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Membre de l’Assemblée Coloniale en 1789, président de son Comité Permanent (Confédération de Planteurs) le , Louis-François Dubuc en devient vice-président puis président en 1792. Il est l’homme fort de la Martinique.
En 1789, des troubles éclatent à La Martinique. La garnison de Saint-Pierre et celle de Fort-de-France s’allient aux révolutionnaires et s'opposent à l'Assemblée Coloniale accusée de comportement antirépublicain. La présence de Noirs armés, au milieu des troupes régulières, multiplie le marronnage (la fuite d’esclaves des plantations).
Cependant, étant donné les dettes de son père et les siennes propres, Dubuc est initialement peu enclin à militer en faveur de la monarchie qui s’apprête à le ruiner[pourquoi ?], et il est partisan de tout changement susceptible de faire annuler les créances de son père[3].
En , l'Assemblée coloniale, craignant la contagion des révoltes d'esclaves comme celles de Saint-Domingue, et profondément blessée par les exigences de la Convention[pas clair], envoie à Londres Louis-François Dubuc avec Clairfontaine, représentant de la Guadeloupe, où ils doivent rejoindre Louis de Curt pour demander des secours aux Anglais.
Ils signent le le traité de Whitehall qui met l'île sous la protection anglaise à la demande des colons esclavagistes, et stipule qu’elle retournera à la France sans compensation lorsqu'un souverain français de la famille de Bourbon sera rétabli sur le trône.
En , les Anglais attaquent la Martinique : Dubuc fait partie du corps expéditionnaire. Il avait fait croire aux autorités britanniques qu’« il suffisait qu’une expédition anglaise se présentât, et que les Forts seraient remis aux troupes anglaises pour protéger la Colonie contre la République, tout en y laissant flotter le drapeau blanc comme signe de la souveraineté de la France » selon Sidney Daney.
Cependant, cette première expédition est un échec et Louis-François Dubuc doit se réfugier à la Dominique d’où il entretient « une correspondance secrète avec les campagnes ». Avec des amis partout aux Antilles, il pouvait être reçu avec une grande hospitalité chez la plupart des colons. Une nouvelle expédition a lieu le et, cette fois, on assiste à la capitulation des républicains français.
Dubuc revient à la Martinique sur le navire anglais Vengeance et, le gouvernement nouveau ne se substituant pas au roi de France pour ce qui touchait les dettes des Dubuc, la famille est sauvée de la ruine. Le , Louis-François Dubuc est nommé administrateur général de la Martinique. Il est remplacé en 1796 par Sir Robert Shore Milnes tandis que le , il devient membre du Conseil privé des colonies anglaises, sans traitement. Puis il devient président du Conseil Souverain.
En 1802, à la suite du traité d’Amiens qui restitue la Martinique à la France, Louis-François Dubuc est chargé par les colons de représenter leurs intérêts auprès du Premier Consul. Soupçonné d’anglophilie, il est tenu par le Premier Consul « dans une espèce de disgrâce pendant assez longtemps »[5],[6] bien qu'il soit cousin éloigné de l’épouse du Premier Consul, Joséphine de Beauharnais.
En , le gouvernement rétablit les Chambres d'Agriculture dans les colonies, qui se voient dotées chacune de cinq membres élus parmi les propriétaires de plantations[7]. Ces membres élisent un député extérieur à la Chambre d'Agriculture, sur proposition du gouvernement. La chambre d'Agriculture de Martinique élit alors Louis-François Dubuc comme son député, la représentant à Paris au moment de l'établissement de l'Empire, Napoléon Ier acceptant provisoirement cela[8].
En 1804, il est à la tête de la députation créole qui présente les félicitations des Martiniquais aux nouveaux Empereur et Impératrice. Louis-François Dubuc rentre en grâce et il est même admis à toucher les appointements qui lui avaient été accordés par la colonie[6].
En , la colonie de la Martinique tombe sous le contrôle des Britanniques, qui nomment Dubuc de Saint-Olympe, cousin de Louis-François Dubuc, secrétaire du gouvernement de la colonie puis administrateur civil durant son occupation jusqu'à la paix en 1814.
Entre 1814 et 1817, le gouverneur Pierre de Vaugiraud de Rosnay, métropolitain, et l'intendant Dubuc, qui est créole, ne réussissent pas à s'entendre[10]. Leur différend remonte jusqu'au roi[N 2] qui les rappelle à Paris et supprime la fonction d'intendant. Le général Donzelot est nommé gouverneur de la Martinique en .
Financièrement, Louis-François Dubuc est en difficulté : toutes les habitations héritées de son père sont grevées d’hypothèques et il est obligé de se séparer des terres de ses ancêtres. N’arrivant pas à remettre sur pied les habitations de Galion-Grand Fonds, il les vend en 1819. Mis à la retraite en 1821[11], il est pensionné le , est élu député de la Martinique en 1827, mais meurt à Paris le [1],[N 3] avant de pouvoir siéger.
Il épouse à Fort-de-France, le , Anne-Françoise Le Vacher de Boiville, dont il a trois filles, Rose Antoinette Denise, Louise Désirée Julie, Geneviève Désirée Elisabeth, et un fils, Jean Baptiste, mort en bas âge.
Armoiries
Selon le livre « La saga des Dubuc » et les archives privées de la famille Du Buc[source insuffisante], Louis-François Dubuc, dernier intendant colonial de la Martinique avant la suppression de la fonction par décision royale, portait comme armoiries :
d'azur à un sauvage d'or ; au chef cousu de gueules chargé de trois dards d'argent posés en fasces par héritage et filiation depuis 1701d'après le règlement d'armoiries et lettres patentes[réf. nécessaire] ;
parti au 1 d’or à la bande d’azur, qui est du Buc de Normandie ; au 2 d’azur à un sauvage d’argent portant sur son épaule droite une massue de même, au chef cousu de gueules chargé de trois flèches empennées d’argent, posées l’une sur l’autre en fasces, qui est du Buc de Martinique après 1769(lettres patentes)[réf. nécessaire] ;
d’argent à la bande d’azur après 1781 par accord familial et notarié, et consentement royal (lettres patentes)[réf. nécessaire].
Notes et références
Notes
↑En 1786, son frère aîné, Pierre VI du Buc, marié à sa cousine Aimée du Buc de Bellefonds, mourut à Saint-Pierre. Il était major de la milice de l’île et « vénérable » d’une loge maçonnique de Saint-Pierre. Il eut une double cérémonie funéraire, l’une à la loge, l’autre à l’église.
↑Le rapport que Vaugiraud adresse au roi sur le gouvernement de La Martinique et de la Guadeloupe, est pour une bonne part un réquisitoire contre Du Buc accusé de népotisme et de clientélisme[réf. nécessaire] : « né créole de la Martinique, tenant à une famille qui embrasse les trois-quarts de la Colonie, il (Du Buc) a à ajouter à ces avantages, ceux des choix faits en 1814 sous ses auspices, et l’on peut dire, par ses ordres, des principaux officiers civils et militaires destinés à nous seconder dans le gouvernement. » Du Buc avait « une nuée de parents et d’alliés tenant le haut bout dans les divers quartiers de la colonie » et pouvait avoir l’appui de son neveu le baron Baillardel de Lareinty, Intendant-Directeur Général des Colonies au Ministère de la Marine ».
↑Pour détail, il est mort chez sa fille au 41 rue Godot de Mauroy le 3 décembre 1827 à Paris 1er arrondissement sur déclaration de son gendre Aimé de Fleuriau et de Jean Baptiste Gilles Le Carpentier, ancien directeur du personnel des colonies, et sur pièce déposée par le ministre de la Marine le 7 juin 1873, selon le livre La Saga des Du Buc.
Références
↑ a et bM. Bajot, Annales maritimes et coloniales, vol. 13, 2e partie, t. 2, Paris, (lire en ligne), p. 871
↑L. Dermigny et G. Debien, « La révolution aux Antilles : marins et colons — marchands et petits blancs », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 8, no 4, , p. 509
↑L’historien Lémery déclare : « il avait des dettes immenses dont une bonne partie avait été contractée par Jean-Baptiste du Buc » (son père).
↑Données tirées de "Voyages: The Trans-Atlantic Slave Trade Database by Emory University", http://www.slavevoyages.org
↑Bonaparte « n’ignorait pas la part que Dubuc avait pris aux événements passés à la Martinique et qu’il avait été l’un de ces planteurs qui, préférant l’étranger au gouvernement anarchique et sanguinaire de la Convention, avaient contribué à appeler les Anglais sur le sol de la République » (Sidney Daney, Histoire de la Martinique depuis la colonisation jusqu'en 1815, Fort-Royal, 1846, vol 6, p. 89-92.
↑ a et bSidney Daney de Marcillac, Histoire de la Martinique depuis la colonisation jusqu'en 1815, vol. 6, Fort-Royal, (lire en ligne), p. 89-92
↑Ordonnance du roi rappelant le comte de Vaugiraud, gouverneur général des Iles du Vent, et Dubuc, intendant de la Martinique, et nommant gouverneur et administrateur de la Martinique, François Xavier Donzelot, lieutenant général (13 août 1817). Source : http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/ark:/61561/ni258sonmn
↑« les rapports avec le comte de Vaugiraud vont d’ailleurs se dégrader. Du Buc semble se considérer comme l’égal du gouverneur. Ainsi lors de la signature de la convention entre les autorités françaises et britanniques de la Barbade (convention qui légalisait l’occupation de certains points stratégiques de la Martinique par les Anglais pour prévenir un coup de force bonapartiste durant les Cent-Jours, Dubuc aurait exigé du gouverneur que sa signature figurât aux côtés de Vaugiraud « quoique d’après l’organisation de nos pouvoirs respectifs, la mienne (celle de Vaugiraud) dut suffire » (Jacques Adélaïde-Merlande, Les Hommes Célèbres de la Caraïbe).
↑Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 137
Voir aussi
Bibliographie
Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, vol. Tome septième BRE-BUR, Imprimerie Charles Hérissey et fils, , 440 p. (lire en ligne), p. 338 à 340
Sidney Daney de Marcillac, Histoire de la Martinique depuis la colonisation jusqu'en 1815, Fort-royal,
L. Dermigny et G. Debien, « La révolution aux Antilles : marins et colons — marchands et petits blancs », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 8, no 4, , p. 496-517 (lire en ligne)
Louis-Philippe May, « Précisions sur l’histoire des Antilles et notamment les Dubuc », Revue d’Histoire des colonies, vol. XXXI, no 114, , p. 72 à 84