La mitrailleuse Kalachnikov, plus connue sous les initiales PK de son nom russe : пулемёт Калашникова, poulemiot Kalachnikova, est une mitrailleusesoviétique adoptée en 1961 et produite depuis lors à plus d'un million d'exemplaires. Comme l'indique sa désignation officielle, elle exploite le mécanisme du célèbre fusil d'assaut AK-47 adapté à une munition plus puissante. Elle fut rapidement adoptée par les armées du pacte de Varsovie puis fut diffusée mondialement.
Développement
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS développa différentes mitrailleuses légères pour équiper l'infanterie de l'armée soviétique, notamment la Degtiarev RPD et la Kalachnikov RPK. Toutes deux étaient chambrées en calibre 7,62 x 39 mm, le même que celui de l'AK-47. Il apparut cependant que si cette munition était adaptée aux fusils d'assaut, elle avait une précision et un pouvoir de pénétration insuffisants pour être employée sur des fusils mitrailleurs avec une cadence de tir plus élevée que les fusils d'assaut[1].
En 1955, la Direction principale de l'artillerie et des missiles de l'Union soviétique (GRAU) définit le cahier des charges pour le nouveau fusil mitrailleur. Une compétition pour la conception d'une nouvelle arme fut donc lancée. Les ingénieurs soviétiques Grigory Nikitin et Yuri Sokolov travaillaient déjà depuis plusieurs années à un autre projet pour répondre à la même demande. Un premier prototype fut présenté à l'armée vers 1957-1958 : la Nikitin-Sokolov PN1[2]. L'armée apprécia le prototype et commanda quelques centaines d'exemplaires pour passer les tests d’État. Cependant, l'arme présentait quelques défauts, le principal défaut étant que l'arme ne résistait pas très bien à l'eau et à la neige. L'eau et la neige avaient tendance à entrer dans le piston à gaz. Si, après le tir, la mitrailleuse était dans l'eau, après deux ou trois coups de feu, la mitrailleuse ne pouvait tirer exclusivement qu'au coup par coup. Après un seul tir, le tireur devait recharger l'arme, c'est-à-dire déplacer la culasse manuellement deux ou trois fois[3].
L'armée demanda donc à Nikitin de régler ce problème, mais l'ingénieur mettait trop de temps à régler ce problème. Afin de forcer Nikitin à travailler plus vite, la Direction principale de l'artillerie et des missiles décida, en 1958, de relancer la compétition en faisant appel au d'ores et déjà célèbre Mikhaïl Kalachnikov, alors qu'en parallèle, celui-ci travaillait déjà sur le design de l'AKM et du RPK. Il accepta la tâche malgré sa charge de travail et le fait que la PN1 de Nikitin avait déjà été choisie par l'armée et que ce dernier était soutenu par certains ministères et hauts gradés. Kalachnikov développa donc la première version de la PK et, vers 1960-1961, elle passa les tests d’État contre la PN1. Le résultat fut sans appel. Non seulement la PK pouvait parfaitement résister à l'eau, mais elle était également beaucoup plus facile à entretenir et fabriquer, car elle réutilisait les mêmes bandes de munitions que la Maximm ou la SG-43, alors que la PN1 utilisait un nouveau de type de bandes qui n'était pas encore en production à l'époque. De plus, selon Kalachnikov, ses concurrents ont tenté de biaiser le test en demandant aux opérateurs de baisser la cadence de tir à cause d'un chevauchement des bandes lors de longues rafales. Il y a légalement eu un autre incident lors du test, selon Kalachnikov, le recul de la PN1 était mal réparti et une grande partie se retrouvait dans la crosse ; la pression était si forte qu'un des soldats chargés de tester la PN1 se cassa la pommette[4].
Au vu des résultats des tests, l'armée préféra le design de Kalachnikov. En 1961, la mitrailleuse universelle Kalachnikov de 7,62x54R mm a été adoptée et mise en production à l'usine d'Izhmash, dans l'Oural. Cependant, pour des raisons politiques et de répartition du travail entre les différentes industries soviétiques, la version de Nikitin ne fut pas totalement abandonnée et le trépied qu'il avait développé pour la PN1 fut réutilisé sur la PKB[5].
Description
La PK pèse un peu moins de 9 kg lorsqu'elle est employée avec un bipied, ce qui est loin d'être excessif pour une arme de cette catégorie. Elle reste donc facilement manœuvrable malgré sa longueur dépassant 1,10 m[6].
Concernant son système de tir, elle dispose d'une culasse rotative très similaire à celles de l'AK et du RPK. Elle a cependant été élargie et renforcée pour pouvoir supporter la plus grande puissance de la munition utilisée par la PK. Le rechargement de l'arme se fait grâce au gaz produit par le tir des cartouches : lorsque la première a été percutée, le gaz créé par l'explosion de sa charge de poudre est réutilisé pour faire reculer la culasse, éjecter la douille et la remplacer par la cartouche suivante[7]. Les mécanismes internes de la PK sont remarquables de simplicité, à l'instar de ceux de l'AK, et sont à l'origine de la grande fiabilité de la mitrailleuse. Le système de queue de détente et de gâchette est notamment hérité de la RPD. La PK peut être placée en mode « tir automatique » ou « sécurité » ; il n'existe pas de mode semi-automatique ou rafale[8].
La PK dispose d'un canon lourd mesurant plus de 650 mm et pesant dans son ensemble 2,4 kg ; cette longueur imposante lui offre une bonne précision et évite que sa température n'augmente trop vite[9]. L'alésage du canon (intérieur du canon) dispose d'une surcouche en chrome[10]. En effet, la cadence de tir impressionnante de la plupart des mitrailleuses ainsi que la puissance de leurs munitions amènent logiquement leur canon à surchauffer en cas d'utilisation trop intensive. Celui de la PK, qui est refroidi à l'air, est donc doté d'une poignée permettant de le retirer et de le remplacer facilement, même dans le feu de l'action. Le PKM peut tirer environ 400 cartouches avant de surchauffer et de commencer à se déformer. Elle est, de plus, équipée d'un bipied pour une meilleure stabilité de l'arme lors du tir[11].
Ceinture de munitions de la PK
L'alimentation de la PK se fait par bandes de cartouches stockées dans des boîtes métalliques d'une capacité de 100, 200 ou 250 munitions, bien que ces deux derniers modèles soient généralement utilisés dans des positions défensives fixes, à cause de l'encombrement important qu'ils entraînent. Les munitions s'insèrent dans la partie droite de l'arme. Les bandes de cartouches sont en métal et sont non désintégrantes, c'est-à-dire que la bande de munitions va rester unie après le tir et continuer à pendre à la culasse du PKM jusqu'à la fin de celle ci ou que l'opérateur la détache manuellement. Ce système de munitions présente des désavantages en termes d’encombrement et d'entretien, mais cela permet aussi de réduire grandement le temps de rechargement, car le soldat a juste à remettre les munitions dans la bande plutôt que de remonter toute la bande manuellement. Du temps de l'Union soviétique, il y a eu certaines tentatives de remplacer les bandes en métal non désintégrantes par des bandes en polymère désintégrantes. Cependant, cette technique n'avait pas été retenue à cause des fortes chaleurs créées par la PKM qui déformaient le polymère. En 2015, l'Ukraine avait relancé ce projet, ces bandes ne sont jamais entrées en grandes quantités dans l'armée, mais elles sont utilisées pendant l'invasion russe de 2022[12],[13]. La cadence de tir maximum est de 650 cartouches par minute. La PK peut donc fournir une puissance importante, que ce soit en matière de capacité de pénétration ou de volume de feu[14].
Les différentes versions de la PK
La Poulemiot Kalachnikov fut déclinée en PKS, PKT et PKB. Sa version modernisée PKM eut droit aux mêmes variantes, dont la plus récente est la Petcheneg.
PK (1961)
PKM (1969)
PKS
PKT
PKB
PKMN
PKMS
PKTM
PKBM
PKMSN
PKP Petcheneg (2001)
Version d'infanterie
Version sur tourelle
Version coaxiale
Version sur trépied
Version vision nocturne
PKM
Mise en service en 1969, la PK modernisée introduit un canon plus léger et un peu plus court, ainsi que l'utilisation de nouveaux matériaux pour alléger l'arme, en particulier du plastique qui vient remplacer le bois dans certaines pièces. Grâce à ces changements l'arme est plus légère de 1 500 g. Elle est facilement identifiable grâce au cache flamme de son canon (pièce située à l'extrémité de celui-ci), qui ne présente pas de longues perforations comme sur la PK, mais un embout avec plusieurs petits trous. On peut de plus y adapter différents optiques d'aide au tir[15].
PKMN
Version spéciale pour accueillir un viseur nocturne.
PKS/PKMS
La Poulemiot Kalashnikova Stankoviy est une PK/PKM montée sur un trépied spécial pour une meilleure stabilité et afin de pouvoir faire du tir anti aérien.
PKT/PKMT
La Poulemiot Kalashnikova Tankoviy est la variante du PK/PKM utilisée comme mitrailleuse coaxiale sur presque tous les blindés Soviétique comme les chars T-64, le T-72, T-80 ou le T-90 mais aussi les véhicules blindés BMP-1 / 2 / 3 ou BTR-80 ainsi que le drone de combat Uran-9. Son actionnement est électrique et guidé depuis l'intérieur du char, ce qui fait que sa crosse et sa poignée ont été retirées. Il ne reste donc que le canon, qui dépasse très légèrement du véhicule, et le corps de l'arme. À noter que son canon a été alourdi pour permettre un tir plus intensif[16].
PKB/PKMB
Poulemiot Kalashnikova na Bronetransportere : version presque identique à la PK prévue pour être utilisée depuis les tourelles de véhicules ou de blindés de type BTR-40 / 50 / 60. Elle est installée sur un dispositif pivotant et en général elle est équipé des boites à munitions de 200-250 cartouches. Elle dispose d'un amortisseur à ressort pour réduire le recul ainsi qu'une poche à douille située sur la culasse pour éviter que les douilles brûlantes entrent dans le véhicule[17]. Avec le retrait des vieux modèles de BTR on la retrouve de plus en plus sur des véhicules léger comme des pick-up[18]. La PKB peut être détachée du véhicule est utilisée comme arme d'infanterie.
Galerie
PK - Version d'infanterie originale 1961
PKM - Version d'infanterie modernisée 1969
PKMN - PKM avec viseur nocturne
PKP Pecheneg - Version d’infanterie modernisé 2001
La célèbre usine d'armement yougoslave puis serbeZastava Arms produit encore aujourd'hui des M84 (PKM mais munie d'une crosse pleine), M86 (PKB) et M87 (PKT armant le char M-84). La FAZ M84 a été exportée en Irak, où elle est aussi utilisée par des contractors.
Un soldat bulgare en entrainement en Allemagne en 2014.
Les arsenaux bulgares produisent les versions suivantes en 7,62 mm Mosin Nagant ou 7,62 OTAN :
MG : version de base avec bipied
MG-M1 : version modernisée
MG-M1S : version de l'arme précédente montée sur trépied
MG-T : mitrailleuse de char
MG-N : prévue pour être utilisée sur une embarcation
MG1-M : arme tropicalisée pour être utilisée en milieu désertique.
MG1-MS : version de l'arme précédente montée sur trépied
En 2023 un groupe de volontaires Ukrainiens ont acheté à la Bulgarie 1 460 PKM pour une valeur de 6,75 Millions € soit un peu plus de 4 500 € par fusil mitrailleur[19].
Les arsenaux nord-coréens produisent une version légèrement modifiée de la PK. La crosse est droite, pleine et dotée d'une épaulière. Le levier d'armement est plus long. Sa hausse est à planchette pliante. Elle est en service aussi dans l'armée de terre togolaise.
Version quasi identique à la PKM developpé au début des années 2000 mais chambrée en 7,62 × 51 mm OTAN[20].
Utilisations
Utilisateurs du PK et ses copies en 2024. (y compris sur véhicules blindés)
La PK fut utilisée en tant que mitrailleuse standard de l'infanterie de l'Armée rouge et a été installée sur la quasi-totalité des véhicules de l'armée soviétique. Elle est encore en service, notamment dans les pays de l'ex-Bloc de l'Est qui l'ont pratiquement tous adoptée après l'URSS. De plus, le soutien que celle-ci a apporté à de nombreux pays du tiers-monde ajouté à la grande simplicité de la PK a contribué à ce qu'elle se répande à travers le monde entier pour devenir l'une des mitrailleuses les plus utilisées à ce jour. De même que l'AK-47, le SVD et le RPG-7, la PK fait partie de toutes ces armes russes qui ont été disséminées sur toute la planète. On la retrouve généralement accompagnée par le fusil d'assaut AK-47, mais de nombreux pays (comme la Russie, la Pologne ou l'Ukraine) continuent à l'employer bien qu'ils aient modernisé leurs autres armes légères (avec l'entrée en service des AK-74). La PK est aussi énormément utilisée par des acteurs non étatiques et fait notamment partie de l'armement de base des peshmerga et des guérillas kurdes comme le PKK, YPG, YPJ mais également d'autres groupes comme l’État islamique ou le Front de libération du peuple du Tigré[21].
En effet, la PK a eu souvent l'occasion de démontrer sa qualité, et semble encore avoir un bel avenir devant elle. Cette mitrailleuse polyvalente et ses variantes/copies fut et/ou est encore en service dans les pays suivants[22],[23],[24],[25],[26] :
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