trentaine sont connues et de nouvelles découvertes surviennent encore. Certaines sont inachevées et plusieurs ont été mutilées. Certaines atteignent à peine 1 m de hauteur mais la plus grande (la Peyro-Lebado de Lacaune) atteint 3,50 m. Elles sont généralement classées en deux sous-groupes : le statues-menhirs dites rodeziennes et les statues-menhirs dites saint-ponniennes. Les statues-menhirs rodéziennes sont moins nombreuses, elles sont taillées en forme d'amande et mesurent au mieux 1,70 m de hauteur. Sur ces statues, le visage parait écrasé. Les statues-menhirs saint-poniennes se concentrent entre Lacaune et Murat-sur-Vèbre. Leur hauteur est plus grande, tout particulièrement pour le statues masculines aux côtés rectilignes[3].
Éléments de datation
Les chambres funéraires des dolmens retrouvées intactes sont extrêmement rares. Les ossements humains recueillis y sont trop peu nombreux ou en mauvais état et ne permettent pas une datation fiable au radiocarbone, sans parler des pollutions chronologiques dues aux réoccupations protohistoriques et plus tardives. Le matériel archéologique (perles, boutons perforés en « V », parures) découvert témoigne d'une utilisation au Néolithique final et relève de plusieurs cultures (Chasséen, Campaniforme, Chalcolithique) avec des réutilisations au début de l'Âge du fer, pendant la période gallo-romaine et même au Moyen Âge[4].
Si la datation des menhirs est toujours problématique, celle des statues-menhirs l'est tout autant d'autant que la plupart n'ont pas été découvertes en place mais en réutilisation dans des constructions diverses ou déplacées en bordure de champs.
↑Jean Clottes et Paul Darasse, « Les mobiliers dolméniques du musée de Saint-Antonin Noble-Val (Tarn-et-Garonne) », Gallia préhistoire, (lire en ligne).
↑ ab et cBernard Pajot, « Un monument exceptionnel, le dolmen du Pech de Montgrès (Penne, Tarn) », Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-
Garonne, , p. 7-24 (lire en ligne).
↑Bernard Pajot, « Penne - Dolmen de Pech Moureau », Bilan scientifique régional, Direction Régionale des Affaires Culturelles Midi-Pyrénées, , p. 154-155.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Jean Lautier (Fédération Tarnaise de Spéléo-Archéologie), Les Mégalithes du département du Tarn, Ferrières, Frèrerie de Ferrières, , 97 p. (ISSN0221-3346).
Michel Maillé (préf. Jean Guilaine), Hommes et femmes de pierre - Statues-menhirs du Rouergue et du Haut-Languedoc, Toulouse, Archives d'Écologie Préhistorique, , 538 p. (ISBN9782358420044)