Le lycée Jean-Zay est un établissement scolaire français fondé en 1933 et situé à Thiers, dans le Puy-de-Dôme. C'est un lycée général et technologique, accueillant des élèves de la seconde à la terminale, des étudiants en STS (section de techniciens supérieurs) ainsi que des élèves de CPGE (classe préparatoire aux grandes écoles). Sa vocation première est de former aux métiers de l'industrie.
La « Nat » dans l'histoire
La fondation
D'abord nommé École nationale de coutellerie, puis École nationale professionnelle (ENP), le lycée est, aujourd'hui encore, plus connu des Thiernois sous le diminutif de « la Nat ».
C'est seulement en 1993, par décision du conseil Régional, que l'établissement prend le nom de Jean Zay[1].
La grande histoire ne tarde pas à s'inviter dans les murs de « la nat ». Après la déclaration de la guerre, les Écoles nationales professionnelles de Metz, Nancy et Épinal, située en zone des armées sont fermées et leurs élèves sont accueillis par l'établissement thiernois dans des conditions d'autant plus précaires qu'une bonne partie du personnel est mobilisée[6]. Michel Bloch[7], professeur d'histoire, révoqué à la suite de la promulgation du statut des Juifs par le régime de Vichy en octobre 1940, s'engage dans la résistance[8],[9]. Son remplaçant Charles Hainchelin participera à la direction locale des FTP et sera mortellement blessé lors des combats pour la libération de la ville du [9],[10]. Le , une plaque est apposée dans le lycée en hommage aux 10 élèves et aux 4 membres du personnel morts en déportation ou tués au combat pour la libération de la France[11].
Évolutions, innovations et rénovations
En 1946, un laboratoire est créé pour tester les métaux. En 1965, l'« école nationale professionnelle » devient « Lycée Technique d'État » (LTE). Les formations proposées vont du CAP aux préparations pour les grandes écoles comme les Arts et Métiers ou Normal Sup Cachan. L'établissement suit l'évolution des besoins de l'industrie thiernoise mais aussi l'évolution de la société et en 1968, il connaît une petite révolution en accueillant ses premières lycéennes[5].
De l'art dans l'industrie, de l'industrie dans l'art
Depuis 2010, le lycée accueille en partenariat avec le Conseil régional d'Auvergne, la Direction régionale des Affaires culturelles et le centre d'art contemporainLe Creux de l'enfer des plasticiens en résidence (Olivier Petiteau en 2010, Eva Taulois en 2011, Sébastien Gouju en 2012, puis Julien Grossmann en 2013). Les artistes bénéficient du savoir-faire et des capacités de production de l'établissement et les élèves peuvent appréhender le processus de création et de mise en forme d'une œuvre d'art[5]. Depuis une dizaine d'années, une exposition est aussi organisée par le fonds régional d'art contemporain dans le cadre du programme « L'art au lycée »[12].
Également, la culture est un axe primordial du projet d’établissement. Ainsi, en parallèle à la résidence d'artiste, un atelier culture-design est encadré par un professeur, le lycée organise un ciné-club (projet national "Ciné lycée") et participe au projet "Lycéens au cinéma".
Situation et architecture
Le bâtiment de l’École nationale de coutellerie est dessiné en 1928 et 1930 par l'architecte parisien Paul Guadet. Architecte-conseil du sous-secrétariat d’État de l'enseignement technique, il avait été appelé à participer au choix du terrain dès 1925. Les difficultés de financement retardent l'adjudication des travaux, et c'est finalement l'architecte clermontois Jean Amadon qui mène le chantier et la conception complémentaire, entre 1930 et 1933[13].
À la fois proche de la montagne du LivradoisForez et de la plaine de la Limagne, le lycée ne passe pas inaperçu avec son architecture des années 1930 et sa couleur blanche. Surplombant la ville, il est cher au cœur des Thiernois. « la Nat » irrigue le terroir industriel qui l’entoure. Il est vrai que l’industrie a toujours été présente qu’elle soit restée aux mains des artisans ou qu’elle soit ouverte vers des marchés plus vastes. De plus, le lycée comme la ville s’ouvrent à d’autres perspectives mariant la technologie aux savoirs et aux arts.
Le lycée se situe rue Jean-Zay (rue qui lui a donné son nom), à proximité de l'axe qui relie Thiers à Vichy. L'établissement était au moment de sa construction relativement à l'écart de la ville. Depuis les années soixante de nombreuses résidences pavillonnaires ont été construites à ses abords. À quelques minutes à pied se trouve la cité scolaire du Pontel qui regroupe le lycée d'enseignement général et le collège de la ville.
Situé dans la partie basse de la ville, le lycée Professionnel Germaine-Tillion complète l'offre de formation pour les métiers de l'industrie.
D'après un professeur du lycée travaillant dans celui-ci depuis de nombreuses années, le lycée aurait une superficie de 8 000m2 au sol. Au total, le lycée ferait plus de 25 000m2 sur plusieurs niveaux.
Formations et Effectifs
Formations
L'établissement accueille des lycéens et des étudiants pour la préparation des diplômes suivants : Baccalauréats
Bac Scientifique, Sciences de l'Ingénieur
Bac Sciences et Techniques de Laboratoire
Bac Sciences et Technologies de l'Industrie et du Développement Durable; avec les options EE (Énergie et Environnement), ITEC (Innovation Technologique et Éco-Conception), SIN (Système Numériques et Informatique) et AC (Architecture et Construction).
CPGE PTSI : Physique Technologie et Sciences Industrielles
Depuis 2013, une section européenne est ouverte en mathématiques et sciences physiques.
Effectifs
Année scolaire
1986-87
1988-89
1990-91
1992-93
1994-95
1995-96
1996-97
1997-98
1998-99
1999-00
2000-01
2001-02
2nd cycle
396
365
336
347
348
344
353
BTS
186
188
196
196
173
185
166
168
CPGE
47
55
60
45
53
58
58
70
Total
629
608
592
588
574
587
548
566
Année scolaire
2002-03
2003-04
2004-05
2005-06
2006-07
2007-08
2008-09
2009-10
2010-11
2011-12
2012-13
2013-14
2014-15
2nd cycle
345
321
279
271
262
298
312
BTS
141
148
135
140
143
CPGE
56
54
46
49
50
28
44
Total
542
523
460
460
455
378
395
417
500
Les difficultés de l'industrie française détournent pour un temps certains jeunes des filières proposées à Jean-Zay et l'établissement accuse une baisse très nette de ses effectifs au début des années 2000. Ceux-ci semblent se stabiliser aujourd'hui autour de 480 élèves. Les baccalauréats Sciences et Techniques de Laboratoire et Sciences et Technologies de l'Industrie et du Développement Durable connaissent un véritable engouement alors que la filière plasturgie peine à recruter malgré de réels besoins dans les entreprises du secteur.
Classement du lycée
En 2017, le lycée se classe 8e sur 21 au niveau départemental quant à la qualité d'enseignement, et 663e au niveau national[15]. Le classement s'établit sur trois critères : le taux de réussite au bac, la proportion d'élèves de première qui obtiennent le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l'établissement, et la valeur ajoutée (calculée à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet)[16].
En 2023, la CPGE PTSI/PT se classe 26e sur 59[17] au niveau national pour les admissions à l'école des Arts et Métiers (3e pour la grande région Auvergne-Rhône-Alpes).
Bibliographie
Publications de l'association Le cercle d'études de la 2e guerre mondiale Thiers et sa région sous la direction de Réné Dumont : Le bulletin du cercle n°5, n°9, n°16, n°18 et n°23.
↑Homme politique français, né à Orléans (Loiret) le , ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts de 1936 à 1939, Jean Zay et mort assassiné par des miliciens à Molles (Allier, Auvergne) le 20 juin 1944
↑19 juillet 1934 Cf. site du Lycée ou 14 juillet 1934 Cf G.Therre et J.Ytournel, Mémoire en Images, Thiers, Tome III et Le bulletin du cercle, n°18
↑Jean Anglade, Les Permissions de mai Juilliard, 1981
↑Bruno Tournilhac, p.246, Histoire des communes du Puy-de-Dôme ; Arrondissement d'Ambert ; Arrondissement de Thiers, éd. Horvath, 1988.
↑Cercle d'études de la 2e guerre mondiale Thiers et sa région, Le Bulletin du Cercle n°5, avril 2001
↑Michel Bloch est le fils de l'écrivain et journaliste communiste Jean-Richard Bloch. Il est arrêté le 10 janvier 1941 pour avoir distribué L'Humanité clandestine et condamné à cinq ans de prison. Cf Pierre Chevalérias Le bulletin du Cercle n°23, avril 2010. Sa sœur, France Bloch-Sérazin, également résistante sera exécutée en Allemagne le 12 février 1943.
↑Souvenirs de Michel Bloch publiés par le Cercle d'études de la 2e guerre mondiale Thiers et sa région, Le Bulletin du Cercle n°5, avril 2001
↑ a et bMarcel Guillaume pour le Cercle d'études de la 2e guerre mondiale Thiers et sa région, Le Bulletin du Cercle n°16, octobre 2006
↑Serge Combret, Auvergne, j'écris ton nom... Résistance, 1994
↑Cercle d'études de la 2e guerre mondiale Thiers et sa région, Le Bulletin du Cercle n°9, avril 2003
↑Cf. Isabelle Barnérias La Gazette du 1er décembre 2011