Il y eut successivement trois portes Saint-Honoré, au fur et à mesure de l'extension des différentes enceintes de la ville, s'échelonnant le long de la rue Saint-Honoré. Elles furent l'une après l'autre détruites pour faciliter le ravitaillement et la circulation dans Paris.
Deux tours de 8 m de diamètre et de 15 de haut encadraient une ouverture ogivale fermée par deux vantaux de bois et protégée par une herse. La forteresse du Louvre (un donjon de 32 m de haut entouré de sa propre enceinte haute de 20 m, le tout construit en 1190-1202) la protégeait contre une attaque par terre comme par le fleuve venant de Normandie, alors propriété des Plantagenêt, ennemis des rois de France.
La station de métro la plus proche est celle Louvre - Rivoli (ligne 1).
Cette porte fortifiée était constituée par une bastille formant saillie en avant de la muraille, surmontée de tourelles ; le passage se faisait sous une voûte de 18 m de long. L'entrée côté faubourg était protégée par un double pont-levis (charretier et piétonnier) donnant sur un pont franchissant deux fossés, d'abord un en eau de 30 m de large puis un second sec de 15 m, avec une avant-porte entre les deux fossés (les plans de 1552, Quesnel de 1609 et Mérian de 1615 la représentent assez fidèlement). L'ensemble s'allongeait sur 90 m de longueur, jusqu'à la rue de l'Échelle (ancienne « rue des Fossés »), qui est l'ancien chemin de ronde au-delà des fossés.
Le jeudi , au petit matin, Jeanne d'Arc, le duc d'Alençon, les maréchaux Gilles de Rais et Jean de Brosse de Boussac partent du village de la Chapelle et installent des couleuvrines sur la butte Saint-Roch pour soutenir l'attaque contre la porte Saint-Honoré[12]. Michelet, dans son Histoire de France, relate comment « elle [Jeanne Darc (sic)] ne s'était pas fait scrupule de donner l'assaut le jour de la Nativité Notre-Dame (8 septembre) ; la pieuse ville de Paris en avait été fort scandalisée ». Tentant de franchir le fossé en eau devant la porte, Jeanne d'Arc fut blessée d'un carreau d'arbalète à la cuisse[13] (une plaque se trouve au mitoyen des nos 161 et 163 de la rue Saint-Honoré, due au sculpteur Maxime Real del Sarte ; une seconde plaque identique se trouve dans la cour du no 15 de la rue de Richelieu, à l'emplacement où Jeanne fut blessée). Jeanne fut ramenée à son logis de la Chapelle. Bien qu'elle eût souhaité reprendre l'attaque de Paris, le roi lui donna ordre de se replier sur l’abbaye de Saint-Denis.
Détail du plan de Mérian de 1615 (le nord à gauche) : la deuxième porte (en haut) du XIVe siècle, le faubourg traversé par la rue Saint-Honoré et le bastion du XVIIe siècle (en bas).
Emplacement et coupe de la seconde porte Saint-Honoré.
Le , à 3 h du matin, des soldats d'Henri IV échouèrent à s'emparer de la porte, malgré leur déguisement en paysans menant des charrettes de farines (journée des Farines).
Troisième porte (XVIIe siècle)
Porte Saint-Honoré (troisième porte)
La porte Saint-Honoré, troisième du nom, construite en 1635, vue de l'intérieur de la ville (gravure d'Adam Pérelle).
Les stations de métro les plus proches sont : Concorde (lignes 1, 8 et 12) et Madeleine (lignes 8, 12 et 14).
Ce n'est d'abord qu'une simple route sortant du côté ouest d'un bastion des nouvelles fortifications de 1566, à un kilomètre plus à l'ouest que la deuxième porte. Une porte est construite sous le roi Louis XIII en 1632-1634. La voûte d'entrée est surmontée d'un bâtiment avec deux pavillons latéraux, aux parements d'angles en pierre calcaire, avec murs en brique et toit d'ardoise ; un pont franchit le fossé, séparé de la porte par un pont-levis.
Largement élargie dans les années 1670-1680 pour laisser passer plus facilement le trafic, elle fut détruite en 1732[16]. Les plans de Quesnel de 1609, de Mérian de 1615 et de Gomboust de 1652 la représentent dans son évolution ; sur celui de Turgot de 1739, elle est démolie.
↑A la fin du XVIIIe siècle un petit édifice subsiste à cet endroit comme on peut le voir sur le plan Verniquet de 1793 dans un léger retrait de la rue Saint-Honoré à l'Est du débouché de la rue Croix-des-Petits-Champs, sous forme d'un petit rectangle, grisé à la manière des édifices publics. Ce baraquement en bois est démoli en novembre 1804 pour « embellir » le trajet du cortège du couronnement de Napoléon (Joseph du Saulchoy, Histoire du couronnement ou Relation des cérémonies religieuses, politiques et militaires qui ont eu lieu pendant les jours mémorables consacrés à célébrer le couronnement et le sacre de Sa Majesté Impériale Napoléon 1er, Paris, chez l’auteur, 1805, p. 99 (Lire sur Gallica).
↑Les deux immeubles ne disposent que d'une entrée au no 150. L'orientation des souches de cheminées indique l'axe de l'enceinte.
Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris : promenade au long des murs disparus, Paris, Parigramme, , 246 p. (ISBN2-84096-322-1).