Il participe à la Grande Guerre, incorporé au 15e corps d'armée au sein du 112e régiment d'infanterie de ligne, il perd un œil au bois de la Gruerie en juin 1915 après avoir dirigé contre l'ennemi six contre-attaques en six heures. Surnommé par ses compagnons d'armes « Le Lion de L'Argonne », « Le Bayard Corse », il reçoit quatre citations à l'ordre de l'Armée, est décoré sur le champ de bataille de la Légion d'honneur, reçoit la médaille militaire ainsi que la croix de guerre ornée de 4 palmes, 2 étoiles d'argent.
Il avait une sœur et quatre frères, dont trois furent tués sur le front lors de la Première Guerre mondiale.
Jean-Luc était lieutenant d'active. Chevalier de la Légion d'honneur ; croix de guerre, tombé au champ d'honneur, dans une attaque en Champagne.
François, avocat au barreau de Marseille, était sergent, croix de guerre, est tombé au champ d'honneur le , lors du torpillage du navire le Balkan. Pierre Anfriani, seul survivant de l'état major, précisera dans son rapport à l'autorité maritime que François Sabiani aurait pu se sauver s'il ne s'était occupé de porter secours à des passagers en perdition. Une plaque de marbre en son honneur était apposée sur les murs du palais de justice de Marseille.
Don-Pierre a été fait prisonnier de guerre, après blessures reçues dans un combat à Bois-le-Prêtre (cinquante-deux mois de captivité).
Engagement dans les partis de gauche (1919-1936)
Après guerre, Simon Sabiani adhère à différentes organisations marxistes. Il est d'abord membre de la SFIO ; en 1919, il commande des groupes musclés qui sèment le trouble dans les réunions électorales de la droite, empêchant ainsi Léon Daudet de prendre la parole à Marseille[1]. En 1922, le service d'ordre du Parti socialiste tue un de ses militants. Pour les protéger désormais, il décide de recruter des nervis, petits malfrats marseillais[2]. Il rejoint un moment le PCF, puis fonde en 1923 le Parti d'action socialiste[réf. nécessaire].
Il est élu conseiller général des Bouches-du-Rhône en 1925 et député en 1928 avec l'appui du PCF, le candidat communiste se désistant au second tour à son profit, ce qui permet d'évincer le candidat sortant, membre de la SFIO[3]. Il avait adhéré en effet à toutes les clauses de la coalition électorale menée par le PCF, le Bloc ouvrier et paysan, mis à part celle préconisant « la défense de l'URSS contre toute attaque impérialiste »[3].
De plus en plus patriote voire nationaliste, Sabiani se fait exclure en du Parti d'unité prolétarienne, dirigé par Paul Louis et dans lequel s'était fondu le Parti d'action socialiste. L'un des motifs de son exclusion est en effet constitué par sa participation à la manifestation du 11 novembre en compagnie de personnalités officielles ainsi qu'à une réunion militariste où il aurait tenu un discours chauvin[3]. Malgré cette exclusion, il est réélu député en 1932 avec 51,8 % des voix, obtenant le soutien d'une partie de la droite opposée au candidat de la SFIO[3]. La Fédération républicaine (droite) retire même son soutien à son candidat, Paul Morazzani, pour contrer la SFIO, lequel se présente indépendamment mais n'obtient que 9 % des voix (contre 19 % en 1928)[3]. Se rapprochant de Jacques Doriot, en dissidence avec le PCF, il lance le , lors d'un rassemblement politique à l'Alcazar de Marseille le mot d'ordre « Ni gauche, ni droite : France d'abord ! »[3].
Il est très proche de deux parrains de la pègre de l'époque, François Spirito et Paul Carbone. Lorsque l'affaire Stavisky éclate en 1934, l'inspecteur Bonny désigne Carbone, Spirito et Gaëtan de Lussats coupables de l'assassinat d'Albert Prince, conseiller à la Cour d’appel de Paris. Les trois hommes, rapidement mis hors de cause, sont soutenus par Sabiani au moyen d'affiches apposées dans la ville. Par ses relations, il entraîne la ville vers le clientélisme et la corruption[5].
Il rejoignit également la LICA (Ligue internationale contre l'antisémitisme, actuelle LICRA) et participe à des rassemblements de dénonciation des persécutions hitlériennes[6].
Sabiani est à la tête de la section locale du PPF à partir de 1936. Parmi ses amis et agents électoraux, on trouve les figures du milieu marseillais : les futurs gangsters collaborateurs Paul Carbone et François Spirito, ainsi que le futur gangster résistant Antoine Guérini. Sabiani systématise la fraude électorale déjà très présente à Marseille, et qui suscite d'ailleurs une abstention, pouvant aller jusqu'à 50 %[3], tandis qu'il organise en véritable milice fasciste les bandes de Carbone et comparses, rebaptisées « phalanges prolétariennes » et composées de marins, dockeurs ainsi que de chômeurs[3].
Son fils, François Sabiani, étudiant en droit âgé de 20 ans, s'engage dans la LVF. Il voulait s'engager dans les Forces françaises libres et se trouvait déjà sur un bateau à Port-Vendres, d’où son père l'obligea à débarquer. Dans son livre, Et j'ai cassé mon fusil, Jean-Baptiste Emmanuelli écrit qu’il s’est lui-même engagé dans la LVF à la demande de la mère de François Sabiani avec pour mission d’aller convaincre son fils de quitter cette organisation. François Sabiani a été cité à l'ordre de la Légion : « Avait une haute conception de son devoir. S’était distingué le , au cours d’une patrouille de reconnaissance, par son calme et son mépris du danger. A été blessé mortellement, le , en accomplissant une mission de liaison ». Il meurt sur le Front de l'Est, non loin de Smolensk, lors d'une opération de la LVF, le .
↑Jean-Louis Planche, « Modèle de souveraineté français. Incivilités et violences à Oran et Marseille (1919-1939) », Cahiers de la Méditerranée, vol. 61, , p. 91-119 (DOI10.3406/camed.2000.1293, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bMarie-Françoise Attard-Maraninchi, Le Panier, village corse à Marseille, Paris, Autrement, , 205 p. (ISBN978-2-86260-682-8), p. 108.
↑(ar) Jean-Michel Verne, Main basse sur Marseille… et la Corse : La protection des hautes personnalités de De Gaulle à Hollande, Nouveau Monde éditions, , 257 p. (ISBN978-2-36942-018-7, lire en ligne).
↑« Le grandiose meeting de Marseille », Le Droit de vivre, juin 1933.