Dès l'âge de huit ans, Louis Comte fait preuve de ses dons de ventriloque. Destiné aux affaires par sa famille, il est placé chez un avoué. Il quitte ce métier à l'âge de quinze ans, et se produit comme ventriloque dans des tournées. Il apprend ensuite la prestidigitation auprès de David, grand spécialiste bordelais. Après quelques représentations au théâtre des Jeunes-Élèves, rue de Thionville, à Paris, il repart en tournée en province, et ne revient s'établir définitivement dans la capitale qu'en 1814.
En 1814, il s'installe à l'Hôtel des Fermes, rue de Grenelle-Saint-Honoré, dans un caveau. À cette époque, il donne, devant Louis XVIII et les souverains d'Europe, une séance à la suite de laquelle il reçoit le titre de "Physicien du Roi". Néanmoins, l'aisance matérielle n'est pas au rendez-vous. En 1817, il reprend la salle du Mont-Thabor (ancien Cirque-Olympique), abandonnée par les Franconi. Face aux tracasseries administratives (les autorités l'obligent à donner ses spectacles pour enfants derrière un rideau de gaze !), il revient rapidement à l'Hôtel des Fermes.
En 1820, Louis Comte crée un théâtre passage des Panoramas. En 1826, le théâtre est fermé par les autorités, à cause des risques d'incendie. Comte s'établit alors passage Choiseul. Le théâtre Choiseul, créé le , ouvre le , sous le nom de "Théâtre des Jeunes Élèves de M. Comte", ou Théâtre Comte. Là, Comte met sur pied un programme de représentations de prestidigitation et de ventriloquie, mais aussi de fééries et d'opéras-comiques. Parmi les auteurs qui font leurs débuts au Théâtre Comte, on peut citer Cogniard, Dumanoir et Siraudin. Émile Vanderbuch a aussi été longtemps un des auteurs favoris de Comte. Parmi les acteurs, on notera Hyacinthe, Francisque jeune, Émile Taigny, Charles Pérey, Paul Laba, Pastelot, Colbrun, Poulet, Rubel, Clarisse Miroy, Marie Dupuis, Atala Beauchêne et Aline Duval.
En 1854, Comte quitte la scène, et va habiter sa propriété de Nanterre. Sa dernière représentation eut lieu à Nanterre en . Comte déménage ensuite à Rueil, où il termine ses jours. Louis-Philippe l’avait fait chevalier de la Légion d’honneur.
Au cours d'une visite cordiale et courtoise de Louis Comte chez Robert-Houdin, les deux hommes de spectacle font preuve d'un jeu de rivalité dans la maîtrise chacun à leur manière de l'illusion. Robert-Houdin rapporte cette rencontre dans son livre « Une vie d'artiste »[4], cité aussi dans le Grand dictionnaire Larousse[5]. Celui-ci est amené à reconnaître les qualités époustouflantes du jeu de Louis Comte.
Théodore de Banville écrit ses Odes funambulesques et bien des années plus tard, confie dans une lettre à son éditeur[6] l'origine de ses personnages, qu'il tire de la société mondaine du Paris de son temps. Il déclare ici avoir dépeint Louis Comte et son théâtre, sous le titre du Théâtre d'enfants. Cette scène apparaît à la page 53 de son livre.
On connaît, grâce à cette lettre, le devenir des principaux acteurs du théâtre de Louis Comte. Banville rapporte les désastres d'une éducation pour de jeunes enfants laissés pratiquement à l'abandon dans les coulisses de la grande vie parisienne.
« Étrangement, les filles revinrent grandes et fortes, comme Hippolyte, reine des Amazones, mais les garçons devinrent rachitiques ou atteints de phtisie, les plus chanceux finirent nains ou bossus ».
« Alfred n'a jamais pu grandir et fut plus tard nommé inspecteur du balayage ».
« Poulet avait été un enfant beau comme le jour, et est mort vieux souffleur de l'Odéon, bossu ».
« Colbrun charmant, spirituel, délicat et frêle, ne se vit jamais la barbe pousser, garda un visage d'enfant et continua à jouer des rôles de gamins dans les grands drames d'Alexandre Dumas ».
« Rubel est le seul qui ait subsisté. On le retrouva dans les petits théâtres, ressemblant à un Casse-noisette ».
↑Comment on devient sorcier, une vie d'artiste, L'art de gagner à tous les jeux, Magie de physique amusante, Le prieuré par Jean-Eugène Robert-Houdin, p. 447, 2006, éditions Omnibus [1]
↑Comment on devient sorcier, une vie d'artiste, L'art de gagner à tous les jeux, Magie de physique amusante, Le prieuré par Jean-Eugène Robert-Houdin, p. 141-142, 2006, éditions Omnibus [2]
↑Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, de Pierre Larousse (tome 4).