L'expression « pieds nickelés » signifie « ceux qui ne sont pas portés sur le travail ». Elle vient soit du fait que les pieds en nickel sont trop précieux pour servir à marcher ou travailler, soit de « pieds niclés », pieds atteints de rachitisme ne permettant donc pas un travail soutenu. D'après Jean Tulard, l'expression provient d'une pièce de Tristan Bernard[3] et d'après Jean-Paul Tibéri, ce sont les frères Offenstadt qui conseillent ce nom à Forton[1].
Dans Les Pieds nickelés de Tristan Bernard, comédie en un acte de 1895, on utilise l'expression pour désigner « [...] ceux qui ont de l'argent. Ils ne marchent pas. Ils ont, comme on dit, les pieds nickelés. Ils sont lourds à remuer, comme des tirelires pleines[4]. »
Dans l'argot du début XXe siècle, « avoir les pieds nickelés » signifie être paresseux et désigne les trois escrocs à la petite semaine. L'expression populaire s'est amplifiée et désigne au XXIe siècle, certains personnages peu recommandables, comploteurs, filous, à la fois malhonnêtes et manquant de sérieux. Cette expression est notamment employée par les médias lors de l'affaire Clearstream où elle est abondamment utilisée pour désigner les différents protagonistes. Il en est de même lors de l'opération de l'« Arche de Zoé ».
Histoire
L'histoire met en scène trois personnages principaux, Croquignol, Filochard et Ribouldingue, trois petits filous, à la fois escrocs, hâbleurs et indolents.
Selon la volonté des éditeurs, Les Pieds nickelés est d’abord une bande dessinée dans la tradition « française » : du texte typographié raconte l’histoire sous chaque dessin. Louis Forton doit se battre pour obtenir de faire une bande dessinée plus dynamique, comme les bandes dessinées américaines où les personnages s’expriment par des « bulles ».
Au début de leur « carrière », les Pieds nickelés se heurtent sans cesse aux forces de l'ordre dans des aventures où ils ont rarement le dessus. Peu à peu, la bande dessinée rencontrant un succès grandissant, les Pieds nickelés prennent de l’envergure et de l’audace. Ils se frottent désormais aux grands de leur époque, le président de la République, le roi d’Angleterre et le Kaiser.
Avec la Première Guerre mondiale, la personnalité des Pieds nickelés prend encore un nouveau tour. Ils incarnent désormais les valeurs populaires françaises d’ingéniosité et de débrouillardise connues sous le nom de « système D ». Opérant derrière les lignes ennemies sous de multiples couvertures, ils roulent sans cesse les « Boches », dépeints comme de gros lourdauds sans aucune finesse et faciles à berner.
Louis Forton dessine les Pieds nickelés jusqu’à sa mort en 1934, date après laquelle la série est reprise par Aristide Perré puis Albert Badert. Il faut attendre sa reprise par Pellos en 1948 pour que les Pieds nickelés renouent avec le succès. Les auteurs successifs des Pieds nickelés sont la raison pour laquelle au fil des BD le physique des personnages a changé et évolué. Ainsi, en 2011, sous les traits du dessinateur Luz, le personnage borgne de Filochard perd son bandeau au profit de lunettes de soleil modulables.
Dérivés et adaptations
La bande dessinée est adaptée au cinéma à partir de 1917 et 1918 en cinq films muets, en noir et blanc.
Les Aventures des Pieds nickelés composé de 5 épisodes créés par Émile Cohl entre 1917 et 1918 pour la firme Éclair.
En version sonore et en noir et blanc, trois autres adaptations cinématographiques sont proposées en 1948, en 1950 puis en 1964.
Pour célébrer le centenaire des personnages, un court-métrage sort en 2008, tourné en couleur et en numérique.
Un court-métrage intitulé Grivèlerie met en scène les Pieds nickelés. Il a été réalisé par Hervé Ganem et Jean-Luc Muller en 2008, à l'occasion du centenaire des personnages de Louis Forton.
Pour la presse, le sujet également adapté avec un magazine jeunesse lancé en 1972
Les Pieds nickelés magazine est également un magazine qui a vu débuter le dessinateur Régis Loisel en 1972.
Auteurs par ordre chronologique
La série naît sous la plume de Louis Forton, éditée chez Offenstadt. Elle est brièvement reprise à la mort de ce dernier. La série s'interrompt lors de l'Occupation.
À la Libération, l'éditeur Société parisienne d'édition relance la série. Après la réédition reformatée des tomes de Forton, René Pellos (1900-1998) devient, en 1948, le nouvel auteur officiel des Pieds nickelés jusqu'à sa retraite en 1981. L'éditeur confie alors la suite de leurs aventures à plusieurs équipes de dessinateurs et scénaristes. Le succès s'estompant, la longue série se termine en 1988.
Pierre Lacroix (1953-1954) qui remplace Pellos le temps de trois albums : Les Pieds nickelés industriels, Le trésor des Pieds nickelés et Le Rêve des Pieds nickelés ;
Les trois protagonistes évoluent avec le temps, selon les scénaristes, et selon les dessinateurs. Sous le crayon de Louis Forton, tous trois sont de la même taille. Croquignol est aussi le meneur de la bande. À l'époque de Pellos, chacun des personnages prend sa silhouette, en accord avec sa propre personnalité :
Ribouldingue devient le gros barbu sympathique
Filochard est le petit borgne, au caractère sanguin, qui possède une force herculéenne quand il est en colère
Croquignol est, pour sa part, grand et assez fin et tête pensante de l'équipe
Bien qu'ils se déguisent régulièrement, ils ont aussi la même tenue vestimentaire récurrente :
Croquignol porte le monocle, un petit chapeau, une veste, et un nœud papillon
Ribouldingue porte la casquette verte, assortie au chandail vert, et un foulard rouge autour du cou
Filochard porte le béret, un col roulé rouge et une veste noire
Parmi les personnages récurrents de la série, on croise dans quelques épisodes :
Manounou, l'épouse africaine de Ribouldingue, complice des différents larcins de son légitime et de ses acolytes
On retrouve aussi, parmi les adversaires traditionnels :
le commissaire Croquenot
l'inspecteur Duflair
Fantômard
la Clique (autrefois un allié des Pieds nickelés, puis le complice de Fantômard)
les Cagoulards (sbires de Fantômard)
Du reste, la route des Pieds nickelés croise généralement des riches, des bourgeois, des paysans, qui se distinguent par leur bêtise et leur naïveté, faisant d'eux les proies privilégiées des Pieds nickelés. Les représentants des forces publiques sont aussi parmi les personnages réguliers, comptant dans la série des adversaires des trois compères.
Fascicules de L’Épatant parus chez Claude Offenstadt
Rééditions en albums.
Les Aventures intégrales des Pieds Nickelés de Louis Forton aux éditions Azur, sous la direction de Francis Lacassin.
La Bande des Pieds-Nickelés. Préface d'Alphonse Boudard. Achevé d'imprimer le 30 mars 1965. Reproduction des aventures des Pieds Nickelés parues dans l'Épatant du 4 juin 1908 au 11 janvier 1912 (N° 9 à 197)
Les Pieds Nickelés arrivent (4 juin au 3 nov. 1908)
Ribouldingue se marie (8 avril au 28 octobre 1909)
À la conquête du Pôle Nord (4 août au 10 novembre 1910)
Les Pieds Nickelés voyagent (10 novembre au 16 mars 1911)
Le retour de Manounou (23 mars au 13 juillet 1911)
Les Pieds Nickelés ministres (20 juillet 1911 au 11 janvier 1912)
Les Pieds-Nickelés s'en vont en guerre. Préface de Pierre Boileau. Achevé d'imprimer le 30 avril 1966. Reproduction des aventures des Pieds-Nickelés parues dans l'Epatant du 15 mai 1913 au 31 mai 1917 (N° 267 à 463)
Y a du monde aux Balkans (15 mai au 21 août 1913)
Les Pied-Nickelés s'en vont en guerre (21 janvier au 30 septembre 1915)
Les Pieds-Nickelés aux Dardanelles (7 octobre au 30 décembre 1915)
Les Pieds-Nickelés à Berlin (6 janvier au 15 juin 1916)
Les Pieds-Nickelés chez le Kaiser (22 juin au 30 novembre 1916)
Les Pieds-Nickelés font du sabotage (7 décembre 1916 au 31 mai 1917)
Les Pieds-Nickelés en Amérique (1921-1927). Dépôt légal 1er trim. 1969.
Aux Éditions Henri Veyrier
La Bande des Pieds Nickelés
Les Pieds-Nickelés s'en vont en guerre (Louis Forton), du N° 271 du au N° 384 du (réédition en 1978, avec une préface de Pierre Boileau)
Les Pieds-Nickelés en Amérique Dépôt légal 1er trim. 1969 (Azur). 1975. Contenu identique au vol. des éditions Azur. Reproduction de publications dans l'Épatant entre 1921 et 1927.
Les Pieds-Nickelés arrivent aux U.S.A.
La Prohibition
Les Pieds-Nickelés à Chicago
Les Pieds-Nickelés au Far-West
Les Pied-Nickelés au Mexique
China-Town
Société Parisienne d'Édition : albums parus avant-guerre (1929-1940)
Les Pieds nickelés se débrouillent, 1929 (Louis Forton)
Toujours de nouveaux exploits, 1929 (Louis Forton)
Ollé ! Ollé ! Soyons gais !, 1929 (Louis Forton)
Sur les bords de la Riviera, 1929 (Louis Forton)
Encore d'extraordinaires équipées, 1930 (Louis Forton)
L'Audace des Pieds nickelés,1930 (Louis Forton)
Les Pieds nickelés en Amérique, 1933 (Louis Forton)
Attractions sensationnelles, 1933 (Louis Forton)
Les Pieds nickelés ont le filon, 1933 (Louis Forton)
La vie est belle, 1933 (Louis Forton)
Faut pas s'en faire, 1935 (Louis Forton)
Dans le maquis 1935 (Louis Forton / Aristide Perré)
Les Pieds nickelés ont la guigne !, 1936 (Aristide Perré)
Les Pieds nickelés chez les gangsters, 1936 (Aristide Perré)
Les Pieds nickelés s'évadent, 1937 (Aristide Perré)
Les Pieds nickelés rois du caoutchouc, 1938 (Aristide Perré)
Les Pieds nickelés sous les eaux, 1938 (Aristide Perré)
Les Pieds nickelés radio-reporters, 1939 (Aristide Perré)
Les Pieds nickelés princes d'Orient, 1940 (Albert-Georges Badert)
Société Parisienne d'Édition (puis publications Georges Ventillard) : albums parus après-guerre (1946-1988)
Ces albums sont publiés dans la collection « Les Beaux Albums de la jeunesse joyeuse ».
Les Pieds nickelés se débrouillent, 1946 (Louis Forton)
Des exploits formidables (Louis Forton)
Ollé ! Ollé ! Soyons gais ! (Louis Forton)
Sur les bords de la Riviera (Louis Forton)
Encore d'extraordinaires équipées (Louis Forton)
L'Audace des Pieds nickelés (Louis Forton)
Les Pieds nickelés en Amérique (Louis Forton)
Attractions sensationnelles (Louis Forton)
Les Pieds nickelés sont irrésistibles (Louis Forton)
La vie est belle (Louis Forton)
Les Pieds nickelés ont la belle vie (Louis Forton)
Les Pieds nickelés font fortune, 1949 (Pellos / Scn. Corrald)
Les Pieds nickelés sportifs, 1949 (Pellos / Scn. Corrald)
Les Pieds nickelés dans le maquis, 1949 (Louis Forton / Aristide Perré)
Les Pieds nickelés au Colorado, 1950 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés soldats, 1951 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés as du contre-espionnage, 1951 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés au lycée, 1952 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés chercheurs d'or, 1952 (Pellos / scn. Montaubert)
Le Triomphe des Pieds nickelés, 1953 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés industriels, 1953 (Pierre Lacroix / scn. Montaubert)
Le Trésor des Pieds nickelés, 1953 (Pierre Lacroix / scn. Montaubert)
Le Rêve des Pieds nickelés, 1953 (Pierre Lacroix / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés et le Parfum sans nom, 1954 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés et le Ratascaphe, 1955 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés s'évadent, 1956 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés en Angleterre, 1956 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés footballeurs, 1956 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés au Tour de France, 1956 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés en pleine bagarre, 1957 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés à Chicago, 1957 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés contre les gangsters (Les Pieds nickelés détectives privés en 1964), 1957 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés courent la Panasiatique, 1957 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés font boum, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés en pleine Corrida, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés aux Jeux olympiques, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés rois du pétrole, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés ne veulent pas se faire rouler, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés super-champions de la pêche, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés et leur fusée atomique (Les Pieds Nickelés et leur fusée interplanétaire en 1972), 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés trappeurs, 1958 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés chez les réducteurs de tête, 1959 (Pellos / scn. Montaubert)
Les Pieds nickelés aux pays des Incas, 1959 (Pellos / scn. Montaubert)