Né d'un père boucher dans une famille commerçante de Guéret[3] située rue de la Mairie (actuelle rue de l'Ancienne Mairie[4]), Marcel Henri Paul Jouhandeau est élevé jusqu'à l'âge de neuf ans par sa tante Alexandrine. Marqué au visage par une malformation labiale, il se tourne dès ses jeunes années — sous l'influence d'une jeune fille (Jeanne Martin) qui avait été novice au carmel de Limoges — vers un catholicisme mystique et il envisage son entrée au séminaire.
À la suite d'une lecture, en 1908, il prend conscience de son homosexualité latente et, plus tard, parmi ses amants il comptera Michel Leiris[5]. Cette même année il part pour Paris, étudie quelques mois au lycée Henri-IV, puis à la faculté des lettres. Il écrit alors ses premiers contes. Il devient professeur au collège privé Saint-Jean-de-Passy à partir de .
Son homosexualité entre dès lors en conflit avec sa foi catholique et, toute sa vie, il oscillera entre la célébration du corps masculin et le vécu mortifère de sa sexualité au point qu'en , dans un élan mystique, il brûle tous ses manuscrits et tente de se suicider. La crise passée, il revient à l'écriture sur les conseils en particulier de son ami Léon Laveine. Il écrit ce qu'il appelle des contes, ce sont des chroniques inspirées par sa ville natale de Guéret qu'il baptise Chaminadour.
Durant la Première Guerre mondiale, il est versé dans le service auxiliaire et affecté à l'arrière comme secrétaire à Guéret. Il publie La Jeunesse de Théophile en 1921 et, en 1924, Les Pincengrain. Ces textes déclenchent une vive animosité des Guérétois à son égard.
Il se marie à quarante ans, le , à Paris, avec une ancienne danseuse, Élisabeth Toulemont, dite Caryathis, Élise dans son œuvre[6]. Amie de Jean Cocteau et de Max Jacob, elle avait été la maîtresse de Charles Dullin. Élise espère détourner son mari de ses penchants pour les garçons mais, au cours des années 1930, ceux-ci l'emporteront à nouveau et s'imposeront définitivement à la fin de sa vie. Il en parle ouvertement dans divers ouvrages comme Chronique d'une passion, Du pur amour, Tirésias.
Les Jouhandeau habitent à Paris près de la porte Maillot. Ses livres sont publiés aux éditions Gallimard (sept titres chez Grasset à la suite d'une brouille avec Gaston). Professeur de latin durant 37 ans afin d'assurer sa sécurité financière à côté de son oeuvre, il part à la retraite en .
De 1936 à 1941, il écrit quatre articles antisémites dont trois seront réunis dans une plaquette, Le Péril juif, éditée par Sorlot[7]. En 1941, il participe au « congrès de Weimar » (organisé par Goebbels) sur l'invitation de Gerhard Heller. Partent avec lui Abel Bonnard, Pierre Drieu la Rochelle, Brasillach, Fabre-Luce, Chardonne, Fraigneau, Fernandez. En , Jouhandeau publie Témoignage, un court article où il développe son admiration pour l'Allemagne, dans La NRF de Drieu[8]. À la Libération, son dossier sera classé sans suite. Dans ses Journaliers, longue chronique de 28 volumes, il reviendra à plusieurs reprises sur cette période de son œuvre.
En , Élise Jouhandeau dénonce à la GestapoJean Paulhan comme « Juif », et Bernard Groethuysen, comme « communiste ». Marcel Jouhandeau prévient ainsi Paulhan de l'acte de sa femme : « Ce que j'aime le plus au monde a dénoncé ce que j'aime le plus au monde[réf. nécessaire] ».
Vers 1949, les Jouhandeau recueillent une fillette, Céline. Son éducation est un échec. À sa majorité elle met au monde un garçon, Marc, que les Jouhandeau adopteront (le père est reparti pour l'Italie, abandonnant mère et enfant). C'est finalement le vieux Jouhandeau (à plus de 80 ans) qui s'occupera de Marc : l'enfant est omniprésent dans les derniers "Journaliers" et devient la raison de vivre du vieil auteur.
En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[9].
Roger Peyrefitte le décrit plusieurs fois dans ses romans sous le pseudonyme transparent de Marcel Jouvenceau. Ce dernier personnage ayant été présenté dans Les Juifs comme un antisémite, Jouhandeau porta plainte contre l’auteur mais fut débouté[10].
Élise Jouhandeau meurt en 1971. Ce couple infernal occupe une place importante dans l'œuvre.
Atteint de cécité, Marcel Jouhandeau cesse d'écrire en 1974. Il consacre ses dernières années à son petit-fils Marc et meurt d'un cancer de l'estomac en 1979 à Rueil-Malmaison, son domicile depuis 1960.
Il est un auteur prolifique[11], sa production littéraire, généralement autobiographique, comportant quelque 120 livres[12],[13],[14], même si son œuvre peut être jugée répétitive et inégale par la critique[15]. Une association de ses lecteurs a été constituée[16].
↑Max Jacob, Marcel Jouhandeau et Anne S. Kimball, Lettres à Marcel Jouhandeau: avec quelques lettres à Madame Marcel Jouhandeau et à Madame Paul Jouhandeau, Librairie Droz, (ISBN978-2-600-02549-2, lire en ligne)
↑Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN2-7297-0416-7), p. 397.
↑Tajani, Ornella. (2016). Autobiographie d’un pécheur habitué. Sur Marcel Jouhandeau.Revue italienne d’études françaises. 6. 10.4000/rief.1191 : "Cependant, aujourd’hui, on le connait moins que ses cent-vingt titres publies ne le feraient imaginer. "
↑Les trois ont été repris en un volume chez Gallimard, coll. « Soleil » en 1967.
↑«J'ai édité sous le manteau, pour le compte d'un ami, à 100 ex. un érotique (plus métaphysique qu'érotique) de Marcel Jouhandeau : Chronique d'une passion, qui me semble admirable.» (Jean Paulhan, lettre à Marcel Pareau, 16 septembre 1944).
↑Ce volume publié par la Société nouvelle des éditions Pauvert comprend Musée secret, Kouroï, Exutoires et manies et Pages égarées. La plupart de ces écrits ont été publiés une première fois en plaquette, sans nom d'auteur, à Alès, chez PAB.