Son engagement politique débute au lycée Pasteur[4] à Neuilly-sur-Seine, où, marqué par la guerre d'Algérie, il refuse de respecter une minute de silence après un attentat meurtrier de l'OAS[1]. Étudiant en histoire à l'université de Nanterre, appréciant notamment Philippe Ariès et Raoul Girardet, il obtient une licence, puis rédige en 1971, sous la direction de René Rémond, un mémoire de maîtrise sur Les Courants idéologiques dans le mouvement de défense de l'Algérie française. En 1976, il prépare sous la direction de Girardet une thèse de doctorat sur Le Mouvement Algérie française, les hommes et les idées[5], finalement non achevée.
Analyste et militant politique d'extrême droite, Buisson s'éloigne cependant de la politique active dès la fin de ses études et, après avoir enseigné jusqu'en 1979[7], se tourne pour l'essentiel vers le journalisme engagé avec Minute (1981-1987), dont il devient le correspondant à l'Assemblée nationale, puis en dirige la rédaction pendant un an.
En 1984, il publie avec Pascal Gauchon, ex-rédacteur en chef de Défense de l'Occident et ancien secrétaire général du Parti des forces nouvelles, le livre OAS, Histoire de la résistance française en Algérie, préfacé par Pierre Sergent, l'un des dirigeants de l'organisation[1],[6]. Dans ce livre, hagiographique, il justifie son combat contre la « trahison » du général de Gaulle et compare le groupe terroriste à la résistance française pendant l'occupation allemande[8].
Il œuvre alors au rapprochement de « toutes les droites »[1], déclarant que « Le Pen, le RPR et le PR, c'est la droite. Souvent, c'est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres »[9]. Selon son analyse, « les électeurs du FN sont pour l'essentiel d'anciens électeurs du RPR déçus par le recentrage et l'évolution pro-européenne de Chirac, pour le reste d'anciens communistes nostalgiques du temps où le PC était conservateur, autoritaire et nationaliste »[1]. Selon Le Monde, le rôle de Patrick Buisson a été prépondérant dans l'effacement du « cordon sanitaire » séparant la droite républicaine de l’extrême droite[10].
Licencié de Minute en 1987, il rejoint brièvement Le Crapouillot puis, la même année, Valeurs actuelles[2], dont il devient, en 1992, directeur de la rédaction générale pour six années[1].
Il lance en 1996 la revue hebdomadaire Politique Opinion en association avec l'ensemble des directeurs des instituts de sondages, et anime à partir de 2000 la page « Opinion » du Figaro.
Il est créateur et animateur de nombreuses émissions politiques sur LCI dont Le Club de l'opinion (1997-2000), Politoscopie (1999- 2000), puis 100 % Politique (à partir de 2001), en compagnie de David Pujadas. Il est créateur et animateur de Un livre, un débat en 2003.
En 2005, il anime l'émission Questions qui fâchent et coanime, jusqu'en 2007, l'émission hebdomadaire sur LCI intitulée Politiquement Show, et assure également l'émission Questions qui fâchent avec Michel Field.
Il dirige la chaîne Histoire (détenue à 100 % par le groupe TF1) depuis [12]. Selon Le Monde, c'est sa proximité avec le président de la République Nicolas Sarkozy qui aurait permis à la chaîne Histoire de recevoir, entre 2008 et 2009, 270 000 euros de la part du ministère de la Culture[13]. À partir de cette date, il est reconduit chaque année pour un an à la tête de la chaîne Histoire par le propriétaire de la chaîne, le groupe TF1[14], mais démissionne de son mandat de directeur général en [15].
Sans poste officiel à l'Élysée, à sa demande, il demeure cependant un collaborateur très écouté du nouveau président de la République, et quitte l'antenne de LCI[17]. Dès lors, Patrick Buisson guide les choix de Nicolas Sarkozy, notamment sur la création du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration ou encore dans la conquête du vote Front national via l'élaboration d'un discours sécuritaire ad hoc[18].
À la suite de l'échec de Nicolas Sarkozy en à l'élection présidentielle, ses choix idéologiques et ses conseils dans la campagne sont l'objet de diverses appréciations et polémiques. Françoise Fressoz, éditorialiste du journal Le Monde, souligne son « populisme »[19], et selon Stéphane Rozès, la « droitisation » à laquelle il réussit à mener l'UMP, a participé à provoquer le « dynamitage »[19] de ce parti à la suite des élections pour le renouvellement de ses dirigeants au congrès de novembre 2012[20],[21].
En , il publie La Cause du peuple, dans lequel il se définit comme un « mécontemporain » et fait plusieurs révélations critiques sur l'action et le comportement de Nicolas Sarkozy[24]. Pour L'Express, le livre mêle anecdotes et réflexions pour raconter et juger sévèrement le quinquennat de Nicolas Sarkozy[25]. L'essai est un succès de librairie[26].
Séparé d'une experte-comptable à la retraite, il est le père de Georges Buisson, qui publie en 2019 L'Ennemi, un essai critique à son sujet[29].
Patrick Buisson meurt le aux Sables-d'Olonne, à l’âge de 74 ans[30]. Ses obsèques sont célébrées le 3 janvier 2024 par Louis-Marie de Blignières en l'église Saint-Ferdinand-des-Ternes à Paris[31] ; elles rassemblent les représentants de l'extrême droite française, de Reconquête et du Rassemblement national. Sont également présents des journalistes du Figaro et du Journal du dimanche[32],[33]. Si aucun élu Les Républicains n'était présent lors de ses obsèques, le président du parti Éric Ciotti a fait envoyer une couronne de fleurs au nom de son parti[34].
En 2008, à la tête de Publifact, Patrick Buisson envoie à l'Élysée un total de 130 factures pour des conseils, dont une quinzaine de sondages réalisés par OpinionWay et publiés par Le Figaro et LCI, pour un prix de 392 288 euros. Selon la Cour des comptes, le total de ses prestations a atteint la somme de 1,5 million d'euros pour l'année 2008[35]. Le 2009, le PS demande la création d'une commission d'enquête[36].
Patrick Buisson contre-attaque et dépose une plainte le contre la ministre de la Justice Christiane Taubira pour « prise illégale d'intérêt », celle-ci faisant partie alors du comité de parrainage d'Anticor, l'association à l'origine d'une plainte contre X dans le cadre de l'affaire des sondages. L'enquête se solde par un non lieu en 2017, les magistrats considérant qu'elle n'avait pas commis d'infraction[37].
Durant la période où il travaille à l'Élysée, Patrick Buisson enregistre des réunions à l'insu de Nicolas Sarkozy et des autres conseillers présidentiels, à l'aide d'un dictaphone caché[40] (dissimulation qu'il nie par l'intermédiaire de son avocat Gilles-William Goldnadel[41]). L'existence de ces enregistrements est révélée par l'hebdomadaire Le Point en février 2014, puis des extraits sont publiés par Le Canard enchaîné et Atlantico en mars. Le couple Bruni-Sarkozy porte plainte pour violation de la vie privée, à la fois contre Atlantico et contre Patrick Buisson[42] ; Patrick Buisson porte plainte contre X pour vol et recel[43],[44]. En 2014, Patrick Buisson est condamné à verser 10 000 € à Nicolas Sarkozy et à Carla Bruni[45] pour atteinte à la vie privée[46].
Accusations de plagiat
Le , le journaliste Jérôme Dupuis affirme dans L'Express[47] que Patrick Buisson aurait plagié longuement un livre de Jean-Louis Harouel, Le Vrai Génie du christianisme, dans un entretien accordé au Figaro Magazine. Buisson se défendant d'avoir été plagiaire[48], Harouel publie un article sur le site Rue89 pour fustiger ses procédés[49].
Ce livre a fait l'objet d'une polémique à sa sortie. Il lui a été reproché par plusieurs spécialistes de la guerre d'Algérie de ne présenter que le point de vue du colonisateur et de l'Armée française[53].
William Blanc, Aurore Chéry et Christophe Naudin, Les Historiens de garde : de Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, Inculte Éditions, , 253 p.