Pierre-Henri est le fils de Jacques-Henri Batiffol (1815-1904), professeur agrégé au lycée de Tournon-sur-Rhône, et d’Adelina-Marie Boiteux (1831-1916). Son frère, Louis-Jules Batiffol (1865-1946), sera administrateur de la bibliothèque de l'Arsenal et historien du XVIIe siècle.
À l’âge de 24 ans (1885), il obtient une bourse du Ministère de l’Instruction publique pour se rendre en Albanie afin de collationner un manuscrit grec du VIe siècle : le Beratinus 1. Il profite de ce voyage pour contribuer à la refonte du Guide de la Grèce.
En 1898, l'archevêque de Toulouse, François-Désiré Mathieu, lui confie la direction de l'Institut catholique de la ville et il s'attache au caractère historico-critique de la théologie. Il fait usage des méthodes les plus strictes de critique dans l'histoire du dogme, de l'Église et pour la critique des manuscrits des Écritures. Son étude sur l'Eucharistie (1905) est mise à l'Index, au moment de la publication de l'encyclique Pascendi du pape Pie X () : il est suspecté de « modernisme » alors qu'il est un des premiers à mettre en garde contre les positions radicales de Loisy et de ses disciples[1]. Après avoir écrit une lettre de soumission, il quitte sa chaire à l'Institut catholique.
Lui sont reprochées son approche critique d'un certain nombre de légendes et son amitié avec MgrMignot, évêque d'Albi. Cependant, d'après l'abbé Louis Venard son correspondant : « L'abbé Batiffol était surtout historien, très peu philosophe. En matière de philosophie religieuse et de théologie, il était plutôt conservateur et n'eut jamais de sympathie pour les tentatives qui furent faites à partir de la philosophie religieuse de Blondel et de Laberthonnière pour établir une théorie de la croyance qui assure à la critique une entière indépendance dans sa méthode et ses conclusions »[4].
De retour à Paris, il participe à la création du Bulletin d'ancienne littérature et d'archéologie chrétienne. Il poursuit ses publications et devient docteur honoris causa des universités de Louvain (doctorat ès Lettres, 1922) et d'Oxford (doctorat en théologie, 1927)[5].
En 1915, il est fait chanoine titulaire de Notre-Dame de Paris. En outre, déjà nommé officier d'académie en 1897, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 1er août 1928 en récompense de son importante œuvre littéraire, alors qu'il était président de la Société nationale des antiquaires de France au Louvre. Il décède soudainement l’année suivante, le 13 janvier 1929 au couvent des Sœurs Augustines à Paris XIVe, rue des Plantes[6].
« Ungedruckte Papst- und Kaiserurkunden aus basilianischen Archiven », Römische Quartalschrift für christliche Altertumskunde und Kirchengeschichte, 1888, p. 36
Studia Patristica I. II, 1889/90
La Vaticane de Paul III à Paul V d’après des documents nouveaux, Paris, E. Leroux, « Petite bibliothèque d’art et d’archéologie », 1890
Études de liturgie et d'archéologie chrétienne, 1919
Le Catholicisme de saint Augustin, 2 bind, 1920
Les Survivances du culte impérial romain, à propos des rites shintoïstes (1920, en collaboration avec Louis Bréhier)
Le Siège apostolique (359-461), 1924
Saint Grégoire le Grand, 1925
Catholicisme et papauté, 1926.
Cathedra Petri : études d'histoire ancienne de l'Église (édition posthume, 1938)
Notes
↑ a et bGérard Reynal (dir.), Dictionnaire des théologiens et de la théologie chrétienne, Bayard Éditions / Centurion, Paris, 1998, p. 50.
↑Cf. Brigitte Waché, Monseigneur Louis Duchesne (1843-1922) – Historien de l’Église, directeur de l’École française de Rome, Collection de l’École française de Rome n° 167, Rome, 1992.
↑Cf. Gustave Bardy, art. "L’Œuvre de Mgr Pierre Batiffol", in revue Recherches de science religieuse, tome 19/2, avril 1929.
↑Louis Venard, Mémoires, cité par Pierre Riché, art. « Batiffol », Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, vol. 9, p. 37.
↑Cf. François-Louis Ganshof, art. "Mgr Pierre Batiffol", in Revue belge de philologie et d'histoire, tome 8, fasc. 1, 1929. pp. 408-409.
↑Tous ces éléments sont contenus dans le dossier "Pierre Batiffol" au Répertoire des dossiers nominatifs de la Légion d'honneur : Numéro de notice : L0135054 ; cote de l'acte : LH/135/54 ; Lieu de conservation du dossier : Archives de Paris.